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Ce 20 novembre est la Journée annuelle du Souvenir Transgenre. A cette occasion, la Fédération LGBTI+ et ses membres honorent la mémoire de toutes personnes transgenres assassinées par haine et préjugés du fait de leur transidentité, à travers le monde, en Europe et aussi  en France.


La Fédération soutient tous les femmages et hommages organisés partout dans l’Hexagone et en Outremer, et ailleurs dans le monde, à la mémoire de nos adelphes, afin que le public cisgenre et hétérosexuel prennne conscience que la transphobie tue.

Pleurer nos mort·es dans ces temps de recueillement pour les publics LGBTI+, avec nos allié·es, nous oblige à ne pas oublier les personnes transgenres poussées au suicide, plongées dans la précarité parce que victimes des discriminations bien trop nombreuses dans leur parcours de transition et dans leur quotidien ensuite.

En France, nous sommes particulièrement affecté·es par les meurtres, en juillet dernier, de Géraldine et Angélina.

L’association Transgender Europe (TGEU)* qui recense dans un programme mondial le nombre de personnes transgenres et non-binaires, tuées à travers le monde en déplore 350 entre le 1er octobre 2023 et le 30 septembre 2024.

  • Cette année, le nombre total de meurtres enregistrés a dépassé les 5 000 cas depuis que TGEU a commencé à les surveiller en 2008.
  • Conformément aux années précédentes, 94 % des meurtres signalés étaient des féminicides, c’est-à-dire que les victimes étaient des femmes transgenres ou des personnes transféminines.
  • Les travailleurs·euses du sexe demeurent le groupe le plus ciblé de toutes les professions connues. Cependant, la proportion de travailleurs·euses du sexe parmi les victimes (46 %) est à son plus bas niveau depuis le début de notre suivi (2016 : 62 %  | 2008 : 84 %).
  • 93 % des meurtres signalés concernaient des personnes transgenres racisées, soit une augmentation de 14 % par rapport à l’année dernière.
  • Un tiers des victimes de meurtre signalées étaient âgées de 31 à 40 ans, et un quart avaient entre 19 et 25 ans.
  • 15 jeunes transgenres mineur·es de moins de 18 ans (près de 6 % du total) ont été assassiné·es.
  • Près des trois quarts (73 %) des meurtres signalés ont été commis en Amérique latine et dans les Caraïbes. Pour la 17e année consécutive, le Brésil arrive en tête du classement des pays, avec 30 % du total des situations.
  • 9 cas ont été enregistrés en Afrique au cours de cette période de suivi, soit plus du double du total annuel le plus élevé enregistré depuis le début du projet (quatre en 2012).
  • Cette année, le nombre de ces actes transphobes en Europe a diminué de moitié par rapport à l’année dernière (2024 : 8 | 2023 : 16), tandis qu’aux États-Unis, les cas ont augmenté (2024 : 41 ; 2023 : 31).
  • Près de la moitié des meurtres signalés (46 %) étaient des coups de feu. Plus d’un quart (34 %) des meurtres enregistrés ont eu lieu dans la rue et près d’un quart (22 %) au domicile de la victime.

La Fédération LGBTI+ affirme que les transféminicides ne sont pas des fatalités. L’intersection des haines dont sont victimes les personnes transgenres doit être éradiquée par un changement d’état civil libre et gratuit, avec une dépsychiatrisation complète des procédures, et un plan volontaire et spécifique contre les discriminations qui manque au plan gouvernemental triennal de lutte contre les discriminations LGBTI+ 2024-2026.

La Fédération LGBTI+ reste mobilisée contre l’offensive anti-trans partout à travers le monde, aux États-Unis, mais aussi en France. Comme avec cette loi contre les mineurs transgenres votée au Sénat fin mai 2024 par la droite qui vise à en faire des sujets psychiatrisé·es au nom de leur prétendue protection.

Le renversement de la notion de protection des jeunes transgenres en France démontre la méconnaissance de leurs parcours par les parlementaires. Nos Centres accueillent régulièrement des jeunes transgenres mineur·es avec leur famille et remplissent leur missions de service public en les écoutant et les conseillant, sans jugement et dans le respect de leur autonomie

* Source des données Transgender Europe (TGEU)



Stéphane CORBIN
Porte-parole
porte-parolat@federation-lgbti.org

Alors même que le grand public est de plus en plus informé de l’existence des personnes transgenres et est majoritairement favorable au respect de leurs droits humains, nous constatons dans les pays occidentaux la montée d’une transphobie violente prenant plusieurs visages. Organisée chaque 31 mars, la journée mondiale de visibilité des personnes transgenres s’avère donc toujours aussi nécessaire.

Visuel du communiqué pour la Journée mondiale de visibilité transgenre 2023

En quelques années, la visibilité des personnes transgenres s’est grandement développée, dans la vie quotidienne, dans les médias et dans la culture. La connaissance et l’acceptation de la transidentité ont énormément progressé. Le milieu médical évolue lui aussi vers des accompagnements plus informés, et surtout, plus respectueux. Nous aurions donc pu espérer que le 31 mars devienne peu à peu une simple date de célébration de la diversité des personnes transgenres, une date d’affirmation des personnes et un heureux moment d’échanges dans notre société.

Cependant, nous avons également vu plusieurs mouvements violemment transphobes se développer et prendre une inquiétante tournure depuis plusieurs mois. Ils viennent s’ajouter à une transphobie systémique, certes en recul, mais toujours vivace.

La montée de groupes fascistes, néonazis ou d’ultra-droite partout sur le territoire et leur relative impunité s’accompagne de discours et d’actes violents en direction des femmes, des minorités sexuelles et de genre et des organisations qui défendent leurs droits. Les personnes transgenres sont malheureusement une de leurs cibles. Cette situation est extrêmement préoccupante pour nos associations.

Dans le même temps, nous voyons aussi fleurir des organisations et des personnalités faisant preuve d’une transphobie très virulente. Elles cachent leur haine derrière une supposée défense des femmes ou des enfants. Leurs discours vont outrageusement à l’encontre des connaissances scientifiques (médecine et santé publique, sociologie, psychologie) et enchaînent l’incitation à la haine et les injures.
La défense des droits des personnes transgenres s’est depuis toujours inscrite dans la lutte contre le sexisme et pour un féminisme inclusif et intransigeant, la défense des jeunes et le respect de leur autonomie et leur intégrité. Entendre donc que le mouvement transgenre servirait un projet secret d’invisibiliser les femmes ou de contrôler les enfants relève autant de la rhétorique complotiste que d’une affabulation honteuse. Preuve en est, ces discours transphobes s’appuient sur des argumentaires dignes du sexisme le plus grossier, renvoyant les femmes à leur seule biologie reproductive, et nient les besoins en santé, physique et mentale, des enfants et adoclescent·e·s.

Ne soyons pas dupes, ces nouveaux courants transphobes trouvent leur inspiration dans des mouvements anglo-saxons ultra conservateurs et s’illustrent par une perméabilité aux idées d’extrême-droite. Ils ne sont en aucun cas des interlocuteurs qui essaieraient d’apporter quelconque progrès dans le débat social.

Il est donc crucial que les personnes transgenres et non-binaires continuent d’être visibles, de raconter leurs histoires et de partager la réalité de leur vie. Il n’y a que par un attachement inébranlable à la vérité que nous ferons reculer les discours de haine basés sur des mensonges. Il est de la responsabilité de tous les responsables politiques et toutes les personnes alliées de faciliter cette visibilité. De leur côté, les associations menant un travail d’information et de formation dans toute la société ont une mission indispensable qui doit continuer à être soutenue.

Les centres et associations de la Fédération LGBTI+ restent donc plus que jamais mobilisés, pour faire progresser notre société vers davantage de respect des personnes transgenres et non-binaires.