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Le plan interministériel de lutte contre les LGBTIphobies, dévoilé aujourd’hui par le gouvernement, intègre de manière encourageante certaines recommandations de la Fédération LGBTI+. Nous saluons en particulier le soutien financier apporté au fonctionnement des Centres LGBTI+, une mesure essentielle pour le soutien des territoires et la lutte quotidienne contre l’homophobie et les discriminations anti-LGBTI+.

Ce n’était pas gagné. Notre Fédération a fait le pari d’adopter une approche certes critique, mais constructive. Nous tenons à remercier la DILCRAH et le Ministère délégué à l’égalité pour leur écoute active et leur soutien constant depuis des mois. La reconnaissance de ces revendications, qui bénéficient du soutien unanime de la plupart des associations LGBTI+ nationales, montre que le dialogue et la collaboration peuvent produire des résultats tangibles. La mobilisation des Centres LGBT+ dans les territoires, au cours de la campagne “SOS Centres LGBTI+” a fini par payer !

Nous sommes soulagé·e·s de savoir que les Centres LGBTI+ peuvent continuer à se concentrer sur leurs missions essentielles, sans craindre des licenciements et des fermetures de programmes dans les deux ou trois prochaines années. Nous avons évalué les besoins des Centres LGBTI+ à 3,15 millions d’euros, au minimum. La pérennisation du fonds exceptionnel à hauteur de 10 millions d’euros sur la durée du plan (2023-2026) est donc une victoire incontestable de la Fédération LGBTI+ et de l’ensemble des Centres et associations LGBTI+. C’est un début très prometteur et stimulant, première étape indispensable avant la pleine reconnaissance des Centres LGBTI+.

Nous notons par ailleurs des mesures significatives portées par les associations :

  • Les mesures en faveur des séniors LGBT+ sont reprises in extenso dans le texte final, et prennent en compte plus particulièrement le vieillissement et le VIH.
  • L’axe “formation” est remarquable et intègre la formation en CFA
  • La réunion plus systématique des CORAH dans les territoires, demandées de longue date, et déjà actée par une circulaire du ministère de l’Intérieur qui répond ainsi à des attentes formulées depuis longtemps.

Toutefois, la Fédération LGBTI+ reste prudente :

  • D’une part, des publics plus vulnérables des Centres LGBT+ sont absents ou insuffisamment défendus des mesures.
    • Les personnes transgenres pour lesquelles le gouvernement ne s’engage pas sur une mesure phare préconisée pourtant par le Défenseur des droits dans sa décision-cadre 2020-136 : le changement d’état civil libre et gratuit, sur simple déclaration en mairie, dans un contexte national de haine et de discours transphobes notoires ;
    • Les exilé·e·s LGBTI+ ne sont même pas mentionné·e·s, alors que les besoins d’accompagnement par les associations et les Centres LGBTI+ vont exploser dans les années à venir, en raison de la montée des intégrismes religieux, en particulier en Afrique.
    • Les personnes intersexes pour lesquelles l’annonce d’une circulaire d’application de la loi bioéthique pour rappeler l’objectif du législateur de mettre fin aux mutilations des personnes intersexes, n’en fera pas un texte de loi
    • Les personnes travailleuses du sexe qui restent toujours soumises à une loi anti prostitution qu’elles dénoncent comme étant celle qui les les précarise au quotidien
    • Les personnes chemsexeuses pour lesquelles cette question est toujours traitée sous l’angle de la répression et jamais sous l’angle de la santé, pour une prévention nécessaire et encore plus efficace.
  • D’autre part, nous serons particulièrement attentifs à la répartition des fonds, selon des principes d’adéquation aux besoins et de transparence dans l’attribution des ressources.
  • Enfin, nous souhaitons contribuer à l’évaluation de ce plan qui, contrairement au plan précédent, doit faire l’objet d’une évaluation approfondie à mi-parcours. La Fédération se tient prête pour formuler des propositions en ce sens.

Ce soutien n’est qu’une première étape. Nous souhaitons renforcer la solidarité entre tous les Centres LGBTI+ et approfondir nos revendications pour aller plus loin : en portant et en défendant la proposition d’un véritable statut pour les Centres LGBTI+, à l’image de ce qu’a fait la Wallonie avec ses Maisons Arc-en-Ciel. La Fédération LGBTI+ lance un appel à tous les Centres LGBTI+ sans exception pour renforcer ses rangs et poursuivre le travail de renforcement du maillage associatif LGBTI+ en France et en Europe.

Selon une étude publiée en juin 2023, 9 % de la population française s’identifie comme LGBT+. Une large majorité de la population se considère comme alliée, soutenant nos revendications principales : l’égalité dans le mariage, l’adoption, la parentalité et l’auto-détermination des personnes transgenres, y compris pour les mineurs.

Une mise en lumière utile et peu surprenante

Cette publication réfute deux perceptions opposées mais tout aussi erronées. D’une part, la vision pessimiste et erronée d’une communauté LGBT+ qui serait largement contestée et qui recevrait peu de soutien dans la société. D’autre part, la vision d’extrême droite, complotiste et réactionnaire qui dépeint le mouvement LGBT+ comme un « lobby » agissant dans l’ombre pour ses intérêts spécifiques. Les deux sont incorrectes : les revendications LGBTI+ bénéficient d’un soutien majoritaire et le travail des associations, effectué en toute transparence, correspond aux aspirations de la majorité de la population.

Ce résultat n’est guère surprenant et devrait nous réjouir. Cependant, même si les LGBTIphobies sont minoritaires, elles sont encore loin d’être marginales. Bien que l’opinion soit majoritairement du côté de l’égalité des droits, les pouvoirs publics ont beaucoup de retard sur la société.

Il nous reste encore beaucoup à faire !

Cependant, il reste beaucoup à accomplir : de nombreux préjugés persistent et diverses formes de haine anti-LGBT+ sont encore exprimées. C’est ce que révèle notamment le documentaire de Mediapart, Guet-Apens : les crimes invisibles (lien). C’est également ce que démontrent les nombreuses attaques contre les Centres LGBTI+, des structures essentielles qui œuvrent pour le bien-être et la visibilité des personnes LGBTI+ sur les territoires, et contre les Marches des Fiertés LGBTI+.

En conclusion, nous appelons les élu·e·s à prendre en compte cette enquête et à répondre aux attentes de la majorité de la population : renforcer la protection juridique des individus et des associations LGBT+, instaurer le changement d’état civil libre et gratuit pour les personnes transgenres, amplifier le travail d’éducation sexuelle dans les écoles, les collèges et les lycées et, enfin, pérenniser les moyens des Centres LGBTI+ en leur accordant un véritable statut. Il est temps pour les autorités de tourner la page de La Manif Pour Tous et de progresser pour s’aligner avec les attentes réelles et non pas fantasmées de la société civile.

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6 juin 2023

Depuis des années, la Fédération LGBTI+ tire la sonnette d’alarme auprès des pouvoirs publics concernant le sous-financement persistant des Centres LGBTI+. L’obtention d’une subvention exceptionnelle à la suite de l’affaire Cayeux a marqué un premier pas positif. [NDLR : l’ancienne ministre déléguée aux Collectivités locales avait manifesté son mépris à l’égard des personnes LGBTI+]. Néanmoins, la Fédération rappelle que la réussite du plan gouvernemental de lutte contre les LGBTIphobies dépend de la pérennisation de ce financement. Le plan devrait être présenté au début de l’été. Sans cela, outre la rupture de confiance, c’est toute la politique de lutte contre l’homophobie et la transphobie qui sera compromise et pour longtemps.

Des Centres LGBTI+ : une reconnaissance et des besoins croissants, mais des moyens constants

Reconnus pour leurs compétences, les 35 Centres LGBTI+ en France métropolitaine et dans les DOM-TOM interviennent en milieu scolaire, accompagnent les réfugiés LGBTI+, jouent un rôle majeur dans la santé communautaire et constituent souvent les seules structures capables de soutenir les victimes dans les départements (comme en atteste la dernière victoire de Quazar Angers contre un agresseur transphobe). Très peu soutenus par l’État, ces centres dépendent essentiellement de l’engagement des bénévoles, avec des difficultés en termes de disponibilités et de capacité à agir efficacement. Compte tenu du volume de leurs activités, des sollicitations croissantes des secteurs public et privé, et de l’expertise requise, leur professionnalisation est devenue une nécessité.

La Fédération LGBTI+ estime que l’efficacité du plan de lutte contre les LGBTIphobies est indissociable du financement durable du fonctionnement des Centres LGBTI+ (qu’ils soient ou non membres de la Fédération). À terme, elle revendique un véritable statut pour ces structures d’intérêt général, renforçant ainsi la capacité de la France à combattre activement les LGBTIphobies. C’est également la condition pour enfin reconnaître, auprès des pouvoirs publics, que la lutte contre les haines anti-LGBT+ se joue bien sur l’ensemble du territoire national.

Il convient de souligner que plusieurs pays européens ont fait le choix politique d’investir durablement dans leurs structures d’accueil LGBTI+, notamment la Wallonie avec ses Maisons Arc-en-Ciel, . Actuellement, la Fédération évalue les besoins des Centres à 3,150 millions d’euros. C’est peu ! A titre de comparaison, l’État a financé la Fédération Nationale des Chasseurs à hauteur de 11,46 millions d’euros en 2021, soit presque 4 fois plus ! Si nous n’avons rien contre la chasse – les personnes LGBT+ peuvent la pratiquer – cela montre que quand l’État veut trouver des financements, il sait le faire.

SOS Centres LGBTI+ en danger

Les Centres LGBTI+ en campagne !

En réponse à cette situation, la Fédération LGBTI+ a lancé la campagne « SOS Centres LGBTI en danger« . Elle a interpellé tous les groupes parlementaires et le groupe d’étude LGBT de l’Assemblée Nationale, a adressé des courriers ainsi qu’une note synthétique à plusieurs acteurs (lire la note) et diffusé un tract national. À ce jour, La Fédération LGBTI+ et la plupart des Centres LGBTI+ attendent toujours des réponses claires. Plusieurs députés de la majorité présidentielle et de la NUPES ont cependant manifesté leur soutien aux Centres.

Mais malgré nos alertes, nos préconisations sont suspendues aux arbitrages ministériels. D’un côté, certaines voix nous ont indiqué que la lutte contre les haines anti-LGBTI+ figure parmi les “Politiques Prioritaires du Gouvernement”. De l’autre, il y a Bercy : financer le fonctionnement des Centres LGBTI+ est un engagement financier. Entre ces deux options, nous attendons une décision politique. Soit le Gouvernement d’Elisabeth Borne et Emmanuel Macron soutiennent réellement le tissu associatif LGBTI, soit ils se contentent d’une coordination des services à moyens constants. Et l’on sait – pour l’avoir expérimenté depuis 2016 – qu’elle ne donne pas des résultats satisfaisants.

Sans financement du fonctionnement des centres LGBTI+, l’annonce du futur plan 2024-2027 serait un exercice de communication oubliant la réalité des territoires et abandonnant les bénévoles dans la lutte au quotidien contre les LGBTIphobies. Alors que les Centres LGBTI+ font l’objet d’attaques de plus en plus violentes (lire le communiqué), le plan annoncé à la fin du mois fait figure de test politique pour le Gouvernement : nous mesurerons son engagement concret à l’aune du soutien qu’il apportera ou non aux structures de terrain.

Liens

Face à l’escalade des dégradations et des violences, la Fédération LGBTI+ sollicite auprès des pouvoirs publics une protection renforcée pour les Centres LGBTI+ et les Marches des Fiertés LGBTI+ à travers le territoire national. Les réseaux d’extrême droite semblent constituer une menace croissante pour ces espaces d’affirmation et de solidarité.

Depuis plusieurs mois, la Fédération LGBTI+ constate une recrudescence d’incidents visant les Centres LGBTI+. Les attaques vont de la dégradation à l’incendie criminel :

  • Le 21 février 2023, le Centre LGBTI+ de la Réunion a subi une visite intrusive suivie d’un incendie criminel. Des insultes homophobes maculaient les lieux, conduisant à la condamnation à un an de prison d’un jeune majeur.
  • Le Centre LGBTI+ de Nantes, géré par l’association NOSIG, a été la cible de dégradations homophobes le 18 mai 2023, au lendemain de la Journée mondiale de lutte contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie. Les graffitis anti-LGBTI+ ont nécessité un nettoyage dans la semaine suivante. En 2022, ce centre a subi cinq dégradations.
  • Le Centre LGBTI+ de Lorraine-Sud à Nancy, dirigé par l’association Équinoxe, a été victime d’une tentative de déboulonnage de sa plaque et d’ajout d’autocollants par un groupe maurrassien.
  • Le Centre LGBTI+ 66 de Perpignan a connu une série de vandalisme : boîte aux lettres régulièrement vandalisée, vitrophanie arrachée, et même un graffiti insultant sur une des façades.
  • Le Centre LGBTI+ de Touraine a subi une attaque à l’aide d’un engin explosif le 22 mai, marquant la sixième attaque en deux mois et demi.

En outre, nous avons appris récemment que la Ville de Lyon a dû retirer une exposition LGBTI+ suite à deux dégradations. La Marche des Fiertés LGBTI+ de Saint-Brieuc a également été marquée par la présence de tags homophobes.

Ces attaques surviennent dans un contexte de propagande anti-LGBTI+ contestant les interventions de prévention contre les discriminations conduites par les associations LGBTI+ dans les collèges et les lycées.

Le point culminant de cette escalade de la haine s’est manifesté lors de l’attaque du Centre LGBTI+ de Touraine le 22 mai avec un engin explosif, alors que des bénévoles étaient présents. Dans une lettre adressée au Ministre de l’Intérieur, la Fédération LGBTI+ sonne l’alarme : il y a une intention de nuire, voire désormais de tuer. La Fédération évoque des méthodes rappelant celles des attentats terroristes.

Depuis le conflit politique autour de l’ouverture du mariage aux couples de même sexe (2012-2014), le niveau de violences anti-LGBTI+ n’a cessé de croître pour atteindre un niveau inégalé. Sans une protection renforcée, la Fédération LGBTI+ et les associations françaises craignent désormais pour la sécurité des militant·es LGBTI+.

Il apparaît clairement que bon nombre de ces dégradations ont des liens directs avec des groupuscules nationalistes et autoritaires.

La Fédération LGBTI+ demande des mesures de protection renforcées pour les Centres LGBTI+ et les Marches des Fiertés LGBTI+. Elle rappelle que ces espaces sont essentiels pour le bien-être, la sécurité et l’autonomie des personnes LGBTI+ à travers le pays. Pour faire face à ces risques, la Fédération devra travailler aux bonnes pratiques de sécurité et invite toutes les associations LGBTI+ à communiquer toute situation – même mineure – aux services de police.

En conclusion, la Fédération LGBTI+ sollicite l’attention et l’action des pouvoirs publics, pour que les enquêtes de police et les décisions de justice permettent de démanteler les réseaux homophobes et d’extrême droite. Seul un engagement ferme de l’Etat peut assurer la protection et la sécurité de la communauté LGBTI+ et de ses lieux d’expression. La haine et l’intolérance n’ont pas leur place dans notre société, et nous ne cessons de le réaffirmer. Notre lutte continue.

Le conseil d’administration de la Fédération LGBTI+ a rendu publique la déclaration suivante le 13 avril 2023 :

“La Ligue des Droits de l’Homme n’est pas seulement l’organisation historique de défense des droits humains, depuis sa fondation à l’occasion de l’Affaire Dreyfus. C’est l’une des principales organisations qui, aujourd’hui, apporte un soutien concret aux victimes d’injustices commises par la violence ou la discrimination.

Depuis 125 ans, toute personne victime de telles injustices sait pouvoir compter sur la Ligue des Droits de l’Homme. Les Centres LGBTI+ le savent également, puisqu’ils s’appuient sur l’expertise plus que centenaire de la Ligue pour défendre les droits et les libertés fondamentales des personnes LGBTI+, de nationalité française ou non.

Nous avons été stupéfaits par les propos de Gérald Darmanin le 5 avril dernier, puis par ceux d’Elisabeth Borne le 12 avril. En remettant en cause publiquement le soutien financier public à la Ligue, le Gouvernement adresse un signal inquiétant à l’ensemble des associations et des associations LGBTI+ et – d’une façon générale – aux personnes soucieuses de la préservation des libertés et des droits fondamentaux.

En procédant par une forme de chantage aux subventions, le Gouvernement français remet en cause les libertés associatives.

La Fédération LGBTI+ exprime son soutien à la Ligue des Droits de l’Homme. Nous appelons le Gouvernement et en particulier le Ministère de l’Intérieur à engager un nouveau dialogue de façon apaisée, démocratique, avec la Ligue des Droits de l’Homme.”

Rouge Direct, la Fédération LGBTI+ et le Collectif Éducation contre les LGBTIphobies en milieu scolaire et universitaire ont produit la déclaration suivante, en date du 7 avril 2023

« Pour le parquet d’Epinal, le suicide de Lucas, victime de harcèlement homophobe, n’est pas lié au harcèlement homophobe dont il a été victime de la part de quatre élèves, jugés ce lundi devant le Tribunal pour enfants.

Le lien de causalité entre le suicide d’un adolescent ouvertement gay et le harcèlement homophobe dont il était victime peut-il être à ce point ignoré par la justice ? Il est pourtant établi que les jeunes LGBTI sont exposé·e·s à des risques de suicide de deux à sept fois plus élevés que les jeunes hétérosexuel·le·s.

Le suicide de Lucas a profondément marqué les consciences car il a mis en évidence le défaut extrêmement préoccupant de protection des élèves LGBTI en milieu scolaire. Nous avons écrit le 14 février dernier une lettre ouverte au Ministre de l’Education nationale, Pap Ndiaye, pour être collectivement entendu·e·s, pour élaborer dans la concertation un vrai plan d’action contre les LGBTIphobies, à la hauteur des enjeux.

Pour qu’il y ait un avant et un après Lucas.Notre demande, qui n’a toujours pas reçu la moindre réponse à ce jour, est plus que jamais d’actualité. »

Pour la 45e fois depuis sa fondation, la Fédération LGBTI+ réunit les associations et Centres LGBTI+ lors des Rencontres fédérales qui se tiendront à Biarritz les 24, 25 et 26 février prochains pour tirer le bilan de l’année 2022 et construire les campagnes 2023.

L’événement est organisé par les Bascos, avec le soutien de la Ville de Biarritz et de la DILCRAH. Les délégations venues de tout le territoire métropolitain seront accueillies le vendredi soir par la Ville de Biarritz et participeront aux réunions tout le weekend. Nous attendons également en invité de marque M. Hector Brown, consul des États-Unis d’Amérique dans le Sud-Ouest de la France.

La Fédération LGBTI+ fédère quinze associations et Centres LGBTI+ de France, situés dans des métropoles (Paris, Lyon, Nancy, Rennes…) ou dans des territoires ruraux ou moins densément peuplés (Laval, Le Mans). S’y adjoignent des associations nationales, à l’instar de AIDES (spécialisée sur la santé communautaire). La Fédération LGBTI+ prévoit l’accueil de trois nouvelles associations aux profils très différents.

Lors de ces Rencontres (qui ont lieu deux fois par an), la Fédération LGBTI+ réunit son assemblée générale annuelle. Cette réunion permettra de clore une année particulièrement riche : élection présidentielle, élections législatives, affaire Cayeux et déploiement du fonds Cayeux et épidémie de variole simienne (Monkeypox). En toile de fond, la triste actualité du suicide de Lucas est évidemment dans tous les esprits.

Malgré ce foisonnement d’événements, la Fédération LGBTI+ reste concentrée sur les orientations stratégiques définies lors des Rencontres de Nancy début 2022 : la bataille des moyens pour les Centres LGBTI+, moyens sous-dimensionnés par rapport aux missions d’intérêt général. Les délégations plancheront donc sur les outils et sur les campagnes à venir.

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La Fédération LGBTI+ a cosigné une lettre ouverte à destination du Président de la Fédération Française de Football et des professionnels du football français, avec Rouge Direct et de nombreuses associations. Nous la reproduisons ici. La pétition est disponible sur Change.org.


Monsieur le Président,

Mesdames, Messieurs,

La Coupe du monde de football débutera le 20 novembre prochain au Qatar, Etat qui persécute, emprisonne et torture les personnes LGBT, les privant de leurs droits les plus fondamentaux.

Depuis des mois, des organisations de défense des droits humains dénoncent ces exactions. Selon Amnesty International, “les femmes et les personnes LGBT sont toujours victimes de discrimination, dans la législation et dans la pratique ». Human Rights Watch dénonce de son côté des « exactions commises par les forces de sécurité qataries contre des personnes LGBT : passages à tabac, arrestations et détentions arbitraires, violences verbales, physiques, intimidations, humiliations ».

Plusieurs personnalités politiques de toutes sensibilités, ainsi que des artistes dénoncent ces violences d’État, notamment l’auteure Virginie Despentes et l’acteur Vincent Lindon. Des sportifs ont également pris position contre ces atteintes insupportables : le champion olympique Tom Daley, les footballeurs Josh Cavallo, Eric Cantona et Philipp Lahm. Les joueurs de l’équipe de football d’Australie ont quant à eux participé à une vidéo pour dénoncer ces violations des droits humains dont sont victimes les personnes LGBT.

Que fait la Fédération Française de Football? Qu’attendent les grands clubs pour dénoncer ces violences ? Pourquoi n’entend-on AUCUN joueur de l’équipe de France prendre clairement position contre les violations des droits fondamentaux commises par le Qatar ?

Rappelons que, selon les Règlements Généraux de la Fédération Française de Football, « toute discrimination pour des raisons de race, de religion, de politique ou pour toute autre raison est interdite » et qu’ « il appartient aux instances de garantir qu’aucune atteinte ne puisse être portée à la dignité ou à l’intégrité d’une personne sur la base de ces mêmes considérations. »

Fédération, dirigeants, joueurs et arbitres du football français, vous avez le pouvoir d’être entendus par des millions de personnes. Vous devez assumer votre responsabilité morale, juridique et historique, en dénonçant les discriminations et les violations des droits fondamentaux dont sont victimes les personnes LGBT au Qatar, État organisateur de la Coupe du monde de football 2022 !

Nous demandons que vous preniez position publiquement pour défendre ces droits fondamentaux!

Cosignataires: Collectif Rouge Direct, Stop Homophobie, Amnesty International France, Ligue des Droits de l’Homme, Caroline Mécary (avocate), Etienne Deshoulières (avocat), Emmanuel Pierrat (avocat, écrivain), Jean-Baptiste Marteau (journaliste), SOS Homophobie, Fédération Sportive LGBT+, Le Coin des LGBT, ADHEOS, Sports LGBT, Mélanie Vogel (Sénatrice des Français•e•s de l’étranger), Andy Kerbrat (député Loire-Atlantique), Jean-Luc Roméro-Michel (adjoint à la Maire de Paris), Benoît Hamon (ancien Ministre), Ségolène Amiot (députée de Loire-Atlantique), Sandrine Rousseau (députée de Paris), Irène Tolleret (députée européenne), Jean-Michel Goustour (président de Progressistes LGBT+), Génération.s LGBTI+, Philippe Liotard (sociologue), Familles LGBT, Mousse, Fédération LGBTI+, Couleurs Gaies (Centre LGBTQI+ Metz), Éducation LGBT, Le Girofard (Centre LGBTIQ+ Bordeaux), Les Bascos (Centre LGBT+ Pays Basque), KAP Caraïbe, QUAZAR (Centre LGBTI+ Angers), Homogène (Centre LGBT Le Mans), Radio Stonewall, Les Séropotes, Fiertés Rurales, Solidarité Internationale LGBTQI, Fierté Montpellier Pride, Marche des Fiertés Béziers, Pride Marseille.

ECard 44e Rencontres de la Fédération LGBTI+

La Fédération LGBTI+ s’est réunie au Centre LGBTI+ de Paris – Île-de-France ce week-end pour ses Rencontres d’été.

Jean-Christophe TESTU, président de la Fédération LGBTI+, a ouvert les travaux samedi matin. Le militant LGBTI+ issu de Bordeaux et des Landes a rappelé que les Centres LGBTI+ renouaient enfin avec ces Rencontres estivales après trois ans d’absence et une crise sanitaire encore loin d’être résolue. « Ces rencontres sont ambitieuses, car elles traitent des trois piliers de notre travail associatif : les moyens, le plaidoyer et la déontologie ». Des rencontres rythmées par des réunions thématiques sur deux jours et des moments de convivialité.

La bataille des moyens

Réunion des référent·es de la Fédération LGBTI+ accueilli·es par les responsables du Centre LGBTI+ de Paris
Réunion des référent·es de la Fédération LGBTI+ accueilli·es par les responsables du Centre LGBTI+ de Paris

Dès les 43e Rencontres de Nancy l’hiver précédent, les associations membres avaient adopté une motion pour engager la bataille des moyens pour les Centres LGBTI+.

Le constat est unanimement partagé au sein des Centres LGBTI+. Animés par une culture du militantisme et du bénévolat, les Centres LGBTI+ disposent de moyens sous-dimensionnés par rapport à leurs missions d’intérêt général : prévention des discriminations et action éducative, accompagnement des victimes, solidarité vis-à-vis des demandeur·ses d’asile LGBTI+, promotion de la santé selon une démarche communautaire, accueil inconditionnel, etc. La Fédération LGBTI+ entend promouvoir cette identité commune des Centres LGBTI+ autour de missions d’intérêt général, qui transcende la diversité des pratiques, des cultures associatives et des publics des Centres LGBTI+.

L’atelier mené par Hervé Latapie (administrateur et militant historique du Centre LGBTI+ de Paris-Île-de-France), a pu confirmer ce diagnostic. En comparant les budgets et le fonctionnement des Centres LGBTI+ de France avec ceux de structures françaises ou étrangères (notamment les « Maisons Arc-En-Ciel » en Wallonie), le constat est sans appel : « En France, les Centres LGBTI+ sont des associations à petits budgets, avec de gros besoins impossibles à couvrir dans les conditions actuelles. Le sujet des budgets de fonctionnement devrait être mis sur la table systématiquement. Cela ne doit pas empêcher les associations de faire preuve de créativité ! » Organisation de loteries à Bordeaux, gestion rigoureuse de la trésorerie à Perpignan, vente de goodies à Paris, rigoureuse comptabilité analytique à Nancy, proposition de mutualisation des achats depuis Rennes, etc. : les Centres LGBTI+ ne manquent pas d’idées !

Un autre sujet connexe est revenu sur la table : celui des salarié·es des Centres LGBTI+. « Les jeunes générations ne sont pas disposées à s’engager de la même façon que les anciennes générations », constate Beñat Gachen (représentant de l’association « les Bascos », association LGBTI+ du Pays Basque).

Un constat partagé : les jeunes adultes militent volontiers dans les Centres LGBTI+ mais leur vie est davantage marquée par la précarité et leur conception du militantisme est plus volatile. Par ailleurs, tout modèle reposant sur le bénévolat expose les associations aux aléas personnels et de santé, aux contraintes d’agenda… « Dans ces conditions, ajoute-t-il, disposer de personnels de façon pérenne – y compris à des postes de direction – devient vital pour les structures ».

Pour engager la bataille des moyens, les pistes ne manquent pas. Mais elles supposent que les Centres LGBTI+ poursuivent leurs échanges de bonnes pratiques, mutualisent les moyens et mènent une action de fond. La Fédération LGBTI+ entend ainsi porter publiquement et fortement la question des moyens pour financer le fonctionnement de structures de solidarité incontournables. Les moyens des Centres LGBTI+ sont donc appelés à devenir un élément essentiel du plaidoyer commun des Centres LGBTI+.

Au cours du mois d’août, les échanges seront synthétisés pour produire des supports pour la gestion des subventions et de la trésorerie, ainsi qu’un dossier pour la demande de financement d’un poste de salarié.

Visite de Sophie Élizéon, silence de la Ville de Paris

Réunion des référentEs de la Fédération LGBTI+ avec Sophie Elizéon au Centre LGBTI+ de Paris
Sophie Élizéon rencontre les référent·es de la Fédération LGBTI+ au Centre LGBTI+ de Paris

La Fédération LGBTI+ a eu l’honneur de recevoir Sophie Elizéon, préfète en charge de la DILCRAH, pour échanger sur les politiques publiques LGBTI. Les référent·es de la Fédération LGBTI+ ont interrogé Mme la Préfète sur les orientations de la DILCRAH, en particulier sur le montant et sur la répartition du budget dédié à la lutte contre les discriminations anti-LGBTI+. Nous avons pu aborder d’autres sujets d’actualité, notamment le positionnement de la DILCRAH et du conseil scientifique sur la question des mineur·es transgenres. La Fédération LGBTI+ est sortie confiante de cet échange.

La Ville de Paris n’a pas répondu favorablement aux sollicitations de la Fédération LGBTI+ pour échanger, notamment sur la question du Centre d’archives. Une absence remarquée et regrettée, car la Fédération LGBTI+ est très attentive à l’attitude des municipalités vis-à-vis des Centres LGBTI+. Si l’organisation de nos Rencontres à Paris est une première historique, c’est aussi la première fois qu’une municipalité boude ainsi des militant·es LGBTI+ venu·es de tout le pays, de Bayonne à Saint-Avold.

Revendications partagées et questions éthiques

Le travail sur les revendications partagées a occupé une bonne partie des travaux de la Fédération LGBTI+ depuis le confinement. Si la crise sanitaire a beaucoup ralenti les équipes, le travail a pu reprendre et les revendications prennent forme. Les référent·es y ont consacré leur première demi-journée, sur l’ensemble des textes et sur le texte consacré à la Gestation Pour Autrui (la Fédération LGBTI+ a pris position depuis près de 10 ans en faveur de la légalisation de la GPA dans un cadre éthique).

Post-it avec les idées des référent·es au cours de l'atelier sur l'hétérogénéité
Les référent·es ont réfléchi ensemble aux situations concrètes des Centres LGBTI+, en particulier quand des publics différents doivent cohabiter

Une partie des travaux a été consacrée aux enjeux éthiques du bénévolat dans les Centres LGBTI+, en particulier face à l’hétérogénéité des publics, que ce soit en termes de générations de militant·es, de trajectoire personnelle, de vocabulaire, etc. Les Centres LGBTI+ ont pu mettre en évidence les frictions et les atouts d’une telle situation, et la ligne de conduite à adopter, centrée sur l’humain, le vivre-ensemble et les intérêts communs de la communauté LGBTI+ dans sa diversité.

Ce fut également l’occasion de travailler sur un enjeu d’actualité : celui de l’éthique du consentement et les réponses à des situations concrètes – parfois délicates – rencontrées par les bénévoles des associations. Loin des polémiques médiatiques autour du consentement ou des violences sexuelles et sexistes, les bénévoles des Centres LGBTI+ ont pu échanger et réfléchir ensemble, pour analyser des situations de vie quotidienne et y répondre avec lucidité et discernement.

Les Rencontres ont été l’occasion pour les référent·es de bénéficier d’une visite guidée du Marais par Hervé Latapie, ainsi que de moments de partage et de convivialité. Les Rencontres d’Été se sont conclues sur le calendrier du second semestre 2022. Les référent·es de la Fédération LGBTI+ se sont donné·es rendez-vous à la fin du mois de février pour les Rencontres d’Hiver au Pays basque.

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mot d'ordre face aux LGBTIphobies : ni frontières, ni immobilisme, ni marche arrière, 17 mai, journée mondiale de lutte contre les LGBTIphobies

En cette journée internationale de lutte contre les LGBTIphobies, la Fédération LGBTI+ rappelle son attachement à l’engagement de toute la société contre les haines anti-LGBTI+, les lois et les pratiques discriminatoires et les violences contre les personnes LGBTI+.

69 États criminalisent encore l’homosexualité. Parmi eux, onze la condamnent à mort. Nous attendons de la France et de l’Europe qu’elles affirment la dépénalisation universelle de l’homophobie d’État et l’abolition universelle de la peine de mort : elles demeurent pour l’instant pusillanimes. Nombreuses sont les personnes LGBTI+ forcées de fuir ces pays et de rejoindre la France et l’Europe pour y trouver refuge. Hélas, la politique française demeure insuffisante en la matière : procédures expéditives, décisions prises sur ordonnance ou en vidéo-audience, liste de “pays sûrs” (n’ayant rien de sûr !) et tracasseries administratives et financières.

En France, la situation semble progresser en termes de mentalité mais les avancées sont toujours très lentes d’un point de vue réglementaire. Le premier mandat d’Emmanuel Macron aura permis l’interdiction des thérapies de conversion, l’ouverture du don du sang aux hommes homo- et bisexuels, l’ouverture de la PMA pour toutes les femmes. Cependant, ces avancées demeurent tardives et sont insuffisantes : maintien de certaines discriminations transphobes à la PMA et filiation non automatique, prévention insuffisante des haines anti-LGBTI à l’école, système de santé peu adapté aux spécificités de santé des publics LGBTI+. 

Quelques jours après le suicide d’un adolescent transgenre au Mans, le scepticisme d’Emmanuel Macron sur l’éducation à la sexualité au collège traduit un certain immobilisme inacceptable (les associations LGBTI+ interviennent déjà, et depuis longtemps, dans les établissements du second degré). L’homophobie, la transphobie, la biphobie et toutes les haines anti-LGBTI continuent de tuer.

Les associations et Centres LGBTI+ de France continuent de se mobiliser : Marches des Fiertés, conférences et tables rondes, rassemblements, temps de commémoration et parfois temps plus conviviaux ponctueront les prochaines semaines dans toutes les régions, jusqu’aux marches des Fiertés LGBTI+ de juin.