Les 10 et 11 février 2018, le Centre LGBTI de Lyon accueillait les 37es rencontres de la Fédération LGBTI+.

La Fédération LGBTI+ a organisé son Assemblée générale annuelle au Centre LGBTI de Lyon (sorti de terre il y a deux ans, et déjà impressionnant de réussite). À cette occasion, des délégations venues de tout le pays (Rennes, Marseille, Bordeaux, Nantes, Nancy, Saintes – La Rochelle, Laval…) se sont déplacées sur les terres de Gérard Collomb, ex-maire de la ville et actuel ministre de l’Intérieur. Pendant deux jours, ces délégations ont témoigné de la vivacité de notre Fédération, et de sa volonté de créer les conditions d’un mouvement LGBTI français unifié et combatif, à l’image des mouvements américains et britanniques.

Au cœur des débats : notre propre organisation bien sûr, mais également les thématiques portées par le secteur associatif LGBTI+. 

Les rapports présentés par le bureau ont été adoptés à l’unanimité. Le travail patient de structuration est suivi de près par nos associations membres. Les statuts de l’association ont été amendés pour aller à la fois vers plus de démocratie et d’efficacité et, surtout, une nouvelle dénomination (Fédération LGBTI+) a été adoptée à l’unanimité, actant l’intégration des revendications intersexes dans son objet. Les débats restent également ouverts sur les autres thématiques portées par la jeunesse queer de notre mouvement.

Cette année sera celle du combat pour l’égalité face à la Procréation Médicalement Assistée. Le gouvernement s’est engagé à intégrer ces débats dans le cadre des « États Généraux de la Bioéthique », sous la houlette du Comité Consultatif National d’Éthique. Ce choix est hautement discutable : certes, la PMA a pu soulever, lorsqu’elle en était à ses balbutiements, des questions d’éthique, une société ayant toujours besoin de débats collectifs afin d’évoluer. Mais ces débats-là sont derrière nous, la PMA étant acquise pour les couples hétérosexuels mariés depuis 2004. Aujourd’hui, c’est uniquement le principe d’égalité de traitement au sein des services de santé procréative qui est violé par la France. Un nouveau recours en justice a d’ailleurs été déposé en ce sens par Marie et Ewenn (voir le communiqué d’ADHEOS). 

Contre cette égalité des droits, les organisations homophobes bénéficient d’un soutien massif des Églises et de  l’État. C’est le cas, par exemple, de la « Fondation Jérôme Lejeune », fondation catholique anti-IVG qui bénéficie du statut de fondation d’utilité publique depuis 1996 (sous le gouvernement d’Alain Juppé), qu’elle met à profit pour combattre le droit à l’IVG et l’ouverture de la PMA aux célibataires et aux couples de même sexe. 

Dérogeant au principe de laïcité, le CCNE accueille par ailleurs en son  « comité plénier » des représentants des cultes qui – cela va hélas de soi – donnent raison aux intégristes pour freiner l’application du principe républicain d’égalité. Face à ce constat, les associations LGBTI s’organisent d’ores et déjà pour obtenir l’application du principe d’égalité des usagères et usagers du service public de la santé procréative.

Autre préoccupation d’importance: ce bateau-ivre du droit d’asile français, présenté par l’État comme un fondement de l’identité nationale, mais qui se traduit dans la pratique par une véritable loterie du droit d’asile. Rappelons qu’il y a au moins autant de personnes LGBTI parmi les demandeur·se·s d’asile que dans la population française (environ 10 %). Nombreux sont celles et ceux qui, ayant échappé à la mort dans leur pays d’origine, frappent à nos portes pour demander secours. Ces personnes trouvent en face d’elles de simples bénévoles qui font souvent un travail qui devrait être accompli ailleurs par des professionnel·le·s. Le projet de loi déposé mercredi 21 février dernier est totalement en décalage avec la réalité vécue au quotidien, celle d’un abattage administratif des demandes et d’erreurs graves qui mettent en péril le système.

Dans ce contexte hostile, les défis posés à nos associations sont nombreux. Nous devons souvent travailler contre l’indifférence coupable des pouvoirs publics. Il aura fallu batailler pour que les membres du gouvernement s’expriment sur les nombreux actes homophobes récemment rendus publics.

Les délégué·e·s ont également exprimé leur solidarité à NOSIG (Centre LGBTI de Nantes) dont la subvention a été annulée par une décision du Tribunal administratif de Nantes. (voir communiqué)

Alors que les adversaires de l’égalité bénéficient du soutien de l’État, la militance LGBTI doit s’organiser et se réarmer nationalement pour promouvoir le principe d’égalité et combattre l’intégrisme. Nous avons aussi tiré des conclusions de l’échec des États Généraux LGBTI organisés en 2014, aux débats passionnants mais sans débouché concret, en nous recentrant sur des objectifs nationaux en toute autonomie. 

L’équipe de direction s’est étoffée de deux nouveaux visages, jeune et femme, issus de la diversité LGBTI+ (voir infra) et met désormais en place des réseaux de compétence destinés à coordonner les ressources humaines du mouvement dans toute la France. Après un bon bilan, sur quatre années bien remplies, Stéphanie Nicot – qui a été la première femme et la première personne transgenre à présider notre Fédération – a souhaité passer la main de la présidence, tout en restant membre de l’équipe de direction. Cette fois, c’est la jeunesse qui a été portée à la présidence. C’est un signe de plus qu’à la Fédération LGBTI+, en interne comme dans toute la société, ce qui prime, c’est le collectif et l’intérêt général. 

DIRECTION DE LA FÉDÉRATION LGBTI+

  • Antonin Le Mée (CGLBT Rennes – Centre LGBTI), Président
  • Stéphanie Nicot (Association Nationale Transgenre), Vice-présidente
  • Jérémy Baudoin (Equinoxe · Centre LGBTI+ de Nancy), Secrétaire
  • Jean-Christophe Testu (Le Girofard, Bordeaux), Trésorier
  • Kévin Galet (Equinoxe · Centre LGBTI+ de Nancy), Porte-parole
  • Thomas Cepitelli (Polychromes, Nice), Administrateur
  • Sarah Saby (Collectif IDEM, Marseille), Administratrice
  • Yann Goudard (CGLBT Rennes – Centre LGBTI), Administrateur