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Au soir du 9 juin, les résultats des élections européennes ont été sans appel : une percée significative du Rassemblement national et des extrêmes droites, une bonne tenue des gauches et un effondrement de Les Républicains.

Le Président de la République a prononcé ipso facto la dissolution de l’Assemblée nationale, rompant pourtant avec ses engagements de campagne.

Ce séisme provoqué par le RN en tête, celui supplémentaire d’une dissolution avec une campagne très courte, confortent la Fédération LGBTI+ dans la certitude que le 7 juillet au soir nous pouvons basculer démocratiquement vers un régime opposé aux personnes LGBTI+, comme jamais depuis 1981. Une opposition qui s’accompagnera d’une perte totale de nos droits. Sans compter, à terme, l’attaque des droits fondamentaux de tous et toutes les citoyennes, quelle que soit leur orientation sexuelle ou identité de genre.

S’en est suivi un deuxième reniement d’Emmanuel Macron, traitant d’«ubuesque» la simplification administrative qui permettrait aux personnes transgenres de modifier la mention de leur sexe à l’état civil, en mairie, portée par le Nouveau Front Populaire. Un état civil libre et gratuit que la Fédération LGBTI+ réclame depuis plus de 11 ans !

Un reniement issu d’un calcul électoraliste, puisqu’Emmanuel Macron disait le contraire dans un entretien à Têtu en 2022, lors de la campagne des présidentielles. Une simplification pourtant devenue recommandation de la Défenseure des Droits. L’Allemagne, l’Espagne ont déjà adopté cette législation sans que ces démocraties ne s’effondrent. En faisant ainsi, le président de la République participe de la transphobie montante ambiante.

Cette transphobie a un prix. Comme le rappelle Act Up Paris : « En disqualifiant cette mesure, Emmanuel Macron favorise l’épidémie au sein d’une population particulièrement exposée. Les personnes trans, et singulièrement les femmes trans, constituent un des groupes sociaux au sein desquels la prévalence du VIH est la plus élevée. Lorsqu’elles sont séropositives, elles rencontrent davantage de difficultés dans leurs parcours de soins. Le stigmate, les discriminations et les conditions économiques dégradées qui en résultent les éloignent des structures et des professionnels de santé et se traduisent par des découvertes de séropositivité plus tardives et des pertes de chance. »

Les candidat·es macronistes ne se sont pas offusqué·es de ces propos, ne sont pas monté·es publiquement au créneau pour dénoncer de tels propos. La majorité présidentielle est entachée par ces positions et ce ciblage transphobes.

Les Républicains, ceux et celles ralliées au RN ou non, ont également un beau palmarès transphobe à leur actif. Le vote au Sénat, le 28 mai dernier, d’une proposition de loi visant à interdire les bloqueurs de puberté aux mineur·es transgenres et l’accès à toute hormonothérapie avant 18 ans, cache mal cette transphobie, prétendument dans « l’intérêt des enfants. » C’est au contraire une furieuse envie de psychiatrisation et de thérapie de conversion, pourtant interdite par la loi, qui irriguent cette loi, non encore validée. Mais pour combien de temps ?

L’avènement possible du RN à la tête d’un nouveau gouvernement, ou un nombre majoritaire de député·es à l’Assemblée nationale, scelleront cette loi, au plus grand désespoir des familles concernées et de nos associations, transgenres ou pas. Le RN avait déposé une proposition de loi identique à l’Assemblée nationale. Les Républicains auront donc servi de marchepied au RN.

Le Rassemblement national est historiquement homophobe, transphobe, raciste et xénophobe et tient toujours cette ligne. Sous les costumes impeccables de nombreux bellâtres homosexuels du parti d’extrême droite, l’homonationalisme s’affiche sans complexe.

Historiquement, Jean-Marie Le Pen traitait les personnes atteintes du vih de « sidaïques » et proposait de les interner de force. Il faisait l’amalgame entre homosexualité et pédophilie. Il s’opposait au pacs, au Mariage pour tous·tes. Le FN puis RN, avec à sa tête Marine Le Pen, annonça sa volonté de revenir sur le mariage ouvert aux couples de même sexe. Le RN dénonça un prétendu « lobbyisme LGBT » auprès de François Hollande, traitant nos associations de personnes concernées de « communautaristes ».

Lors de la dernière mandature, Marine Le Pen et le RN s’opposèrent :

• à la PMA pour toutes,

• aux interventions des associations en milieu scolaire, au point de reprendre mot pour mot la rhétorique de Viktor Orban, déclarant : « Je pense qu’il ne faut faire la promotion d’aucune sexualité auprès des mineurs »,

• en s’engageant à « refuser de reconnaître la filiation des enfants nés à l’étranger par la GPA » et de promettre une loi anti-GPA,

• en étant le soutien du lobby anti-gay,

• en mettant en place une association d’élus contre le prétendu « wokisme », contre les réunions en mixité choisie, la participation de personnes transgenres à des compétitions sportives, contre l’écriture inclusive.

Enfin, l’obsession du Rassemblement national contre l’immigration est violente pour toutes les personnes exilées, mais en plus ne prend aucune disposition quant aux personnes LGBTI+ ou séropositives qui risqueraient la mort en retournant dans leurs pays. La Fédération LGBTI+ connaît particulièrement bien cette réalité en raison du nombre de ses Centres membres qui accueillent et conseillent les demandeuses et demandeurs d’asile LGBTI. Des LGBTI+ ayant dû fuir leur pays d’origine en raison de persécutions en tant que personnes homosexuelles, transgenres ou intersexes.

Pourtant la loi asile, dite loi Darmanin, va être une catastrophe humaine sans pareil. Sans compter le projet de supprimer prochainement l’aide médicale d’État, qui fera le lit des épidémies. En parallèle, l’Europe s’apprête à opérer des tris et à entamer les procédures de demandes d’asile dans les pays concernés. Honte. C’est le droit d’asile de la convention de Genève qui est bafoué et foulé aux pieds.

Pour l’alliance de gauche, baptisée Nouveau Front Populaire, les droits des personnes lesbiennes, gays, bi·es, transgenres et intersexes seraient défendus et étendus.

Parmi les points d’extension des droits féministes et LGBTI+, notons dans son programme ceux qui permettraient :

• d’adopter une loi intégrale pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles en portant le budget à 2,6 milliards d’euros comme demandé par les associations,

• d’instaurer l’égalité salariale et créer un congé menstruel dans les entreprises et administrations,

• de prendre en charge par la Sécurité sociale les protections menstruelles et sanctionner les fabricants qui ne respectent pas le contrôle sanitaire et la régulation des prix,

• d’établir la filiation par reconnaissance comme principe par défaut, rembourser la procréation médicalement assistée (PMA), la rendre accessible aux personnes trans,

• de mettre en œuvre un plan d’éradication des violences à l’encontre des personnes LGBTQI,
• d’autoriser le changement d’état civil libre et gratuit devant un officier d’état civil,

• de faire face à l’offensive transphobe : lutter contre la transphobie et augmenter les moyens dans la santé pour les transitions.

Face aux échéances historiques de ses élections législatives anticipées, la Fédération LGBTI+ sans être propriétaire des votes de ses adhérent·es et usager·es, appelle solennellement les abstentionnistes à aller voter. Si vous ne vous intéressez pas à la politique, prenez conscience que le RN, les extrêmes droites, les conservateurs, s’intéressent eux furieusement à vos vies pour s’attaquer à vos droits, à ceux de vos adelphes.

La Fédération LGBTI+ n’a qu’une boussole. Celle de la défense et de la conquête de nouveaux droits pour les femmes et les personnes LGBTI+. C’est à ce titre de l’organisation de la vie de la cité que la Fédération LGBTI+ fait de la politique. Celle qui s’oppose aux racistes, aux xénophobes, aux antisémites et aux racistes anti-musulmans.

Forts de ses informations, la Fédération LGBTI+ appelle à voter pour les candidat·es les mieux placé·es aux scrutins des 30 juin et 7 juillet pour barrer le chemin du pouvoir au RN, en fonction des réalités de terrain, des enjeux de dialogues locaux dans les circonscriptions. Des votes pour défendre les droits LGBTI+, sans adhésion idéologique ni donner un quelconque blanc-seing à aucun parti.

De vos votes, dépendent nos vies !

Le 4 juillet dernier, le Rassemblement National a déposé une proposition de loi (Proposition de loi n° 1498) visant à limiter la participation des sportifs de haut niveau aux compétitions, uniquement dans la catégorie de sexe indiquée sur leur acte de naissance. C’est une prise de position très claire en faveur de la discrimination des personnes transgenres et intersexes dans le sport de haut niveau. Face à cette proposition, la Fédération LGBTI+ appelle les élu·e·s à faire preuve de vigilance et de discernement au regard de cette nouvelle offensive idéologique.

Le contexte de transphobie

Cette proposition de loi intervient dans un contexte où l’égalité des droits a connu des avancées importantes. C’est notamment le cas depuis la déclassification de la transidentité de la liste des pathologies psychiatriques par l’OMS en janvier 2022. De plus en plus de gouvernements répondent aux revendications des minorités de genre, assouplissant leurs législations pour éliminer les discriminations. En France, la dernière avancée est due au Défenseur des droits, avec la décision-cadre 2020-136, qui énonce des recommandations claires en faveur de l’égalité des droits pour les personnes transgenres. Discrédités par ces progrès historiques, les groupes « anti-genre » mis en minorité se radicalisent et multiplient les attaques médiatiques et politiques, usant d’arguments transphobes fondés sur des idées complotistes, et donc au mépris des faits et sans aucune expertise solide à l’appui !

Ces idées, importées des États-Unis et largement répandues dans la presse, sont relayées en France par des personnalités telles que Dora Moutot ou Marguerite Stern. Elles alimentent de nombreux fantasmes, en particulier à l’égard des femmes transgenres, et accusent les associations LGBTI+ de vouloir détruire les fondements de la civilisation.

En réalité, les personnes transgenres ne menacent personne, mais font l’objet de discriminations et des violence inacceptables. Les associations LGBTI+ ont pour objectif d’aider ces personnes dans leurs démarches administratives et de santé, afin de garantir leurs droits. Elles se battent pour faire disparaître les dispositions discriminatoires de la législation.

Ces groupes et personnalités transphobes sont soutenus par l’extrême droite et les factions les plus intégristes de plusieurs religions et trouvent, malheureusement, un écho dans l’ensemble du spectre politique, des Républicains à la Fédération Anarchiste. Ils tentent d’actionner trois leviers pour entraver l’avancée vers l’égalité : la peur des hommes transgenres enceints, la peur de la manipulation des enfants transgenres et la négation des personnes intersexes. Ils mobilisent la peur et l’ignorance au plus grand mépris des réalités concrètes.

Bien que nombre d’élu·e·s à l’Assemblée Nationale et au Sénat se tiennent à l’écart de ces thèses absurdes et dangereuses, le Rassemblement National se fait leur porte-voix au sein de l’institution parlementaire. C’est dans ce contexte que M. Julien Odoul, député du Rassemblement National, a proposé cette loi visant à discriminer les personnes transgenres dans le sport. Qu’il s’en défende sans argument ne change rien à l’affaire.

Genre et sport :
Il n’y a pas de solution toute faite !

La question des personnes transgenres concourant dans la catégorie de leur genre est complexe : on ne peut y répondre de façon simpliste ou caricaturale. Les catégories « homme » et « femme » ont été établies par souci légitime d’équité. Il s’agit en effet de compenser des capacités physiques différentes qui peuvent exister, en moyenne, entre ces deux groupes. Ces catégories font l’objet de questionnements, au même titre que celles du poids ou de l’âge.

Il est capital aussi de rappeler que la classification universelle des personnes en deux sexes est discutée et s’appuie sur des critères qui font généralement abstraction de la diversité des corps et en particulier de l’existence des personnes intersexes. Preuve en est avec les attitudes abjectes de certaines fédérations sportives et de certains médias face à des athlètes intersexes.

Il n’existe donc pas de solution unique et universelle : la situation de chaque personne, la discipline sportive et les capacités physiques requises sont autant de facteurs différents pris en compte par des instances sportives plus ou moins inclusives.

La Fédération LGBTI+, comme toutes les associations LGBTI+, plaide pour l’égalité des droits, l’autodétermination et la libre disposition de son corps. Elle soutient notamment le changement d’état civil libre et gratuit, sur simple déclaration en mairie. Au sein des instances sportives, la charte « Sport & Trans » constitue une référence utile pour tout club sportif qui souhaite contribuer, de façon pragmatique, à l’inclusion des personnes transgenres.

Ne nous fourvoyons pas, la proposition de loi transphobe du Rassemblement National n’est qu’une opportunité de servir leur politique anti-LGBTI, leur haine des personnes transgenres et intersexes et leur constante recherche du bouc-émissaire. Pourtant ce n’est que dans le respect de tou·te·s que les valeurs sportives de partage, de courage et de solidarité pourront briller.

Face à l’escalade des dégradations et des violences, la Fédération LGBTI+ sollicite auprès des pouvoirs publics une protection renforcée pour les Centres LGBTI+ et les Marches des Fiertés LGBTI+ à travers le territoire national. Les réseaux d’extrême droite semblent constituer une menace croissante pour ces espaces d’affirmation et de solidarité.

Depuis plusieurs mois, la Fédération LGBTI+ constate une recrudescence d’incidents visant les Centres LGBTI+. Les attaques vont de la dégradation à l’incendie criminel :

  • Le 21 février 2023, le Centre LGBTI+ de la Réunion a subi une visite intrusive suivie d’un incendie criminel. Des insultes homophobes maculaient les lieux, conduisant à la condamnation à un an de prison d’un jeune majeur.
  • Le Centre LGBTI+ de Nantes, géré par l’association NOSIG, a été la cible de dégradations homophobes le 18 mai 2023, au lendemain de la Journée mondiale de lutte contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie. Les graffitis anti-LGBTI+ ont nécessité un nettoyage dans la semaine suivante. En 2022, ce centre a subi cinq dégradations.
  • Le Centre LGBTI+ de Lorraine-Sud à Nancy, dirigé par l’association Équinoxe, a été victime d’une tentative de déboulonnage de sa plaque et d’ajout d’autocollants par un groupe maurrassien.
  • Le Centre LGBTI+ 66 de Perpignan a connu une série de vandalisme : boîte aux lettres régulièrement vandalisée, vitrophanie arrachée, et même un graffiti insultant sur une des façades.
  • Le Centre LGBTI+ de Touraine a subi une attaque à l’aide d’un engin explosif le 22 mai, marquant la sixième attaque en deux mois et demi.

En outre, nous avons appris récemment que la Ville de Lyon a dû retirer une exposition LGBTI+ suite à deux dégradations. La Marche des Fiertés LGBTI+ de Saint-Brieuc a également été marquée par la présence de tags homophobes.

Ces attaques surviennent dans un contexte de propagande anti-LGBTI+ contestant les interventions de prévention contre les discriminations conduites par les associations LGBTI+ dans les collèges et les lycées.

Le point culminant de cette escalade de la haine s’est manifesté lors de l’attaque du Centre LGBTI+ de Touraine le 22 mai avec un engin explosif, alors que des bénévoles étaient présents. Dans une lettre adressée au Ministre de l’Intérieur, la Fédération LGBTI+ sonne l’alarme : il y a une intention de nuire, voire désormais de tuer. La Fédération évoque des méthodes rappelant celles des attentats terroristes.

Depuis le conflit politique autour de l’ouverture du mariage aux couples de même sexe (2012-2014), le niveau de violences anti-LGBTI+ n’a cessé de croître pour atteindre un niveau inégalé. Sans une protection renforcée, la Fédération LGBTI+ et les associations françaises craignent désormais pour la sécurité des militant·es LGBTI+.

Il apparaît clairement que bon nombre de ces dégradations ont des liens directs avec des groupuscules nationalistes et autoritaires.

La Fédération LGBTI+ demande des mesures de protection renforcées pour les Centres LGBTI+ et les Marches des Fiertés LGBTI+. Elle rappelle que ces espaces sont essentiels pour le bien-être, la sécurité et l’autonomie des personnes LGBTI+ à travers le pays. Pour faire face à ces risques, la Fédération devra travailler aux bonnes pratiques de sécurité et invite toutes les associations LGBTI+ à communiquer toute situation – même mineure – aux services de police.

En conclusion, la Fédération LGBTI+ sollicite l’attention et l’action des pouvoirs publics, pour que les enquêtes de police et les décisions de justice permettent de démanteler les réseaux homophobes et d’extrême droite. Seul un engagement ferme de l’Etat peut assurer la protection et la sécurité de la communauté LGBTI+ et de ses lieux d’expression. La haine et l’intolérance n’ont pas leur place dans notre société, et nous ne cessons de le réaffirmer. Notre lutte continue.

Journée nationale du souvenir des victimes et héros de la déportation

Visuel pour la Journée nationale du souvenir des victimes et héros de la déportationFédération LGBTI+ – sous CC BY-SA

Le dernier dimanche du mois d’avril a lieu une journée nationale d’hommage aux personnes dont le destin a croisé l’infamie humaine des camps de concentration et d’extermination. Les associations et Centres LGBTI+ seront au rendez-vous pour honorer les victimes et héros de la déportation et porter le souvenir des victimes de persécutions à raison de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre pendant la Seconde Guerre mondiale.

C’est seulement en 2005 que dans son discours à l’occasion de la journée nationale du souvenir des victimes et héros de la déportation, le Président de la République, Jacques Chirac, reconnait officiellement qu’il y a bien eu des personnes déportées à raison de leur orientation sexuelle ou leur identité de genre depuis le territoire français. Les associations LGBTI+ et les historien·ne·s travaillant sur la mémoire avaient apporté des preuves de ces faits depuis de nombreuses années. Désormais, que des Français·e·s aient porté le triangle rose (homosexuels) ou le triangle noir (asociaux, dont les femmes lesbiennes) n’est plus remis en question. Le rôle actif de la police française et des services de l’État Français est quant à lui trop souvent oublié.

Il est pourtant fondamental d’entretenir ce devoir de mémoire et de porter un regard éclairé sur les erreurs atroces de notre passé sous peine d’avancer aveugles vers de nouvelles horreurs. Nous nous joignons à l’exigence nationale d’honorer la mémoire de tous les déportés, “sans distinction”, comme l’exprime la loi du 14 avril 1954. Une délibération ancienne de la HALDE (Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l’Égalité) le rappelle : les préfectures doivent associer les associations LGBTI+ à l’organisation des cérémonies (Délibération 2009-2022 du 8 juin 2009). Cette décision n’est hélas pas toujours mise en œuvre par les services de l’État.

La perméabilité de plus en plus forte des idées d’extrême-droite dans la société, aidée d’une complaisance dans les médias et les milieux politiques, nourrit une grande inquiétude dans nos associations LGBTI+. L’extrême-droite porte une opposition viscérale aux droits des minorités sexuelles et de genre. L’historique des votes d’élu·e·s et les prises de position publique répétées de membres des partis d’extrême-droite ne ment pas. Nous ne sommes pas dupes de leurs opérations de séduction. Celles-ci rendent leur populisme encore plus détestable. 

Depuis plusieurs années, nous assistons aussi à une stigmatisation grandissante des minorités en Europe : rejet des populations exilées, violences sur les minorités sexuelles, remise en question des avancées féministes… Ce sont parfois les gouvernements de pays membres de l’Union Européenne qui orchestrent les persécutions, comme en Hongrie ou en Pologne. La France n’est pas exempte de la montée de ces courants haineux.

La Fédération LGBTI+ note aussi la pente autoritaire adoptée par plusieurs gouvernements en Europe et en particulier en France. Le durcissement des pouvoirs face à sa population, la répression des mouvements sociaux au mépris de la loi, la militarisation des forces de l’ordre sont des indicateurs sans équivoque d’un glissement pré-fascisant. Il ne s’agit pas là d’une analyse orientée que nous ferions mais bien de l’analyse partagée par plusieurs expert·e·s internationaux (ONU, Conseil de l’Europe, Amnesty International…).

Les militant·e·s qui chaque jour défendent les droits humains des personnes LGBTI+ aujourd’hui s’inscrivent dans une histoire commune de survie face à la barbarie et le mépris. C’est toujours le même élan qui les animent : la solidarité et le respect des libertés ont toujours été plus fortes que la haine et la violence

Cette histoire nous oblige dans notre devoir de mémoire. Elle nous oblige dans la défense de toutes les minorités exposées à la haine.

La Fédération LGBTI+ ne peut donc qu’encourager la participation de tou·te·s et tous aux cérémonies dimanche. Portons la mémoire de celles et ceux qui ont croisé l’horreur humaine sur leur chemin car nous savons que le ventre est encore fécond et qu’il a commencé à germer à nouveau.