Actualités fédérales · Communiqués de la Fédération LGBTI+

Journée nationale du souvenir des victimes et héros de la déportation

Visuel pour la Journée nationale du souvenir des victimes et héros de la déportationFédération LGBTI+ – sous CC BY-SA

Le dernier dimanche du mois d’avril a lieu une journée nationale d’hommage aux personnes dont le destin a croisé l’infamie humaine des camps de concentration et d’extermination. Les associations et Centres LGBTI+ seront au rendez-vous pour honorer les victimes et héros de la déportation et porter le souvenir des victimes de persécutions à raison de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre pendant la Seconde Guerre mondiale.

C’est seulement en 2005 que dans son discours à l’occasion de la journée nationale du souvenir des victimes et héros de la déportation, le Président de la République, Jacques Chirac, reconnait officiellement qu’il y a bien eu des personnes déportées à raison de leur orientation sexuelle ou leur identité de genre depuis le territoire français. Les associations LGBTI+ et les historien·ne·s travaillant sur la mémoire avaient apporté des preuves de ces faits depuis de nombreuses années. Désormais, que des Français·e·s aient porté le triangle rose (homosexuels) ou le triangle noir (asociaux, dont les femmes lesbiennes) n’est plus remis en question. Le rôle actif de la police française et des services de l’État Français est quant à lui trop souvent oublié.

Il est pourtant fondamental d’entretenir ce devoir de mémoire et de porter un regard éclairé sur les erreurs atroces de notre passé sous peine d’avancer aveugles vers de nouvelles horreurs. Nous nous joignons à l’exigence nationale d’honorer la mémoire de tous les déportés, “sans distinction”, comme l’exprime la loi du 14 avril 1954. Une délibération ancienne de la HALDE (Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l’Égalité) le rappelle : les préfectures doivent associer les associations LGBTI+ à l’organisation des cérémonies (Délibération 2009-2022 du 8 juin 2009). Cette décision n’est hélas pas toujours mise en œuvre par les services de l’État.

La perméabilité de plus en plus forte des idées d’extrême-droite dans la société, aidée d’une complaisance dans les médias et les milieux politiques, nourrit une grande inquiétude dans nos associations LGBTI+. L’extrême-droite porte une opposition viscérale aux droits des minorités sexuelles et de genre. L’historique des votes d’élu·e·s et les prises de position publique répétées de membres des partis d’extrême-droite ne ment pas. Nous ne sommes pas dupes de leurs opérations de séduction. Celles-ci rendent leur populisme encore plus détestable. 

Depuis plusieurs années, nous assistons aussi à une stigmatisation grandissante des minorités en Europe : rejet des populations exilées, violences sur les minorités sexuelles, remise en question des avancées féministes… Ce sont parfois les gouvernements de pays membres de l’Union Européenne qui orchestrent les persécutions, comme en Hongrie ou en Pologne. La France n’est pas exempte de la montée de ces courants haineux.

La Fédération LGBTI+ note aussi la pente autoritaire adoptée par plusieurs gouvernements en Europe et en particulier en France. Le durcissement des pouvoirs face à sa population, la répression des mouvements sociaux au mépris de la loi, la militarisation des forces de l’ordre sont des indicateurs sans équivoque d’un glissement pré-fascisant. Il ne s’agit pas là d’une analyse orientée que nous ferions mais bien de l’analyse partagée par plusieurs expert·e·s internationaux (ONU, Conseil de l’Europe, Amnesty International…).

Les militant·e·s qui chaque jour défendent les droits humains des personnes LGBTI+ aujourd’hui s’inscrivent dans une histoire commune de survie face à la barbarie et le mépris. C’est toujours le même élan qui les animent : la solidarité et le respect des libertés ont toujours été plus fortes que la haine et la violence

Cette histoire nous oblige dans notre devoir de mémoire. Elle nous oblige dans la défense de toutes les minorités exposées à la haine.

La Fédération LGBTI+ ne peut donc qu’encourager la participation de tou·te·s et tous aux cérémonies dimanche. Portons la mémoire de celles et ceux qui ont croisé l’horreur humaine sur leur chemin car nous savons que le ventre est encore fécond et qu’il a commencé à germer à nouveau.

Le conseil d’administration de la Fédération LGBTI+ a rendu publique la déclaration suivante le 13 avril 2023 :

“La Ligue des Droits de l’Homme n’est pas seulement l’organisation historique de défense des droits humains, depuis sa fondation à l’occasion de l’Affaire Dreyfus. C’est l’une des principales organisations qui, aujourd’hui, apporte un soutien concret aux victimes d’injustices commises par la violence ou la discrimination.

Depuis 125 ans, toute personne victime de telles injustices sait pouvoir compter sur la Ligue des Droits de l’Homme. Les Centres LGBTI+ le savent également, puisqu’ils s’appuient sur l’expertise plus que centenaire de la Ligue pour défendre les droits et les libertés fondamentales des personnes LGBTI+, de nationalité française ou non.

Nous avons été stupéfaits par les propos de Gérald Darmanin le 5 avril dernier, puis par ceux d’Elisabeth Borne le 12 avril. En remettant en cause publiquement le soutien financier public à la Ligue, le Gouvernement adresse un signal inquiétant à l’ensemble des associations et des associations LGBTI+ et – d’une façon générale – aux personnes soucieuses de la préservation des libertés et des droits fondamentaux.

En procédant par une forme de chantage aux subventions, le Gouvernement français remet en cause les libertés associatives.

La Fédération LGBTI+ exprime son soutien à la Ligue des Droits de l’Homme. Nous appelons le Gouvernement et en particulier le Ministère de l’Intérieur à engager un nouveau dialogue de façon apaisée, démocratique, avec la Ligue des Droits de l’Homme.”

Rouge Direct, la Fédération LGBTI+ et le Collectif Éducation contre les LGBTIphobies en milieu scolaire et universitaire ont produit la déclaration suivante, en date du 7 avril 2023

« Pour le parquet d’Epinal, le suicide de Lucas, victime de harcèlement homophobe, n’est pas lié au harcèlement homophobe dont il a été victime de la part de quatre élèves, jugés ce lundi devant le Tribunal pour enfants.

Le lien de causalité entre le suicide d’un adolescent ouvertement gay et le harcèlement homophobe dont il était victime peut-il être à ce point ignoré par la justice ? Il est pourtant établi que les jeunes LGBTI sont exposé·e·s à des risques de suicide de deux à sept fois plus élevés que les jeunes hétérosexuel·le·s.

Le suicide de Lucas a profondément marqué les consciences car il a mis en évidence le défaut extrêmement préoccupant de protection des élèves LGBTI en milieu scolaire. Nous avons écrit le 14 février dernier une lettre ouverte au Ministre de l’Education nationale, Pap Ndiaye, pour être collectivement entendu·e·s, pour élaborer dans la concertation un vrai plan d’action contre les LGBTIphobies, à la hauteur des enjeux.

Pour qu’il y ait un avant et un après Lucas.Notre demande, qui n’a toujours pas reçu la moindre réponse à ce jour, est plus que jamais d’actualité. »

Alors même que le grand public est de plus en plus informé de l’existence des personnes transgenres et est majoritairement favorable au respect de leurs droits humains, nous constatons dans les pays occidentaux la montée d’une transphobie violente prenant plusieurs visages. Organisée chaque 31 mars, la journée mondiale de visibilité des personnes transgenres s’avère donc toujours aussi nécessaire.

Visuel du communiqué pour la Journée mondiale de visibilité transgenre 2023

En quelques années, la visibilité des personnes transgenres s’est grandement développée, dans la vie quotidienne, dans les médias et dans la culture. La connaissance et l’acceptation de la transidentité ont énormément progressé. Le milieu médical évolue lui aussi vers des accompagnements plus informés, et surtout, plus respectueux. Nous aurions donc pu espérer que le 31 mars devienne peu à peu une simple date de célébration de la diversité des personnes transgenres, une date d’affirmation des personnes et un heureux moment d’échanges dans notre société.

Cependant, nous avons également vu plusieurs mouvements violemment transphobes se développer et prendre une inquiétante tournure depuis plusieurs mois. Ils viennent s’ajouter à une transphobie systémique, certes en recul, mais toujours vivace.

La montée de groupes fascistes, néonazis ou d’ultra-droite partout sur le territoire et leur relative impunité s’accompagne de discours et d’actes violents en direction des femmes, des minorités sexuelles et de genre et des organisations qui défendent leurs droits. Les personnes transgenres sont malheureusement une de leurs cibles. Cette situation est extrêmement préoccupante pour nos associations.

Dans le même temps, nous voyons aussi fleurir des organisations et des personnalités faisant preuve d’une transphobie très virulente. Elles cachent leur haine derrière une supposée défense des femmes ou des enfants. Leurs discours vont outrageusement à l’encontre des connaissances scientifiques (médecine et santé publique, sociologie, psychologie) et enchaînent l’incitation à la haine et les injures.
La défense des droits des personnes transgenres s’est depuis toujours inscrite dans la lutte contre le sexisme et pour un féminisme inclusif et intransigeant, la défense des jeunes et le respect de leur autonomie et leur intégrité. Entendre donc que le mouvement transgenre servirait un projet secret d’invisibiliser les femmes ou de contrôler les enfants relève autant de la rhétorique complotiste que d’une affabulation honteuse. Preuve en est, ces discours transphobes s’appuient sur des argumentaires dignes du sexisme le plus grossier, renvoyant les femmes à leur seule biologie reproductive, et nient les besoins en santé, physique et mentale, des enfants et adoclescent·e·s.

Ne soyons pas dupes, ces nouveaux courants transphobes trouvent leur inspiration dans des mouvements anglo-saxons ultra conservateurs et s’illustrent par une perméabilité aux idées d’extrême-droite. Ils ne sont en aucun cas des interlocuteurs qui essaieraient d’apporter quelconque progrès dans le débat social.

Il est donc crucial que les personnes transgenres et non-binaires continuent d’être visibles, de raconter leurs histoires et de partager la réalité de leur vie. Il n’y a que par un attachement inébranlable à la vérité que nous ferons reculer les discours de haine basés sur des mensonges. Il est de la responsabilité de tous les responsables politiques et toutes les personnes alliées de faciliter cette visibilité. De leur côté, les associations menant un travail d’information et de formation dans toute la société ont une mission indispensable qui doit continuer à être soutenue.

Les centres et associations de la Fédération LGBTI+ restent donc plus que jamais mobilisés, pour faire progresser notre société vers davantage de respect des personnes transgenres et non-binaires.

En ce 8 mars, journée internationale pour les droits des femmes, la Fédération LGBTI+ exprime sa solidarité à la cause des femmes et rappelle que ce combat pour l’égalité concerne les femmes, toutes les femmes mais également les hommes. L’an dernier, nous avions évoqué le bilan désastreux du dernier quinquennat sur ce point : peu de dossiers ont avancé depuis lors mais notre niveau d’exigence sur ce sujet reste intact.

L’année 2022 a été marquée par la perpétuation des violences à l’encontre des femmes. La Fédération LGBTI+ se réjouit que les femmes dans leur diversité soient de mieux en mieux prises en compte au sein du mouvement féministe.

Ainsi, bien qu’elle fut l’occasion d’une campagne hostile de l’extrême-droite française, la publication de l’affiche du Planning Familial acte la prise en compte non-discriminatoire des personnes transmasculines au sein de cette association phare du mouvement féministe français. Cet acte démontre preuve à l’appui que, dans son travail quotidien, le mouvement féministe prend aujourd’hui en compte l’existence et les besoins des personnes transgenres. Il démontre aussi la violence suscitée par le mouvement féministe et ses allié·es : la Fédération LGBTI+ exprime sa solidarité au Planning Familial de Bordeaux, qui fait l’objet d’attaques récurrentes par des extrêmistes locaux.

Il reste toutefois des progrès à accomplir collectivement. C’est notamment le cas de la santé et du bien-être des femmes lesbiennes et bisexuelles. Nous soulignons la grande faiblesse des dispositifs de santé en faveur des femmes LGBTI+ et le trop faible nombre de recherches portant sur la santé des femmes lesbiennes et bisexuelles.

Si l’inclusion des personnes LGBTI+ à l’agenda des organisations féministes avance rapidement, l’inclusion des femmes dans les Centres LGBTI+ avance également. Ainsi, parmi les Centres LGBTI+ membres de la Fédération LGBTI+, la moitié est aujourd’hui présidée par des femmes.

De son côté, la Fédération LGBTI+ a travaillé lors de ses Rencontres d’Été sur les questions qui sont au cœur des préoccupations du mouvement féministe, en particulier la question des violences sexistes et sexuelles. Il reste encore toutefois beaucoup à accomplir, au niveau local comme au niveau national, pour valoriser la place des femmes au sein des Centres LGBTI+ et dans les instances fédérales.

À l’approche des prochains débats parlementaires sur l’immigration, l’intégration et l’asile, la Fédération LGBTI+ rappelle aussi que cette journée est avant tout une journée internationale. Parmi les personnes exilé·es en France en raison de leur identité de genre, de leur orientation ou de leurs caractéristiques sexuelles, les femmes constituent un public particulièrement vulnérable hélas trop souvent oublié des politiques publiques.

Réunis à Biarritz du 24 au 26 février 2023 moins d’un an après l’affaire Cayeux, les associations et Centres LGBTI+ dressent un bilan positif de leur année associative et sont déterminés à franchir une nouvelle étape vers la construction d’un véritable statut pour les Centres LGBTI+.

Un accueil exemplaire par les Bascos et la Ville de Biarritz

Les travaux des Rencontres de la Fédération LGBTI+ ont rarement été si bien accueillis par une association organisatrice et par une municipalité : l’association LGBTI+ Les Bascos et ses antennes béarnaise d’Arcolan et landaise de Nos Couleurs ont été aux petits soins pour nos membres et pour la direction fédérale. 

Contrairement à la mairie de Paris (qui a boudé nos dernières rencontres d’été), la Ville de Biarritz nous a honorés d’un accueil particulièrement chaleureux et a entendu faire de ces Rencontres fédérales une opportunité pour afficher son soutien au mouvement LGBTI+. Très loin du pinkwashing habituel, le Pays Basque et le Sud-Ouest confirment leur longue tradition d’ouverture et de générosité à l’égard du mouvement LGBTI+.

Lim’Bow (Limoges), Marseille et GreyPride France viennent renforcer le réseau fédéral

La Fédération LGBTI+ fédère actuellement la plus grande partie du réseau des Centres LGBTI+  auxquels peuvent s’agréger des associations nationales spécialisées souvent proches de ces Centres. Actifs en Île-de-France comme en Régions, ces associations partagent la même envie de partager leurs expériences, de mutualiser les compétences et de s’engager dans une démarche de réseau.

Après plusieurs années d’étiolement consécutives à la crise sanitaire, la Fédération LGBTI+ enregistre trois nouvelles adhésions. Lim’Bow, association limousine, Pride Marseille et GreyPride, association nationale spécialisée dans les droits des séniors LGBTI.

Fonds Cayeux : du fonds exceptionnel aux subventions pérennes

L’année avait commencé par une orientation nouvelle pour la Fédération LGBTI+ : l’engagement dans la bataille des moyens pour les Centres LGBTI+. En effet, les associations adhérentes partagent ce diagnostic : les Centres LGBTI+ ont des missions de plus en plus larges mais disposent de moyens très faibles dans un contexte de crise du bénévolat. S’ils sont indépendants et sont des structures de la société civile, ils ont besoin que l’État impulse une nouvelle dynamique pour les renforcer.

Suite à l’affaire Cayeux à l’été 2022, la crise politique qui s’ensuivit a poussé le Gouvernement à créer un fonds exceptionnel pour les Centres LGBTI+. Le déploiement de ce fonds a donc fait écho à nos orientations pour l’année 2022. A court terme, les associations et les Centres LGBTI+ ont pu se coordonner et s’épauler pour pouvoir s’engager dans cette démarche. 

Reste qu’à moyen terme, le fonds Cayeux ne permet d’accéder qu’à un fonds exceptionnel déployé sur trois ans seulement. Tout l’enjeu consiste donc, sur cette période, à mener campagne pour convaincre, pour étendre et à pérenniser cet investissement indispensable dans les Centres LGBTI+.

Ainsi, ce weekend, les associations et Centres LGBTI+ ont travaillé à peaufiner les grands documents structurants pour les Centres LGBTI+ et leur Fédération : la plateforme de revendications, la Charte des Centres LGBTI+ et surtout la stratégie du mouvement associatif LGBTI+ autour des Centres LGBTI+.

Pour des Centres LGBTI+ plus résilients

C’est un fait désormais reconnu : les Centres LGBTI+ conduisent des missions très nombreuses avec des moyens trop faibles. Le contexte est même alarmant : avec les crises qui se succèdent à tous les niveaux, les files actives de personnes LGBTI+ ayant besoin d’aide gonflent. Les deux grands enjeux sont les personnes LGBTI+ en situation de demande d’asile et les personnes transgenres qui font l’objet de violences administratives. Mais d’autres missions prennent de l’ampleur : l’appel à la multiplication des interventions en milieu scolaire à un bout de la chaîne générationnelle, la question du “vieillir LGBTI” à l’autre bout.

Pour pouvoir répondre efficacement à ces crises qui affectent les personnes LGBTI+, la communauté LGBTI+ a besoin d’un réseau résilient de Centres LGBTI+, avec des moyens beaucoup plus conséquents qu’aujourd’hui.

Pour la Fédération LGBTI+, nous n’en sommes qu’au début de la bataille des moyens. L’une des pistes clés pour les associations LGBTI : doter les Centres LGBTI+ d’un statut légal, à l’image des Maisons Arc-en-Ciel de la Région Wallonne en Belgique. Ce statut ne devrait pas conduire à placer les Centres LGBTI+ dans le giron de l’État (à l’instar des CIDFF) mais à les inscrire dans les dispositifs sociaux de la société civile (comme les associations familiales). Une stratégie que ces Rencontres ont permis de peaufiner.

De son côté, la Fédération LGBTI+ entend capitaliser sur le fonds Cayeux et sur cette nouvelle dynamique pour asseoir sa fonction de coordination des Centres LGBTI+. En plus de la question de la personne salariée, c’est une direction fédérale entièrement bénévole et à effectifs réduits qui devra répondre à des enjeux nouveaux : repenser ses cadres propres de mobilisation et d’engagement bénévole, asseoir une gestion administrative efficace pour les années à venir et planifier la campagne pour la bataille des moyens.

Pour atteindre ces objectifs, le conseil d’administration se renforce de deux nouvelles et nouveaux adminisateur·ices.

Conseil d’administration : 

  • Président : Jean-Christophe Testu (Landes)
  • Trésorier : Jean-Loup Thévenot (Perpignan)
  • Secrétaire fédérale : Margaux Vibert (Le Mans)
  • Secrétaire fédéral adjoint : Aymeric Martin (Lyon)
  • Porte-parole : Kévin Galet (Nancy)
  • Porte-parole adjoint : Antonin Le Mée (Rennes)
  • Administrateur⋅ices
    • Christel Freund : mutualisation des outils (Perpignan)
    • Beñat Gachen : mutualisation des pratiques et outils (Pays Basque)
    • Franck-Yves Guilbert : relecture, actualisation des informations du site (Pays Basque)

Pour la 45e fois depuis sa fondation, la Fédération LGBTI+ réunit les associations et Centres LGBTI+ lors des Rencontres fédérales qui se tiendront à Biarritz les 24, 25 et 26 février prochains pour tirer le bilan de l’année 2022 et construire les campagnes 2023.

L’événement est organisé par les Bascos, avec le soutien de la Ville de Biarritz et de la DILCRAH. Les délégations venues de tout le territoire métropolitain seront accueillies le vendredi soir par la Ville de Biarritz et participeront aux réunions tout le weekend. Nous attendons également en invité de marque M. Hector Brown, consul des États-Unis d’Amérique dans le Sud-Ouest de la France.

La Fédération LGBTI+ fédère quinze associations et Centres LGBTI+ de France, situés dans des métropoles (Paris, Lyon, Nancy, Rennes…) ou dans des territoires ruraux ou moins densément peuplés (Laval, Le Mans). S’y adjoignent des associations nationales, à l’instar de AIDES (spécialisée sur la santé communautaire). La Fédération LGBTI+ prévoit l’accueil de trois nouvelles associations aux profils très différents.

Lors de ces Rencontres (qui ont lieu deux fois par an), la Fédération LGBTI+ réunit son assemblée générale annuelle. Cette réunion permettra de clore une année particulièrement riche : élection présidentielle, élections législatives, affaire Cayeux et déploiement du fonds Cayeux et épidémie de variole simienne (Monkeypox). En toile de fond, la triste actualité du suicide de Lucas est évidemment dans tous les esprits.

Malgré ce foisonnement d’événements, la Fédération LGBTI+ reste concentrée sur les orientations stratégiques définies lors des Rencontres de Nancy début 2022 : la bataille des moyens pour les Centres LGBTI+, moyens sous-dimensionnés par rapport aux missions d’intérêt général. Les délégations plancheront donc sur les outils et sur les campagnes à venir.

Télécharger le dossier de presse

La Fédération LGBTI+ et les associations LGBTQI+ membres tiennent à rappeler que les fondements même de cette déclaration signée par la majorité des pays siégeant aux Nations Unies, font partie des valeurs essentielles qu’elles défendent.

Elles en rappellent ici le préambule :

Préambule

Considérant que la reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine et de leurs droits égaux et inaliénables constitue le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde, 
Considérant que la méconnaissance et le mépris des droits de l’homme ont conduit à des actes de barbarie qui révoltent la conscience de l’humanité et que l’avènement d’un monde où les êtres humains seront libres de parler et de croire, libérés de la terreur et de la misère, a été proclamé comme la plus haute aspiration de l’homme,  
Considérant qu’il est essentiel que les droits de l’homme soient protégés par un régime de droit pour que l’homme ne soit pas contraint, en suprême recours, à la révolte contre la tyrannie et l’oppression,
Considérant qu’il est essentiel d’encourager le développement de relations amicales entre nations,
Considérant que dans la Charte les peuples des Nations Unies ont proclamé à nouveau leur foi dans les droits fondamentaux de l’homme, dans la dignité et la valeur de la personne humaine, dans l’égalité des droits des hommes et des femmes, et qu’ils se sont déclarés résolus à favoriser le progrès social et à instaurer de meilleures conditions de vie dans une liberté plus grande,
Considérant que les Etats Membres se sont engagés à assurer, en coopération avec l’Organisation des Nations Unies, le respect universel et effectif des droits de l’homme et des libertés fondamentales, 
Considérant qu’une conception commune de ces droits et libertés est de la plus haute importance pour remplir pleinement cet engagement,  
L’Assemblée générale  proclame la présente Déclaration universelle des droits de l’homme comme l’idéal commun à atteindre par tous les peuples et toutes les nations afin que tous les individus et tous les organes de la société, ayant cette Déclaration constamment à l’esprit, s’efforcent, par l’enseignement et l’éducation, de développer le respect de ces droits et libertés et d’en assurer, par des mesures progressives d’ordre national et international, la reconnaissance et l’application universelles et effectives, tant parmi les populations des Etats Membres eux-mêmes que parmi celles des territoires placés sous leur juridiction.

Notre Fédération et les associations LGBTQI+ regrettent que ces droits fondamentaux soient remis en cause et même bafoués dans certains pays dont des pays signataires à l’origine de cette déclaration : La Chine où l’ensemble des droits sont bafoués et les Etats-Unis, par la remise en cause des droits à l’IVG et au Mariage pour tous les couples.

Sur les 193 pays membres de l’Organisation des Nations Unies, combien la respectent en totalité ou même partiellement ?

Le respect de la signature donnée doit être une des conditions sine qua non pour permettre l’accès au statut d’État démocratique et à sa reconnaissance.

La Fédération LGBTI+ observe avec inquiétude la multiplication des cas de variole du singe (“Monkeypox”) et alerte sur une réponse de l’Etat qui n’est pas à la hauteur de la gravité de l’épidémie.

Il est désormais clair, après plusieurs semaines de retour d’expérience, que les infections suivent bien une courbe exponentielle (doublement des cas chaque semaine). Même si, pour l’heure, l’infection touche surtout des publics très précis, ce virus ne s’arrêtera pas aux frontières des sexualités et genres minoritaires. D’ailleurs, le flou entoure encore les publics cibles de la vaccination selon les régions et les autorités sanitaires : il est clair que les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (lorsqu’ils sont multipartenaires) sont ciblés ainsi que les personnes immunodéprimées, mais les publics des personnes transgenres multipartenaires et travailleur·se·s du sexe ne sont pas avancés de façon unanime dans les institutions de la santé.

Nous disposons des solutions techniques éprouvées pour endiguer l’épidémie : les vaccins anti-varioliques existent et ont déjà démontré toute leur efficacité. Cette maladie, bien qu’a priori non mortelle dans nos pays occidentaux, est tout de même extrêmement douloureuse et effrayante. L’OMS l’a classé en “urgence de santé publique de portée internationale”, ce qui ne fait que confirmer ce que nous sentions venir depuis plusieurs semaines, à savoir l’arrivée d’une nouvelle épidémie qui se diffuse par le biais des publics les plus discriminés.

La réponse des autorités françaises et européennes est bien en-deçà de ce que nous serions en droit d’attendre d’institutions de pays développées et industrialisées. La vaccination a été ouverte fin juin à quelques groupes de population, mais la gestion de l’épidémie s’annonce assez mal.

Tout d’abord, nous relevons, avec bien d’autres associations, l’opacité de l’État sur le stock stratégique de vaccins anti-varioliques. En effet, le gouvernement oppose à l’exigence de transparence le secret défense qui s’appliquerait aux stocks de vaccins.

Ensuite, les données dont nous disposons malgré tout ne sont guère rassurantes. Les informations émanant des Agences Régionales de Santé pointent vers les mêmes ordres de grandeur : 5000 doses de vaccins destockées par semaine. Il s’ensuit des listes d’attente interminables, avec un facteur d’incertitude du côté des centres de vaccination en Cegidd qui ferment pendant les vacances d’été, en pleine première vague. Même si nous ne doutons pas qu’une “montée en charge progressive” soit programmée, c’est clairement beaucoup trop lent et même insuffisant. Avec une évaluation basse, la population à vacciner se situerait autour de 120 000 personnes.

Tant en France qu’à l’échelle de l’Union européenne, les autorités ne semblent pas avoir pris la mesure des moyens à déployer. Ainsi, l’Autorité européenne de préparation et de réaction en cas d’urgence sanitaire (HERA) a annoncé la commande de 110 000 doses, ce qui ne couvre pas même les besoins actuels de la France ! Une broutille en comparaison des États-Unis qui viennent de commander 2,5 millions de doses pour 2023. Tout porte à croire que la France et l’Europe prennent le risque de laisser courir l’épidémie plutôt que de prendre des mesures à la hauteur de l’enjeu.

La Fédération LGBTI+ s’inquiète enfin du potentiel de stigmatisation que renferme cette maladie. Sans être aussi létale, cette nouvelle épidémie pourrait réveiller les stigmates que les personnes LGBTI ont vécu et vivent parfois encore avec le VIH. Elle risque d’entraîner dans son sillage des relents de discriminations LGBTIphobes qui entraînent à leur tour des souffrances psychologiques pour les populations ciblées et banalisent les agressions à leur encontre.

Nous attendons de l’État qu’il prenne au sérieux les alertes des associations LGBTI, maintenant confirmées par l’OMS. La transparence sur les stocks stratégiques est pour nous un prérequis indispensable. Nous exigeons que l’État commande des vaccins en nombre suffisant pour protéger les populations de cette nouvelle épidémie. Nous demandons l’ouverture de sites de vaccination facilement accessibles sur tous les territoires. Les associations et Centres LGBTI sont pleinement mobilisés face à cette nouvelle menace et sont en première ligne. Nous exigeons d’être associé·e·s à l’élaboration d’une réponse proportionnée au danger, en vertu de nos compétences en santé communautaire et dans le plein exercice de nos responsabilités dans les appareils de démocratie sanitaire.

ECard 44e Rencontres de la Fédération LGBTI+

La Fédération LGBTI+ s’est réunie au Centre LGBTI+ de Paris – Île-de-France ce week-end pour ses Rencontres d’été.

Jean-Christophe TESTU, président de la Fédération LGBTI+, a ouvert les travaux samedi matin. Le militant LGBTI+ issu de Bordeaux et des Landes a rappelé que les Centres LGBTI+ renouaient enfin avec ces Rencontres estivales après trois ans d’absence et une crise sanitaire encore loin d’être résolue. « Ces rencontres sont ambitieuses, car elles traitent des trois piliers de notre travail associatif : les moyens, le plaidoyer et la déontologie ». Des rencontres rythmées par des réunions thématiques sur deux jours et des moments de convivialité.

La bataille des moyens

Réunion des référent·es de la Fédération LGBTI+ accueilli·es par les responsables du Centre LGBTI+ de Paris
Réunion des référent·es de la Fédération LGBTI+ accueilli·es par les responsables du Centre LGBTI+ de Paris

Dès les 43e Rencontres de Nancy l’hiver précédent, les associations membres avaient adopté une motion pour engager la bataille des moyens pour les Centres LGBTI+.

Le constat est unanimement partagé au sein des Centres LGBTI+. Animés par une culture du militantisme et du bénévolat, les Centres LGBTI+ disposent de moyens sous-dimensionnés par rapport à leurs missions d’intérêt général : prévention des discriminations et action éducative, accompagnement des victimes, solidarité vis-à-vis des demandeur·ses d’asile LGBTI+, promotion de la santé selon une démarche communautaire, accueil inconditionnel, etc. La Fédération LGBTI+ entend promouvoir cette identité commune des Centres LGBTI+ autour de missions d’intérêt général, qui transcende la diversité des pratiques, des cultures associatives et des publics des Centres LGBTI+.

L’atelier mené par Hervé Latapie (administrateur et militant historique du Centre LGBTI+ de Paris-Île-de-France), a pu confirmer ce diagnostic. En comparant les budgets et le fonctionnement des Centres LGBTI+ de France avec ceux de structures françaises ou étrangères (notamment les « Maisons Arc-En-Ciel » en Wallonie), le constat est sans appel : « En France, les Centres LGBTI+ sont des associations à petits budgets, avec de gros besoins impossibles à couvrir dans les conditions actuelles. Le sujet des budgets de fonctionnement devrait être mis sur la table systématiquement. Cela ne doit pas empêcher les associations de faire preuve de créativité ! » Organisation de loteries à Bordeaux, gestion rigoureuse de la trésorerie à Perpignan, vente de goodies à Paris, rigoureuse comptabilité analytique à Nancy, proposition de mutualisation des achats depuis Rennes, etc. : les Centres LGBTI+ ne manquent pas d’idées !

Un autre sujet connexe est revenu sur la table : celui des salarié·es des Centres LGBTI+. « Les jeunes générations ne sont pas disposées à s’engager de la même façon que les anciennes générations », constate Beñat Gachen (représentant de l’association « les Bascos », association LGBTI+ du Pays Basque).

Un constat partagé : les jeunes adultes militent volontiers dans les Centres LGBTI+ mais leur vie est davantage marquée par la précarité et leur conception du militantisme est plus volatile. Par ailleurs, tout modèle reposant sur le bénévolat expose les associations aux aléas personnels et de santé, aux contraintes d’agenda… « Dans ces conditions, ajoute-t-il, disposer de personnels de façon pérenne – y compris à des postes de direction – devient vital pour les structures ».

Pour engager la bataille des moyens, les pistes ne manquent pas. Mais elles supposent que les Centres LGBTI+ poursuivent leurs échanges de bonnes pratiques, mutualisent les moyens et mènent une action de fond. La Fédération LGBTI+ entend ainsi porter publiquement et fortement la question des moyens pour financer le fonctionnement de structures de solidarité incontournables. Les moyens des Centres LGBTI+ sont donc appelés à devenir un élément essentiel du plaidoyer commun des Centres LGBTI+.

Au cours du mois d’août, les échanges seront synthétisés pour produire des supports pour la gestion des subventions et de la trésorerie, ainsi qu’un dossier pour la demande de financement d’un poste de salarié.

Visite de Sophie Élizéon, silence de la Ville de Paris

Réunion des référentEs de la Fédération LGBTI+ avec Sophie Elizéon au Centre LGBTI+ de Paris
Sophie Élizéon rencontre les référent·es de la Fédération LGBTI+ au Centre LGBTI+ de Paris

La Fédération LGBTI+ a eu l’honneur de recevoir Sophie Elizéon, préfète en charge de la DILCRAH, pour échanger sur les politiques publiques LGBTI. Les référent·es de la Fédération LGBTI+ ont interrogé Mme la Préfète sur les orientations de la DILCRAH, en particulier sur le montant et sur la répartition du budget dédié à la lutte contre les discriminations anti-LGBTI+. Nous avons pu aborder d’autres sujets d’actualité, notamment le positionnement de la DILCRAH et du conseil scientifique sur la question des mineur·es transgenres. La Fédération LGBTI+ est sortie confiante de cet échange.

La Ville de Paris n’a pas répondu favorablement aux sollicitations de la Fédération LGBTI+ pour échanger, notamment sur la question du Centre d’archives. Une absence remarquée et regrettée, car la Fédération LGBTI+ est très attentive à l’attitude des municipalités vis-à-vis des Centres LGBTI+. Si l’organisation de nos Rencontres à Paris est une première historique, c’est aussi la première fois qu’une municipalité boude ainsi des militant·es LGBTI+ venu·es de tout le pays, de Bayonne à Saint-Avold.

Revendications partagées et questions éthiques

Le travail sur les revendications partagées a occupé une bonne partie des travaux de la Fédération LGBTI+ depuis le confinement. Si la crise sanitaire a beaucoup ralenti les équipes, le travail a pu reprendre et les revendications prennent forme. Les référent·es y ont consacré leur première demi-journée, sur l’ensemble des textes et sur le texte consacré à la Gestation Pour Autrui (la Fédération LGBTI+ a pris position depuis près de 10 ans en faveur de la légalisation de la GPA dans un cadre éthique).

Post-it avec les idées des référent·es au cours de l'atelier sur l'hétérogénéité
Les référent·es ont réfléchi ensemble aux situations concrètes des Centres LGBTI+, en particulier quand des publics différents doivent cohabiter

Une partie des travaux a été consacrée aux enjeux éthiques du bénévolat dans les Centres LGBTI+, en particulier face à l’hétérogénéité des publics, que ce soit en termes de générations de militant·es, de trajectoire personnelle, de vocabulaire, etc. Les Centres LGBTI+ ont pu mettre en évidence les frictions et les atouts d’une telle situation, et la ligne de conduite à adopter, centrée sur l’humain, le vivre-ensemble et les intérêts communs de la communauté LGBTI+ dans sa diversité.

Ce fut également l’occasion de travailler sur un enjeu d’actualité : celui de l’éthique du consentement et les réponses à des situations concrètes – parfois délicates – rencontrées par les bénévoles des associations. Loin des polémiques médiatiques autour du consentement ou des violences sexuelles et sexistes, les bénévoles des Centres LGBTI+ ont pu échanger et réfléchir ensemble, pour analyser des situations de vie quotidienne et y répondre avec lucidité et discernement.

Les Rencontres ont été l’occasion pour les référent·es de bénéficier d’une visite guidée du Marais par Hervé Latapie, ainsi que de moments de partage et de convivialité. Les Rencontres d’Été se sont conclues sur le calendrier du second semestre 2022. Les référent·es de la Fédération LGBTI+ se sont donné·es rendez-vous à la fin du mois de février pour les Rencontres d’Hiver au Pays basque.

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