La nouvelle loi fondamentale hongroise, très controversée, est entrée en vigueur hier à l’initiative du premier ministre conservateur Viktor Orban. Les homos et les femmes sont les premiers à pâtir de ce nouveau texte.
 
Critiqué et qualifié d’«autocrate» par l’opposition de gauche et écologique et par de nombreux mouvements de la société civile hongroise, faisant fi des critiques de l’Union européenne quant à la compatibilité des lois promulguées avec le droit communautaire, ignorant les inquiétudes de Washington sur «la démocratie» dans son pays, le premier ministre Viktor Orban (photo) fait front. Depuis 18 mois, il remodèle la Hongrie comme il en a envie, s’appuyant sur une majorité des deux-tiers au Parlement du parti conservateur dont il est le chef de file, le Fidesz.
 
L’avortement en danger
Une nouvelle Constitution hongroise, aux accents très nationalistes et de ce fait très controversée, est entrée en vigueur hier. Elle inclut des mesures que l’opposition qualifie de liberticides et touche à toutes les sphères de la société. Notamment aux droits des LGBT, auxquels elle porte un sacré coup d’épée: la Constitution stipule désormais que le mariage ne peut avoir lieu qu’entre un homme et une femme, excluant logiquement les unions entre personnes de même sexe.
 
La nouvelle Constitution touche aussi aux droits des femmes en décrétant que l’embryon est un être humain dès le début de la grossesse, ce qui fait craindre à des mouvements de la société civile et à l’opposition que l’avortement sera désormais difficile (une loi de 1986 autorise actuellement l’interruption volontaire de grossesse. Le délai légal de 12 semaines peut être prolongé en cas de viol ou sur indication médicale).
 
«Dieu bénisse les Hongrois»
Autre changement -pour le moins révélateur- induit par la nouvelle Constitution, l’appellation «République de Hongrie» disparaît au profit de la seule «Hongrie». Dans le nouveau texte figure aussi une référence explicite à «Dieu»: «Dieu bénisse les Hongrois».
 
Parmi ces lois, certaines ont une valeur constitutionnelle et ne pourront donc être modifiées que par une majorité des deux-tiers des députés. Or, il est peu probable à l’avenir qu’un gouvernement issu de l’opposition dispose d’une telle majorité.
 
«Nationalisme xénophobe»
Guy Verhofstadt, ancien Premier ministre belge et president des Libéraux au Parlement européen, considère la nouvelle Constitution hongroise comme le «cheval de Troie d’un système politique plus autoritaire fondé sur la perpétuation du pouvoir d’un seul parti». Un éditorialiste du Guardian, quotidien britannique, craint quant à lui que «le nationalisme xénophobe de M. Orban devienne la norme» en Europe centrale.