Les plus grandes entreprises comptent désormais des associations LGBT en leur sein. S’il n’est pas encore facile pour les homos au travail de faire leur coming out, leur représentation prouve que les choses avancent
 
HomoSFèRe chez SFR, Flag! pour les policiers et gendarmes, Comin-G aux Finances ou encore Gare! à la SNCF: les associations homosexuelles investissent de plus en plus le milieu professionnel pour lutter contre les discriminations et défendre les droits des employés. Ces derniers mois, plusieurs nouvelles structures ont été créées, comme Rainbow BanquAss pour les métiers de la banque et de l’assurance ou Appel pour les personnels éducatifs.
 
Le collectif Homoboulot, qui regroupe huit associations dans le privé et le public (on peut citer encore Algo au Quai d’Orsay, Homobus pour la RATP, Energay à EDF-GDF ou Mobilisnoo chez France Télécom-Orange), a fêté ses dix ans cette année. Selon son porte-parole, Jérôme Beaugé, son but premier «est de susciter la création d’associations dans le milieu professionnel» car «il y a une grosse problématique pour les LGBT (lesbiennes, gays, bi, trans) au travail qu’il faut absolument traiter».
 
Le dernier tabou
«Le travail, c’est le dernier tabou aujourd’hui, parce que les gens ont fait leur coming out en famille et auprès de la plupart de leurs amis», renchérit Sylvie Fondacci, présidente d’HomoSFèRe. Or, note-t-elle, «il a un enjeu au travail, car il y a le risque de se faire passer sous le nez une promotion, d’être stigmatisé ou moqué. Donc beaucoup hésitent encore à le dire.»
 
Sur le front des discriminations, Jérôme Beaugé affirme que «les plus fréquentes sont les moqueries, préjugés», mais il cite aussi l’accès à la formation, l’évolution de carrière et «le gros problème de la rémunération, une étude de 2010 ayant montré un écart de salaire de 5% en moyenne pour les hommes» gays. Une autre enquête, menée récemment par l’association l’Autre Cercle (lire  article) montre que 67% des LGBT ne souhaitent pas être visibles en entreprise "par crainte de conséquences négatives en termes de carrière".
 
Les homos «obligés de se cacher»
En découle un phénomène d’autocensure très prégnant au travail, qui limite aussi les adhésions aux associations. «Adhérer, c’est déjà un acte militant», souligne ainsi Mickaël Bucheron, président de Flag!, ajoutant que l’association, créée il y a dix ans dans un milieu «assez macho», revendique aujourd’hui quelque 500 membres parmi gendarmes et policiers et espère fédérer les policiers municipaux.
 
Pour Jérôme Beaugé d’Homoboulot, les associations luttent pour «la visibilité» car dans les entreprises où le sujet est abordé, les salariés «se sentent mieux, ont beaucoup moins cette peur». Il souligne que les plaisanteries homophobes, qui ne sont souvent pas perçues comme offensantes par leurs auteurs, «se réduisent d’office dès qu’il y a une information des ressources humaines, des salariés, sur la problématique». Mais, note-t-il, créer ce type d’associations n’est pas aisé, les employeurs commençant souvent par nier le problème.
 
«Encore beaucoup à faire»
Philippe Chauliaguet, qui préside Comin-G à Bercy, confirme que la création de l’association en 2004 a été un processus «long et difficile», relevant qu’il a fallu attendre 2007 pour que le site de l’association, «bloqué comme un site pornographique», puisse être accessible depuis les postes de travail. Il confirme que «le travail est un peu le dernier rempart du coming out», et souligne qu’«il y a beaucoup à faire pour faire comprendre à nos collègues que des homos à côté d’eux se sentent obligés de se cacher». Les associations sont aussi amenées à jouer un rôle de conseil, Flag! comme HomoSFèRe indiquant être sollicitées sur la «nouvelle problématique» de l’homoparentalité.
 
Pour Jérôme Beaugé, la situation des homosexuels au travail est encore «très très loin du compte» et «seules les entreprises ont le pouvoir d’inverser la tendance. A partir du moment où elles communiqueront sur le sujet, les personnes n’auront plus à se cacher.»
Coup sur coup, Hillary Clinton a annoncé aux Nations-unies la création d’un fonds pour lutter contre les discriminations sexuelles dans le monde, et le président se dit «très inquiet» de l’homophobie dans le monde.

 
 Leur engagement marquera l’histoire de la lutte contre l’homophobie d’une pierre blanche: coup sur coup, le président des Etats-Unis et sa secrétaire d’Etat, Hillary Clinton (photo) aux Nations-Unies, ont marqué très explicitement leur désir de lutter contre les discriminations des LGBT dans le monde.

 
 
Barack Obama «très inquiet»
Sans aller toutefois jusqu’à menacer de couper l’aide internationale aux pays qui s’en rendraient coupables, Barack Obama a appelé hier «tous les organismes engagés à l’étranger à s’assurer que la diplomatie américaine et l’aide (financière internationale) promeuvent et protègent les droits des homosexuels, des bisexuels et des transsexuels», dans une note interne diffusée depuis Washington. La note appelle aussi le département d’Etat et celui de la Sécurité intérieure à traiter correctement les demandeurs d’asile ou réfugiés homosexuels persécutés dans leurs pays.
 
«Je suis très inquiet des violences visant les lesbiennes, les homosexuels, les bisexuels et les transsexuels dans le monde», a-t-il souligné, alors que les Etats-Unis font fréquemment part de leur inquiétude à l’endroit de projets de loi réprimant l’homosexualité, notamment en Russie (lire article) et en Afrique (la semaine dernière, les Etats-Unis se sont déclarés inquiets d’un projet de loi nigérian interdisant les manifestations publiques amoureuses entre personnes du même sexe, et Obama avait tonné contre un projet de loi homophobe en Ouganda, lire article).
 
Hillary Clinton aux Nations-Unies
Barack Obama ne va cependant pas aussi loin que le Premier ministre britannique David Cameron, qui a menacé fin octobre d’exclure des programmes britanniques d’aide les pays «qui ne respectent pas les droits de l’homme", évoquant notamment «le traitement réservé aux homosexuels» (lire article).
 
Le même jour, sa secrétaire d’Etat, Hillary Clinton, a annoncé à Genève la création d’un Fonds mondial pour l’égalité, destiné à «soutenir le travail des organisations de la société civile» engagées dans la lutte pour l’égalité des individus sans distinction de leur orientation sexuelle, dans un discours qualifié d’«historique» par des blogueurs américains.
 
 
3 millions de dollars contre l’homophobie
Ce fonds, qui sera doté de plus de 3 millions de dollars (2,2 millions d’euros), permettra aux organisations de mieux défendre les intérêts des LGBT. «C’est une violation des droits de l’homme quand des gens sont battus ou tués en raison de leur orientation sexuelle, ou parce qu’ils ne se conforment pas aux normes culturelles imposant ce à quoi les hommes et les femmes doivent ressembler ou comment ils doivent se comporter», a insisté Mme Clinton.
 
«Etre gay n’est pas une invention des pays occidentaux. C’est une réalité de l’humanité. Et protéger les droits de l’homme de tous les gens, gays et hétérosexuels, n’est pas le seul fait des gouvernements occidentaux», a insisté Mme Clinton, citant notamment l’Afrique du Sud, la Colombie et le Népal.
 L’association Rimbaud lance cette semaine du 5 décembre 2011 une campagne nationale de sensibilisation au risque d’exclusion des 15-25 ans victimes d’homophobie.
 
Elle repose sur un visuel inédit qui sera diffusé dans les établissements scolaires, associations, commerces et institutionnels partenaires de l’Association Rimbaud.

 
 
L’affiche présente une jeune fille de dos, au coin du mur, une insulte homophobe affichée sur son pull, avec le commentaire « Elle comprendrait sans doute mieux la punition si elle avait vraiment fait quelque chose ».
 
Pourquoi cette campagne ?
 
L’Association Rimbaud s’inquiète du silence médiatique et politique français autour du suicide des jeunes de 15 à 25 ans victimes d’homophobie, leur première cause de mortalité en France. Quant aux tentatives de suicide, souvent l’aboutissement d’une longue série de comportements à risque, elles sont, selon les études, de 7 à 13 fois supérieures chez les 15-25 ans victimes d’homophobie que dans la même classe d’âge non-victime d’homophobie. Quelques jours après la Journée Mondiale de Lutte Contre le Sida, l’Association Rimbaud tient à signaler que tout est lié : les études indiquent clairement que les personnes LGBT à antécédents suicidaires se protègent rarement lors de rapports sexuels avec un partenaire inconnu, contrairement à leurs pairs non- »suicidants ».
 
Plus qu’une sonnette d’alarme, c’est un appel au secours que nous formulons : aucun des appels politiques réguliers à la jeunesse ne s’adresse jamais à cette frange isolée.
 
L’Etat français laisse malheureusement toute une partie de sa jeunesse entrer dans une spirale autodestructrice qui va de la perte d’estime de soi jusqu’à la tentative de suicide en passant par de nombreux comportements à risque comme l’échec scolaire, les addictions, les rapports sexuels non-protégés ou encore l’automutilation. L’image de sous-citoyen des personnes LGBT renvoyée par l’inégalité des droits (mariage, adoption, don du sang) défendue par l’Etat et l’homophobie au quotidien (morale, verbale et physique), qui sont par ailleurs également liées, ont des conséquences graves, directes et concrètes en termes de santé publique sur une jeunesse en pleine construction identitaire. Nous assistons à une véritable banalisation de l’homophobie qui enferme insidieusement des milliers de jeunes dans un isolement profond.
 
L’Association Rimbaud refuse de laisser des jeunes en détresse s’isoler, et pire, tenter de se suicider. C’est tout le sens de cette campagne de sensibilisation et de cette affiche.
 
Que mettons-nous en place ?
 
L’Association Rimbaud est une association lyonnaise, reconnue d’intérêt général, de lutte contre l’homophobie et d’accueil, d’écoute et d’accompagnement des jeunes de 15 à 25 ans en questionnement sur leur orientation sexuelle et affective ou en rupture familiale du fait de cette orientation, qu’elle soit réelle ou supposée.
 
Depuis maintenant plusieurs mois, l’Association Rimbaud a mis en place tout ce secteur d’accueil, de soutien et d’accompagnement pour ces jeunes victimes d’homophobie ou en questionnement sur leur orientation sexuelle et affective par l’ouverture de permanences d’accueil et d’écoute. Ces moments de discussion sur leur vécu, leurs craintes, leurs souffrances ou sur leur rejet du domicile familial, s’accompagne d’un éventuel suivi régulier selon les attentes du jeune ainsi que la possibilité d’accéder à de nombreux services personnalisés grâce à une formation encadrée et exigeante des accueillants et un réseau partenarial fort.
 
Pouvoir s’exprimer librement, être accompagné pour se sentir mieux… Les permanences doivent ainsi permettre aux jeunes de renouer un lien social, de communiquer et s’ouvrir aux autres et à la société. Aussi, le secteur accueil, soutien et accompagnement propose des animations, des groupes d’échange et de parole, ainsi qu’une médiation familiale entre le jeune et ses parents s’il le souhaite.
 
Nous tenons nos permanences à Lyon Campus au 25 rue Jaboulay (Lyon 7ème) ainsi qu’au sein de l’Espace Santé Jeunes – CRIJ Rhône-Alpes au 66 cours Charlemagne (Lyon 2ème). Nos permanences sont ouvertes mais il est également possible de prendre rendez-vous en envoyant un mail à contact(at)association-rimbaud.org.
 
 
 
 
 
 
Un tribunal polonais a autorisé le Parti de la renaissance polonaise à afficher son homophobie par un symbole plutôt explicite. Les associations LGBT condamnent cette décision et un député interpelle le ministre de la Justice
 
 Un parti d’extrême droite polonais vient de se voir accorder le droit d’utiliser un symbole homophobe comme logo. La justice a donné son accord fin octobre pour enregistrer cet emblème, mais la nouvelle n’a fait du bruit que ces jours-ci.

 
 
Le nouveau logo du Parti de la renaissance polonaise (en polonais: Narodowe Odrodzenie Polski, ou NOP) condamne l’homosexualité sans faire dans la dentelle: en forme de panneau de signalisation routière, un trait barre le dessin évoquant un acte sexuel entre hommes.
 
«Intolérance fasciste»
Cette semaine, les associations LGBT polonaises sont montées au créneau et ont condamné la décision du tribunal. Robert Biedron, l’un des seuls députés ouvertement homosexuel du pays, a appelé le Ministre de la justice à intervenir. Le parlementaire d’opposition et fondateur de l’ONG «Campagne contre l’homophobie» a estimé hier que «ces symboles se réfèrent directement à la tradition d’intolérance fasciste, néonazie et xénophobe». Il faut dire que la justice polonaise a aussi permis au NOP d’utiliser une croix celtique, affectionnée par de nombreux groupes néo-nazis, comme autre logo.
 
Grzegorz Schetyna, membre du parti au pouvoir, Plateforme civique, a estimé que «ces symboles sont inacceptables». Il a accusé le juge qui a pris cette décision d’avoir manqué à ses devoirs.
 
«Climat de peur»
Sur son site internet, le NOP s’est dit satisfait. Il salue la victoire qui couronne une «bataille de deux ans» pour imposer son signe et le slogan associé «Zaka Pedalowani» (qu’on pourrait traduire par «tarlouzerie interdite»). Le NOP est un parti ouvertement homophobe qui placarde depuis longtemps des affiches avec ce logo dans les rues. Il s’insère aussi régulièrement, de manière plus ou moins violente, dans les manifestations de promotion des droits LGBT.
 
A cause de ces actions, et de l’identité profondément conservatrice de la Pologne, la communauté LGBT dit «vivre dans un climat de peur». Deux Polonais sur trois sont contre les manifestations pour les droits LGBT, 80% sont opposés au mariage gay, et 90% à l’adoption par des couples de même sexe.
 
Pourtant, début novembre, un événement a redonné courage à la communauté. Pour la première fois, un député ouvertement gay, Robert Biedron, et une transsexuelle ont fait leur entrée au Parlement. Quelques jours après la décision de justice qui officialisait le logo du NOP…
 
Dimanche, une altercation avec deux hommes homophobes venus en découdre dans ce bar emblématique de la vie gay bruxelloise a conduit un serveur à se servir d’un couteau. L’émoi est grand dans la communauté LGBT.
 
Consternation, lundi matin à Bruxelles, dans la communauté gay: le Fontainas est fermé jusqu’à nouvel ordre. Ce bar est une véritable institution de la capitale belge. Même s’il n’affiche pas les couleurs arc-en-ciel et se définit comme gay-friendly, le lieu est principalement fréquenté par des gays et lesbiennes et un public plutôt bobo. Sa terrasse est l’une des meilleures de Bruxelles et le lieu se prête bien aux discussions à bâtons rompus autour d’un verre, au son d’une musique alternative. On vient au Fontainas pour se parler, mais aussi pour se montrer.

 
 
Légitime défense
Dimanche soir, 23h30. Quelques minutes plus tôt, le Smouss, un bar voisin qui organise chaque dimanche un thé dansant, se vide de ses derniers occupants. On est au cœur du quartier gay bruxellois, et les fêtards vont terminer la soirée au Fontainas. Trois hommes pénètrent alors dans le café. D’après les témoins, deux d’entre eux profèrent immédiatement des insultes homophobes à l’encontre du bar et de son personnel, principalement composé de gays et lesbiennes. Xavier, l’un des deux hommes, s’en prend à une barmaid en exhibant son sexe. «Je vais te montrer ce qu’un un vrai homme, ça va te plaire d’y goûter», aurait-il lancé. Le ton monte. Un barman s’interpose et invite les importuns à quitter le bar. Xavier devient alors violent. Trois serveurs reçoivent des coups. Finalement, un jeune serveur auquel il s’attaquait lui plantera trois coups de couteau dans le ventre.
 
Le serveur, âgé de 23 ans, n’a pas été privé de liberté, ce qui laisse suppose que la justice privilégie la thèse de la légitime défense. Gravement blessé, l’assaillant sera rapidement retrouvé par la police. Ses jours ne seraient plus en danger.
 
Rouvert mercredi
La fermeture du bar a fait du bruit à Bruxelles. Le groupe de lutte contre l’homophobie OutRage a aussitôt dénoncé le caractère homophobe de l’agression, tandis que la Maison Arc-en-ciel (coupole associative située dans la même rue) et l’association des commerçants gays déploraient la vague d’agressions homo et lesbophobes dans le centre-ville bruxellois ces derniers mois.
 
L’affaire est en cours d’instruction au parquet de Bruxelles. D’après son porte-parole, le caractère homophobe n’est pas encore assuré au niveau judiciaire. Mais dans la communauté gay, on a déjà tiré ses conclusions. Le Fontainas a finalement rouvert ses portes ce mercredi. Histoire de prouver qu’ils ne cèdent pas à la menace, les gays et lesbiennes bruxellois y ont vite retrouvé leur place.
 
 
 «Il faudrait y penser au niveau fédéral» a déclaré l’un des vice-premier ministre russe. 
 
 Un vice-Premier ministre russe s’est prononcé vendredi en faveur d’une loi interdisant en Russie la propagande de l’homosexualité qu’il juge «dégoûtante», à l’image du texte qui a franchi une première étape législative à Saint-Pétersbourg.

 
 
«Orientations sexuelles non traditionnelles»
«Il faudrait y penser au niveau fédéral», a déclaré Dmitri Kozak (photo) à des journalistes à Saint-Pétersbourg, en faisant allusion à ce projet de loi locale du parti au pouvoir Russie unie, punissant tout «acte public» faisant la promotion tant de l’homosexualité que de la pédophilie.
 
Ce texte a été adoptée en première lecture le 16 novembre par l’Assemblée législative de la deuxième ville de Russie. «Toute propagande des orientations sexuelles non traditionnelles, (on désigne souvent l’homosexualité de cette manière en Russie, ndrl) est dégoûtante», a ajouté M. Kozak.
 
Manoeuvres électorales
Les militants gay ont dénoncé ces déclarations, jugeant qu’il s’agissait d’une manoeuvre électorale à la veille des législatives de dimanche. «Il est évident que c’est une démarche politique avant les élections législatives» a déclaré Iouri Gavrikov, un des principaux militants de la cause homosexuelle à Saint-Petersbourg.
 
Les Etats-Unis avaient protesté la semaine dernière contre le projet de loi voté à Saint-Pétersbourg, un texte jugé liberticide par Washington. La Russie a de son côté accusé Washington d’«ingérence» (lire article).
 
Les militants homosexuels sont très mal vus en Russie. L’homosexualité y était considérée comme un crime jusqu’en 1993, et comme une maladie mentale jusqu’en 1999, bien après la chute du régime soviétique en 1991. Les gay prides qu’ils essayent d’organiser depuis 2006 sont interdites par les autorités et dispersées sans ménagement par la police.

 
 
 
PORTRAIT. Pour la première fois de son histoire, la Belgique sera dirigée par un gay assumé. Elio Di Rupo mènera une coalition hétéroclite associant socialistes, libéraux et centristes. Le gouvernement nouvellement formé prêtera serment mardi.
 
C’était devenu une mauvaise blague belge. Aujourd’hui, 540 jours après s’être rendu aux urnes en juin 2010, les Belges ont enfin un gouvernement. A sa tête, un homme qui s’est forgé une stature d’homme d’Etat et une réputation de fin stratège au fil de ces longs mois de négociation: Elio Di Rupo.
 
 
Italiens immigrés
C’était pourtant loin d’être gagné. Car l’actuel maire de Mons n’est pas seulement le premier Premier ministre ouvertement gay de l’histoire du pays. C’est aussi la première fois qu’un homme issu de l’immigration accède à cette fonction. Et c’est encore la première fois depuis plus de 30 ans qu’un francophone prend les commandes de la Belgique. Il a en plus le défaut d’être socialiste alors que la Flandre vote à droite.
 
Agé de 60 ans, Elio Di Rupo naît dans une famille italienne immigrée en Belgique pour travailler dans les mines. Le père décède alors que le petit Elio est âgé d’un an à peine. Il sera élevé par sa mère et sa sœur aînée. Après un doctorat en chimie, il se lance en politique et exercera diverses hautes fonctions à partir des années 80. Depuis 1999, il préside le PS francophone.
 
Coming out en 2001
Dans un pays où la presse respecte la vie privée des élus, son homosexualité était inconnue du grand public jusqu’en 1996. Un jeune mythomane l’accuse de pédophilie alors qu’il est ministre fédéral. La Belgique est à l’époque secouée par l’affaire Dutroux, et il règne un climat de chasse aux sorcières. Le scandale a failli le pousser à la démission (c’était d’ailleurs ce que souhaitait certains membres du gouvernement). Finalement blanchi, il en restera meurtri. Dans une biographie qui vient de paraître, il raconte que la magistrate qui traitait son dossier avait confié à son avocat «il n’est peut-être pas pédophile, mais il est quand même homosexuel».
 
En 2001, Di Rupo sort officiellement du placard dans le magazine de la Fédération flamande des associations d’homosexuels. «Je crois qu’il est bien que je m’exprime maintenant, même si c’est difficile, dans la mesure où cela pourrait favoriser une plus grande égalité entre les gens», dit-il. Dans sa biographie, il raconte qu’une journaliste l’avait interpellé en lui demandant s’il était homosexuel. Il avait répondu «oui, et alors?».
 
Tiré à quatre épingles
Depuis lors, Elio Di Rupo vit son homosexualité de manière discrète. Les fêtards bruxellois ont parfois l’occasion de l’apercevoir dans les bars ou les boîtes du centre-ville. Mais il n’est jamais apparu en couple en public et est officiellement célibataire. L’homme est très soucieux de son image. Ses cheveux sont toujours uniformément noirs et personne n’ignore qu’il a eu recours à la chirurgie esthétique pour effacer quelques rides. Toujours tiré à quatre épingles, il a fait du nœud papillon son signe distinctif. Quand il quitte cet uniforme, il fait du sport dans une salle branchée et gay-friendly de la capitale. L’an dernier, il avait fait sensation devant la presse en inaugurant la piscine de Mons uniquement vêtu de son maillot de bain, faisant ensuite quelques longueurs, un exercice que peu de ministres de son âge pourraient accomplir sans être ridicules.
 
Il reste deux ans et demi avant les prochaines élections. Une éternité dans ce pays où les coalitions sont toujours fragiles et où chaque dossier peut devenir explosif. Entre conflits communautaires et austérité budgétaire, la vie du Premier ministre Elio Di Rupo ne sera pas un long fleuve tranquille.
 La décision est aussi claire que l’impatience avec laquelle elle était attendue. L’Europride 2013, qui avait déjà été attribuée à la ville de Marseille sera organisée par la LGP Marseille. Et personne d’autre!
 
En apprenant le choix de Marseille comme ville organisatrice, contre Tel-Aviv, pour cet événement d’importance en 2013 (lire article), la première question que se sont posée les Marseillais était: «Mais quel organisateur?» La cité phocéenne, en 2010, était en effet empêtrée dans une guerre des associations qui venait d’entraîner une bizarrerie: deux gays prides la même année organisées par des structures concurrentes!
 
 
L’association qui délivre les labels «Europride», l’European Pride Organisers Association (EPOA), a donc dû arbitrer le conflit qui commençait à sérieusement faire courir à Marseille le risque de perdre son statut de ville organisatrice. Le 18 octobre, lors de son assemblée générale annuelle, elle a donc convoqué les deux parties – la «lesbian & gay parade» (LGP) Marseille et Tous&Go – à un «grand oral».
 
 
Lettre ouverte
Et c’est à l’unanimité que le conseil a voté pour la LGP Marseille. Afin de clarifier les choses sur le terrain, l’EPOA a publié une lettre ouverte en français et en anglais annonçant la signature du contrat avec la LGP Marseille: «La LGP Marseille est la licenciée officielle pour l’EuroPride 2013» (voir le PDF). Le document se charge en outre de mettre les points sur les I: «Il est aussi très clair que le Conseil de l’EPOA et ses membres n’ont pas l’intention de confier la licence de l’EuroPride à Tous&Go. Nous avons été informés que Tous&Go répandait des informations incorrectes au sujet de la licence de l’EuroPride.»
 
La situation clarifiée, la nouvelle équipe de la LGP Marseille – avec en tête Gilles Dumoulin et Suzanne Katchian, respectivement président et secrétaire générale de la LGP Marseille n’ont plus qu’à s’atteler à la tâche.
 
Dix jours de fête
Les organisateurs ont déjà obtenu le label de «Marseille 2013, capitale européenne de la culture» et le soutien des collectivités. «La tâche que l’ont doit accomplir est herculéenne, mais cette fois nous pourrons enfin la mener paisiblement», confient-ils. Un million de personnes pourraient venir pour les festivités, qui devraient inclure village associatif, concert géant et bien sûr une gigantesque marche. Le tout durant dix jours, du 10 au 20 juillet 2013. Ce qui marquera au passage la vingtième édition de l’Europride.
 
Cette année, l’Europride était à Rome, attirant dans la Ville éternelle des centaines de milliers de personnes et la bénédiction de Lady Gaga, qui y a tenu un mini-concert de soutien (lire notre article). En 2012, année des Jeux olympiques de Londres, la capitale britannique accueillant la «WorldPride», aucun label Europride n’est décerné afin de ne pas lui faire concurrence. Et après Marseille, c’est Oslo, en Norvège, qui vient d’être choisie pour accueillir l’événement en 2014.
 
MISE À JOUR 29/11: Tous&Go radié de la CIF
Lors de son assemblée générale le week-end dernier, la Coordination Interpride France (CIF), qui fédère les lesbian & gay prides et les Marches des fiertés LGBT, a décidé de radier l’association Tous&Go pour non-respect de sa charte éthique – plus précisément «une situation comptable qui inquiète la CIF», indique un communiqué de l’association. Tous&Go est par conséquent déchu du droit, octroyé par la société Sofiged sous réserve d’adhésion à la CIF, d’organiser une marche sous le nom de «gay pride».
Tous&Go, de son côté, dénonce «de graves dysfonctionnements au sein de la CIF» et dénonce le flou de la charte éthique de l’organisation, ainsi que les conditions de sa radiation. Et annonce qu’elle va porter plainte afin de demander que sa radiation soit invalidée.
 
INTERVIEW. Le nouveau président de Flag!, qui représente les policiers et gendarmes homos, fait le point sur ses revendications et sur les moyens d’améliorer les contacts entre forces de l’ordre et victimes d’homophobie.
 
 Cela faisait quelques années que l’on n’entendait plus parler de Flag!, l’association des personnels LGBT de la police nationale et de la gendarmerie qui vient de célébrer son dixième anniversaire. Et pour cause: depuis deux ans environs, l’association de 500 membres* s’était focalisée sur l’aspect convivial de ses activités, au détriment du combat pour faire avancer les droits des membres des forces de l’ordre homos.
 
 
Mais depuis le 8 octobre et l’élection de son nouveau bureau, l’association signe son retour sur la voie des revendications. Pour le faire savoir, une délégation s’est rendue la semaine dernière au ministère de l’Intérieur où elle a rencontré Marie-France Moneger-Guyomarc’h, directrice adjointe des ressources humaines de la police (DRCPN): l’occasion pour nous de faire le point avec Mickaël Bucheron, son nouveau président, sur le nouveau Flag!.
 
TÊTU: Quel sens donnez-vous à votre arrivée à la tête de Flag?
Mickaël Bucheron: Les adhérents ont marqué leur volonté de revenir sur le fond: la lutte contre l’homophobie et contre les discriminations. Tout en poursuivant quelques-uns des événements comme les tea-dance, nous avons donc ressorti notre ancienne plate-forme de revendications et demandé à être entendus par le ministère de tutelle des policiers. Chose faite la semaine dernière. Le bon signe, c’est qu’on a été reçu longtemps, plus d’une heure trente, et l’accueil a été très bon. Nous devons y retourner début 2012 pour voir concrètement sur quels dossiers on peut avancer.
 
Quelles sont vos revendications?
En termes juridiques, il subsiste des inégalités même entre policiers et gendarmes puisque ces derniers, comme les militaires, continuent de toucher la pension d’invalidité de leur pacsé décédé, contrairement aux policiers. On réclame aussi, pour tous, la pension de réversion, l’inscription automatique du pacs dans la feuille annuelle de notation des policiers. On voudrait que le respect de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre soit inscrit dans le code de déontologie comme dans le règlement général des policiers.
 
Une façon de sensibiliser les forces de l’ordre aux questions LGBT, donc… Et justement en termes de formation, que réclamez-vous?
Nous voulons de l’affichage dans les commissariats, un vrai module dédié au sein de la formation initiale des policiers, de l’information spécifique dans le memento procédural (formation continue) et dans le rappel de la loi (qui accompagne une nouvelle affectation)…
 
Une partie du travail de Flag! est aussi d’aider les victimes d’homophobie dans leurs contacts avec la police. Que peut-on améliorer?
Le préalable pour améliorer ces contacts, c’est la formation des policiers. A part cela, il faut sensibiliser la population pour l’inciter à déposer plainte lorsqu’elle est victime d’une agression homophobe. Cela se fait dans les bars aux Pays-Bas avec une communication officielle, pourquoi pas chez nous? Ce serait un signe très fort. On voudrait aussi un indicateur national des agressions homophobes, comme cela existe pour les agressions antisémites par exemple, et qui serait plus complet que le rapport annuel de SOS homophobie. On veut que la Journée mondiale contre l’homophobie et la transphobie soit prise en compte et que le système de policiers référents «homophobie» dans les commissariats soit autre chose qu’une simple promesse à l’Idaho (lire notre article, NDLR).
 
Et finalement, quel message voulez-vous faire passer aux homos amenés à contacter les services de la police?
Il ne faut pas hésiter à franchir les portes des commissariats ou des gendarmeries. Je sais qu’on peut appréhender un accueil pas très cordial, mais il faut absolument déposer plainte, signaler tout acte homophobe en amenant autant que possible des éléments concrets de preuve. Si cela ne se passe pas bien, on peut essayer un autre hôtel de police ou gendarmerie si c’est possible, ou bien, pourquoi pas, nous écrire par mail et par courrier. On peut tenter de débloquer les réticences de policiers. Quoi qu’il en soit, il faut faire évoluer les mentalités, et cela passe aussi par la mise au jour de l’homophobie.
 
* Flag! compte environ 500 membres et trois délégations régionales à Marseille, Nantes et Lille (d’autres sont en cours de reformation).
«Mon homosexualité n’est pas un secret» affirme Franck Riester dans le bi-hebdomadaire «Le Pays Briard». En septembre, il avait confié à TÊTU «en off» ses interrogations sur le sujet
 
 
Depuis plusieurs mois, le député-maire UMP de Coulommiers (Seine-et-Marne), Franck Riester, était engagé dans une réflexion personnelle sur un éventuel coming out public et politique. Rencontré par TÊTU pour le dossier «Jeunes politiques» publié en septembre, il nous avait fait part «en off» de ses interrogations sur le sujet, mais celui qui est aussi le secrétaire national UMP chargé de la communication, avait préféré encore attendre. Il nous avait alors expliqué qu’il ne voulait pas associer ce geste symbolique et personnel à ses récentes prises de position sur le mariage. Question de timing donc.
 
Pour l’homoparentalité
En juin dernier, il avait en effet voté – comme de rares députés UMP – en faveur de la proposition de loi socialiste pour l’ouverture du mariage aux homos. Il avait alors expliqué dans une déclaration publique dans l’hémicycle les raisons de son geste. En septembre, dans TÊTU, il confiait: «Sur les questions de société, on doit s’exprimer en âme et conscience. Cela dépasse les différences politiques.» Dans ce numéro, il s’était également prononcé pour l’homoparentalité: «Un grand nombre de gens, par ignorance, ne s’aperçoivent pas que les familles sont aujourd’hui multiples.»
 
Aujourd’hui mardi, il s’est donc décidé à faire son coming out dans un entretien au journal local Le Pays Briard, après qu’un élu d’opposition l’a pris à partie lors du dernier conseil municipal du 28 novembre. À cette occasion, Pascal Thierry (PS) avait lancé à l’évocation de la «couverture mixte» d’un nouveau terrain de sport de la ville: «Si la couverture est mixte, il ne faudrait pas être gay…». Interrogé à la fin de la réunion, Pascal Thierry avait tenté de se justifier, en des termes rapportés par la précédente édition du Pays Briard: «Je n’aime pas trop les piques que le maire m’envoie. Il dit que je suis un homme du passé. Moi aussi je peux le chatouiller.»
 
Seul député ouvertement gay
C’est donc quelques jours après cet incident qu’il a choisi de faire son coming out à la fin d’une longue interview accordé au Pays Briard sur le développement économique de sa ville. À la question du journaliste «Une semaine plus tard, que pensez-vous du dérapage de Pascal Thierry lors du dernier conseil municipal?», il a répondu simplement par ces mots: «C’est insignifiant. Il semblerait que ces allusions m’étaient destinées et cherchaient à m’atteindre. Si c’est le cas, c’est raté car mon homosexualité n’est pas un secret. Je partage ma vie avec mon ami depuis longtemps. Pour autant, je n’ai jamais fait étalage de ma vie privée et continuerai à agir de la même manière. La seule chose qui compte pour moi en tant qu’élu, c’est mon travail et mon action au service de la population.» Franck Riester devient le premier député de l’actuelle mandature à être aujourd’hui ouvertement gay.
 
 
 
16h30: Réaction du conseiller municipal PS   
Pris dans les feux de cette actualité, le conseiller municipal PS Pascal Thierry publie un texte intitulé «Droit de réponse» sur le blog du groupe socialiste de Coulommiers. Envoyé aux rédactions ayant traité l’info avec tout de même un mot d’excuse «auprès de la communauté homosexuelle qui aurait pu être blessée des propos sortis du contexte, loin était l’intention de Pascal Thierry», le billet lui-même préfère attaquer le journaliste du Pays Briard.
 
«Le seul “dérapage” contrôlé a été celui du journaliste présent ce soir-là», accuse Pascal Thierry dans son texte. Selon lui, que le journaliste ait «trouvé qu’un jeu de mots lancé dans le feu des débats puisse être mal placé ne lui donnait aucun droit d’aller en chercher une explication auprès de M. le député-maire»… Le conseiller PS se défend d’avoir voulu lancer une attaque personnelle envers le maire, et se dit d’accord avec celui-ci certains sujets, notamment le mariage des homosexuels que le député a voté à l’Assemblée – un vote pour lequel Pascal Thierry dit l’avoir félicité.