Le dimanche 7 mai 2017, à l’occasion du second tour de l’élection présidentielle française, les électeurs et électrices ont deux bulletins de vote à leur disposition : Marine Le Pen et Emmanuel Macron.
Une extrême-droite française historiquement homophobe…
Mobilisée depuis toujours, et sans ambiguïtés, contre toutes les formes de discrimination et de hiérarchisation des individus, la Fédération LGBT ne peut pas être neutre : elle appelle donc à faire battre Marine Le Pen et le Front National à l’occasion de ce scrutin sous haute tension. La récente promotion de Steeve Briois, maire d’Hénin-Beaumont et homosexuel, à la présidence temporaire du parti (pour remplacer Jean-François Jalkh, accusé de négationnisme), n’est qu’un énième leurre un brin racoleur : le Front National s’est toujours mobilisé contre les revendications LGBT, en promouvant un modèle familial discriminant et réactionnaire, rejetant toute notion d’égalité des droits, et s’opposant à toutes les mesures en faveur de l’égalité femmes-hommes. Citons, entre autres mesures homophobes prônées par Marine Le Pen, l’engagement de la candidate frontiste à abroger la loi ouvrant le mariage aux couples de même sexe ! Sa nièce vient même de se porter garante de cette abrogation… Quant au Parlement européen, les députés FN ont voté contre la dernière résolution sur l’égalité entre les femmes et les hommes, notamment parce qu’elle contient des « références au droit à l’avortement, aux droits des personnes LGBT, ou à l’éducation contre les stéréotypes de genre » !
Jean-Marie Le Pen vient aussi, à sa façon, de faire une sévère piqûre de rappel quant à l’ADN politique du parti, fondé en 1972 par, entre autres,, d’anciens SS, et dont il a pris la présidence cette même année. Il a en effet qualifié l’hommage au policier assassiné sur les Champs-Élysées, ainsi que le discours de son compagnon, « d’institutionnalisation du mariage pour tous », ajoutant que « ces particularités familiales [sic] doivent être tenues à l’écart de ce genre de cérémonies ». Pour le leader historique du FN, un policier homosexuel tué par Daesh vaut visiblement moins qu’un policier hétérosexuel !
Au surplus, nos associations membres nous font déjà remonter les premiers témoignages de personnes LGBT insultées et menacées dans la rue, à la suite du premier tour, par des individus se réclamant de l’extrême-droite.
On ne s’étonnera donc pas que Marine Le Pen n’ait ni accusé réception, ni répondu au questionnaire adressé par notre Fédération aux onze candidats du premier tour.
Emmanuel Macron n’est pas un partisan de l’égalité des droits…
Hélas, du côté d’Emmanuel Macron, nous n’avons pas non plus eu d’accusé de réception, ni de réponse. Le candidat a, il est vrai, préféré rencontrer des prêtres anti-LGBT de Versailles, puis affirmé que les manifestants de La Manif Pour Tous avaient été « humiliés » [sic !]. La Manif Pour Tous (LMPT) ne l’a pas vraiment récompensé de ces concessions à l’homophobie, appelant à « faire barrage au candidat d’En Marche ».
M. Macron s’est certes engagé, dans une lettre ouverte généraliste sur les questions LGBT, à ne pas toucher à la loi autorisant le mariage à tous les couples, et il s’est récemment dit « favorable » à la PMA pour toutes les femmes, mais en ne prenant à ce sujet aucun engagement concret, s’en remettant – comme l’avait fait François Hollande – à l’avis du Comité Consultatif National d’Éthique (CCNE). Il est en revanche clairement opposé au changement d’état civil libre et gratuit, il ne dit mot de l’égalité entre parents hétérosexuels et homosexuels, et plus généralement, il ne s’engage pas à appliquer une totale égalité des droits entre hétérosexuels et LGBT.
Le choix, pour les personnes LGBT, n’est donc pas enthousiasmant, puisque ce second tour oppose une homophobe virulente à un candidat flou et non acquis à l’égalité… Nous avons également des inquiétudes sur la politique socio-économique de M. Macron qui, en creusant les inégalités, exposerait d’autant plus les populations LGBT les plus vulnérables, déjà fragilisées par les discriminations, en particulier les personnes transgenres. Il n’en reste pas moins que les électeurs d’extrême-droite vociférant « Macron, Macron, on t’encule » au meeting frontiste de Nice ne sont pas faits pour nous rassurer… On aimerait d’ailleurs connaître l’opinion de Florian Philippot, Steeve Briois et autres Sébastien Chenu sur ce « slogan » de campagne fleurant bon la haine homophobe.
Faire battre Marine Le Pen !
En France, il n’y pas de « vote LGBT », même si le degré d’homophobie des candidats est évidemment un élément qui pèse sur nos décisions. Chacun·e d’entre nous fera donc son choix en pesant l’ensemble des éléments, en conscience, et sans se laisser intimider par ceux qui exigeraient – à coups d’insultes ou de menaces – que les associations LGBT renoncent à tout esprit critique (le fascisme commence ainsi…). Mais pour la Fédération LGBT, au vu des positions, des comportements et des votes fondamentalement homophobes du FN, le bulletin Le Pen n’est pas une option possible !
La Fédération LGBT ne donnera pas de consigne de vote nominale, parce que telle n’est pas notre vocation, et que, lors de nos rencontres nationales de février 2017, nos adhérents en ont décidé ainsi. Que ceux qui ne seront pas satisfaits de notre position se rassurent : si Marine Le Pen est élue, nous serons parmi ses premières cibles ! Les gens les plus menacés par l’extrême-droite, nous en faisons partie ! En avoir pleinement conscience n’implique malgré tout aucun renoncement à nos valeurs, et à notre exigence première face à tous les candidats : une France qui respecte sa devise (Liberté – Égalité – Fraternité), une France qui rejette le racisme, l’antisémitisme et l’homophobie !