À la veille du 17 mai, journée internationale contre l’homophobie et la transphobie, le gouvernement a autorisé les député·e·s PS (une fois n’est pas coutume !) à présenter un texte, sous forme d’amendement, qui ferait entrer dans la loi française les modalités du changement d’état civil des personnes transgenres. Malgré un exposé des motifs faisant brièvement référence aux « droits fondamentaux », ce projet socialiste, mal conçu et fait à la va-vite(1), confirme en réalité la volonté du gouvernement de s’opposer au changement d’état civil libre et gratuit !
 
Un contre-feu gouvernemental ?
 
Loin d’accorder le droit de changer d’état civil librement et gratuitement, le gouvernement et sa majorité veulent l’encadrer de façon sévère, et, quoi qu’ils en disent, en définir médicalement et judiciairement les modalités. Choisir la période du 17 mai pour annoncer un projet aussi néfaste, c’est faire preuve d’une totale ignorance ou d’un redoutable cynisme. En réalité, le gouvernement et sa majorité tentent d’opposer un contre-feu à de probables nouvelles condamnations de la France par la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH), devant laquelle des recours de personnes de nationalité française sont actuellement instruites, avec le soutien de Transgender Europe, l’ILGA et Amnesty International. Il aura fallu ces procédures judiciaires pour que des parlementaires et le Ministre de la Justice daignent enfin s’inquiéter de cette situation intolérable, dénoncée depuis des années par les associations transgenres !
 
Le gouvernement Hollande-Valls a en effet poursuivi la politique transphobe de ses prédécesseurs, en dépit de la mobilisation de la communauté transgenre et du mouvement LGBT. Il a ignoré les rappels à l’ordre, qui dataient pourtant de 2009, du Commissaire aux Droits de l’Homme du Conseil de l’Europe, Thomas Hammmarberg. Malgré les résolutions 1728 (2010) puis 2048 (2015), votées par le parlement de cette même institution, qui demandent aux États membres, dont la France, de mettre fin à la stérilisation, et de démédicaliser et déjudiciariser la procédure de changement d’état civil, rien n’a bougé.
 
Depuis 1992, en France, les tribunaux assument sans trop d’états d’âme la stérilisation systématique des personnes transgenres demandant à changer d’état civil. Cette exigence infâme, aucun gouvernement français n’a voulu y mettre fin.
 
Et si François Hollande avait sur sa carte d’identité le prénom… « Marie-Louise » ?
 
Que les Présidents, Premiers ministres, ministres, député·e·s et sénateur·rice·s aient jusqu’ici rétrocédé ce sale boulot à des magistrat·e·s et des psychiatres ne les exonère en rien de leurs responsabilités. C’est cette responsabilité politique et morale que la Fédération LGBT et l’Association Nationale Transgenre (ANT) pointent du doigt en lançant, à l’occasion du 17 mai, une campagne incisive en faveur du changement du changement d’état civil libre et gratuit. Cette campagne, nous l’avons voulue originale et accrocheuse, en espérant qu’elle sera, pour les dirigeant·e·s concerné·e·s, un choc salutaire ! Ces outils de communication, qui dénoncent la transphobie d’État, visent à leur faire toucher du doigt la réalité de ce que vivent des dizaines de milliers de personnes transgenres en France. Lancée nationalement, et déclinée localement par les associations membres de la Fédération LGBT, cette campagne est à la disposition de toutes les associations transgenres et LGBT, progressistes et démocratiques, mais aussi de tou·te·s les citoyen·ne·s qui s’y reconnaîtront. Bientôt disponible sur les réseaux sociaux, elle est susceptible de s’appliquer à tou·te·s les élu·e·s qui, par leur transphobie ou leur inaction, portent une part de responsabilité dans cette situation.
 
Par le biais de cette campagne, nous disons au Président de la République : le temps de lire “votre” carte d’identité symbolique, mettez-vous à notre place ! Avoir une identité légale au nom de « Marie-Louise » Hollande et la mention de sexe « F » (pour féminin) sur votre carte nationale d’identité et votre passeport, imaginez un instant comment vous vivriez cela au quotidien… C’est le même message que nous adressons au Premier ministre, au Garde des sceaux et ministre de la Justice (celui qui gère nos identités), au ministre de l’Intérieur (celui qui les contrôle), à la ministre du Travail (qui nous impose une identité ingérable en recherche d’emploi), et à la ministre de l’Éducation nationale (qui, en n’acceptant pas l’utilisation de nos prénoms usuels, expose élèves et professeur·e·s au harcèlement transphobe).
 
Imaginez ce que c’est de vivre pendant des années sans papiers d’identité conformes à son identité de genre, en total décalage avec la réalité sociale… Imaginez-vous aller à la recherche d’un travail, ou essayer de conserver votre emploi, louer un appartement, poursuivre vos études, ouvrir un compte bancaire, porter plainte pour protéger vos droits, voyager dans certains pays, etc. Imaginez-vous devoir ensuite apporter à un Tribunal de Grande Instance, à une Cour d’appel, à la Cour de Cassation, une preuve de « changement irréversible » ou de « perte de fertilité irrémédiable et définitive » pour motif psychiatrique, et vous comprendrez l’indignité de la situation des personnes transgenres en France.
 
Élu·e·s de la République, faites une loi, mais pas n’importe laquelle !
 
Pour cette journée de lutte contre l’homophobie et la transphobie du 17 mai, l’Association Nationale Transgenre et la Fédération LGBT s’associent pour envoyer un message clair au gouvernement : faites une loi, mais pas n’importe laquelle ! Inscrivez simplement dans le code civil la possibilité de changer les mentions de sexe sur simple demande, à l’aide d’une procédure exclusivement fondée sur l’auto- détermination, comme le demande le Conseil de l’Europe dans sa résolution 2048 (2015). Des pays comme l’Argentine, la Colombie, Malte, l’Irlande, le Danemark(2), le Québec, bientôt la Norvège, ont bien compris que c’était la seule façon de respecter vraiment les droits humains et la dignité des personnes tra
nsgenres.
 
La Fédération LGBT et l’ANT attendent du Président de la République, du Premier ministre, du gouvernement, des députés et des sénateurs, une loi mettant en place la seule mesure qui porterait un coup fatal à la transphobie d’État à la française : inscrire dans la loi le droit imprescriptible au changement d’état civil libre et gratuit, en mairie !
 
Pour la Fédération LGBT
– contact@federation-lgbt.org
– Stéphanie NICOT, présidente, +33 6 14 69 63 51
– Antonin LE MÉE, porte-parole, +33 6 88 76 82 01
 
Pour l’Association Nationale Transgenre
– porte.parole@ant-france.eu
– Delphine Ravisé-Giard, présidente, +33 6 11 63 48 00
 
(1) En faisant uniquement référence à la résolution 1728 (2010) du Conseil de l’Europe, le texte des députés PS montre qu’ils n’ont même pas pris connaissance de la résolution 2048 (2015) de ce même Conseil de l’Europe, qui traduit pourtant de notables avancées dans la réflexion sur les droits des personnes transgenres !
 
(2) Malgré l’exclusion des personnes mineures du dispositif…

L’Inter-LGBT vient de dévoiler le mot d’ordre de la prochaine Marche des Fiertés de Paris qui aura lieu le samedi 2 juillet. Cette marche est la plus importante en France en termes de fréquentation et elle obtient donc, de fait, une visibilité nationale. C’est un moment incontournable pour porter les revendications LGBTI, d’autant plus que cette marche 2016 sera la dernière avant les élections présidentielles.

Lors des États Généraux du militantisme LGBTI à Avignon en novembre dernier, les associations présentes et la Fédération LGBT avaient exprimé le souhait fort qu’une coordination nationale se mette en place afin de décider d’un mot d’ordre national commun. La Fédération LGBT regrette que cette démarche n’ait pas été menée à bien, l’Inter-LGBT ayant au final décidé seule du mot d’ordre de la Marche de Paris : « Les droits des personnes trans sont une urgence : stérilisations forcées, agressions, précarité : STOP ».

Alors que, face aux mouvements conservateurs, le Gouvernement s’oppose aux droits humains des personnes LGBTI, nous ne pouvons nous satisfaire de formules floues, trop complaisantes avec le parti politique au pouvoir. Comme l’Inter-LGBT dans son communiqué, la Fédération LGBT considère urgent que la PMA soit ouverte à toute personne apte à porter un enfant. Concernant les personnes transgenres, nous saluons l’accent mis sur elles par le mot d’ordre mais nous regrettons en revanche que ne soit pas portée la revendication défendue par la quasi-totalité des associations LGBT : le changement de la mention de sexe et du prénom à l’état civil doit se faire en mairie, librement et gratuitement.

Dans les villes où est présente la Fédération LGBT (Angers, Angoulême, Bordeaux, Dijon, Marseille, Nancy, Nantes, Nice, Orléans, Rennes…), les Marches des Fiertés porteront ces deux revendications avec clarté et combativité, et pointeront la responsabilité du gouvernement dans l’immobilisme actuel. Il n’est pas envisageable que la Marche des Fiertés de Paris y fasse exception. La Fédération LGBT va donc contacter l’Inter-LGBT afin d’organiser sa participation et ainsi d’y porter haut et fort la voix des centres et associations LGBT de France.

L’égalité des droits ne se mendie pas, elle se conquiert.

L’annonce par le Ministère de la Santé de la fin de l’interdiction aux hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes a été accueillie avec circonspection par l’opinion publique. La communication sur ce sujet complexe par les médias et les acteurs associatifs s’est souvent faite avec maladresse et en ne présentant qu’une partie des éléments du dossier.
 
Depuis, certaines associations et structures publiques ont travaillé autour du Directeur Général de la Santé dans la discrétion, mais avec ardeur et sérieux. Compte tenu des intérêts non convergents des participant·e·s, la Fédération LGBT salue le climat de respect, l’écoute et la volonté de réussir qui animèrent le groupe de travail.
 
Madame la Ministre a signé le décret d’application portant révision des critères de sélection des donneurs de sang en date du 05/04/2016. C’est l’occasion, notamment pour la Fédération LGBT, de rappeler clairement les étapes de la mise en œuvre de cette réforme qui va plus loin et est plus large que ce qu’il n’y paraît.
 
Avant tout propos, il est capital de réaffirmer la volonté absolue du groupe de travail de conserver un très haut niveau de sécurité pour les receveur·se·s.
 
La compréhension de ce dossier ne peut se faire qu’en expliquant la totalité du processus qui sera mis en œuvre.
 
  • Étape 1 : installation dès le 26 mai 2015 du groupe de travail réunissant la Direction Générale de la Santé, l’Établissement Français du Sang, l’Institut National de Veille Sanitaire, le service du don du sang des armées, les associations (associations de receveur·se·s, de donneur·se·s, de lutte contre le sida et les hépatites, associations communautaires et notamment représentant la communauté visée par la réforme).
  • Étape 2 : signature du décret par la Ministre de la Santé le 5 avril 2016
  • Étape 3 : dès la fin du printemps 2016 (après la révision des questionnaires et des documents d’information) les Hommes ayant des relations Sexuelles avec d’autres Hommes (HSH) peuvent à nouveau donner leur sang dans un cadre d’une sécurité maintenue, voire accrue, pour les receveur·se·s
  • Étape 3 bis : en même temps que l’étape 3, formation de tous les personnels salariés et bénévoles, médicaux et administratifs, aux nouveaux critères et en particulier aux éléments communautaires et de pratiques du public principal de nouveau concerné : les HSH. 
Il est extrêmement important de rappeler que nous entrons donc dans une phase transitoire.
 
L’objectif est de collecter des données concernant la concordance entre les informations déclaratives des donneurs HSH (questionnaire pré-don et entretien) et la réalité, vérifiée par les tests sur les échantillons de sang. Ces données de « la vraie vie » seront confrontées aux modèles mathématiques et statistiques qui ont servi à définir le processus de levée de l’interdiction définitive au plus près d’une sécurité maintenue.
 
Elles doivent permettre de démontrer :
– une augmentation de la compliance ;
– une sécurité conservée voire accrue ;
– une augmentation des donneurs.
 
Pendant cette phase transitoire, les HSH ne seront effectivement autorisés à donner leur sang (total) qu’avec une période de stabilité de 12 mois dans leur relation. Ce critère est ressenti par beaucoup comme discriminatoire car différent de ceux appliqués aux hommes hétérosexuels. Rappelons cependant que la probabilité de croiser le virus du VIH est 200 fois supérieure dans une relation HSH qu’hétérosexuelle et qu’une ouverture du don de sang sans données objectives n’était pas envisageable. Pour accompagner cette mesure, le groupe de travail a prévu une possibilité de pouvoir participer citoyennement, pour cette catégorie de personnes, en donnant son plasma en respectant un délai cette fois de 4 mois seulement.
 
Ainsi un premier palier d’égalité est acquis puisque les hommes hétérosexuels multipartenaires suivent le même délai.
  • Étape 4 : Les données obtenues (et là le nombre de nouveaux donneurs HSH peut entrer en ligne de compte pour réduire le délai nécessaire à la compilation des chiffres) permettront de sortir plus ou moins rapidement de cette phase transitoire, en un an selon nos espoirs. Le passage ensuite à un délai d’attente de 4 mois pour tous en cas de multi-partenariat pourra ensuite devenir la règle commune. Le don du sang sera ainsi réellement ouvert aux HSH aux mêmes conditions que les autres donneur·se·s.
L’objectif de lever le caractère définitif de donner leur sang aux HSH est bel et bien déjà atteint. La Fédération LGBT regrette cependant le choix d’un délai d’abstinence de 12 mois soit demandé quand un délai de 6 mois aurait été à priori suffisant pour cette première étape.
Au niveau du don de plasma, les donneurs HSH se retrouvent dès à présent assujettis aux mêmes critères que les donneurs hétérosexuels. C’est une avancée non négligeable.
 
Le décret prévoit dans son annexe VIII que le groupe de travail autour du Directeur Général de la Santé qui a permis d’arriver à ce texte consensuel, est installé en Comité de Suivi permanent et les membres sont cités dans le texte officiel publié. Ce comité représente toutes les parties intéressées : les donneur·se·s, les receveur·se·s, les pouvoirs publics, les établissements mettant en œuvre les prélèvements de sang et de plasma, les associations communautaires LGBT (et c’est là un fait nouveau et notable), les associations de personnes séropositives au VIH et aux hépatites. La Fédération LGBT y est donc inscrite et veillera au bon suivi de ce dossier.
 
Notons encore que ce travail a permis la réintégration d’autres catégories de personnes également exclues tels que celles guéries d’un cancer ou d’une hépatite C. Il s’agit donc d’un travail, où la volonté d’un groupe concerné par une problématique, bénéficie d’une façon plus large à la sociét
é, et donc d’un vrai travail citoyen.
 
La Fédération LGBT remercie tous les acteurs qui ont contribué, par leur sérieux et leur respect mutuel, à la construction et l’aboutissement de ce travail collectif, long et difficile, en particulier l’Association Française des Hémophiles pour ses avancées envers la communauté gay. Nous remercions aussi Homodonneur pour son idée novatrice sur le don de plasma, qui a contribué ainsi à atténuer les ressentis discriminatoires ; sa posture agressive vis-à-vis du travail collectif obtenu ne peut donc masquer une attitude bien plus constructive dans les faits, au final quasi identique à la nôtre. Elle remercie la Direction Générale de la Santé, et son directeur le Professeur Benoit Vallet, pour avoir mené ce travail avec une large volonté d’ouverture ; elle tient enfin à remercier Madame la Ministre de la santé : sans sa volonté politique, rien n’aurait été possible. 
 
La Fédération LGBT appelle donc les HSH qui correspondent, en vérité et en conscience, aux nouveaux critères (évolutifs) de sélection des donneurs de sang à prendre ou reprendre le chemin du don de sang, geste symbolique et citoyen, pour un mieux vivre ensemble dans une compréhension mutuelle et une vraie fraternité républicaine.
 
Contact presse :
Dominique Ganaye
Vice-président en charge de la santé & de la prévention
+33 6 70 70 93 17
contact@federation-lgbt.org
Un jugement du Conseil de Prud’hommes de Paris vient d’être rendu public. Il sidère et indigne, bien au-delà des personnes concernées et de leurs associations.
 
Rappelons les faits. Un salarié d’un salon de coiffure est congédié pendant sa période d’essai. Estimant que son licenciement est motivé par l’homophobie de son employeuse, la victime saisit le Défenseur des Droits, qui lui apporte son soutien. En effet, la veille de la rupture de son contrat, il avait reçu par erreur un SMS sans équivoque de son employeuse : "Je ne le sens pas, je ne le garde pas, c’est un sale PD, ils ne font que des tours de pute".
 
Si le salon de coiffure a bien été condamné par les Prud’hommes pour licenciement abusif à 5000€ de dommages et intérêts, le caractère discriminatoire n’a pas été retenu. Le jugement indique en effet que, pour le Conseil des Prud’hommes de Paris, le terme "PD" ne constitue pas une injure dans le cadre d’un salon de coiffure car « il est reconnu que les salons de coiffure emploient régulièrement des personnes homosexuelles, notamment dans les salons de coiffure féminins, sans que cela ne pose de problèmes » !
 
La Fédération LGBT rappelle que le caractère homophobe de l’utilisation du mot "pédé" par un·e employeur·se n’est évidemment pas dépendant du domaine d’activité ! Le Code Pénal dans son article 132-77 précise que le caractère homophobe est une circonstance aggravante, et le délai de prescription a été aligné sur les propos racistes par la Loi n°2004-575 modifiant l’article 23 de la Loi du 29 juillet 1881. Il n’ y a donc aucune équivoque possible et les juges prud’homaux ont parfaitement méconnus la Loi.
 
Nous constatons également l’absence de gêne du Conseil prud’homal à faire étalage des stéréotypes homophobes qui l’habitent. Sur quelle étude s’appuient-ils pour qualifier l’orientation sexuelle des employé·e·s de salons de coiffure, et plus précisément les salons féminins ?
 
La Fédération LGBT constate donc une nouvelle fois le manque criant de formation sur les discriminations dans certaines juridictions françaises. Nous déplorons qu’en 2016 un tel argumentaire puisse encore être déroulé sans honte.
 
Nous adressons tout notre soutien à la victime, discriminée une première fois par son employeur et recevant par la suite le mépris d’une juridiction ayant pour mission de la défendre. Nous saluons l’annonce de la victime, par le biais de son avocate, qu’elle va faire appel de cette décision.
 
Contacts presse :
– Stéphanie Nicot, présidente, +33 6 14 69 63 51
– Antonin Le Mée, porte-parole, +33 6 88 76 82 01
– contact@federation-lgbt.org

Un jugement du Conseil de Prud’hommes de Paris vient d’être rendu public. Il sidère et indigne, bien au-delà des personnes concernées et de leurs associations.

Rappelons les faits. Un salarié d’un salon de coiffure est congédié pendant sa période d’essai. Estimant que son licenciement est motivé par l’homophobie de son employeuse, la victime saisit le Défenseur des Droits, qui lui apporte son soutien. En effet, la veille de la rupture de son contrat, il avait reçu par erreur un SMS sans équivoque de son employeuse : « Je ne le sens pas, je ne le garde pas, c’est un sale PD, ils ne font que des tours de pute ».

Si le salon de coiffure a bien été condamné par les Prud’hommes pour licenciement abusif à 5000€ de dommages et intérêts, le caractère discriminatoire n’a pas été retenu. Le jugement indique en effet que, pour le Conseil des Prud’hommes de Paris, le terme « PD » ne constitue pas une injure dans le cadre d’un salon de coiffure car « il est reconnu que les salons de coiffure emploient régulièrement des personnes homosexuelles, notamment dans les salons de coiffure féminins, sans que cela ne pose de problèmes » !

La Fédération LGBT rappelle que le caractère homophobe de l’utilisation du mot « pédé » par un·e employeur·se n’est évidemment pas dépendant du domaine d’activité ! Le Code Pénal dans son article 132-77 précise que le caractère homophobe est une circonstance aggravante, et le délai de prescription a été aligné sur les propos racistes par la Loi n°2004-575 modifiant l’article 23 de la Loi du 29 juillet 1881. Il n’ y a donc aucune équivoque possible et les juges prud’homaux ont parfaitement méconnus la Loi.

Nous constatons également l’absence de gêne du Conseil prud’homal à faire étalage des stéréotypes homophobes qui l’habitent. Sur quelle étude s’appuient-ils pour qualifier l’orientation sexuelle des employé·e·s de salons de coiffure, et plus précisément les salons féminins ?

La Fédération LGBT constate donc une nouvelle fois le manque criant de formation sur les discriminations dans certaines juridictions françaises. Nous déplorons qu’en 2016 un tel argumentaire puisse encore être déroulé sans honte.

Nous adressons tout notre soutien à la victime, discriminée une première fois par son employeur et recevant par la suite le mépris d’une juridiction ayant pour mission de la défendre. Nous saluons l’annonce de la victime, par le biais de son avocate, qu’elle va faire appel de cette décision.

 Le 31 mars a lieu la Journée internationale pour la visibilité des personnes transgenres. Cette journée, encore peu connue en France, a été créée en 2009 afin d’améliorer la visibilité positive des personnes transgenres dans l’espace public, physique ou médiatique.
 
Trop souvent moquées ou stéréotypées, les personnes transgenres souffrent du manque de représentations authentiques dans les fictions et les médias. Cela contribue à une mauvaise estime de soi, un sentiment de non-légitimité et, in fine, à l’exclusion sociale. Trouver des modèles, ne pas se sentir isolé·e, reconnaître une part de son identité en d’autres sont des aspects de la vie en société indispensables pour se construire et se vivre.
 
La Journée de la visibilité transgenre vise donc à célébrer la diversité des personnes transgenres en encourageant leur parole. Professeur·e, artisan, ingénieur·e, militaire, retraité·e, étudiant·e ou sans emploi, elles occupent toutes les places de notre société. Elles sont françaises ou étrangères, ayant parfois fui leur pays en raison de persécutions liées à leur identité de genre. Ce sont des adultes mais aussi des adolescent·e·s et des enfants. Leurs parcours sont variés et leur histoire toujours unique.
Rendre visible cette diversité c’est surtout rappeler qu’il n’existe pas de portrait type de femme transgenre, qu’il existe aussi des hommes transgenres ainsi que des personnes se définissant en dehors des normes binaires de genres.
 
Les associations membres de la Fédération LGBT mènent un travail quotidien d’éducation populaire afin de briser la stigmatisation qui entoure encore trop souvent la transidentité et qui freine l’accès à la santé, à l’emploi, au logement et plus largement à la vie citoyenne. Sensibiliser au respect des personnes transgenres est une question vitale. En effet, la violence et les discriminations transphobes rendent les personnes plus vulnérables à la précarité, à la mauvaise santé et au suicide. Il en va de la responsabilité collective de notre société d’accueillir les personnes transgenres et la richesse de leurs identités.
 
La Fédération LGBT souhaite donc que ce 31 mars soit une occasion de célébrer la visibilité transgenre à travers le monde afin que chacun·e puisse aspirer à la même dignité quelle que soit son identité de genre.
 
Contact presse :
– Stéphanie Nicot, présidente, +33 6 14 69 63 51
– Antonin Le Mée, porte-parole, +33 6 88 76 82 01
– contact@federation-lgbt.org

La Fédération LGBT tient à rappeler que la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars, concerne les droits de toutes les femmes, y compris les femmes lesbiennes ou bisexuelles et les femmes transgenres. Comme les femmes cisgenres hétérosexuelles, elles sont exposées au sexisme, mais à celui-ci s’ajoutent des discriminations et des violences qui leur sont propres.

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Ce week-end des 6 et 7 février 2016 se tenait à Bordeaux l’Assemblée générale annuelle de la Fédération LGBT. C’est le centre LGBT d’Aquitaine, le Girofard, qui accueillait les déléguée·e·s des associations membres venu·e·s de toute la France pour ces Rencontres nationales d’hiver. Nous remercions toute l’équipe du Girofard pour son accueil chaleureux et la qualité de l’organisation.
 
Le cadre privilégié d’un salon de l’Hôtel de Ville, mis à disposition par la municipalité de Bordeaux, a permis à ces deux journées de réunion d’être fructueuses. Ces Rencontres sont des moments riches de partage de l’actualité de chaque association et d’échange sur de nombreux thèmes au cœur des enjeux du militantisme LGBT. Ainsi ont notamment été abordés ce week-end la prévention santé, le don du sang, la PMA, le changement d’état civil libre et gratuit des personnes transgenres, la défense des droits des enfants et des familles issues de GPA, le droit d’asile…
 
Après une année marquée par un contexte national et international complexe, l’heure était aussi au bilan et à la définition des perspectives. L’assemblée ne put que faire le constat amer de l’abandon par le Gouvernement de plusieurs projets de progrès social dont la mise en œuvre aurait sonné la fin de décennies de traitement discriminatoire des personnes LGBT en France. À un an de la fin du mandat du président Hollande, et malgré l’acquis de l’ouverture du mariage à tous les couples, le bilan est négatif : discrimination persistante en matière de PMA à l’égard des couples de lesbiennes et des femmes célibataires, transphobie d’état, entraves au mariage des couples mixtes, véritables persécutions juridiques à l’encontre des enfants et des familles issues de GPA, etc. C’est ce bilan-là que les marches des fiertés, dans de nombreuses villes de France comme à Paris, devront pointer ! Et c’est donc avec détermination que la Fédération LGBT aborde l’année 2016.
 
L’élection d’un nouveau conseil d’administration voit le départ de Frédéric Hay, secrétaire de la Fédération LGBT depuis de nombreuses années. Nous tenons à le remercier du travail accompli toutes ces années au sein des organismes de direction de la Fédération LGBT. Il y a joué un rôle majeur, nourrissant l’équipe de ses réflexions, analyses et propositions. Frédéric va désormais se consacrer à ADHEOS, l’une de nos plus solides associations, mais il va de soi que son expertise sur de nombreux dossiers restera précieuse pour le CA.
 
Deux villes font quant à elle leur entrée au Conseil d’administration par le biais de leurs élu·e·s : Lille (L’Égide) et Nantes (Centre LGBT).
 
Le nouveau CA se compose donc de :
– Stéphanie Nicot, présidente (Nancy)
– Antonin Le Mée, porte-parole (Rennes)
– Dominique Ganaye, vice-président, en charge de la santé et de la prévention (Dijon)
– Jean-Christophe Testu, trésorier (Bordeaux)
– Jérémy Baudoin, secrétaire (Nancy)
– Julien Fleurence, secrétaire-adjoint (Rennes)
– Henri Descheaux-Beaume, administrateur (Nice)
– Gwenola Chauvet, administratrice (Nantes)
– Oscar Richard, administrateur (Lille)
 
Contact presse :
– Stéphanie Nicot, présidente, +33 6 14 69 63 51
– Antonin Le Mée, porte-parole, +33 6 88 76 82 01
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Ce week-end des 6 et 7 février 2016 se tenait à Bordeaux l’Assemblée générale annuelle de la Fédération LGBT. C’est le centre LGBT d’Aquitaine, le Girofard, qui accueillait les déléguée·e·s des associations membres venu·e·s de toute la France pour ces Rencontres nationales d’hiver. Nous remercions toute l’équipe du Girofard pour son accueil chaleureux et la qualité de l’organisation.

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