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mot d'ordre face aux LGBTIphobies : ni frontières, ni immobilisme, ni marche arrière, 17 mai, journée mondiale de lutte contre les LGBTIphobies

En cette journée internationale de lutte contre les LGBTIphobies, la Fédération LGBTI+ rappelle son attachement à l’engagement de toute la société contre les haines anti-LGBTI+, les lois et les pratiques discriminatoires et les violences contre les personnes LGBTI+.

69 États criminalisent encore l’homosexualité. Parmi eux, onze la condamnent à mort. Nous attendons de la France et de l’Europe qu’elles affirment la dépénalisation universelle de l’homophobie d’État et l’abolition universelle de la peine de mort : elles demeurent pour l’instant pusillanimes. Nombreuses sont les personnes LGBTI+ forcées de fuir ces pays et de rejoindre la France et l’Europe pour y trouver refuge. Hélas, la politique française demeure insuffisante en la matière : procédures expéditives, décisions prises sur ordonnance ou en vidéo-audience, liste de “pays sûrs” (n’ayant rien de sûr !) et tracasseries administratives et financières.

En France, la situation semble progresser en termes de mentalité mais les avancées sont toujours très lentes d’un point de vue réglementaire. Le premier mandat d’Emmanuel Macron aura permis l’interdiction des thérapies de conversion, l’ouverture du don du sang aux hommes homo- et bisexuels, l’ouverture de la PMA pour toutes les femmes. Cependant, ces avancées demeurent tardives et sont insuffisantes : maintien de certaines discriminations transphobes à la PMA et filiation non automatique, prévention insuffisante des haines anti-LGBTI à l’école, système de santé peu adapté aux spécificités de santé des publics LGBTI+. 

Quelques jours après le suicide d’un adolescent transgenre au Mans, le scepticisme d’Emmanuel Macron sur l’éducation à la sexualité au collège traduit un certain immobilisme inacceptable (les associations LGBTI+ interviennent déjà, et depuis longtemps, dans les établissements du second degré). L’homophobie, la transphobie, la biphobie et toutes les haines anti-LGBTI continuent de tuer.

Les associations et Centres LGBTI+ de France continuent de se mobiliser : Marches des Fiertés, conférences et tables rondes, rassemblements, temps de commémoration et parfois temps plus conviviaux ponctueront les prochaines semaines dans toutes les régions, jusqu’aux marches des Fiertés LGBTI+ de juin.

Plus que jamais nous mobiliser : visuel

Au lendemain de l’élection présidentielle et à notre grand soulagement, le projet régressif de Marine le Pen est provisoirement écarté. Les forces de rappel démocratiques sont toujours à l’œuvre, malgré la lassitude face à des politiques impopulaires.

La Fédération LGBTI+ a pris toute sa part dans cette élection, en comparant les programmes sur les questions LGBTI+ pour éclairer le vote. Avant le second tour, nous avons clairement et sans hésitation pris position contre Le Pen.

Si le barrage a résisté, il est néanmoins plus que jamais nécessaire de se mobiliser.

D’abord, le danger de l’extrême-droite n’est écarté que provisoirement. Renforcé par l’exaspération sociale et la paupérisation d’une partie de la population et par la diffusion de thèses racistes et anti-genre, le vote d’extrême-droite au premier tour de l’élection s’est accru de plus de 20 %.

Par ailleurs, le Président élu n’a pris aucun engagement pour le prochain quinquennat sur les questions LGBTI+, augurant un immobilisme inquiétant.

Nous sommes donc dans l’expectative. Emmanuel Macron est-il encore un soutien, tel qu’il le déclare, ou bien un obstacle aux revendications LGBTI+ ? Nous ne disposons à l’heure actuelle d’aucune garantie. Comme le titrait Têtu le 11 avril dernier, “Questions LGBTI+ : entre progressisme et conservatisme, Macron va devoir clarifier”.

Plus que jamais il est nécessaire de se mobiliser, pour peser sur la politique qui sera menée par la future majorité parlementaire, par le futur gouvernement. C’est pourquoi dans les semaines à venir les associations membres de la Fédération LGBTI+ interpelleront dans les circonscriptions les différent⋅es candidat⋅es aux élections législatives sur les attentes des personnes LGBTI+.

Nous attendons des réponses et des prises de position sur des engagements plus concrets que l’invocation de concepts trop généraux : changement d’état civil réellement libre et gratuit, PMA effectivement pour tou⋅tes, effectivité du droit à l’asile et au séjour des personnes LGBTI+, etc..

C’est pourquoi, la Fédération LGBTI+ appelle à se mobiliser dans les semaines qui viennent, que ce soit lors de la journée mondiale contre les LGBTI+phobies du 17 Mai, lors des nombreuses Marches des Fiertés, pour faire entendre nos voix : ni immobilisme, ni marche arrière, pour la prise en compte des droits des personnes LGBTI+ !

Visuel du communiqué de presse pour le second tour de l'élection présidentielle 2022

Après le premier tour de l’élection présidentielle, les associations et Centres LGBTI+ ont pris connaissance des deux candidat·es qualifié⋅es pour le second tour.

Une fois de plus, Marine le Pen est aux portes du pouvoir. Mais contrairement à ce qui s’est produit en 2017, l’hypothèse d’une victoire de l’extrême-droite au second tour est plausible. C’est le produit de cinq années d’une politique inégalitaire et régressive qui a contribué à dessiner le paysage qui se présente à l’issue du premier tour. 

Cette situation est empreinte de grands dangers pour les minorités racisées, sexuelles et de genre.

Comment ne pas s’inquiéter quand Marine Le Pen annonce vouloir contourner le Parlement, le Conseil constitutionnel en recourant massivement au référendum, et cela sur tous les sujets, y compris sociétaux comme la peine de mort ? Et demain pourquoi pas sur l’IVG ou les droits des personnes LGBTI+ ? Ce que nous prépare le Rassemblement National, c’est un régime similaire à ceux de la Hongrie ou de la Pologne avec les chasses aux sorcières tous azimuts, les programmes d’éducation « assainis », les zones anti-LGBTI,  etc

La présidence peut dissoudre l’Assemblée Nationale à tout moment, imposer sa politique à une majorité de député·es par le biais de l’article 49-3, prendre les pleins pouvoirs en déclenchant l’article 16 de la Constitution, recourir au plébiscite par référendum pour museler ses opposant·es. Un gouvernement sous les ordres de Marine le Pen peut dissoudre les associations, partis et syndicats qui lui sont opposés et engager des procédures judiciaires contre leurs militant·es. Aujourd’hui envisageable, la victoire de Marine le Pen serait la pire des situations et les minorités sexuelles et de genre particulièrement menacées.

Certes, les positions décevantes d’Emmanuel Macron sur nos revendications sont timorées, voire conservatrices. Il a récemment refusé de reconnaître la responsabilité éducative de l’école primaire en matière de lutte contre les discriminations, tout en exprimant son scepticisme pour le collège. Voilà un exemple parmi d’autres : il manifeste les positions d’Emmanuel Macron, rétives à l’égalité des droits et confortant  bien des préjugés LGBTIphobes.

Dans ce contexte, on peut choisir de voter pour Emmanuel Macron par conviction ou par défaut, D’autres s’abstiendront ou voteront blanc, par écœurement ou pour protester. En tout état de cause, nous appelons au minimum à ce qu’aucune voix LGBTI+ n’aille à Marine le Pen

Le dimanche 7 mai 2017, à l’occasion du second tour de l’élection présidentielle française, les électeurs et électrices ont deux bulletins de vote à leur disposition : Marine Le Pen et Emmanuel Macron.

Une extrême-droite française historiquement homophobe…

Mobilisée depuis toujours, et sans ambiguïtés, contre toutes les formes de discrimination et de hiérarchisation des individus, la Fédération LGBT ne peut pas être neutre : elle appelle donc à faire battre Marine Le Pen et le Front National à l’occasion de ce scrutin sous haute tension. La récente promotion de Steeve Briois, maire d’Hénin-Beaumont et homosexuel, à la présidence temporaire du parti (pour remplacer Jean-François Jalkh, accusé de négationnisme), n’est qu’un énième leurre un brin racoleur : le Front National s’est toujours mobilisé contre les revendications LGBT, en promouvant un modèle familial discriminant et réactionnaire, rejetant toute notion d’égalité des droits, et s’opposant à toutes les mesures en faveur de l’égalité femmes-hommes. Citons, entre autres mesures homophobes prônées par Marine Le Pen, l’engagement de la candidate frontiste à abroger la loi ouvrant le mariage aux couples de même sexe ! Sa nièce vient même de se porter garante de cette abrogation… Quant au Parlement européen, les députés FN ont voté contre la dernière résolution sur l’égalité entre les femmes et les hommes, notamment parce qu’elle contient des « références au droit à l’avortement, aux droits des personnes LGBT, ou à l’éducation contre les stéréotypes de genre » !

Jean-Marie Le Pen vient aussi, à sa façon, de faire une sévère piqûre de rappel quant à l’ADN politique du parti, fondé en 1972 par, entre autres,, d’anciens SS, et dont il a pris la présidence cette même année. Il a en effet qualifié l’hommage au policier assassiné sur les Champs-Élysées, ainsi que le discours de son compagnon, « d’institutionnalisation du mariage pour tous », ajoutant que « ces particularités familiales [sic] doivent être tenues à l’écart de ce genre de cérémonies ». Pour le leader historique du FN, un policier homosexuel tué par Daesh vaut visiblement moins qu’un policier hétérosexuel !

Au surplus, nos associations membres nous font déjà remonter les premiers témoignages de personnes LGBT insultées et menacées dans la rue, à la suite du premier tour, par des individus se réclamant de l’extrême-droite.

On ne s’étonnera donc pas que Marine Le Pen n’ait ni accusé réception, ni répondu au questionnaire adressé par notre Fédération aux onze candidats du premier tour.

Emmanuel Macron n’est pas un partisan de l’égalité des droits…

Hélas, du côté d’Emmanuel Macron, nous n’avons pas non plus eu d’accusé de réception, ni de réponse. Le candidat a, il est vrai, préféré rencontrer des prêtres anti-LGBT de Versailles, puis affirmé que les manifestants de La Manif Pour Tous avaient été « humiliés » [sic !]. La Manif Pour Tous (LMPT) ne l’a pas vraiment récompensé de ces concessions à l’homophobie, appelant à « faire barrage au candidat d’En Marche ».

M. Macron s’est certes engagé, dans une lettre ouverte généraliste sur les questions LGBT, à ne pas toucher à la loi autorisant le mariage à tous les couples, et il s’est récemment dit « favorable » à la PMA pour toutes les femmes, mais en ne prenant à ce sujet aucun engagement concret, s’en remettant – comme l’avait fait François Hollande – à l’avis du Comité Consultatif National d’Éthique (CCNE). Il est en revanche clairement opposé au changement d’état civil libre et gratuit, il ne dit mot de l’égalité entre parents hétérosexuels et homosexuels, et plus généralement, il ne s’engage pas à appliquer une totale égalité des droits entre hétérosexuels et LGBT.  

Le choix, pour les personnes LGBT, n’est donc pas enthousiasmant, puisque ce second tour oppose une homophobe virulente à un candidat flou et non acquis à l’égalité… Nous avons également des inquiétudes sur la politique socio-économique de M. Macron qui, en creusant les inégalités, exposerait d’autant plus les populations LGBT les plus vulnérables, déjà fragilisées par les discriminations, en particulier les personnes transgenres. Il n’en reste pas moins que les électeurs d’extrême-droite vociférant « Macron, Macron, on t’encule » au meeting frontiste de Nice ne sont pas faits pour nous rassurer… On aimerait d’ailleurs connaître l’opinion de Florian Philippot, Steeve Briois et autres Sébastien Chenu sur ce « slogan » de campagne fleurant bon la haine homophobe. 

Faire battre Marine Le Pen !

En France, il n’y pas de « vote LGBT », même si le degré d’homophobie des candidats est évidemment un élément qui pèse sur nos décisions. Chacun·e d’entre nous fera donc son choix en pesant l’ensemble des éléments, en conscience, et sans se laisser intimider par ceux qui exigeraient – à coups d’insultes ou de menaces – que les associations LGBT renoncent à tout esprit critique (le fascisme commence ainsi…). Mais pour la Fédération LGBT, au vu des positions, des comportements et des votes fondamentalement homophobes du FN, le bulletin Le Pen n’est pas une option possible !

La Fédération LGBT ne donnera pas de consigne de vote nominale, parce que telle n’est pas notre vocation, et que, lors de nos rencontres nationales de février 2017, nos adhérents en ont décidé ainsi. Que ceux qui ne seront pas satisfaits de notre position se rassurent : si Marine Le Pen est élue, nous serons parmi ses premières cibles ! Les gens les plus menacés par l’extrême-droite, nous en faisons partie ! En avoir pleinement conscience n’implique malgré tout aucun renoncement à nos valeurs, et à notre exigence première face à tous les candidats : une France qui respecte sa devise (Liberté – Égalité – Fraternité), une France qui rejette le racisme, l’antisémitisme et l’homophobie !