Actualités fédérales · Communiqués de la Fédération LGBTI+

La Fédération LGBTI+ et les associations LGBTQI+ membres tiennent à rappeler que les fondements même de cette déclaration signée par la majorité des pays siégeant aux Nations Unies, font partie des valeurs essentielles qu’elles défendent.

Elles en rappellent ici le préambule :

Préambule

Considérant que la reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine et de leurs droits égaux et inaliénables constitue le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde, 
Considérant que la méconnaissance et le mépris des droits de l’homme ont conduit à des actes de barbarie qui révoltent la conscience de l’humanité et que l’avènement d’un monde où les êtres humains seront libres de parler et de croire, libérés de la terreur et de la misère, a été proclamé comme la plus haute aspiration de l’homme,  
Considérant qu’il est essentiel que les droits de l’homme soient protégés par un régime de droit pour que l’homme ne soit pas contraint, en suprême recours, à la révolte contre la tyrannie et l’oppression,
Considérant qu’il est essentiel d’encourager le développement de relations amicales entre nations,
Considérant que dans la Charte les peuples des Nations Unies ont proclamé à nouveau leur foi dans les droits fondamentaux de l’homme, dans la dignité et la valeur de la personne humaine, dans l’égalité des droits des hommes et des femmes, et qu’ils se sont déclarés résolus à favoriser le progrès social et à instaurer de meilleures conditions de vie dans une liberté plus grande,
Considérant que les Etats Membres se sont engagés à assurer, en coopération avec l’Organisation des Nations Unies, le respect universel et effectif des droits de l’homme et des libertés fondamentales, 
Considérant qu’une conception commune de ces droits et libertés est de la plus haute importance pour remplir pleinement cet engagement,  
L’Assemblée générale  proclame la présente Déclaration universelle des droits de l’homme comme l’idéal commun à atteindre par tous les peuples et toutes les nations afin que tous les individus et tous les organes de la société, ayant cette Déclaration constamment à l’esprit, s’efforcent, par l’enseignement et l’éducation, de développer le respect de ces droits et libertés et d’en assurer, par des mesures progressives d’ordre national et international, la reconnaissance et l’application universelles et effectives, tant parmi les populations des Etats Membres eux-mêmes que parmi celles des territoires placés sous leur juridiction.

Notre Fédération et les associations LGBTQI+ regrettent que ces droits fondamentaux soient remis en cause et même bafoués dans certains pays dont des pays signataires à l’origine de cette déclaration : La Chine où l’ensemble des droits sont bafoués et les Etats-Unis, par la remise en cause des droits à l’IVG et au Mariage pour tous les couples.

Sur les 193 pays membres de l’Organisation des Nations Unies, combien la respectent en totalité ou même partiellement ?

Le respect de la signature donnée doit être une des conditions sine qua non pour permettre l’accès au statut d’État démocratique et à sa reconnaissance.

La Fédération LGBTI+ observe avec inquiétude la multiplication des cas de variole du singe (“Monkeypox”) et alerte sur une réponse de l’Etat qui n’est pas à la hauteur de la gravité de l’épidémie.

Il est désormais clair, après plusieurs semaines de retour d’expérience, que les infections suivent bien une courbe exponentielle (doublement des cas chaque semaine). Même si, pour l’heure, l’infection touche surtout des publics très précis, ce virus ne s’arrêtera pas aux frontières des sexualités et genres minoritaires. D’ailleurs, le flou entoure encore les publics cibles de la vaccination selon les régions et les autorités sanitaires : il est clair que les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (lorsqu’ils sont multipartenaires) sont ciblés ainsi que les personnes immunodéprimées, mais les publics des personnes transgenres multipartenaires et travailleur·se·s du sexe ne sont pas avancés de façon unanime dans les institutions de la santé.

Nous disposons des solutions techniques éprouvées pour endiguer l’épidémie : les vaccins anti-varioliques existent et ont déjà démontré toute leur efficacité. Cette maladie, bien qu’a priori non mortelle dans nos pays occidentaux, est tout de même extrêmement douloureuse et effrayante. L’OMS l’a classé en “urgence de santé publique de portée internationale”, ce qui ne fait que confirmer ce que nous sentions venir depuis plusieurs semaines, à savoir l’arrivée d’une nouvelle épidémie qui se diffuse par le biais des publics les plus discriminés.

La réponse des autorités françaises et européennes est bien en-deçà de ce que nous serions en droit d’attendre d’institutions de pays développées et industrialisées. La vaccination a été ouverte fin juin à quelques groupes de population, mais la gestion de l’épidémie s’annonce assez mal.

Tout d’abord, nous relevons, avec bien d’autres associations, l’opacité de l’État sur le stock stratégique de vaccins anti-varioliques. En effet, le gouvernement oppose à l’exigence de transparence le secret défense qui s’appliquerait aux stocks de vaccins.

Ensuite, les données dont nous disposons malgré tout ne sont guère rassurantes. Les informations émanant des Agences Régionales de Santé pointent vers les mêmes ordres de grandeur : 5000 doses de vaccins destockées par semaine. Il s’ensuit des listes d’attente interminables, avec un facteur d’incertitude du côté des centres de vaccination en Cegidd qui ferment pendant les vacances d’été, en pleine première vague. Même si nous ne doutons pas qu’une “montée en charge progressive” soit programmée, c’est clairement beaucoup trop lent et même insuffisant. Avec une évaluation basse, la population à vacciner se situerait autour de 120 000 personnes.

Tant en France qu’à l’échelle de l’Union européenne, les autorités ne semblent pas avoir pris la mesure des moyens à déployer. Ainsi, l’Autorité européenne de préparation et de réaction en cas d’urgence sanitaire (HERA) a annoncé la commande de 110 000 doses, ce qui ne couvre pas même les besoins actuels de la France ! Une broutille en comparaison des États-Unis qui viennent de commander 2,5 millions de doses pour 2023. Tout porte à croire que la France et l’Europe prennent le risque de laisser courir l’épidémie plutôt que de prendre des mesures à la hauteur de l’enjeu.

La Fédération LGBTI+ s’inquiète enfin du potentiel de stigmatisation que renferme cette maladie. Sans être aussi létale, cette nouvelle épidémie pourrait réveiller les stigmates que les personnes LGBTI ont vécu et vivent parfois encore avec le VIH. Elle risque d’entraîner dans son sillage des relents de discriminations LGBTIphobes qui entraînent à leur tour des souffrances psychologiques pour les populations ciblées et banalisent les agressions à leur encontre.

Nous attendons de l’État qu’il prenne au sérieux les alertes des associations LGBTI, maintenant confirmées par l’OMS. La transparence sur les stocks stratégiques est pour nous un prérequis indispensable. Nous exigeons que l’État commande des vaccins en nombre suffisant pour protéger les populations de cette nouvelle épidémie. Nous demandons l’ouverture de sites de vaccination facilement accessibles sur tous les territoires. Les associations et Centres LGBTI sont pleinement mobilisés face à cette nouvelle menace et sont en première ligne. Nous exigeons d’être associé·e·s à l’élaboration d’une réponse proportionnée au danger, en vertu de nos compétences en santé communautaire et dans le plein exercice de nos responsabilités dans les appareils de démocratie sanitaire.

ECard 44e Rencontres de la Fédération LGBTI+

La Fédération LGBTI+ s’est réunie au Centre LGBTI+ de Paris – Île-de-France ce week-end pour ses Rencontres d’été.

Jean-Christophe TESTU, président de la Fédération LGBTI+, a ouvert les travaux samedi matin. Le militant LGBTI+ issu de Bordeaux et des Landes a rappelé que les Centres LGBTI+ renouaient enfin avec ces Rencontres estivales après trois ans d’absence et une crise sanitaire encore loin d’être résolue. « Ces rencontres sont ambitieuses, car elles traitent des trois piliers de notre travail associatif : les moyens, le plaidoyer et la déontologie ». Des rencontres rythmées par des réunions thématiques sur deux jours et des moments de convivialité.

La bataille des moyens

Réunion des référent·es de la Fédération LGBTI+ accueilli·es par les responsables du Centre LGBTI+ de Paris
Réunion des référent·es de la Fédération LGBTI+ accueilli·es par les responsables du Centre LGBTI+ de Paris

Dès les 43e Rencontres de Nancy l’hiver précédent, les associations membres avaient adopté une motion pour engager la bataille des moyens pour les Centres LGBTI+.

Le constat est unanimement partagé au sein des Centres LGBTI+. Animés par une culture du militantisme et du bénévolat, les Centres LGBTI+ disposent de moyens sous-dimensionnés par rapport à leurs missions d’intérêt général : prévention des discriminations et action éducative, accompagnement des victimes, solidarité vis-à-vis des demandeur·ses d’asile LGBTI+, promotion de la santé selon une démarche communautaire, accueil inconditionnel, etc. La Fédération LGBTI+ entend promouvoir cette identité commune des Centres LGBTI+ autour de missions d’intérêt général, qui transcende la diversité des pratiques, des cultures associatives et des publics des Centres LGBTI+.

L’atelier mené par Hervé Latapie (administrateur et militant historique du Centre LGBTI+ de Paris-Île-de-France), a pu confirmer ce diagnostic. En comparant les budgets et le fonctionnement des Centres LGBTI+ de France avec ceux de structures françaises ou étrangères (notamment les « Maisons Arc-En-Ciel » en Wallonie), le constat est sans appel : « En France, les Centres LGBTI+ sont des associations à petits budgets, avec de gros besoins impossibles à couvrir dans les conditions actuelles. Le sujet des budgets de fonctionnement devrait être mis sur la table systématiquement. Cela ne doit pas empêcher les associations de faire preuve de créativité ! » Organisation de loteries à Bordeaux, gestion rigoureuse de la trésorerie à Perpignan, vente de goodies à Paris, rigoureuse comptabilité analytique à Nancy, proposition de mutualisation des achats depuis Rennes, etc. : les Centres LGBTI+ ne manquent pas d’idées !

Un autre sujet connexe est revenu sur la table : celui des salarié·es des Centres LGBTI+. « Les jeunes générations ne sont pas disposées à s’engager de la même façon que les anciennes générations », constate Beñat Gachen (représentant de l’association « les Bascos », association LGBTI+ du Pays Basque).

Un constat partagé : les jeunes adultes militent volontiers dans les Centres LGBTI+ mais leur vie est davantage marquée par la précarité et leur conception du militantisme est plus volatile. Par ailleurs, tout modèle reposant sur le bénévolat expose les associations aux aléas personnels et de santé, aux contraintes d’agenda… « Dans ces conditions, ajoute-t-il, disposer de personnels de façon pérenne – y compris à des postes de direction – devient vital pour les structures ».

Pour engager la bataille des moyens, les pistes ne manquent pas. Mais elles supposent que les Centres LGBTI+ poursuivent leurs échanges de bonnes pratiques, mutualisent les moyens et mènent une action de fond. La Fédération LGBTI+ entend ainsi porter publiquement et fortement la question des moyens pour financer le fonctionnement de structures de solidarité incontournables. Les moyens des Centres LGBTI+ sont donc appelés à devenir un élément essentiel du plaidoyer commun des Centres LGBTI+.

Au cours du mois d’août, les échanges seront synthétisés pour produire des supports pour la gestion des subventions et de la trésorerie, ainsi qu’un dossier pour la demande de financement d’un poste de salarié.

Visite de Sophie Élizéon, silence de la Ville de Paris

Réunion des référentEs de la Fédération LGBTI+ avec Sophie Elizéon au Centre LGBTI+ de Paris
Sophie Élizéon rencontre les référent·es de la Fédération LGBTI+ au Centre LGBTI+ de Paris

La Fédération LGBTI+ a eu l’honneur de recevoir Sophie Elizéon, préfète en charge de la DILCRAH, pour échanger sur les politiques publiques LGBTI. Les référent·es de la Fédération LGBTI+ ont interrogé Mme la Préfète sur les orientations de la DILCRAH, en particulier sur le montant et sur la répartition du budget dédié à la lutte contre les discriminations anti-LGBTI+. Nous avons pu aborder d’autres sujets d’actualité, notamment le positionnement de la DILCRAH et du conseil scientifique sur la question des mineur·es transgenres. La Fédération LGBTI+ est sortie confiante de cet échange.

La Ville de Paris n’a pas répondu favorablement aux sollicitations de la Fédération LGBTI+ pour échanger, notamment sur la question du Centre d’archives. Une absence remarquée et regrettée, car la Fédération LGBTI+ est très attentive à l’attitude des municipalités vis-à-vis des Centres LGBTI+. Si l’organisation de nos Rencontres à Paris est une première historique, c’est aussi la première fois qu’une municipalité boude ainsi des militant·es LGBTI+ venu·es de tout le pays, de Bayonne à Saint-Avold.

Revendications partagées et questions éthiques

Le travail sur les revendications partagées a occupé une bonne partie des travaux de la Fédération LGBTI+ depuis le confinement. Si la crise sanitaire a beaucoup ralenti les équipes, le travail a pu reprendre et les revendications prennent forme. Les référent·es y ont consacré leur première demi-journée, sur l’ensemble des textes et sur le texte consacré à la Gestation Pour Autrui (la Fédération LGBTI+ a pris position depuis près de 10 ans en faveur de la légalisation de la GPA dans un cadre éthique).

Post-it avec les idées des référent·es au cours de l'atelier sur l'hétérogénéité
Les référent·es ont réfléchi ensemble aux situations concrètes des Centres LGBTI+, en particulier quand des publics différents doivent cohabiter

Une partie des travaux a été consacrée aux enjeux éthiques du bénévolat dans les Centres LGBTI+, en particulier face à l’hétérogénéité des publics, que ce soit en termes de générations de militant·es, de trajectoire personnelle, de vocabulaire, etc. Les Centres LGBTI+ ont pu mettre en évidence les frictions et les atouts d’une telle situation, et la ligne de conduite à adopter, centrée sur l’humain, le vivre-ensemble et les intérêts communs de la communauté LGBTI+ dans sa diversité.

Ce fut également l’occasion de travailler sur un enjeu d’actualité : celui de l’éthique du consentement et les réponses à des situations concrètes – parfois délicates – rencontrées par les bénévoles des associations. Loin des polémiques médiatiques autour du consentement ou des violences sexuelles et sexistes, les bénévoles des Centres LGBTI+ ont pu échanger et réfléchir ensemble, pour analyser des situations de vie quotidienne et y répondre avec lucidité et discernement.

Les Rencontres ont été l’occasion pour les référent·es de bénéficier d’une visite guidée du Marais par Hervé Latapie, ainsi que de moments de partage et de convivialité. Les Rencontres d’Été se sont conclues sur le calendrier du second semestre 2022. Les référent·es de la Fédération LGBTI+ se sont donné·es rendez-vous à la fin du mois de février pour les Rencontres d’Hiver au Pays basque.

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Illustration de la brochure Vie sexuelle et transidentité éditée par la Fédération LGBTI+

Quelques mois après le lancement de la brochure “Vie sexuelle et transidentité – Comprendre, accompagner, s’épanouir”, et face au succès rencontré par celle-ci, la Fédération LGBTI+ met aujourd’hui ce document en accès libre.

Sortie en novembre 2021, la brochure “Vie sexuelle et transidentité” est la première ressource généraliste publiée en France sur ce thème trop souvent méconnu. Son contenu est construit sur le dialogue entre les savoirs médicaux et communautaires. Elle s’adresse tout d’abord aux professionnel·le·s de santé et aux militant·e·s qui souhaitent offrir un accompagnement plus adapté et pertinent pour les personnes transgenres. Cette brochure est aussi un guide pour les personnes transgenres elles-mêmes.

En quelques mois, les 10 000 exemplaires imprimés ont été distribués auprès de services hospitaliers, d’associations communautaires ou de santé, de cabinets médicaux et d’institutions. Les militant·e·s de la Fédération LGBTI+ sont fier·e·s de ce succès, heureux·ses de constater l’intérêt croissant sur cette thématique. Malheureusement, les faibles moyens financiers et humains ne permettent pas de réimprimer de nouvelles brochures pour le moment. Pour continuer de répondre aux besoins d’information des personnes concernées et de leurs accompagnant·e·s, un PDF de la brochure est mis librement à disposition.

Ce fichier est partagé sous licence CC BY NC SA, c’est-à-dire partage autorisé (et encouragé !), en citant l’auteur (Fédération LGBTI+), pas d’usage commercial et diffusion dans les mêmes conditions.

Ce document est mis à disposition gratuitement. Si vous voulez soutenir les actions de la Fédération LGBTI+, vous pouvez faire un don sur notre page Hello Asso.

Pour plus d’informations sur ce projet, vous pouvez consulter l’article dédié.

mot d'ordre face aux LGBTIphobies : ni frontières, ni immobilisme, ni marche arrière, 17 mai, journée mondiale de lutte contre les LGBTIphobies

En cette journée internationale de lutte contre les LGBTIphobies, la Fédération LGBTI+ rappelle son attachement à l’engagement de toute la société contre les haines anti-LGBTI+, les lois et les pratiques discriminatoires et les violences contre les personnes LGBTI+.

69 États criminalisent encore l’homosexualité. Parmi eux, onze la condamnent à mort. Nous attendons de la France et de l’Europe qu’elles affirment la dépénalisation universelle de l’homophobie d’État et l’abolition universelle de la peine de mort : elles demeurent pour l’instant pusillanimes. Nombreuses sont les personnes LGBTI+ forcées de fuir ces pays et de rejoindre la France et l’Europe pour y trouver refuge. Hélas, la politique française demeure insuffisante en la matière : procédures expéditives, décisions prises sur ordonnance ou en vidéo-audience, liste de “pays sûrs” (n’ayant rien de sûr !) et tracasseries administratives et financières.

En France, la situation semble progresser en termes de mentalité mais les avancées sont toujours très lentes d’un point de vue réglementaire. Le premier mandat d’Emmanuel Macron aura permis l’interdiction des thérapies de conversion, l’ouverture du don du sang aux hommes homo- et bisexuels, l’ouverture de la PMA pour toutes les femmes. Cependant, ces avancées demeurent tardives et sont insuffisantes : maintien de certaines discriminations transphobes à la PMA et filiation non automatique, prévention insuffisante des haines anti-LGBTI à l’école, système de santé peu adapté aux spécificités de santé des publics LGBTI+. 

Quelques jours après le suicide d’un adolescent transgenre au Mans, le scepticisme d’Emmanuel Macron sur l’éducation à la sexualité au collège traduit un certain immobilisme inacceptable (les associations LGBTI+ interviennent déjà, et depuis longtemps, dans les établissements du second degré). L’homophobie, la transphobie, la biphobie et toutes les haines anti-LGBTI continuent de tuer.

Les associations et Centres LGBTI+ de France continuent de se mobiliser : Marches des Fiertés, conférences et tables rondes, rassemblements, temps de commémoration et parfois temps plus conviviaux ponctueront les prochaines semaines dans toutes les régions, jusqu’aux marches des Fiertés LGBTI+ de juin.

Plus que jamais nous mobiliser : visuel

Au lendemain de l’élection présidentielle et à notre grand soulagement, le projet régressif de Marine le Pen est provisoirement écarté. Les forces de rappel démocratiques sont toujours à l’œuvre, malgré la lassitude face à des politiques impopulaires.

La Fédération LGBTI+ a pris toute sa part dans cette élection, en comparant les programmes sur les questions LGBTI+ pour éclairer le vote. Avant le second tour, nous avons clairement et sans hésitation pris position contre Le Pen.

Si le barrage a résisté, il est néanmoins plus que jamais nécessaire de se mobiliser.

D’abord, le danger de l’extrême-droite n’est écarté que provisoirement. Renforcé par l’exaspération sociale et la paupérisation d’une partie de la population et par la diffusion de thèses racistes et anti-genre, le vote d’extrême-droite au premier tour de l’élection s’est accru de plus de 20 %.

Par ailleurs, le Président élu n’a pris aucun engagement pour le prochain quinquennat sur les questions LGBTI+, augurant un immobilisme inquiétant.

Nous sommes donc dans l’expectative. Emmanuel Macron est-il encore un soutien, tel qu’il le déclare, ou bien un obstacle aux revendications LGBTI+ ? Nous ne disposons à l’heure actuelle d’aucune garantie. Comme le titrait Têtu le 11 avril dernier, “Questions LGBTI+ : entre progressisme et conservatisme, Macron va devoir clarifier”.

Plus que jamais il est nécessaire de se mobiliser, pour peser sur la politique qui sera menée par la future majorité parlementaire, par le futur gouvernement. C’est pourquoi dans les semaines à venir les associations membres de la Fédération LGBTI+ interpelleront dans les circonscriptions les différent⋅es candidat⋅es aux élections législatives sur les attentes des personnes LGBTI+.

Nous attendons des réponses et des prises de position sur des engagements plus concrets que l’invocation de concepts trop généraux : changement d’état civil réellement libre et gratuit, PMA effectivement pour tou⋅tes, effectivité du droit à l’asile et au séjour des personnes LGBTI+, etc..

C’est pourquoi, la Fédération LGBTI+ appelle à se mobiliser dans les semaines qui viennent, que ce soit lors de la journée mondiale contre les LGBTI+phobies du 17 Mai, lors des nombreuses Marches des Fiertés, pour faire entendre nos voix : ni immobilisme, ni marche arrière, pour la prise en compte des droits des personnes LGBTI+ !

Visuel du communiqué de presse pour le second tour de l'élection présidentielle 2022

Après le premier tour de l’élection présidentielle, les associations et Centres LGBTI+ ont pris connaissance des deux candidat·es qualifié⋅es pour le second tour.

Une fois de plus, Marine le Pen est aux portes du pouvoir. Mais contrairement à ce qui s’est produit en 2017, l’hypothèse d’une victoire de l’extrême-droite au second tour est plausible. C’est le produit de cinq années d’une politique inégalitaire et régressive qui a contribué à dessiner le paysage qui se présente à l’issue du premier tour. 

Cette situation est empreinte de grands dangers pour les minorités racisées, sexuelles et de genre.

Comment ne pas s’inquiéter quand Marine Le Pen annonce vouloir contourner le Parlement, le Conseil constitutionnel en recourant massivement au référendum, et cela sur tous les sujets, y compris sociétaux comme la peine de mort ? Et demain pourquoi pas sur l’IVG ou les droits des personnes LGBTI+ ? Ce que nous prépare le Rassemblement National, c’est un régime similaire à ceux de la Hongrie ou de la Pologne avec les chasses aux sorcières tous azimuts, les programmes d’éducation « assainis », les zones anti-LGBTI,  etc

La présidence peut dissoudre l’Assemblée Nationale à tout moment, imposer sa politique à une majorité de député·es par le biais de l’article 49-3, prendre les pleins pouvoirs en déclenchant l’article 16 de la Constitution, recourir au plébiscite par référendum pour museler ses opposant·es. Un gouvernement sous les ordres de Marine le Pen peut dissoudre les associations, partis et syndicats qui lui sont opposés et engager des procédures judiciaires contre leurs militant·es. Aujourd’hui envisageable, la victoire de Marine le Pen serait la pire des situations et les minorités sexuelles et de genre particulièrement menacées.

Certes, les positions décevantes d’Emmanuel Macron sur nos revendications sont timorées, voire conservatrices. Il a récemment refusé de reconnaître la responsabilité éducative de l’école primaire en matière de lutte contre les discriminations, tout en exprimant son scepticisme pour le collège. Voilà un exemple parmi d’autres : il manifeste les positions d’Emmanuel Macron, rétives à l’égalité des droits et confortant  bien des préjugés LGBTIphobes.

Dans ce contexte, on peut choisir de voter pour Emmanuel Macron par conviction ou par défaut, D’autres s’abstiendront ou voteront blanc, par écœurement ou pour protester. En tout état de cause, nous appelons au minimum à ce qu’aucune voix LGBTI+ n’aille à Marine le Pen

visuel-election-2022

Alors que la campagne de l’élection présidentielle se termine, la Fédération LGBTI+ propose une synthèse du positionnement des différent·es candidat·es à l’élection présidentielle.

Ô déception : de tous les états-majors de campagne, seuls ceux de Nathalie Arthaud et de Jean-Luc Mélenchon ont répondu à nos questions, sans langue de bois, de surcroît ! Les dix autres candidat.e.s ont brillé par leur silence et il a fallu reprendre la lecture – fastidieuse mais éclairante – des programmes et des textes que nous avons pu trouver.

Nous nous accordons sur plusieurs points. D’abord, le paysage politique est devenu affolant pour les LGBTI+. La majorité des candidat.e.s n’a produit aucun travail politique significatif, ni porté aucune revendication sur nos sujets de préoccupation, certains affichant même des convictions franchement hostiles à l’égalité des droits LGBTI. 

Ainsi, la haine anti-LGBTI+ n’a jamais été aussi clairement représentée avec des candidats outranciers comme Eric Zemmour, Nicolas Dupont-Aignan et Marine le Pen, au discours volontairement ambigu. Le silence des programmes de Jean Lassalle et de Valérie Pécresse (deux opposants au mariage pour tou·tes) est assez significatif d’un positionnement homophobe pas assumé.

Par ailleurs, trois candidat·es se présentent avec des programmes assez éloignés des positions des associations et des personnes LGBTI+ et qui apparaissent relativement conservateurs au regard de l’évolution de la société: Emmanuel Macron, Nathalie Arthaud et – dans une moindre mesure – Anne Hidalgo qui fait bien  mention dans sa profession de foi des personnes LGBTI+ 

Finalement, seules quatre candidatures émergent comme des candidatures de réels progrès pour les personnes LGBTI+ : celles de Jean-Luc Mélenchon, Philippe Poutou et de Yannick Jadot dont les positions sont respectivement très avancées et les plus proches des nôtres, et celle de Fabien Roussel qui fait des propositions intéressantes sur des sujets considérés comme centraux pour les associations, tout en “retardant” sur d’autres thématiques.

Mais même pour ces candidats, il reste du travail pour construire des propositions concrètes sur les questions de santé communautaire et sur le volet LGBTI+ des programmes éducatifs.

Si ce communiqué constitue un appel à voter, et nous insistons sur l’importance et la symbolique  de cet acte, la Fédération LGBTI en revanche ne donne jamais de consigne de vote mais laisse chacun·e, en pleine connaissance des positions des douze candidat.e.s en lice, le choix du bulletin à glisser dans l’urne dimanche prochain.

Sources :

Droits des femmes : un quinquennat désastreux

Après un quinquennat en voie d’achèvement, la Fédération LGBTI+ rappelle l’engagement quotidien des associations et des Centres LGBTI+ en matière de lutte contre le sexisme. Elle réaffirme l’importance pour le mouvement LGBTI+ de faire front avec la majorité inclusive des courants féministes.

Certes, presque jusqu’à la fin, la communication aura été le point fort des gouvernements de ce quinquennat. Ainsi, la cause des femmes en aura été – sur le papier – la “grande cause nationale”. Mais sous le vernis des déclarations flatteuses, les réalités sont épouvantables. La “lettre aux Français” d’Emmanuel Macron clôture un mandat et révèle ce que, dans le fond, nous savions tou⋅tes. Le candidat Macron n’y évoque en effet ni les femmes, ni les minorités sexuelles et de genre, ni les problématiques de discriminations. Preuve s’il en est que ces questions demeurent secondaires dans l’esprit du chef de l’État et candidat à l’élection présidentielle !

La réalité, c’est que nous sommes les témoins des défaillances chroniques, matérielles et structurelles de l’État : défaillances de la police à prévenir des féminicides alors même que des faits de violence sont connus1 ; défaillances du système pénal lorsqu’il refuse de prendre au sérieux les plaintes2 ; défaillances des services de l’inspection du travail à faire appliquer le principe d’égalité salariale ; défaillances du Ministère de la Santé à prendre à bras le corps le problème de santé publique que constituent les violences gynécologiques et obstétriques. Enfin, défaillance de l’Éducation nationale qui reproduit les stéréotypes et les inégalités entre filles et garçons, ce qui se traduit concrètement dans les choix d’orientation et la situation s’aggrave !

Ainsi, la dernière réforme des lycées impulsée par Jean-Michel Blanquer a largement contribué à décourager les filles de suivre les enseignants en mathématiques3.

Trop souvent par ailleurs, l’Etat se livre à une surenchère répressive, en particulier vis-à-vis des femmes exilées, des usagères de drogues ou des travailleuses du sexe4. Pourtant, au-delà du bénéfice électoral qu’il y a peut-être à en tirer, ces politiques ne présentent aucun intérêt pour la société, surtout en termes de santé publique. Bien au contraire, elles ont des effets dramatiques (dont une forte diminution de l’espérance de vie) sur des pans entiers des publics féminins, souvent relégués de l’agenda des politiques publiques, alors qu’ils devraient être une priorité, selon une logique de santé publique.

Nous pourrions citer mille exemples d’autres choix politiques qui contribuent et contribueront sournoisement à dégrader la condition des femmes. Ainsi, nous savons que dans sept cas sur dix, les hommes qui assassinent leur épouse sont sans emploi5. Il est donc clair que le choix de réduire la protection sociale face au chômage (une récente réforme présentée comme juste et progressiste) augmentera certainement le nombre de féminicides.

Dans ce contexte alarmant et contrairement aux fanfaronnades de Marlène Schiappa, les femmes lesbiennes et bisexuelles n’ont nullement été choyées par la réforme tardive, bâclée et partielle de la PMA. Suite à cette réforme, l’embouteillage des CECOS succède au prétendu “embouteillage parlementaire”. La pénurie de sperme et d’ovocytes inquiète, comme si ce problème n’avait pas pu être envisagé préalablement. La nouvelle politique instaure une procédure piégeuse, la « Reconnaissance Conjointe anticipée”, avec son lot de peaux de bananes jetées sur la route de la parentalité6. Ainsi, bien des notaires, peu compréhensifs et bien souvent mal informés, ne facilitent pas les démarches. Face à cette situation française ubuesque, de nombreuses femmes lesbiennes et bisexuelles continuent de se tourner vers des cliniques européennes. La France nous reconnaît des droits, mais – comme d’habitude – mandate des bureaucrates pour nous barrer la route.

Voilà un exemple parmi d’autres de la façon dont les pouvoirs publics traitent les femmes. Mais  ce n’est que la partie émergée de l’iceberg. La partie immergée, ce sont les vulnérabilités associées au fait d’être femme et queer : exposition aux violences sexuelles pendant l’enfance et l’adolescence, conséquences physiques et psychologiques de l’excision et des mariages forcés notamment pour les femmes racisées, isolement, exposition au stress minoritaire7, aux discours et aux discriminations biphobes et lesbophobes, difficultés d’accès à des soins et à une prévention adaptés. 

L’exemple le plus criant est celui de l’accès aux soins gynécologiques, déjà entravé pour toutes les femmes. Selon un sondage Ifop de janvier 2022, 60% ont déjà renoncé à se rendre chez un⋅e gynécologue. Plus inquiétant encore, un tiers d’entre elle n’a pas consulté depuis plus de 2 ans ; près d’un tiers des 18-24 ans n’a jamais consulté ! Or, nous savons que la situation pour les femmes queer est encore plus alarmant. Le bilan est donc mauvais, très mauvais, sur le plan de la santé des femmes.

Enfin, les trajectoires personnelles des femmes queer sont marquées par les comportements à risques, notamment le tabagisme et la surconsommation d’alcool, avec des conséquences désastreuses sur la fonction hépatique. Tous ces facteurs conduisent bien souvent à des décès prématurés qui meurtrissent la communauté LGBTI+.

Les femmes transgenres et non-binaires subissent, quant à elles et selon la même logique, la perpétuation des discriminations et des violences. L’instauration du changement d’état civil libre et gratuit, sur simple déclaration en mairie, est pourtant recommandée par le Défenseur des droits8 et par l’immense majorité du mouvement LGBTI+ : à elle-seule, cette mesure acterait un progrès immense en termes d’égalité des droits. Malgré tout, tous les gouvernements ont fait la sourde oreille pendant cinq longues années ! 

Par ailleurs, la transidentité a été enfin dépsychiatrisée à l’échelle mondiale par l’OMS au 1er janvier 2022, trente-deux ans après la dépsychiatrisation de l’homosexualité. Pourtant, aucun travail sérieux n’a été diligenté, ni par le gouvernement, ni par aucun ministère, pour opérer le virage attendu depuis longtemps, aujourd’hui inéluctable. Les femmes transgenres en paient le prix fort, chaque jour, dans l’indifférence et avec la complicité des pouvoirs publics, avec la liste de ces femmes transgenres assassinées qui s’allonge chaque année.

Ce refus constant des pouvoirs publics de légiférer en la matière ne peut s’expliquer que par la transphobie d’État, à savoir le déni de droits fondamentaux pour toute une partie des citoyen·nes. 

Malgré les éléments de langage et la communication gouvernementale, le bilan d’Emmanuel Macron n’aura nullement contribué à l’amélioration du sort des femmes (hétéro, lesbiennes, bisexuelles, cisgenres ou transgenres). La situation s’est même aggravée dans bien des cas. Seules les luttes associatives, débouchant sur une action déterminée et volontariste de l’Etat, sont susceptibles d’inverser une tendance installée depuis trop longtemps.Avec la majorité inclusive des courants féministes, les associations et Centres LGBTI+ sont aux premières loges des réalités souvent occultées. Mais nous continuerons, comme fédération d’associations et de Centres LGBTI+, de faire état des réalités constatées sur le terrain et de militer pour l’égalité des droits et la pleine émancipation de toutes les femmes.

 [1] “Féminicide de Douai : la police est mise en cause”, France info, 28 janvier 2022

 [2] “Féminicides : en 2020, près d’une victime sur cinq avait déposé plainte”, Le Monde, 2 août 2021

 [3] “La réforme du lycée a augmenté les inégalités entre filles et garçons en maths”, Le Nouvel Obs, 25 janvier 2022

 [4] Lire en particulier la brochure d’Act Up, Observations et recommandations d’Act Up pour garantir l’accès aux droits aux travailleurSEs du sexe en 2022, 23 février 2022

 [5] “Féminicides : des meurtriers dominateurs, loin du « coup de folie »”, Par Nicolas Chapuis, Faustine Vincent et Luc Leroux (Marseille, correspondant) , Le Monde, 2 juin 2020.

 [6] Lire le communiqué des Enfants Arc-En-Ciel, PMA pour tou⋅tes, un pas en avant mais pas aussi loin qu’espéré, 5 juillet 2021

 [7] Le stress minoritaire désigne l’expérience vécue et partagée de stress chronique lié au fait d’appartenir à une catégorie socialement marginalisée, dans une société majoritairement hétérosexuelle et cisgenre.

 [8] Lire notre communiqué : Transidentité : une décision historique du Défenseur des droits !, 26 juin 2020