Plan gouvernemental de lutte contre l’homophobie et la transphobie – La FÉDÉRATION LGBT salue cette première et reste vigilante quant à son application effective
 
Mercredi 31 octobre, Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes et porte-parole du gouvernement, a dévoilé au conseil des ministres son plan d’action contre les violences et les discriminations commises à raison de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre.
 
Fruit d’une mission interministérielle confiée par Matignon à Najat Vallaud-Belkacem, ce plan d’action gouvernementale, contre l’homophobie et la transphobie, reprend nombre des propositions issues des groupes de travail associatifs, auxquels la FÉDÉRATION LGBT a participé. Ce plan engage le gouvernement et nombre de ministères.
 
La FÉDÉRATION LGBT salue ce que jusqu’alors aucun gouvernement français n’avait eu la volonté, ni le courage politique de faire. Cette avancée est un premier pas vers une politique plus générale de lutte contre les discriminations et les représentations homophobes et transphobes, encore tellement ancrées. Pour s’en persuader, il suffira de prendre connaissance des déclarations de celles et ceux qui s’offusqueront de ces mesures.
 
La FÉDÉRATION LGBT a pris note que parmi ses revendications, et celles de plusieurs autres associations -Act Up, Aides, l’Ardhis, le RAVAD- certaines seraient traitées par le ministère de la Santé de Marisol Touraine, hors ce plan d’action. Sont concernées : la création d’un nouveau critère légal de discrimination lié à la séropositivité (la sérophobie), le refus du dépistage obligatoire, la question de droits au séjour, des soins posthumes, de la création de centres de santé communautaires.
 
L’ouverture du mariage aux couples de même sexe et à l’adoption, contenus dans le projet de loi présenté mercredi prochain en Conseil des ministres, étaient également hors du périmètre de nos discussions avec la mission interministérielle. Pas plus que la filiation, a fortiori l’autorité parentale, et la PMA, les grandes absentes du texte gouvernemental.
Pour la FÉDÉRATION LGBT ces points devront faire l’objet d’amendements présentés par les députés lors du débat parlementaire.
 
Ce plan d’actions fera l’objet d’une évaluation dans six mois, tandis qu’un comité de suivi va être installé.
 
Tout en se félicitant du travail fourni par les associations LGBT, la mission interministérielle et ses représentants, la FÉDÉRATION LGBT sera particulièrement attentive à ce que l’annonce de ce plan d’actions ne vienne pas perturber les débats du projet de loi sur le mariage et de l’adoption par les couples homosexuels, et ses améliorations encore largement nécessaires.
 
La FÉDÉRATION LGBT note que l’annonce de ce plan n’a fait l’objet d’aucune communication précise de budget quant à son application.
 
La FÉDÉRATION LGBT sera aussi attentive à la refonte du système statistique des services de police et de gendarmerie, par les ministères de la Justice et de l’Intérieur. Elle a gardé le souvenir du dossier Edvige.
 
La FÉDÉRATION LGBT a ressenti beaucoup de résistances au changement d’état civil libre et gratuit en mairie pour une vie sociale digne des personnes transgenres. Elle prend acte de la saisine de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) mais elle sera particulièrement attentive à ses réponses. C’est en effet la CNCDH qui avait émis un avis défavorable, le 19 novembre 2004, à propos du projet de loi relatif à la lutte contre les propos discriminatoires à caractère sexiste ou homophobe. Un avis accompagné à l’époque de la position subsidiaire du cardinal Jean-Marie Lustiger. Reste à la CNCDH, grâce à ses nouveaux membres, à faire la démonstration d’un nouvel équilibre établi sans influence religieuse.
 
Le gouvernement peut encore saisir l’occasion de la reprise du travail, par deux sénatrices, de la proposition de loi engagée par Michèle Delaunay pour soutenir une nouvelle proposition de loi novatrice à l’exemple de la loi argentine et de la résolution 1728 (2010) du Conseil de l’Europe, au bénéfice des personnes trans et transgenres.
 
Parmi les mesures annoncées ce mercredi :
 
– La facilitation de l’accès des personnes transgenres à un numéro de Sécurité sociale provisoire pour éviter les ruptures sociales.
– La saisine de la CNCDH pour obtenir une définition précise de l’identité de genre et de son intégration au droit français, ainsi que ses recommandations concernant le changement d’état civil des personnes trans et transgenres.
– Dans le même temps, la reprise au Sénat, par Michelle Meunier et Maryvonne Blondin, de la proposition de loi de Michèle Delaunay afin de l’améliorer.
– La reprise du groupe de travail au ministère de la Santé sur le parcours de soins pour les personnes trans et transgenres.
 
– Le recueil et l’analyse des cas d’homophobie et de transphobie, ainsi que la publication annuelle de ces chiffres, dans le cadre de la refonte du système statistique des services de police, gendarmerie, par les ministères de la Justice et de l’Intérieur.
– La commande d’une enquête de victimation à l’INED, visant à connaître les faits de discrimination ou de violences dont les lesbiennes, les gays, les bi, les personnes transgenres ont pu être victimes dans les deux années précédant l’enquête.
– L’élaboration de trames d’audition pour mieux accueillir les victimes dans les commissariats et gendarmeries.
– L’introduction d’un module d’accueil des victimes LGBT dans le cadre de la formation initiale des policiers, gendarmes et infirmiers.
 
– Le soutien des pouvoirs publics et renforcement de la ligne d’écoute de SOS Homophobie.
– Le passage de 3 mois à 1 an du délai de prescription des insultes, diffamations et incitations à la haine et à la violence homophobes et transphobes, par la mise à l’ordre du jour au Sénat de la loi Quéré pour seconde lecture.
– La mission de surveillance de la Miviludes face aux prétendues thérapies de conversion.
– La déconstruction des mécanismes de discriminations par la formation et la sensibilisation de chacun dès le plus jeune âge dès l’école, dans le domaine de la recherche et de l’éducation à la sexualité effective.
– La facilitation des agréments des associations LGBT pour les interventions en milieu sco
laire.
– La prévention du suicide des jeunes LGBT comme priorité des ministères de l’Éducation et de la Santé.
 
– La mission du ministère de la Culture d’encourager les projets de représentations positives dans la société.
– La sollicitation du CSA pour des recommandations.
– La valorisation de l’histoire LGBT par des documentaires et le soutien à un futur centre d’archives LGBT.
 
– La fourniture d’outils spécifiques aux inspecteurs du travail.
– L’intégration de ces questions lors des discussions avec les partenaires sociaux.
– L’intégration de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre à la charte de l’égalité de la fonction publique.
 
– L’entrée des associations homoparentales à l’UNAF.
– La formation des infirmiers à ces questions pour un meilleur accueil des personnes âgées LGBT, afin de rompre leur isolement.
 
– La confirmation du combat de la France pour la dépénalisation universelle de l’homosexualité dans le monde par une résolution aux Nations Unies sous la houlette des pays du Sud.
– Le rappel de ce combat auprès de l’Union européenne et de l’Organisation internationale de la francophonie.
– La modification de l’application du droit d’asile pour les personnes LGBT persécutées dans leur pays.
– La formation spécifique des personnels de l’OFPRA.
La FEDERATION LGBT apporte son soutien à la 16e EXISTRANS, qui a aura lieu samedi 20 octobre à Paris, au départ de la place de la Bastille.
L’EXISTRANS est la marche des personnes trans et de celles et ceux qui les soutiennent.
 
« DES PAPIERS : SI JE VEUX, QUAND JE VEUX ! »
En choisissant ce slogan 2012, l’EXISTRANS rappelle qu’il est plus qu’urgent que l’État français mette immédiatement un terme, et sans condition, à la marginalisation des populations trans. En leur permettant, en premier lieu, d’obtenir des papiers conformes à leur identité de genre, grâce à un changement d’état civil libre et gratuit, en conformité avec la résolution 1728 du Conseil de l’Europe, déconnectant toute demande de changement d’état civil d’un quelconque parcours médical. Cette résolution a été votée en avril 2010 par la France mais elle ne l’a appliquée.
 
C’est pourtant cette résolution que l’Argentine applique dans sa loi du 9 mai 2012, prévoyant la modification de la mention du genre à l’état civil sur simple déclaration et sans obligation de traitement hormonal, psychiatrique ou médical.
 
Stigmatisation et suicide
Chaque jour des personnes transgenres sont stigmatisées, voire acculées au suicide. Le 17 septembre dernier, Karima, porte-parole de l’association Les Myriades Trans à Limoges, à qui la justice refusait depuis des années son changement d’état civil, mettait fin à ses jours.
 
Malgré la création en juillet dernier d’un 19e critère légal de discrimination, la transphobie, sous l’appellation d’identité sexuelle (au lieu d’identité de genre), il n’en demeure pas moins que les personnes transgenres sont précarisées, en raison de papiers non conformes à leur apparence, dans de nombreux domaines de leur vie quotidienne de citoyen(ne)s.
 
 
Si la FEDERATION LGBT soutient en premier lieu le changement d’état-civil sans condition, sans obligation de stérilisation et de suivi psychiatrique, elle exige aussi le démantèlement immédiat des équipes hospitalières françaises, qui continuent à qualifier les personnes trans de “malades” et dont le niveau technique est très inférieur aux standards internationaux.
 
C’est pourquoi la FEDERATION LGBT partage les autres revendications de l’EXISTRANS 2012 :
 
– Le libre choix des médecins, avec le maintien des remboursements des parcours de transition en France ou à l’étranger.
– La reconnaissance de la transphobie comme discrimination liée à l’identité de genre et non à l’identité sexuelle.
– La lutte contre la transphobie par des campagnes nationales de sensibilisation.
– La formation et la sensibilisation des personnels en contact avec les personnes trans (santé, éducation, social, administratif, justice, etc.).
– Des recherches sur les interactions entre ARV et hormonothérapie, et sur les effets de la prise d’hormones à long terme.
– Plus de campagne de prévention contre le VIH/Sida, les Hépatites et les IST en direction des personnes trans.
– L’abolition de la loi sur le racolage public et le refus de la pénalisation des clients des travailleurSES du sexe, qui aggravent la précarité des personnes trans concernéEs.
– Le respect de l’identité de genre et l’amélioration des conditions des personnes trans en prison.
– Faciliter la régularisation des personnes trans migrantes.
– Le démantèlement immédiat des équipes hospitalières en charge des questions trans.
 
Alors qu’un projet de loi ouvrant le mariage à tous va être présenté au Conseil des ministres le 31 octobre 2012, « a minima » car n’accordant pas – dans l’état actuel de ce que nous savons du projet – l’égalité entre les couples quelle que soit leur orientation sexuelle, nous nous interrogeons aussi sur la réelle volonté du gouvernement d’en finir avec les discriminations des personnes transgenres par l’État français.
 
La ministre de la Justice au centre de la transphobie d’État.
 
Aujourd’hui encore, Mme Christiane Taubira, Ministre de la Justice, symbolise le refus par l’État français de délivrer aux personnes transgenres des papiers d’identité reflétant leur identité de genre sans preuve de stérilisation chimique ou chirurgicale, et cela dans la continuité de son prédécesseur au sein du gouvernement UMP, M. Michel Mercier. Pour rappel, voici la réponse du dernier ministre de la Justice de Nicolas Sarkozy (n° 14524, JO Sénat du 30/12/2010) à la question écrite de Mme Maryvonne Blondin, concernant la procédure du changement d’état civil des personnes transgenres et stipulant : […] le caractère irréversible peut résulter de l’hormonosubstitution, ce traitement gommant certains aspects physiologiques, notamment la fécondité, qui peut être irréversible. Il appartient aux personnes concernées d’en rapporter la preuve […]. Sur ce point, rien n’a changé !
 
Pourtant, sans changement d’état civil libre et gratuit, la personne ne peut faire valoir l’ensemble des droits qu’un État Républicain doit garantir à l’ensemble de ses citoyens.
 
Ensemble, les ministères de la Justice et de la Santé (les exécutants de la stérilisation via les différentes équipes médicales hospitalières) continuent en toute impunité à traiter les personnes transgenres comme des citoyens et citoyennes de seconde zone. Et ce n’est pas l’adoption cet été d’une vague « identité sexuelle », non clairement définie, qui va nous rassurer sur la volonté du gouvernement de respecter la parole donnée par la France au Conseil de l’Europe lorsqu’elle a voté été voté la Résolution 1728 (2010).
 
Il faut une véritable de loi reconnaissant l’identité de genre comme une liberté fondamentale !
 
Le retard de la France concernant l’identité de genre et les droits humains est un fait. Il est plus que temps maintenant pour le gouvernement socialiste de présenter un projet de loi ambitieux, authentiquement républicain. Une consultation des associations a été mise en place, à la demande du
 
Premier ministre, par la ministre des droits des femmes et porte-parole du gouvernement, Mme Najat Vallaud-Belkacem. L’Association nationale transgenre (A.N.T.), qui y participe depuis le début, a apporté au gouvernement ses contributions et ses argumentaires (PJ).
 
Fondées sur des textes fondamentaux comme « Les Principes de Jogjakarta – principes sur l’application de la législation internationale des droits humains en matière d’orientation sexuelle et d’identité de genre », « Droits de l’homme et identité de genre » (texte élaboré par le Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, M. Thomas Hammarberg), et sur la résolution 1728 (2010) du Conseil de l’Europe, nos propositions reposent sur un socle républicain prenant en compte les avancées démocratiques européennes et sur une vision moderne et apaisée de la société française, où l’homophobie, la transphobie et le sexisme n’auraient plus leur place !
 
Le gouvernement de M. Ayrault est au pied du mur en matière de choix de société : les valeurs de la République ne doivent pas être dévalorisées ! La Liberté, l’Égalité et la Fraternité ne sont pas une option, mais des notions essentielles pour la cohésion d’une société, la nôtre, qui en a aujourd’hui plus que jamais besoin !
 
Pour l’Association Nationale Transgenre,
Delphine Ravisé-Giard
Secrétaire nationale
Dans quelques jours, la communauté des Lesbiennes, Gays, Bisexuels, Transgenres, Queers et Intersexes allumera sa sixième bougie pour fêter notre journée nationale « TEN TEN » qui coïncide avec le 10 Octobre de chaque année.
 
Après les milliers de bougies allumées, qui exprimaient l’espoir, nous arrivons aujourd’hui à faire le bilan d’une année de mobilisation sans égal. En effet, en plus de l’adhésion et de l’intégration de beaucoup des nôtres à notre lutte quotidienne pour notre droit à vivre dignes, nous pouvons également comptabiliser les nombreux militants du monde de la société civile qui nous ont rejoints en leur nom propre ou celui de leurs organisations pour dire que notre combat est désormais devenu le leur aussi. Il est clair aujourd’hui qu’aucune bataille pour une citoyenneté entière et indivisible en Algérie ne pourra se faire sans la force des militants LGBTQI algérien.
 
Grâce aux efforts incessants d’Abu Nawas, nous sommes parvenus à faire entendre notre voix au-delà des terres d’Algérie et rallier à notre lutte un énorme soutien international. Ceci s’est d’ailleurs concrétisé en action, quand en mai dernier à Genève durant l’Examen Périodique Universel, le gouvernement algérien a été interpellé dans le but de supprimer la loi 338 du code pénal qui encore aujourd’hui criminalise l’homosexualité.
Nous laissons donc l’espoir et la mobilisation continuer à nous forger et choisissons pour l’année qui arrive le chemin de l’Union, celle de tous les activistes de la cause, de toutes les organisations qui activent sur le terrain pour dire que nous restons déterminés et ce malgré toutes les contraintes à conquérir nos droits les plus élémentaires et notamment le plus naturel d’entre eux, celui d’être considérés comme des « Êtres Humains ».
 
Nous invitons donc toutes les énergies individuelles et collectives, ici ou ailleurs, à rallier notre union, car les droits humains sont l’affaire de chacun d’entre vous et que nul ne peut en être exclu. De ce fait, nous vous prions de bien vouloir commémorer cette journée comme chaque année en allumant une bougie le Mercredi 10 Octobre 2012 à 20h. Aussi loin l’une de l’autre peuvent ces bougies être allumées, elles resteront très représentatives de l’union de nos forces quant à notre combat pour notre droit à la différence.
 
Chaque année à la même date, la communauté LGBT algérienne se réunit pour célébrer sa journée, symbolisée par un acte simple, celui d’allumer une bougie le 10 Octobre à 20h00.
 
Cette année, pour sa 6ème édition, le Tenten se fête autour de l’Union, un thème fort pour dire à tous que peu importe nos différences, peu importe nos origines, pour le Tenten, la communauté LGBT forme une seule entité avec une seule voix pour briser les chaines du silence et démontrer notre existence.
 
Rappelons-le, en Algérie l’homosexualité est pénalisée par les lois 333 et 338 du code pénal. C’est pour cette raison qu’une association telle qu’Alouen, luttant contre toute forme de discrimination et de violence à l’égard de la communauté LGBT, fait en sorte de rendre le Tenten (Journée Nationale des LGBT Algériens) connu de tous, pour sensibiliser l’opinion publique et changer les lois.
 
Nous comptons ainsi sur votre collaboration en relayant l’information afin de nous aider dans notre lutte et permettre à l’individu quel que soit son orientation sexuelle de vivre sans peur et sans craindre la loi de son propre pays.
 
Nous vous laissons découvrir  notre communiqué de presse et notre affiche pour la 6ème Journée Nationale des LGBT Algériens, sans oublier la vidéo promotionnelle que vous pouvez consulter sur le lien suivant : http://youtu.be/N7nxcQTqTVs
 
Pouvez également nous suivre sur facebook: http://www.facebook.com/TentenJourneeNationaleDesLgbtAlgeriens
 
En vous remerciant d’avance pour toute l’aide que vous pouvez nous apporter.
 
Bien cordialement.
 
Coordinateur Général
Association Alouen
COMMUNIQUÉ DE PRESSE interassociatif 4 octobre 2012 
 
EXISTRANS #16 – 20 OCTOBRE 2012 – 14H – PLACE DE LA BASTILLE 
 
L’Existrans : la marche des personnes trans et de celles et ceux qui les soutiennent aura lieu cette année le 20 octobre.
 
Le cortège partira de la Place de la Bastille à 14h pour une marche symbolique et pragmatique où chacunE est attenduE afin de venir scander et défendre les revendications du collectif.
 
Pour cette seizième édition, et dans un climat politique où le changement semble être l’objectif de touTEs, nous comptons bien faire entendre nos voix afin que cesse la transphobie ordinaire impulsée par l’Etat français.
 
« DES PAPIERS : SI JE VEUX, QUAND JE VEUX ! »
 
Nous attendons de l’État français l’arrêt immédiat et sans conditions de la marginalisation des populations trans.
 
Les communautés trans sont quotidiennement stigmatisées. Emploi, logement, sécurité, justice, prestations sociales, actes administratifs : aucun domaine n’échappe à la précarité dans laquelle nous sommes plongéEs. Sans état-civil conforme à notre genre identitaire et/ou à notre apparence, chacune des actions de la vie quotidienne devient un parcours du combattant.
 
Il arrive d’ailleurs que face à ces difficultés, au rejet, aux violences transphobes qui peuvent aller jusqu’au meurtre, certaines personnes trans craquent et se suicident. Stop ! Il faut que cela change !
 
Si la possibilité d’avoir des papiers en conformité avec son identité de genre est un enjeu central dans ce combat pour plus de dignité, il n’en reste pas moins qu’un enjeu parmi d’autres tout aussi importants. 
 
Ainsi, nous demandons à ce jour et sans délai :
 
– Le changement d’état-civil sans condition, sans obligation de stérilisation et de suivi psychiatrique
 
– Le libre choix des médecins, avec le maintien des remboursements des parcours de transition en France ou à l’étranger
 
– La reconnaissance de la transphobie comme discrimination liée à l’identité de genre et non à l’identité sexuelle
 
– La lutte contre la transphobie par des campagnes nationales de sensibilisation
 
– La formation et la sensibilisation des personnels en contact avec les personnes trans (santé, éducation, social, administratif, justice, etc.)
 
– Des recherches sur les interactions entre ARV et hormonothérapie, et sur les effets de la prise d’hormones à long terme
 
– Plus de campagne de prévention contre le VIH/Sida, les Hépatites et les IST en direction des personnes trans
 
– L’abolition de la loi sur le racolage public et le refus de la pénalisation des clients des travailleurSES du sexe, qui aggravent la précarité des personnes trans concernéEs
 
– Le respect de l’identité de genre et l’amélioration des conditions des personnes trans en prison
 
– Faciliter la régularisation des personnes trans migrantes
 
– Le démantèlement immédiat des équipes hospitalières en charge des questions trans
 
Craignons la transphobie et les discriminations, pas les trans !
 
Il est urgent que ces mesures légitimes, cohérentes et vitales soient prises en compte afin que chacunE puisse vivre décemment et librement, en conformité avec les principes fondamentaux de notre république, fondée sur le respect de la dignité humaine ainsi que sur le droit à disposer de son corps. Des principes à valeur constitutionnelle. Si la France est le pays des droits de l’homme : qu’elle le montre !
 
Si nous soulignons le petit pas en avant opéré à l’occasion du débat sur la loi concernant le harcèlement sexuel, ayant introduit la transphobie dans le code pénal*1, cela n’est cependant pas suffisant !
 
L’adoption de ce texte ne doit pas reléguer au second plan les autres revendications des communautés trans ! Les petits pas ne doivent pas nous épargner d’en faire de grands !
 
La France va-t-elle enfin sortir de l’âge de pierre et faire l’effort d’adapter sa législation aux préconisations européennes telles que la résolution 1728, ou encore aux principes de Jogjakarta comme c’est le cas depuis le mois de mai 2012 en Argentine ? Sur la question des droits de l’Homme, une sérieuse mise à niveau s’impose !
 
Il existe aujourd’hui une réelle opportunité d’éradiquer de façon pérenne le règne de la stigmatisation et l’omerta gouvernementale : saisissons-la et soyons nombreuSESX le 20 octobre prochain afin de faire entendre la voix des trans oubliéEs, fantômes de la République, invisibles dépossédéEs de leurs identités !*2
 
Le changement c’est maintenant : le gouvernement a pris des engagements, il doit maintenant prendre ses responsabilités et les appliquer !
 
 
*1 La France a voté sa nouvelle loi n° 2012-954 du 6 août 2012 relative au harcèlement sexuel, en y introduisant un nouveau motif de discrimination fondée sur l’identité sexuelle dans l’article L. 225-1 du code pénal.
 
*2 En France, il n’y a même pas de statistiques officielles, dûment accessibles, recensant et/ou estimant le nombre de trans. En comparaison, l’Angleterre comptabilise près de 300 000 personnes trans. 
 
  • CONTACTS PRESSE : Camille Barré 06 87 45 79 80 / Ali Aguado 06 32 41 68 86 
  • SIGNATAIRES : Collectif Existrans 2012, Acceptess-T, Acthe, Act-Up Paris, ADHEOS Centre LGBT de Charente-Maritime, AIDES, Association Nationale Transgenre (A.N.T.), Centre LGBT de Nantes, Comité IDAHO, Coordination InterPride France (CIF), Diana Prince Club, Fédération LGBT, Fédération Total Respect|Tjenbé Rèd, Grisélidis, Homosexualités et Socialisme (HES), ID Trans’, Inter-LGBT, le STRASS, Lesbian and Gay Pride de Lyon, Les Flamands Roses, Les Tumultueuses, l’Observatoire Des Transidentités, Rainbow Brest, SIS association, Sœurs de la Perpétuelle Indulgence Couvent de Paname, Trans’ Act !, Txy.fr, OUTrans, Quazar – Centre LGBT d’Angers, What The Film!
  • SOUTIENS : Centre LGBT Paris – Île-de-France, FLAG!, Genres Pluriels, Mix-Cité Paris, Sidaction, SOS Homophobie
Communiqué de presse COMITE ASSOCIATIF IPERGAY
 
Sollicité en juin 2012 quant à la continuité de l’essai Ipergay par Jean-François Delfraissy, directeur de l’ANRS, le comité associatif publie ses premiers éléments de réponse en amont de la rencontre avec le Conseil Scientifique de l’’essai. Une version de l’ensemble des éléments avancés par chacune des associations du comité sera publiée dans les prochaines semaines afin de compléter ce premier avis qui fait état des points de consensus, et des positions clairement majoritaires des structures s’étant exprimées.
 
De façon unanime, le comité associatif réaffirme l’intérêt d’étudier l’intermittence d’une PrEP centrée autour des périodes d’activité sexuelle des gays. Nous soulignons que la haute qualité d’accompagnement mise en place dans les trois centres d’investigation constitue un atout pour les personnes suivies, et un élément majeur pour l’adhérence à la stratégie devant servir de référence.
 
Très majoritairement (1), les associations du comité pensent que l’avis de la FDA (2), les recommandations de l’OMS (3), les recommandations du CNS, et celles du groupe d’experts français (4) constituent un changement de contexte qu’il convient de considérer dès à présent quant à la manière d’étudier l’intermittence d’une PrEP orale.
 
Le comité associatif souhaite la mise en place d’une PrEP en continu selon le cadre des recommandations du groupe d’experts français. Il est clair qu’une PrEP orale au Truvada prise quotidiennement apporte un bénéfice réel pour les gays s’exposant aux risques de transmission du VIH. Selon nous, ce bénéfice est double, puisque ces personnes, en plus d’un effet protecteur du Truvada, pourraient dès à présent bénéficier d’un accompagnement personnalisé, quand auparavant peu ou pas de solutions leurs étaient proposées (5).
 
Au-delà du fait que le placebo représente un frein au recrutement et à l’adhésion des communautés, le comité pense qu’il peut aussi représenter une perte de chance pour ceux qui le reçoivent (6). Nous souhaitons dès à présent que des comités d’éthiques (7) se saisissent de cette question pour enrichir notre point de vue.
 
Sur la question des designs les plus pertinents pour étudier la PrEP intermittente, le comité n’a pas d’avis clairement défini (8). Par contre, le comité souligne qu’au-delà des questions scientifiques liées à l’efficacité de la stratégie d’intermittence, il est tout autant prioritaire de pouvoir étudier, dès à présent, la manière dont les gays vont s’approprier cette stratégie biomédicale dans leur vraie vie. Il est urgent d’apporter des éléments de réponse quant aux modifications comportementales qui peuvent survenir en conditions réelles d’usage d’une PrEP, qu’elle soit en continu, ou en intermittence.
 
En conclusion, le comité associatif pense qu’Ipergay n’est acceptable qu’à la seule condition que les participants puissent avoir une possibilité d’accès, dans le cadre d’une étude de suivi respectant scrupuleusement les recommandations des experts français, à la stratégie ayant démontrée la meilleure efficacité : c’est-à-dire pour l’heure, à une prise quotidienne de Truvada renforcée d’un accompagnement de haute qualité. Nous attendons de l’ANRS et du Conseil Scientifique d’Ipergay qu’ils s’engagent pour que ces conditions d’acceptabilité soient mises en place dans les plus brefs délais. Sans cette garantie, les associations pensent que les conditions de sécurité ne sont pas réunies pour les participants, et recommandent l’arrêt de l’essai Ipergay.
 
  • Les associations signataires :
ALS, Boucle Rouge, Fédération LGBT, FGL LYON, HM2F, Keep Smiling, SNEG et Warning.
comiteassociatif@ipergay.com
 
  • Notes :
1 – Face à l’impossibilité d’une unanimité, une motion, visant à refléter les positions ayant une majorité absolue des avis exprimés, a été adoptée pour rédiger cet avis.
 
2 – La Food and Drug Administration (Agence du médicament américaine) a autorisé le 16 juillet 2012 la prescription du Truvada quotidiennement en prévention pour les gays s’exposant au VIH par leurs pratiques sexuelles.
 
3- L’Organisation Mondiale de la Santé a publié un guideline pour les usages de PrEP orale au Truvada.
 
4 – Le Conseil National du Sida, et le Groupe d’experts chargé d’émettre des recommandations sur la prise en charge médicale des personnes infectées par le VIH sous la direction du Pr Patrick Yeni, ont émis des recommandations visant à encadrer les usages de PrEP orale au Truvada en France.
 
5 – Act Up-Paris ne soutient pas ce point.
 
6 – Pour Act Up-Paris, le SNEG et les Flamands Roses, le placébo ne représente pas une perte de chance, mais un moyen de protection contre les désinhibitions comportementales pouvant survenir.
 
7 – Le Comité de Protection des Personnes et le Comité Indépendant de l’essai Ipergay sont deux instances éthiques pouvant se saisir de cette question pour apporter des éléments de réponse.
 
8 – Warning s’est prononcée pour l’arrêt immédiat du placebo. Act Up-Paris, le SNEG et les Flamands roses souhaitent conserver le placebo dans l’essai, et une majorité absolue (ALS, Boucle Rouge, Fédération LGBT, FGL, HM2F et Keep Smiling) s’est prononcée pour la continuité du placebo à la seule condition que les participants qui le désirent puissent avoir accès à une prise de PrEP au Truvada quotidienne dès à présent.