Actualités fédérales · Communiqués de la Fédération LGBTI+

Après bien des reports, les Centres LGBTI+ de France se sont rassemblés à Nancy à l’initiative d’Equinoxe (Centre LGBTI+ de Lorraine),  lors des Rencontres bisannuelles de la Fédération LGBTI+, pour travailler sur leurs revendications communes et désigner leur nouvelle équipe fédérale.

La Fédération LGBTI+ rassemble 14 associations actives sur l’ensemble du territoire  : ADHEOS (Poitou-Charentes), Aides, l’Association Nationale Transgenre, le Centre LGBTI+ de Vendée (Pays de la Loire), le Centre LGBTI de Lyon (Auvergne-Rhône-Alpes), Equinoxe (Grand Est), Centre LGBTQI+ de Paris – Île-de-France, le Girofard Bordeaux (Nouvelle Aquitaine), Homogène Le Mans (Pays de la Loire), Iskis Rennes (Bretagne), La Gom 53 (Pays de la Loire), LGBT+66 (Occitanie), les Bascos, Nos Couleurs et Arcolan (Nouvelle Aquitaine) et Quazar Angers (Pays de la Loire).

Lors de cette Assemblée Générale, les référent-es ont clarifié leur fonctionnement collectif après avoir surmonté au mieux la crise sanitaire. À l’approche des élections présidentielle et législatives, la priorité s’est portée sur l’élaboration d’un panel de revendications et de propositions pour la prochaine mandature. 

Ils ont désigné sept nouvelles et nouveaux administrateurs issus de tout le pays, L’Assemblée Générale a salué le départ volontaire de Jérémy BAUDOIN (Equinoxe Nancy), Stéphanie NICOT (Association Nationale Transgenre) et d’Elian BARCELO (Iskis Rennes), après plusieurs d’années d’engagement au sein du Conseil d’administration. Ils continueront néanmoins à s’investir dans des commissions dédiés au sein de la Fédération LGBTI+.

La composition du Conseil d’Administration est la suivante::

  • Jean-Christophe TESTU, Président, il/lui
  • Margaux VIBERT, Secrétaire, elle
  • Antonin LE MÉE, Secrétaire-adjoint, il/lui
  • Jean-Loup THEVENOT, Trésorier, il/lui
  • Kévin GALET, Porte-parole, il/lui
  • Bernard GACHEN, Administrateur, il/lui
  • Franck-Yves GUILBERT, Administrateur, il/lui.

Mathieu KLEIN (maire de Nancy) est intervenu en visioconférence lors de ces Rencontres pour saluer les participant-es, comme soutien élu et soutien historique aux causes LGBTI+.

www.federation-lgbti.org

Contacts
Kévin GALET
Porte-parole

Au sujet du délibéré du 9 février 2022 de la Cour d’Appel de Toulouse

Depuis bientôt huit ans, un couple de femmes, Claire et Marie, se bat pour faire reconnaître en justice la double filiation maternelle de leur fille.

Bien qu’elle ait été conçue après le changement d’état civil de Claire, et qu’un acte de reconnaissance maternelle ait été effectué avant la naissance de son enfant, Claire n’a toujours pas de lien de filiation maternelle reconnu, en raison de sa transidentité. En 2018, les juges de la Cour d’Appel de Montpellier avaient réfléchi à un statut juridique nouveau, celui de parent biologique, qui a été rejeté par la Cour de Cassation en septembre 2020. L’APGL est intervenue aux côtés de Claire depuis la procédure en Cassation. Un recours a été déposé à la CEDH : la requête vise à autoriser Claire à pouvoir établir son lien de filiation par la voie de la reconnaissance maternelle. En attendant le jugement de la juridiction européenne, l’affaire est arrivée au bout d’une solution acceptable pour Claire en France, depuis qu’elle et Marie ont été entendue par les magistrats de la Cour d’Appel de Toulouse en décembre 2021. Le délibéré, qui a été rendu public ce mercredi, 9 février 2022, retient des trois options envisagées, la plus juste : celle qui avait été demandée par Claire, Marie, leur fille par l’intermédiaire de son représentant et l’APGL.


Les signataires se félicitent de la solution (enfin !) retenue par la justice d’établir la filiation, qualifiée de maternelle, entre Claire et sa fille, qui consacre la possibilité pour une mère trans d’être reconnue comme telle, sans avoir à adopter son propre enfant.


C’est une première en France !


Les signataires saluent l’avancée de la France, qui montre à nos voisins européens le chemin pour une vision progressiste de la filiation des personnes trans.


Les signataires rappellent cependant qu’une procédure judiciaire longue de 8 ans est inacceptable, et en appelle au législateur afin que les autres familles de parents trans n’aient pas à subir le même parcours, et puissent établir leur filiation par simple reconnaissance.


Signataires : Acceptess-T, APGL, Divergenre, Fédération LGBTI+, GIAPS, Inter LGBT, LDH, OUTrans, RITA.
Contact : parentalite.trans@apgl.fr


Annexe


Pour rappel, trois options se profilaient à l’horizon :


Option 1
La plus « probable », car c’était celle proposée par le parquet général de Toulouse (et déjà proposé par l’avocate générale de la Cour de Cassation) :
● Filiation maternelle établie par la voie judiciaire MAIS :
● Mention marginale sur l’acte de naissance de l’enfant du jugement ordonnant le changement d’état civil de Claire
=> Dans ce cas, recours CEDH sur la mention marginale, visible sur toute copie intégrale de l’acte de naissance et donc attentatoire à la vie privée de l’enfant et du parent.

Option 2
Celle qui avait été demandée par Claire, Marie, leur fille par l’intermédiaire de son représentant et l’APGL (faute de ne pouvoir établir la filiation maternelle sur la base de la reconnaissance maternelle effectuée par Claire avant la naissance).
● Filiation maternelle établie par la voie judiciaire AVEC :
● Mention marginale sur l’acte de naissance de l’enfant de l’arrêt de la Cour d’Appel de Toulouse établissant la filiation entre Claire et sa fille
=> Dans ce cas demande satisfaite, et il ne restera plus à la CEDH qu’à trancher sur le refus de la France de laisser Claire procéder à une simple reconnaissance maternelle (recours déjà en cours).


Option 3
Celle proposée par la Cour de Cassation
● Filiation paternelle, par voie de reconnaissance OU :
● Filiation maternelle par l’adoption de l’enfant du conjoint
NB : ces solutions revenaient à laisser l’acte de naissance de l’enfant tel quel puisqu’elles ne sont réalisables ni l’une ni l’autre. La première solution n’est pas possible car une femme ne peut souscrire une reconnaissance paternelle et la seconde suppose que Marie donne son accord à une telle procédure, ce qu’elle refuse comme elle en a tout à fait le droit, leur enfant ayant été conçu au sein de leur couple.
=> Dans ce cas, situation catastrophique : recours CEDH pour le tout, et poursuite du combat judiciaire pour Claire et Marie qui n’auront toujours pas de double filiation pour leur fille. Dans l’attente : pas de transmission du nom, pas d’autorité parentale, pas de dévolution successorale.

Sur les questions de vie sexuelle et affective des personnes transgenres, la Fédération LGBTI+ a fait le double constat du manque de formation des professionnel·le·s de santé et du manque de documents adaptés aux personnes transgenres. C’est pourquoi la Fédération LGBTI+ lance un nouvel outil de promotion de la santé : la brochure “Vie sexuelle et transidentité”.

Couverture de la brochure Vie sexuelle et transidentité éditée par la Fédération LGBTI+

Cette brochure de 52 pages s’adresse en premier lieu aux professionnel·le·s de santé et aux militant·e·s qui accompagnent des personnes transgenres en santé sexuelle. Elle est aussi un guide à destination des personnes transgenres pour prendre soin de leur santé.
En huit chapitres, le vaste domaine de la santé sexuelle et de la vie affective est parcouru à la fois en pointant les spécificités vécues par les personnes transgenres et en abordant des thématiques partagées par tout public mais avec un vocabulaire adapté à la diversité des vies et corps des personnes transgenres.

Soignant·e·s et patient·e·s transgenres entretiennent une relation pas toujours sereine. Pour des raisons diverses, l’un ou l’autre des partis peuvent présenter des freins vers ou dans la prise en charge. Or il y a un grand chantier d’information, de formation et de prévention à initier.
En effet, les personnes transgenres ont des pratiques et des besoins spécifiques ainsi que des obstacles particuliers dans l’accès à la santé. La population transgenre est par exemple reconnue comme une des populations clés dans la lutte contre l’épidémie de VIH. La brochure se veut donc être un pont entre les professionnel·le·s de santé et les usager·e·s transgenres du système de santé.

Le sous-titre de la brochure “Comprendre, accompagner, s’épanouir” se veut tourné vers un partenariat patient· / soignant·e fructueux. Pour les professionnel·le·s de santé, il s’agit de dépasser les clichés et s’adapter aux réalités de chacun·e grâce à une meilleure compréhension des enjeux spécifiques à la transidentité. Pour les personnes transgenres, la brochure est une boîte à outils dont on peut se saisir pour mieux vivre son parcours de santé et gagner en autonomie dans sa vie sexuelle et affective.

Chaque parcours de vie est unique : cette brochure n’a pas la prétention d’approfondir chaque situation. Elle est un support, une porte ouverte pour promouvoir la santé dans une démarche inclusive.

Les structures de santé et associations communautaires intéressées par la brochure peuvent remplir un formulaire de commande. Les demandes seront gérées au mieux en fonction des stocks et du caractère prioritaire ou non du public destinataire de la commande.
Un PDF de la brochure sera mis en ligne d’ici quelques mois afin de rendre les informations plus accessibles.

Mise à jour 15/04/2022
Il n’est malheureusement plus possible de passer commande car les stocks arrivent déjà à leur fin. Une réimpression prise en charge par une structure publique est envisageable.
La brochure sera mise en ligne en PDF d’ici quelques semaines afin que tout le monde puisse l’utiliser.

La Fédération LGBTI+ remercie la DILCRAH de son soutien financier à cette campagne qui porte un message nouveau dans le mouvement LGBTI+ en France. Nous remercions également les bénévoles et les professionnel·le·s qui y ont consacré du temps et de l’énergie.

Page de présentation de la brochure

04/10/2021 – La Fédération LGBTI+ salue les avancées notables du Ministère de l’Éducation nationale, suite à la publication d’une circulaire sur les questions de genre le 30 septembre dernier.

Pour l’essentiel, le ministère a repris les propositions des associations LGBTI+ : emploi du prénom d’usage, accès aux espaces d’intimité, protection face aux violences transphobes en milieu scolaire. Il approfondit et précise le Guide de prévention contre l’homophobie et la transphobie publié par la DGESCO en janvier 2020. 

Rappelons que, jusqu’à cette date, aucune disposition n’existait. La responsabilité du traitement des situations dépendait donc du « bon vouloir » des établissements.

Le travail engagé par le ministère répond aux suicides d’élèves et d’étudiants transgenres, médiatisés l’an dernier. L’école publique a donc enfin compris que le respect de l’identité de genre des élèves devait être la règle. Le cas par cas laisse aujourd’hui la place à un cadre national plus clair et plus protecteur qu’auparavant pour les élèves transgenres.

Malgré tout, le texte arrive bien tard. La Fédération LGBTI+ avait alerté la DILCRAH en 2019 sur les risques que l’institution scolaire faisait courir aux élèves transgenres, et avait plaidé pour un cadre national cohérent fixé par une circulaire. Malgré l’urgence, la publication de ce texte – initialement prévue le 17 mai – a été retardée de près de six mois, sans explication.

Outre quelques formulations un peu hasardeuses, ce texte comporte une vraie zone d’ombre. L’adoption d’un prénom d’usage dans le cadre scolaire est en effet conditionnée à l’accord des deux responsables légaux. Certes, l’institution est dépendante des règles encadrant actuellement l’autorité parentale. Cependant, nous souhaitons que l’État soit davantage proactif dans le dialogue avec les familles où des difficultés apparaissent, pour prévenir les violences et les sanctionner pénalement le cas échéant.

Par ailleurs, la Fédération LGBTI+ s’interroge sur l’emploi du prénom d’usage dans les documents internes aux établissements : à notre connaissance, à l’heure actuelle, le système d’information du ministère ne le permet tout simplement pas. Ce problème doit être réglé au plus vite !

Nous attendons de l’institution scolaire que son engagement se prolonge dans chaque académie (notamment via les observatoires académiques) et dans chaque établissement. L’investissement dans la formation initiale et continue et l’information des personnels constituent des enjeux-clés sur les questions de genre dans les établissements scolaires.

L’Assemblée nationale a adopté, ce mardi 26 juin 2021, l’ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de femmes et aux femmes célibataires.

La Fédération LGBTI+ et toutes les associations LGBTI+ réclamaient depuis longtemps un accès égal à la parentalité pour chaque Française et chaque Français. En 2013, l’ouverture du mariage à tous les couples avait laissé de côté la possibilité des femmes autres que celles en couple hétérosexuel d’accéder à la PMA, qu’il s’agisse de couples de femmes ou de célibataires.

Cette façon de faire est hélas typique de « l’universalisme à la française » : comme dans la fable orwellienne, tous sont égaux, mais certains plus que d’autres ! C’est aussi la politique des petits pas politiciens : l’égalité des droits dans notre pays n’est jamais acquise, elle n’avance que par sauts de puce et victoires parcellaires. En France, la lutte pour l’égalité des droits est un combat dur, long et pénible humainement pour les personnes concernées et les associations.

Le manque de courage et les reculades successives des gouvernements de ce quinquennat et du précédent n’ont pas été sans effet. Ils ont entretenu le sentiment de légitimité d’opposant·e·s homophobes dont nous savons tou·te·s les conséquences sur les personnes LGBTI+. Ils ont aussi sonné le glas de nombreux projets parentaux. En effet, si l’égalité des droits est malheureusement habituée à attendre de nombreuses années, la fertilité des personnes, elle, ne le peut pas.

Une PMA qui ne va pas jusqu’au bout de l’égalité…

L’ouverture de la PMA à toutes les femmes est une victoire, certes, mais au goût amer. Face à tous les refus du Président, du gouvernement et des parlementaires, la loi bioéthique adoptée manque des rendez-vous cruciaux avec l’égalité :

1. Refus de la protection des enfants intersexes, en interdisant les opérations de mutilation. Faut-il une nouvelle énième condamnation de la France par une instance internationale pour que cette barbarie cesse ?

2. Refus de l’ouverture de transparentalité, laissant les personnes transgenres hors de ce projet sociétal. La transidentité n’est pourtant pas une contre-indication à la parentalité ! La stérilisation des personnes transgenres a été mise à mal par la loi. Cependant, via la PMA et la difficulté à faire conserver ses gamètes, elle reste donc une option acceptable pour la majorité des élu·e·s de la République !

3. Refus de la ROPA (réception de l’ovocyte par la partenaire). Elle aurait pourtant permis le don d’ovocytes au sein d’un couple de femmes en vue d’une PMA.

Ces refus indiquent clairement que c’est bel et bien l’appartenance des personnes concernées à une minorité sexuelle et de genre et la remise en cause de la toute-puissance de la médecine qui dérangent. 

Après la décision du Conseil constitutionnel, saisi par des parlementaires LR qui voulaient réserver la prise en charge par la Sécurité Sociale aux couples hétérosexuels et en exclure les couples de femmes et les femmes célibataires, les décrets d’application permettront à toutes les femmes, jusqu’à l’âge de 43 ans, d’avoir accès aux techniques médicales d’aide à la procréation, jusqu’alors réservées aux seuls couples hétérosexuels atteints d’infertilité. La PMA sera bien remboursée à tous et toutes par la sécurité sociale.

La levée de l’anonymat des dons de gamète est actée. À l’avenir, toute personne née via un don d’ovocyte ou de sperme pourra avoir accès à ses origines, si elle le souhaite. Elle pourra accéder à l’identité de son donneur à sa majorité, sans pouvoir établir une filiation sur cette base.

Les lesbiennes restent des citoyennes de seconde zone !

Pour les couples de femmes, la filiation devra être obligatoirement établie par une reconnaissance anticipée de parentalité devant notaire ! Autrement dit, les femmes lesbiennes et bisexuelles sont maintenues dans un état discriminatoire pour protéger leur famille en cas de recours à une PMA avec tiers donneur. Elles sont soumises de force à un régime dérogatoire au régime commun de la filiation.

Malgré tout, cette adoption de la PMA est une victoire pour toutes les femmes, et en particulier pour toutes les lesbiennes et bisexuelles, leur évitant des déplacements épuisants et coûteux à l’étranger. C’est une avancée indéniable. Pourtant la somme des refus et le régime discriminatoire de filiation imposé par le gouvernement aux couples de femmes indiquent clairement que cette adoption n’est qu’une étape, qui en appelle bien d’autres sur le chemin de l’égalité complète.

Le 5 juin 2021 – Nous avons pris connaissance de la décision de la proviseure du lycée Germaine-Tillion à Sain-Bel (Rhône) de s’opposer à la présence dans l’établissement d’une professeure de lettres, sous prétexte qu’elle portait, à quelques jours de la journée mondiale de lutte contre l’homophobie et la transphobie, un masque arc-en-ciel.

La cheffe d’établissement a osé invoquer la « neutralité du service public », pour justifier l’interdiction d’exercer à cette enseignante. De son côté, le rectorat a oscillé entre déni de faits documentés et « pas de vague »…

Les pouvoirs publics utilisent pourtant massivement le drapeau arc-en-ciel dans leur communication (collectivités, autorités constitutionnelles, institutions diverses), pour marquer leur appui à la lutte contre les discriminations et violences fondées sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre. L’Éducation nationale ne fait pas exception.

Dans l’école comme partout ailleurs, l’enjeu de la visibilité est essentiel pour les personnes LGBTI+. Elle crée un climat positif d’acceptation dans les écoles et les établissements. L’a visibilité a un enjeu de bien-être pour les personnes concernées, qu’il s’agisse d’élèves ou de personnels. De leur côté, les personnes moins directement concernées peuvent se déclarer comme alliées de cette cause. Enfin, la lutte contre les LGBTIphobies s’inscrit dans la continuité des valeurs de la République et de l’École laïque.

La Fédération LGBTI+ a pris contact avec l’enseignante et avec le syndicat Sud Éducation. Nous condamnons fermement l’argument employé à l’appui de la sanction disciplinaire. Nous rappelons, avec le Centre LGBTI de Lyon, les engagements de l’École publique en faveur de l’égalité des droits .

71 États criminalisent encore l’homosexualité, la bisexualité ou la transidentité. Onze de ces États condamnent à mort les personnes LGBTI+. Nous vivions jusqu’à récemment dans l’illusion que l’Europe était, si ce n’est à l’abri, au moins en progrès. Il n’en est plus rien. Comme en Afrique ou en Asie, des gouvernements européens – à l’instar de la Pologne ou de la Hongrie – reproduisent les mêmes schémas : accuser les minorités sexuelles et de genre de tous les maux, pour les désigner comme boucs-émissaires. Nos associations expriment leur soutien aux communautés LGBTI qui, de part le monde, subissent cette homophobie et cette transphobie d’État. A ce titre, l’action diplomatique de la France reste timorée : notre pays reste pratiquement silencieux, ne serait-ce que sur l’abolition universelle de la peine de mort, y compris en soutenant des États ouvertement homophobes.

La situation intérieure n’est guère plus brillante. Pire : alors que des milliers de victimes de ces politiques homophobes ou transphobes gagnent notre pays pour y trouver asile, la France leur oppose les fourches caudines d’une procédure d’asile semée d’embuche. Nos associations constatent ainsi les nombreux obstacles opposés par l’OFPRA aux demandeuses et demandeurs d’asile LGBTI+ : face à des refus quasi systématiques en première instance, très souvent infondés, ces derniers ne peuvent espérer obtenir l’asile qu’après un recours devant la CNDA ! Il en résulte des procédures inutilement longues (alors que la loi « asile et immigration » prétendait accélérer les délais d’obtention du statut de réfugié⋅e !), mais surtout des décisions d’expulsion qui menacent la vie des personnes concernées. De fait, la France se rend complice des États homophobes

Avec les restrictions sanitaires (confinement, couvre-feu), les plaintes pour violences LGBTIphobes ont reculé en 2020 (soit que le confinement ait confiné l’homophobie, soit que l’accès aux commissariats ait été rendu plus difficile). Nous ne saurions nous en contenter, alors que nous constatons un climat haineux de plus en plus manifeste.

Le plan pour l’égalité représente sans doute un progrès, quoique tardif, et  pour des avancées à long terme. Mais c’est le troisième plan depuis 2016, et il demeurera insuffisant, au même titre que les précédents, tant que le gouvernement se refusera à actionner des leviers politiques et institutionnels plus puissants.

Nous sommes aussi choqués de l’éternel ajournement des lois d’égalité ou de progrès (qu’il s’agisse de la loi bioéthique ou de l’initiative portant sur les thérapies de conversion), sous prétexte d’embouteillage parlementaire ! Rappelons que, constitutionnellement, c’est le gouvernement – et accessoirement sa majorité – qui est maître de l’agenda des institutions parlementaires.

Ainsi, le changement d’état civil libre et gratuit – mesure fort simple et économiquement gagnante – n’est toujours pas à l’ordre du jour des assemblées, alors que nous avons dit et répété – avec la Défenseure Des Droits – que cette mesure permettrait de faire sauter en quelques semaines des obstacles pour des dizaines de milliers de personnes transgenres. Et accessoirement contribuerait à désengorger les tribunaux ! Nous demandons aussi l’application des dix recommandations de la décision-cadre 2020-136 du Défenseur des Droits.

La situation d’urgence sociale et sanitaire est toujours présente, alors que la crise économique n’a pas encore déployé ses pleins effets. Nos associations ont pris de plein fouet les effets de cette crise. Au vu de l’urgence et après les périodes de confinement puis de couvre-feu, le gouvernement doit donc s’attendre, dans les prochains mois, à de puissantes mobilisations, à commencer par les marches des fiertés que nous appelons nos associations fédérées à reprendre et amplifier. 

La Fédération LGBTI+ a appris avec effroi les circonstances glaçantes d’un meurtre la nuit du 7 avril à Reims. À la lumière de l’enquête, le Procureur de la République vient de retenir le caractère LGBTIphobe de cet acte particulièrement odieux.

La haine anti LGBTI+ continue de tuer en France, ainsi que dans une ville de Reims déjà traumatisée par l’assassinat homophobe de François Chenu en 2002.

Nous exprimons notre solidarité et notre compassion aux proches et à la famille de la victime.

Les associations Ex Æquo (Centre LGBT de Reims) et LGBT+66 (Centre LGBT+ de Perpignan) organisent des rassemblements de soutien aux proches et de recueillement : 

  • REIMS, samedi 24 avril à 10 h, place Saint-Thomas (lien)
  • PERPIGNAN, samedi 24 avril à 11 h, place de la Résistance (lien)

La Fédération LGBTI+ et ses structures membres, solidaires de toutes les victimes des LGBTI-phobies, saluent et remercient les associations à l’initiative de ces rassemblements. Nous exhortons chacune et chacun à une forte mobilisation lors de ces hommages solennels.

Grâce à l’action des mouvements féministes, le sujet des violences conjugales ne pourra plus être relégué au fond du placard. Le mouvement LGBTI+ entend à son tour contribuer à la lame de fond de la libération de la parole.

Partant du constat qu’il existe très peu de ressources sur le sujet qui soient spécialement adressées aux couples de femmes, la Fédération LGBTI+ a créé une campagne dédiée.

Affiche de la campagne contre les violences dans les couples de femmes
Affiche de la campagne

Les associations ont besoin d’outils adaptés pour que la thématique soit correctement traitée au sein de nos communautés. En effet, bien que de plus en plus nombreuses, les ressources sur le sujet excluent généralement les couples de femmes, par leur ton ou leur contenu. Quand on est une femme lesbienne ou bisexuelle, il est difficile de se sentir concernée par un texte qui évoque “votre mari” ou “votre compagnon”. Il était donc nécessaire de créer des documents communautaires qui sachent toucher le public visé.

Les associations LGBTI+ en France disposent donc désormais d’un outil, modeste mais efficace, pour interpeller un public trop souvent ignoré.

La campagne s’appuie sur trois supports :

  • une affiche pour les associations ou centres LGBTI+ et leurs structures partenaires afin de rendre le sujet visible et indiquer que l’écoute est ouverte ;
  • une petite carte à glisser discrètement dans sa poche avec des numéros d’urgence ;
  • un dépliant qui explique ce que sont les violences conjugales, informe les victimes, les témoins et les personnes ayant commis de violences, et qui décrit les différents types de violences.
L’affiche et les dépliants de la campagne

La recherche et l’action militante en France accordent encore peu de visibilité au sujet des violences dans les couples LGBTI+. Ce n’est pourtant pas un phénomène marginal. Des femmes en couple homosexuel font aussi partie des morts violentes recensées par l’étude nationale de 2019. Des travaux de recherche en France sont en cours mais les chiffres d’une méta-analyse de la recherche américaine de 2015 sont parlants : 25 à 40,4 % des femmes en couple homosexuel ont déjà subi des violences conjugales.
Décès, blessures, mauvaise santé mentale, stress post-traumatique : autour des violences conjugales se trouve un enjeu majeur de santé publique. La lutte contre ces dernières ne doit pas s’adresser qu’aux victimes.
 Elle concerne tout le monde,
 en premier lieu les personnes qui les commettent, ou risquent de les commettre, mais aussi l’entourage, les voisin·e·s, les collègues… La prévention doit aussi atteindre les professionnel·le·s en contact avec du public. Cette campagne est un outil pensé dans cet esprit en rendant le sujet visible à tous les publics dans les locaux des associations.

Les contenus de la campagne pourront faire l’objet d’une adaptation pour créer des documents à destination des couples d’hommes.

La Fédération LGBTI+ remercie la DILCRAH de son soutien financier à cette campagne qui porte un message nouveau dans le mouvement LGBTI+ en France. Nous remercions également les bénévoles et les professionnel·les qui y ont consacré du temps et de l’énergie.

À l’occasion de la journée internationale pour les droits des femmes, la Fédération LGBTI+ rappelle qu’elle promeut l’égalité entre les genres, ainsi que l’alliance du mouvement LGBTI avec la majorité inclusive des courants féministes.

Nos associations et centres LGBTI+ le savent bien, lutter pour les droits des femmes, c’est aussi lutter pour les droits des femmes lesbiennes, bisexuelles, transgenres et intersexes. Il n’y a d’égalité que si toutes les femmes sont prises en compte.

Sous couvert de féminisme, des mouvements réactionnaires se font de plus en plus agressifs pour déverser leur transphobie crasse. Ainsi, en France et ailleurs, des militantes osant se proclamer féministes expriment ostensiblement leurs obsessions transphobes dignes de fondamentalistes en mal de repères (de Christine Delphy à Fatiha Agag-Bouhjahlat, en passant par les rangs d’Osez Le Féminisme). Le 8 mars est donc l’occasion pour la Fédération LGBTI+ d’affirmer une conception inclusive et pragmatique des luttes féministes. Les femmes transgenres sont des femmes à part entière, et il ne saurait y avoir de féminisme qui les exclue.

Les acteurs de la construction d’un monde plus égalitaire pour les personnes LGBTI l’observent tous les jours dans leur action : les femmes de nos communautés vivent une double discrimination, celle inhérente au fait d’être une femme, et en plus celle liée à leur orientation sexuelle, identité de genre ou intersexuation. Elles ne s’ajoutent pas, mais se multiplient et résonnent l’une dans l’autre. Ainsi, les femmes lesbiennes, bisexuelles, transgenres et intersexes sont particulièrement exposées aux violences dans l’espace public, dans leur vie privée, ou de la part d’administrations.

Le sexisme est une composante de notre société, et il en empoisonne tous les aspects. Si nous voyons des évolutions encourageantes et des exemples de femmes « ayant réussi », le patriarcat est cependant toujours bien présent. C’est dans ce même patriarcat que se développent les LGBTI-phobies contre lesquelles luttent les associations de la Fédération LGBTI+.

Par son caractère systémique, le patriarcat est actif jusque dans la loi.
Un exemple actuel criant est l’ouverture de la PMA à toutes les personnes en mesure de porter un enfant. Promesse faite avant chaque quinquennat, le projet est vite relégué aux calendes grecques car « il y a plus important». La fécondité des personnes concernées, elle, n’attend pas. Si le chantier a effectivement été lancé, le texte actuellement en débat a été vidé de toute sa substance. Il excluait déjà les personnes transgenres et les femmes seules ; il refusait aussi la prise en charge de la PMA par la sécurité sociale pour les couples de femmes. En février le Sénat a fait preuve d’un conservatisme insultant : il a décidé d’exclure aussi les couples de femmes. Pour nos élu·e·s, il y a une seule bonne façon de faire famille : on concède des droits aux femmes, mais uniquement si elles sont en couple avec un homme !

Le 8 mars, aux côtés des femmes lesbiennes, bisexuelles, transgenres et intersexes, nous nous mobilisons pour les droits de toutes les femmes.