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Les Centres LGBTI+ organisent une visioconférence sur le Monkeypox coanimée par Élian Barcelo, référent Santé et animateur du projet fédéral « Vie sexuelle et transidentité », et Marc-Antoine Bartoli, coordinateur prévention d’Act Up-Paris,

jeudi 15 septembre prochain
à 19 h
meet.google.com/bev-qeoy-rof

L’événement est ouvert à tou⋅tes sans inscription préalable.

L’objectif est de partager le savoir communautaire sur le sujet de la variole du singe, du traitement et des moyens de prévention (vaccins, bonnes pratiques de réduction des risques, etc.). La visioconférence est organisée en deux temps.

D’une part, un exposé sur la maladie en elle-même, pour répondre aux questions importantes : comment reconnaît-on la variole du singe ? Quand et comment risque-t-on de contaminer ou de se faire contaminer ? Ai-je droit à un arrêt maladie et comment gérer le risque de stigmatisation (dans l’entreprise, le quartier , etc.) ? Comment se faire aider ou conseiller ? Comment fonctionne le vaccin et est-il efficace ? Quand ai-je un schéma vaccinal complet ? L’épidémie se propage-t-elle rapidement ? Que faire pour se protéger et protéger les autres ?, etc.

D’autre part, un échange pour répondre aux questions que les participant⋅es pourront poser anonymement. Nous invitons chaleureusement toutes celles et ceux qui se posent des questions à se rendre à cette visio-conférence.

La Fédération LGBTI+ observe avec inquiétude la multiplication des cas de variole du singe (“Monkeypox”) et alerte sur une réponse de l’Etat qui n’est pas à la hauteur de la gravité de l’épidémie.

Il est désormais clair, après plusieurs semaines de retour d’expérience, que les infections suivent bien une courbe exponentielle (doublement des cas chaque semaine). Même si, pour l’heure, l’infection touche surtout des publics très précis, ce virus ne s’arrêtera pas aux frontières des sexualités et genres minoritaires. D’ailleurs, le flou entoure encore les publics cibles de la vaccination selon les régions et les autorités sanitaires : il est clair que les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (lorsqu’ils sont multipartenaires) sont ciblés ainsi que les personnes immunodéprimées, mais les publics des personnes transgenres multipartenaires et travailleur·se·s du sexe ne sont pas avancés de façon unanime dans les institutions de la santé.

Nous disposons des solutions techniques éprouvées pour endiguer l’épidémie : les vaccins anti-varioliques existent et ont déjà démontré toute leur efficacité. Cette maladie, bien qu’a priori non mortelle dans nos pays occidentaux, est tout de même extrêmement douloureuse et effrayante. L’OMS l’a classé en “urgence de santé publique de portée internationale”, ce qui ne fait que confirmer ce que nous sentions venir depuis plusieurs semaines, à savoir l’arrivée d’une nouvelle épidémie qui se diffuse par le biais des publics les plus discriminés.

La réponse des autorités françaises et européennes est bien en-deçà de ce que nous serions en droit d’attendre d’institutions de pays développées et industrialisées. La vaccination a été ouverte fin juin à quelques groupes de population, mais la gestion de l’épidémie s’annonce assez mal.

Tout d’abord, nous relevons, avec bien d’autres associations, l’opacité de l’État sur le stock stratégique de vaccins anti-varioliques. En effet, le gouvernement oppose à l’exigence de transparence le secret défense qui s’appliquerait aux stocks de vaccins.

Ensuite, les données dont nous disposons malgré tout ne sont guère rassurantes. Les informations émanant des Agences Régionales de Santé pointent vers les mêmes ordres de grandeur : 5000 doses de vaccins destockées par semaine. Il s’ensuit des listes d’attente interminables, avec un facteur d’incertitude du côté des centres de vaccination en Cegidd qui ferment pendant les vacances d’été, en pleine première vague. Même si nous ne doutons pas qu’une “montée en charge progressive” soit programmée, c’est clairement beaucoup trop lent et même insuffisant. Avec une évaluation basse, la population à vacciner se situerait autour de 120 000 personnes.

Tant en France qu’à l’échelle de l’Union européenne, les autorités ne semblent pas avoir pris la mesure des moyens à déployer. Ainsi, l’Autorité européenne de préparation et de réaction en cas d’urgence sanitaire (HERA) a annoncé la commande de 110 000 doses, ce qui ne couvre pas même les besoins actuels de la France ! Une broutille en comparaison des États-Unis qui viennent de commander 2,5 millions de doses pour 2023. Tout porte à croire que la France et l’Europe prennent le risque de laisser courir l’épidémie plutôt que de prendre des mesures à la hauteur de l’enjeu.

La Fédération LGBTI+ s’inquiète enfin du potentiel de stigmatisation que renferme cette maladie. Sans être aussi létale, cette nouvelle épidémie pourrait réveiller les stigmates que les personnes LGBTI ont vécu et vivent parfois encore avec le VIH. Elle risque d’entraîner dans son sillage des relents de discriminations LGBTIphobes qui entraînent à leur tour des souffrances psychologiques pour les populations ciblées et banalisent les agressions à leur encontre.

Nous attendons de l’État qu’il prenne au sérieux les alertes des associations LGBTI, maintenant confirmées par l’OMS. La transparence sur les stocks stratégiques est pour nous un prérequis indispensable. Nous exigeons que l’État commande des vaccins en nombre suffisant pour protéger les populations de cette nouvelle épidémie. Nous demandons l’ouverture de sites de vaccination facilement accessibles sur tous les territoires. Les associations et Centres LGBTI sont pleinement mobilisés face à cette nouvelle menace et sont en première ligne. Nous exigeons d’être associé·e·s à l’élaboration d’une réponse proportionnée au danger, en vertu de nos compétences en santé communautaire et dans le plein exercice de nos responsabilités dans les appareils de démocratie sanitaire.