«Il faudrait y penser au niveau fédéral» a déclaré l’un des vice-premier ministre russe. 
 
 Un vice-Premier ministre russe s’est prononcé vendredi en faveur d’une loi interdisant en Russie la propagande de l’homosexualité qu’il juge «dégoûtante», à l’image du texte qui a franchi une première étape législative à Saint-Pétersbourg.

 
 
«Orientations sexuelles non traditionnelles»
«Il faudrait y penser au niveau fédéral», a déclaré Dmitri Kozak (photo) à des journalistes à Saint-Pétersbourg, en faisant allusion à ce projet de loi locale du parti au pouvoir Russie unie, punissant tout «acte public» faisant la promotion tant de l’homosexualité que de la pédophilie.
 
Ce texte a été adoptée en première lecture le 16 novembre par l’Assemblée législative de la deuxième ville de Russie. «Toute propagande des orientations sexuelles non traditionnelles, (on désigne souvent l’homosexualité de cette manière en Russie, ndrl) est dégoûtante», a ajouté M. Kozak.
 
Manoeuvres électorales
Les militants gay ont dénoncé ces déclarations, jugeant qu’il s’agissait d’une manoeuvre électorale à la veille des législatives de dimanche. «Il est évident que c’est une démarche politique avant les élections législatives» a déclaré Iouri Gavrikov, un des principaux militants de la cause homosexuelle à Saint-Petersbourg.
 
Les Etats-Unis avaient protesté la semaine dernière contre le projet de loi voté à Saint-Pétersbourg, un texte jugé liberticide par Washington. La Russie a de son côté accusé Washington d’«ingérence» (lire article).
 
Les militants homosexuels sont très mal vus en Russie. L’homosexualité y était considérée comme un crime jusqu’en 1993, et comme une maladie mentale jusqu’en 1999, bien après la chute du régime soviétique en 1991. Les gay prides qu’ils essayent d’organiser depuis 2006 sont interdites par les autorités et dispersées sans ménagement par la police.

 
 
 
PORTRAIT. Pour la première fois de son histoire, la Belgique sera dirigée par un gay assumé. Elio Di Rupo mènera une coalition hétéroclite associant socialistes, libéraux et centristes. Le gouvernement nouvellement formé prêtera serment mardi.
 
C’était devenu une mauvaise blague belge. Aujourd’hui, 540 jours après s’être rendu aux urnes en juin 2010, les Belges ont enfin un gouvernement. A sa tête, un homme qui s’est forgé une stature d’homme d’Etat et une réputation de fin stratège au fil de ces longs mois de négociation: Elio Di Rupo.
 
 
Italiens immigrés
C’était pourtant loin d’être gagné. Car l’actuel maire de Mons n’est pas seulement le premier Premier ministre ouvertement gay de l’histoire du pays. C’est aussi la première fois qu’un homme issu de l’immigration accède à cette fonction. Et c’est encore la première fois depuis plus de 30 ans qu’un francophone prend les commandes de la Belgique. Il a en plus le défaut d’être socialiste alors que la Flandre vote à droite.
 
Agé de 60 ans, Elio Di Rupo naît dans une famille italienne immigrée en Belgique pour travailler dans les mines. Le père décède alors que le petit Elio est âgé d’un an à peine. Il sera élevé par sa mère et sa sœur aînée. Après un doctorat en chimie, il se lance en politique et exercera diverses hautes fonctions à partir des années 80. Depuis 1999, il préside le PS francophone.
 
Coming out en 2001
Dans un pays où la presse respecte la vie privée des élus, son homosexualité était inconnue du grand public jusqu’en 1996. Un jeune mythomane l’accuse de pédophilie alors qu’il est ministre fédéral. La Belgique est à l’époque secouée par l’affaire Dutroux, et il règne un climat de chasse aux sorcières. Le scandale a failli le pousser à la démission (c’était d’ailleurs ce que souhaitait certains membres du gouvernement). Finalement blanchi, il en restera meurtri. Dans une biographie qui vient de paraître, il raconte que la magistrate qui traitait son dossier avait confié à son avocat «il n’est peut-être pas pédophile, mais il est quand même homosexuel».
 
En 2001, Di Rupo sort officiellement du placard dans le magazine de la Fédération flamande des associations d’homosexuels. «Je crois qu’il est bien que je m’exprime maintenant, même si c’est difficile, dans la mesure où cela pourrait favoriser une plus grande égalité entre les gens», dit-il. Dans sa biographie, il raconte qu’une journaliste l’avait interpellé en lui demandant s’il était homosexuel. Il avait répondu «oui, et alors?».
 
Tiré à quatre épingles
Depuis lors, Elio Di Rupo vit son homosexualité de manière discrète. Les fêtards bruxellois ont parfois l’occasion de l’apercevoir dans les bars ou les boîtes du centre-ville. Mais il n’est jamais apparu en couple en public et est officiellement célibataire. L’homme est très soucieux de son image. Ses cheveux sont toujours uniformément noirs et personne n’ignore qu’il a eu recours à la chirurgie esthétique pour effacer quelques rides. Toujours tiré à quatre épingles, il a fait du nœud papillon son signe distinctif. Quand il quitte cet uniforme, il fait du sport dans une salle branchée et gay-friendly de la capitale. L’an dernier, il avait fait sensation devant la presse en inaugurant la piscine de Mons uniquement vêtu de son maillot de bain, faisant ensuite quelques longueurs, un exercice que peu de ministres de son âge pourraient accomplir sans être ridicules.
 
Il reste deux ans et demi avant les prochaines élections. Une éternité dans ce pays où les coalitions sont toujours fragiles et où chaque dossier peut devenir explosif. Entre conflits communautaires et austérité budgétaire, la vie du Premier ministre Elio Di Rupo ne sera pas un long fleuve tranquille.
 La décision est aussi claire que l’impatience avec laquelle elle était attendue. L’Europride 2013, qui avait déjà été attribuée à la ville de Marseille sera organisée par la LGP Marseille. Et personne d’autre!
 
En apprenant le choix de Marseille comme ville organisatrice, contre Tel-Aviv, pour cet événement d’importance en 2013 (lire article), la première question que se sont posée les Marseillais était: «Mais quel organisateur?» La cité phocéenne, en 2010, était en effet empêtrée dans une guerre des associations qui venait d’entraîner une bizarrerie: deux gays prides la même année organisées par des structures concurrentes!
 
 
L’association qui délivre les labels «Europride», l’European Pride Organisers Association (EPOA), a donc dû arbitrer le conflit qui commençait à sérieusement faire courir à Marseille le risque de perdre son statut de ville organisatrice. Le 18 octobre, lors de son assemblée générale annuelle, elle a donc convoqué les deux parties – la «lesbian & gay parade» (LGP) Marseille et Tous&Go – à un «grand oral».
 
 
Lettre ouverte
Et c’est à l’unanimité que le conseil a voté pour la LGP Marseille. Afin de clarifier les choses sur le terrain, l’EPOA a publié une lettre ouverte en français et en anglais annonçant la signature du contrat avec la LGP Marseille: «La LGP Marseille est la licenciée officielle pour l’EuroPride 2013» (voir le PDF). Le document se charge en outre de mettre les points sur les I: «Il est aussi très clair que le Conseil de l’EPOA et ses membres n’ont pas l’intention de confier la licence de l’EuroPride à Tous&Go. Nous avons été informés que Tous&Go répandait des informations incorrectes au sujet de la licence de l’EuroPride.»
 
La situation clarifiée, la nouvelle équipe de la LGP Marseille – avec en tête Gilles Dumoulin et Suzanne Katchian, respectivement président et secrétaire générale de la LGP Marseille n’ont plus qu’à s’atteler à la tâche.
 
Dix jours de fête
Les organisateurs ont déjà obtenu le label de «Marseille 2013, capitale européenne de la culture» et le soutien des collectivités. «La tâche que l’ont doit accomplir est herculéenne, mais cette fois nous pourrons enfin la mener paisiblement», confient-ils. Un million de personnes pourraient venir pour les festivités, qui devraient inclure village associatif, concert géant et bien sûr une gigantesque marche. Le tout durant dix jours, du 10 au 20 juillet 2013. Ce qui marquera au passage la vingtième édition de l’Europride.
 
Cette année, l’Europride était à Rome, attirant dans la Ville éternelle des centaines de milliers de personnes et la bénédiction de Lady Gaga, qui y a tenu un mini-concert de soutien (lire notre article). En 2012, année des Jeux olympiques de Londres, la capitale britannique accueillant la «WorldPride», aucun label Europride n’est décerné afin de ne pas lui faire concurrence. Et après Marseille, c’est Oslo, en Norvège, qui vient d’être choisie pour accueillir l’événement en 2014.
 
MISE À JOUR 29/11: Tous&Go radié de la CIF
Lors de son assemblée générale le week-end dernier, la Coordination Interpride France (CIF), qui fédère les lesbian & gay prides et les Marches des fiertés LGBT, a décidé de radier l’association Tous&Go pour non-respect de sa charte éthique – plus précisément «une situation comptable qui inquiète la CIF», indique un communiqué de l’association. Tous&Go est par conséquent déchu du droit, octroyé par la société Sofiged sous réserve d’adhésion à la CIF, d’organiser une marche sous le nom de «gay pride».
Tous&Go, de son côté, dénonce «de graves dysfonctionnements au sein de la CIF» et dénonce le flou de la charte éthique de l’organisation, ainsi que les conditions de sa radiation. Et annonce qu’elle va porter plainte afin de demander que sa radiation soit invalidée.
 
INTERVIEW. Le nouveau président de Flag!, qui représente les policiers et gendarmes homos, fait le point sur ses revendications et sur les moyens d’améliorer les contacts entre forces de l’ordre et victimes d’homophobie.
 
 Cela faisait quelques années que l’on n’entendait plus parler de Flag!, l’association des personnels LGBT de la police nationale et de la gendarmerie qui vient de célébrer son dixième anniversaire. Et pour cause: depuis deux ans environs, l’association de 500 membres* s’était focalisée sur l’aspect convivial de ses activités, au détriment du combat pour faire avancer les droits des membres des forces de l’ordre homos.
 
 
Mais depuis le 8 octobre et l’élection de son nouveau bureau, l’association signe son retour sur la voie des revendications. Pour le faire savoir, une délégation s’est rendue la semaine dernière au ministère de l’Intérieur où elle a rencontré Marie-France Moneger-Guyomarc’h, directrice adjointe des ressources humaines de la police (DRCPN): l’occasion pour nous de faire le point avec Mickaël Bucheron, son nouveau président, sur le nouveau Flag!.
 
TÊTU: Quel sens donnez-vous à votre arrivée à la tête de Flag?
Mickaël Bucheron: Les adhérents ont marqué leur volonté de revenir sur le fond: la lutte contre l’homophobie et contre les discriminations. Tout en poursuivant quelques-uns des événements comme les tea-dance, nous avons donc ressorti notre ancienne plate-forme de revendications et demandé à être entendus par le ministère de tutelle des policiers. Chose faite la semaine dernière. Le bon signe, c’est qu’on a été reçu longtemps, plus d’une heure trente, et l’accueil a été très bon. Nous devons y retourner début 2012 pour voir concrètement sur quels dossiers on peut avancer.
 
Quelles sont vos revendications?
En termes juridiques, il subsiste des inégalités même entre policiers et gendarmes puisque ces derniers, comme les militaires, continuent de toucher la pension d’invalidité de leur pacsé décédé, contrairement aux policiers. On réclame aussi, pour tous, la pension de réversion, l’inscription automatique du pacs dans la feuille annuelle de notation des policiers. On voudrait que le respect de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre soit inscrit dans le code de déontologie comme dans le règlement général des policiers.
 
Une façon de sensibiliser les forces de l’ordre aux questions LGBT, donc… Et justement en termes de formation, que réclamez-vous?
Nous voulons de l’affichage dans les commissariats, un vrai module dédié au sein de la formation initiale des policiers, de l’information spécifique dans le memento procédural (formation continue) et dans le rappel de la loi (qui accompagne une nouvelle affectation)…
 
Une partie du travail de Flag! est aussi d’aider les victimes d’homophobie dans leurs contacts avec la police. Que peut-on améliorer?
Le préalable pour améliorer ces contacts, c’est la formation des policiers. A part cela, il faut sensibiliser la population pour l’inciter à déposer plainte lorsqu’elle est victime d’une agression homophobe. Cela se fait dans les bars aux Pays-Bas avec une communication officielle, pourquoi pas chez nous? Ce serait un signe très fort. On voudrait aussi un indicateur national des agressions homophobes, comme cela existe pour les agressions antisémites par exemple, et qui serait plus complet que le rapport annuel de SOS homophobie. On veut que la Journée mondiale contre l’homophobie et la transphobie soit prise en compte et que le système de policiers référents «homophobie» dans les commissariats soit autre chose qu’une simple promesse à l’Idaho (lire notre article, NDLR).
 
Et finalement, quel message voulez-vous faire passer aux homos amenés à contacter les services de la police?
Il ne faut pas hésiter à franchir les portes des commissariats ou des gendarmeries. Je sais qu’on peut appréhender un accueil pas très cordial, mais il faut absolument déposer plainte, signaler tout acte homophobe en amenant autant que possible des éléments concrets de preuve. Si cela ne se passe pas bien, on peut essayer un autre hôtel de police ou gendarmerie si c’est possible, ou bien, pourquoi pas, nous écrire par mail et par courrier. On peut tenter de débloquer les réticences de policiers. Quoi qu’il en soit, il faut faire évoluer les mentalités, et cela passe aussi par la mise au jour de l’homophobie.
 
* Flag! compte environ 500 membres et trois délégations régionales à Marseille, Nantes et Lille (d’autres sont en cours de reformation).
«Mon homosexualité n’est pas un secret» affirme Franck Riester dans le bi-hebdomadaire «Le Pays Briard». En septembre, il avait confié à TÊTU «en off» ses interrogations sur le sujet
 
 
Depuis plusieurs mois, le député-maire UMP de Coulommiers (Seine-et-Marne), Franck Riester, était engagé dans une réflexion personnelle sur un éventuel coming out public et politique. Rencontré par TÊTU pour le dossier «Jeunes politiques» publié en septembre, il nous avait fait part «en off» de ses interrogations sur le sujet, mais celui qui est aussi le secrétaire national UMP chargé de la communication, avait préféré encore attendre. Il nous avait alors expliqué qu’il ne voulait pas associer ce geste symbolique et personnel à ses récentes prises de position sur le mariage. Question de timing donc.
 
Pour l’homoparentalité
En juin dernier, il avait en effet voté – comme de rares députés UMP – en faveur de la proposition de loi socialiste pour l’ouverture du mariage aux homos. Il avait alors expliqué dans une déclaration publique dans l’hémicycle les raisons de son geste. En septembre, dans TÊTU, il confiait: «Sur les questions de société, on doit s’exprimer en âme et conscience. Cela dépasse les différences politiques.» Dans ce numéro, il s’était également prononcé pour l’homoparentalité: «Un grand nombre de gens, par ignorance, ne s’aperçoivent pas que les familles sont aujourd’hui multiples.»
 
Aujourd’hui mardi, il s’est donc décidé à faire son coming out dans un entretien au journal local Le Pays Briard, après qu’un élu d’opposition l’a pris à partie lors du dernier conseil municipal du 28 novembre. À cette occasion, Pascal Thierry (PS) avait lancé à l’évocation de la «couverture mixte» d’un nouveau terrain de sport de la ville: «Si la couverture est mixte, il ne faudrait pas être gay…». Interrogé à la fin de la réunion, Pascal Thierry avait tenté de se justifier, en des termes rapportés par la précédente édition du Pays Briard: «Je n’aime pas trop les piques que le maire m’envoie. Il dit que je suis un homme du passé. Moi aussi je peux le chatouiller.»
 
Seul député ouvertement gay
C’est donc quelques jours après cet incident qu’il a choisi de faire son coming out à la fin d’une longue interview accordé au Pays Briard sur le développement économique de sa ville. À la question du journaliste «Une semaine plus tard, que pensez-vous du dérapage de Pascal Thierry lors du dernier conseil municipal?», il a répondu simplement par ces mots: «C’est insignifiant. Il semblerait que ces allusions m’étaient destinées et cherchaient à m’atteindre. Si c’est le cas, c’est raté car mon homosexualité n’est pas un secret. Je partage ma vie avec mon ami depuis longtemps. Pour autant, je n’ai jamais fait étalage de ma vie privée et continuerai à agir de la même manière. La seule chose qui compte pour moi en tant qu’élu, c’est mon travail et mon action au service de la population.» Franck Riester devient le premier député de l’actuelle mandature à être aujourd’hui ouvertement gay.
 
 
 
16h30: Réaction du conseiller municipal PS   
Pris dans les feux de cette actualité, le conseiller municipal PS Pascal Thierry publie un texte intitulé «Droit de réponse» sur le blog du groupe socialiste de Coulommiers. Envoyé aux rédactions ayant traité l’info avec tout de même un mot d’excuse «auprès de la communauté homosexuelle qui aurait pu être blessée des propos sortis du contexte, loin était l’intention de Pascal Thierry», le billet lui-même préfère attaquer le journaliste du Pays Briard.
 
«Le seul “dérapage” contrôlé a été celui du journaliste présent ce soir-là», accuse Pascal Thierry dans son texte. Selon lui, que le journaliste ait «trouvé qu’un jeu de mots lancé dans le feu des débats puisse être mal placé ne lui donnait aucun droit d’aller en chercher une explication auprès de M. le député-maire»… Le conseiller PS se défend d’avoir voulu lancer une attaque personnelle envers le maire, et se dit d’accord avec celui-ci certains sujets, notamment le mariage des homosexuels que le député a voté à l’Assemblée – un vote pour lequel Pascal Thierry dit l’avoir félicité.
 
 
A force de persévérance, deux couples de même sexe se sont frayé un chemin dans le code civil mexicain pour obtenir leur union légale. Et les enjeux économiques dans cet Etat prisé par les gays devraient empêcher les recours des opposants…

 
 
 Après Mexico, le Quintana Roo devient le deuxième Etat mexicain à autoriser le mariage gay. Le 28 novembre dernier à Cancun, dans la plus stricte intimité, deux couples, Patricia (ci-dessus à droite) et Areli, Sergio (à gauche) et Manuel, ont apposé leurs signatures sur le registre civil en présence d’un juge. «Il n’y a pas de mots pour décrire cet instant. Toutes ces luttes, tout ce travail, toutes ces recherches pour arriver à jour. C’est à tout ça que j’ai pensé», explique Patricia, jeune mariée et responsable du collectif Diversidad Somos Todos.

 
 
Convaincre une juge
Mais contrairement à Mexico, le mariage gay à Cancun et dans son Etat a été obtenu… par défaut. Aussi incroyable que cela puisse paraître, aucune réforme de la Constitution ou du code civil n’a été nécessaire. «Depuis un an nous cherchions un moyen légal de faire reconnaître le mariage entre personnes de même sexe. A force de rencontres avec des députés ou des fonctionnaires du registre civil, nous avons réalisé qu’il y avait une faille dans le code civil. Le texte ne précise pas qu’un mariage doit avoir lieu entre un homme et une femme.» Couplé avec l’article Premier de la Constitution du pays qui interdit toute forme de discrimination, légalement il est impossible de refuser le mariage gay à Cancun.
 
Impossible dans les faits, mais dans la réalité, trouver un juge qui accepte d’appliquer la loi a été plus compliqué. «Au départ personne n’a voulu nous marier. Mais ils se sont bien rendus compte que nous pourrions déposer un recours pour non respect de la loi. Nous avons donc réussi à convaincre une juge qui n’a fait que son travail.» Face à une possible pression des milieux conservateurs, l’identité de la magistrate n’a pas encore été dévoilée.
 
Enjeux économiques
La tentation pour les opposants au mariage gay serait de faire modifier le code civil, comme c’est actuellement le cas dans l’Etat de Queretaro. Mais cela signifierait rompre avec l’image d’une région tolérante et qui compte parmi les destinations préférées des communautés LGBT. «C’était aussi ça l’enjeu. Nous travaillons avec les autorités en charge du tourisme pour faire de Cancun et de la Rivera Maya une zone gayfriendly. On ne peut pas dire aux homosexuels "venez chez nous" et dans le même temps leur refuser l’égalité des droits.» Les enjeux économiques sont de taille et les procédures en attente nombreuses. Une dizaine de couples s’est rapprochée de l’organisation de Patricia, mais au total quelques 200 couples mexicains, américains et européens prévoient de célébrer leur union sur les plus belles plages du pays dans les semaines à venir.
 
Accompagné par l’association de Mexico Agenda LGBT et son avocat Jaime Lopez Vela, Diversidad Somos Todos a agit dans la plus grande discrétion. La prochaine étape est le lancement d’une campagne sur l’égalité des droits et la simple possibilité de faire respecter la loi. «Dans certaines régions d’Europe ou des Etats-Unis, on est encore fermé sur ces sujets. A Cancun, on a su montrer que même dans un pays aussi machiste que le Mexique, il est possible de faire valoir ses droits dans la paix et la non-violence. C’est historique.»
 
 Lors de la journée mondiale de lutte contre le sida, les journalistes de Radio Rai 1 ont reçu par mail une étrange consigne: ne pas utiliser le mot «préservatif» à l’antenne. Embarras dans les couloirs de la station publique…
 
«Erreur de communication interne». C’est en ces termes que la direction de la Rai tente d’atténuer la polémique. Jeudi 1er décembre, à l’occasion de la journée mondiale de lutte contre le Sida, les chefs de programme de Radio Rai 1, une des trois antennes du groupe de télé et radio publiques Rai, ont reçu pour consigne de ne pas prononcer le mot «préservatif» à l’antenne. Une consigne, présentée comme une volonté du ministère de la Santé, transmise par un mail interne qu’a révélé la presse: «Chers tous, le ministère rappelle que le préservatif ne doit être explicitement nommé dans aucun de nos programmes. Il faut se limiter au concept générique de prévention dans les comportements sexuels et à la nécessité de se soumettre à un test VIH en cas de risque potentiel.» Selon le Corriere della sera, l’expéditrice du mail est une employée de la radio publique, Laura De Pasquale, dont le journal rappelle qu’elle a connu «une rapide ascension» au sein de la Rai et qu’elle est aussi la fiancée d’un fidèle de Silvio Berlusconi…
 
 
Mais le ministre de la Santé, Renato Balduzzi, a démenti toute implication dans cette affaire: «La prévention passe aussi par le préservatif. Le ministère n’a envoyé aucune indication sur l’utilisation de ce mot, il ne se permettrait jamais d’en interdire l’emploi», a-t-il déclaré. Avant de renvoyer la faute à la direction de la radio: «Nous avons mis l’accent sur le test VIH cette année, mais toute autre initiative est de la responsabilité de la Rai.»
 
«Erreur interne»
La direction de la radio se dédouane quant à elle en précisant que le mail – annulé rapidement après avoir été envoyé – était une erreur interne. «Il n’y a eu aucune limitation dans l’utilisation du mot “préservatif” lors de nos émissions» s’est justifié Antonio Preziosi, à la tête de Radio Rai 1, précisant qu’une enquête avait été ouverte au sein de l’entreprise. Certains journalistes ont heureusement utilisé le mot au cours des programmes spéciaux prévus pour la journée du 1er décembre. Mais un des invités, président d’une association de séropositifs, a affirmé avoir reçu pour consigne, avant son passage à l’antenne, de ne parler que du dépistage VIH.
 
Pour protester contre cette tentative de censure ahurissante et non assumée, plusieurs associations LGBT ont manifesté en distribuant des préservatifs samedi devant le siège du groupe Rai. Parmi elles, Arcigay a appelé les médias à s’impliquer dans la prévention contre le sida, quasi inexistante en Italie. A l’heure actuelle, environ 140 000 personnes sont porteuses du VIH dans la Péninsule.
 
Le jugement rendu le 26 octobre à Bayonne, accordant à une lesbienne l’autorité parentale sur les jumelles de sa compagne, est devenu définitif. Mais il ne fera pas forcément jurisprudence
 
 Le 26 octobre à Bayonne, un jugement a accordé à une femme pacsée avec une autre l’autorité parentale conjointe sur les jumelles de celle-ci (lire article). Le parquet n’ayant pas fait appel, le jugement est devenu définitif.

 
 
La juge aux Affaires familiales avait accordé à Marie-Catherine D., pacsée depuis septembre 2009 avec Cécile J., l’autorité parentale conjointe, sans circonstance particulière explicitée, sur les jumelles de cette dernière, nées en février 2010.
 
Pas de «circonstances particulières»
Ce n’est pas la première fois qu’une telle décision est prononcée pour un couple homo, mais en règle générale, le juge ne donne son accord que si la mère et son amie arguent de circonstances particulières, conformément à l’article 377 du Code civil, qui prévoit la possibilité d’une délégation d’autorité parentale à un tiers seulement «lorsque les circonstances l’exigent».
 
Des juges ont déjà tranché favorablement lorsque la mère effectuait des déplacements multiples, ou souffrait d’une santé fragile. Le 8 juillet 2010, la Cour de cassation a explicitement rejeté une telle demande car les deux femmes ne démontraient pas de «circonstances particulières» suffisamment convaincantes.
 
Pas de jurisprudence
Le juge de Bayonne ne détaille pas dans son jugement les «circonstances» retenues, et ce mot ne figure même pas dans la décision. «En filigrane, remarque un juriste ayant analysé ce dossier, on note que le juge a recours à la notion de "foyer" et à celle de "couple"», mais que le tout est assez «laconique». Ni le parquet de Bayonne, ni le parquet général de Pau, sans doute après consultation du ministère de la Justice, n’ont souhaité faire appel.
 
Pour autant, selon le juriste interrogé par l’AFP, et même si les personnes se trouvant dans le cas de Mmes D. et J. s’en prévaudront sûrement quand elles feront une demande similaire, la décision de Bayonne ne fera pas forcément jurisprudence ailleurs. En effet, «il est rare qu’un juge soit dissident par rapport à la Cour de cassation», plus restrictive pour l’instant. Ce juriste note aussi que, si le jugement délègue l’autorité parentale, il «n’établit pas de lien de filiation, ou d’adoption» entre les jumelles et Mme D.
Des sets de table pour inciter au port du préservatif à la cantine du ministère des Affaires étrangères? «De la propagande sexuelle», fulmine un employé du Quai d’Orsay! 
 
 A l’occasion du 1er décembre, l’association contre le sida Arcat (groupe SOS) édite chaque année une série de sets de table, avec la participation de dessinateurs célèbres, afin de les placer sur les tables de restaurants d’entreprises ou d’organismes publics… cette année n’a pas dérogé à la règle, avec l’édition de 300.000 sets de tables incluant un dessin de Christian Binet (Les Bidochons). Et l‘ALGO, l’association LGBT du ministère des Affaires étrangères, s’est appropriée le set pour une opération sensibilisation, comme l’ont fait en même temps les autres membres du collectif Homoboulot, sur les tables de la cantine du Quai d’Orsay (ci-dessus).

 
 
«Propagande homosexualité»
Ce qui, apparemment, n’a pas été du goût de tout le monde. Un membre du personnel du ministère n’a pas tardé à écrire au Salon beige, un blog catholique intégriste. «Je proteste énergiquement contre ce procédé intempestif en faveur d’une propagande sexuelle pour le moins déplacée voire dévoyée», fulmine cet agent anonyme.
 
Le pire, selon l’agent: hier, mercredi, «il y avait à la cantine du Quai d’Orsay beaucoup d’enfants d’école primaire», exposé à ce document fort suggestif, comme on peut le constater… et à l’accueil, les propagandistes LGBT offraient «des bonbons»… Diantre, ils veulent recruter nos enfants, a dû songer le prude employé du ministère!

 
 
Joint par TÊTU, Laurent Lapeyre, le président de l’ALGO, précise qu’évidemment, il n’était pas question de propagande, et que les enfants présents n’ont pas eu accès aux préservatifs. «Les documents de prévention distribués étaient ceux du ministère de la Santé.» Dans l’ensemble, assure-t-il, «les agents réagissent très bien» à cette opération, menée cette année pour la troisième fois, toujours avec l’accord de la direction du personnel. Il raconte qu’hier, «il y a bien eu un employé qui m’a dit qu’en nous voyant, il avait envie de vomir…» Et qui, sans doute, a pris sa plus belle plume pour se plaindre sur le blog catho.
 
 Ces élus UMP ont hier jugé «inadmissible» l’initiative des six secrétaires nationaux du parti présidentiel en faveur du mariage homosexuel
Mardi, six secrétaires nationaux de l’UMP signaient une tribune dans L’Express.fr pour que le mariage homosexuel figure au programme de Nicolas Sarkozy à la présidentielle de 2012 (lire article). Dans un communiqué intitulé «Le mariage homosexuel: c’est non!», 18 députés UMP, dont 17 membres de la Droite populaire, rappellent que les six secrétaires nationaux de l’UMP en question «n’engagent qu’eux-mêmes».

  
«Alors que la majorité présidentielle a rejeté une proposition de loi socialiste sur le mariage homosexuel en juin dernier, que des responsables de l’UMP se positionnent à l’encontre de leur majorité est inadmissible», ajoutent les signataires, parmi lesquels figurent Jacques Remiller, Christian Vanneste, Richard Mallié, Jacques Myard et Brigitte Barèges.
 
«Une provocation catégorielle»
Seul un d’entre eux, Alfred Almont (Martinique), n’est pas membre de la Droite populaire. «Ce n’est pas parce que le Front national et le PS veulent s’attirer les bonnes grâces d’un électorat que la droite doit renoncer à son idée de la famille. D’autant plus que nous savons bien qu’après le mariage, l’adoption sera la prochaine revendication», ajoutent-ils. «Contrairement à ce que laisse entendre la tribune» des responsables UMP, «la question du mariage des personnes de même sexe n’est absolument pas un sujet consensuel» mais «une provocation catégorielle qu’il n’y a pas lieu de satisfaire».
 
La proposition des six secrétaires nationaux de l’UMP «est parfaitement respectable, elle est dans le débat. C’est un sujet qui sera abordé dans la campagne présidentielle», a pour sa part réagi le secrétaire général de l’UMP, Jean-François Copé, tout en soulignant qu’il ne faisait «pas du tout l’unanimité» au sein du parti majoritaire.