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La Fédération LGBTI+ dénonce les campagnes anti-LGBTI orchestrées par les intégristes et l’extrême-droite. Elles ciblent l’éducation à la vie affective et sexuelle et diffament les associations LGBTI+. Face à cette propagande inepte, manipulatoire et mensongère, la Fédération LGBTI+ appelle à la vigilance des familles et des personnels ainsi qu’à la fermeté de l’École laïque.

Une montée de la propagande homophobe
contre l’École laïque

Depuis plusieurs mois, les groupuscules intégristes s’activent dans les territoires pour diffuser une propagande discriminatoire dénonçant « les LGBT à l’école ». Le contexte politique s’y prête, puisque l’extrême-droite vise désormais ouvertement l’action éducative des associations LGBTI+. Agissant de concert, groupuscules intégristes et partis d’extrême-droite s’en prennent ainsi aux associations LGBTI+ qui interviennent en milieu scolaire, mais aussi à la conception laïque de l’éducation à la vie affective et sexuelle.

Sans surprise, cette propagande d’origine politique ou religieuse s’appuie sur de fausses accusations contre les associations LGBTI+ ou l’Éducation nationale. Ils affirment ainsi, de façon calomnieuse, que nous ferions la promotion de certaines pratiques sexuelles, ou que nous aurions pour objectif de propager la soi-disant « théorie du genre ». Nous dénonçons ces mensonges inacceptables et cette propagande souvent diffamatoire ou provoquant à la haine.

Ces groupes adaptent leur propagande à l’actualité et forgent régulièrement de nouveaux concepts et de nouveaux argumentaires pour manipuler l’opinion publique ! À Angers, l’association LGBTI+ Quazar a ainsi récemment repéré un tract au contenu mensonger, voire diffamatoire, qui s’en prend également… à la vaccination préventive des garçons contre le papillomavirus – responsable de certains cancers ! Quazar a lancé un appel à témoins et envisage d’engager des démarches.

L’éducation sexuelle prise pour cible

Les intégristes s’attaquent depuis longtemps à l’éducation sexuelle à l’école, en alimentant des paniques morales par des campagnes haineuses. Restée dans les esprits, l’abandon du dispositif expérimental “ABCD de l’Egalité”, en 2014, en est l’illustration historique la plus marquante.

Ces intégristes visent le maintien d’une éducation affective et sexuelle sous la coupe d’une morale religieuse aussi mortifère qu’ignorante des réalités. Ils sont complices de l’aliénation des jeunes dans des stéréotypes hétérosexistes véhiculés notamment par l’industrie pornographique dominante : soumission et passivité sexuelle des femmes, monopole du plaisir sexuel actif réservé aux garçons, assignation de rôles stéréotypés dans les relations affectives ou les rapports sexuels, négation ou fétichisation des personnes transgenres, etc.

A contrario, l’éducation sexuelle s’inscrit dans une approche critique destinée à construire l’autonomie des jeunes sur les plans sexuel et affectif. Elle s’appuie sur des connaissances scientifiques et le développement de compétences psychosociales essentielles à l’autonomie, à l’exercice des droits sexuels et à une vie affective et sexuelle épanouie. C’est un élément important des politiques de promotion de la santé, un droit essentiel pour les jeunes et un service incontournable rendu aux familles. Même si elle n’est que trop insuffisamment appliquée, la loi prévoit trois séances annuelles d’éducation à la vie affective et sexuelle en collège et en lycée.

Pour mettre en œuvre un programme diversifié d’éducation à la vie affective et sexuelle, les établissements scolaires font parfois appel aux associations LGBTI+ éducatives complémentaires de l’enseignement public. A ce titre, il faut noter et rappeler que les interventions des associations LGBTI+ n’ont aucune visée idéologique : leur démarche s’inscrit dans la continuité et en complémentarité des valeurs républicaines de liberté, d’égalité et de fraternité. Elles apportent aux élèves une approche critique de la sexualité et se démarquent par un cadre éthique fondé sur l’autonomie de la personne, la solidarité et le consentement. Cela n’a évidemment aucun rapport avec une quelconque forme d’endoctrinement idéologique : les thérapies de conversion sont l’apanage de délinquants intégristes et non des associations LGBTI+ !

Les interventions des associations LGBTI+ en milieu scolaire sont au contraire un complément essentiel aux missions du service public d’éducation. S’inscrivant dans les objectifs de l’Éducation nationale, elles soutiennent l’éducation à la vie affective et sexuelle, contribuent à prévenir les LGBTIphobies et le harcèlement, fléau aux conséquences dramatiques. Elles contribuent ainsi à la fois à l’amélioration du climat scolaire et à l’épanouissement des futur·e·s citoyen·ne·s.

Des parents manipulés… ou complices d’atteintes à la laïcité !

Photo d'un carnet de correspondance : "Bonjour XXX. Par la présente, je vous informe de mon refus catégorique concernant la participation de ma fille, [...] à une quelconque intervention d'une association type LGBT (ass. Couleurs Gaies, par exemple) durant toute l'année scolaire. Merci de votre vigilance.

Dans ce contexte, certaines familles manipulées ou complices refusent que leur enfant assiste aux séances d’éducation sexuelle ou aux interventions des associations LGBTI+. Le plus souvent, elles sont manipulées par ces campagnes de désinformation. Mais elles peuvent également en être complices, voire participer à certaines campagnes à la limite du harcèlement contre les personnels, ou bien contre les associations et leurs bénévoles.

La tentation des établissements est alors de céder aux pressions d’origine religieuse ou politique, pour ne pas « faire de vagues ». Erreur fatale : les familles manipulées ou manipulatrices s’engouffrent alors dans une brèche laissée ouverte et très difficile à refermer. Le risque est d’entériner des atteintes inacceptables à la laïcité. Il est donc essentiel que le service public d’éducation fasse preuve de fermeté et ne cède pas un pouce de terrain aux pressions d’origine politique ou religieuse.

Face à cette offensive des groupuscules religieux intégristes et de l’extrême-droite, nous appelons les familles, les élèves et les personnels à la plus grande vigilance. Nous recommandons à tout personnel constatant de telles situations à le signaler à leur hiérarchie et aux personnels de direction de ne pas céder. Ils peuvent compter sur notre soutien le plus ferme. Nous appelons les communautés éducatives à poursuivre leur mobilisation pour l’égalité des droits, la lutte contre les LGBTIphobies et le harcèlement et pour l’épanouissement des jeunes – tous les jeunes, sans exception !