À l’occasion de la journée internationale pour les droits des femmes, la Fédération LGBTI+ rappelle qu’elle promeut l’égalité entre femmes et hommes, ainsi que l’alliance du mouvement LGBTI avec la majorité inclusive des courants féministes.
L’affaire Weinstein aura levé le voile sur les pratiques trop longtemps tolérées dans une société laxiste à l’égard du harcèlement sexiste. La popularité du hashtag #BalanceTonPorc a permis de mettre en lumière des attitudes sexistes inacceptables touchant la plupart des femmes. À cet égard, nous avons été heurté·e·s par la diffusion des thèses sournoises de la tribune sur « la liberté d’importuner », défendue par Catherine Deneuve, la même qui fut en son temps une opposante à l’ouverture du mariage aux couples de même sexe ! Notre analyse est ici, une fois de plus, confirmée : sexisme et homophobie vont systématiquement de pair.
Le sexisme n’est pourtant pas absent de nos communautés. La misogynie trouve ainsi trop souvent des expressions inacceptables dans certaines associations et chez certains individus qui se revendiquent du mouvement LGBT. C’est le cas de la « Maison LGBTI » municipale de Nancy, qui a ainsi refusé l’inscription du principe de parité dans son fonctionnement, scandalisant l’association Honneur Aux Dames qui a alors décidé de la quitter.
De la même façon, certains groupes de lesbiennes essentialistes pratiquent ouvertement l’exclusion des personnes transgenres au motif qu’elles ne seraient pas de vraies femmes, voire diffusent ouvertement des thèses hostiles aux droits des personnes transgenres (à l’instar d’Osez Le Féminisme, fondée par Caroline de Haas, qui ne s’est pas désolidarisée de ces propos).
Enfin, bien qu’il porte une parole progressiste sur les campus, le syndicat étudiant UNEF s’est illustré récemment par la révélation de pratiques de harcèlement, significatives de la culture du viol en son sein. Le syndicat a heureusement, depuis lors, mis en place par des dispositifs pour la faire reculer.
Tous ces événements récents montrent que ce sexisme doit être combattu à tous les niveaux, dans toutes les organisations, y compris au sein de celles qui souhaitent œuvrer à la construction d’une société véritablement libre et égalitaire. L’égalité des droits dans une République humaine, travaillant à l’émancipation de toutes les personnes sans distinction, constitue une visée que nous partageons avec le mouvement féministe.
Le combat féministe de l’année, c’est la PMA
Le mouvement LGBTI y est d’autant plus sensible que nos communautés sont également marquées par les violences et les discriminations fondées sur des stéréotypes de genre.
C’est le cas des femmes en couple avec une femme et des femmes célibataires à qui l’État interdit l’accès à la Procréation Médicalement Assistée, dont le régime légal discrimine les personnes à raison de leur orientation sexuelle et de leur situation de famille. Cette situation conduit à la mise en danger de la santé des femmes qui recourent malgré tout à la PMA à l’étranger, mais ne bénéficient pas aisément du suivi médical de la grossesse.
Alors que s’ouvrent des débats sur la PMA, dans le cadre des États Généraux de la Bioéthique (sous la houlette du CCNE), les sexistes radicaux de tous bords envahissent les réunions et assurent le piratage du débat « apaisé » souhaité (en public) par le Président de la République. Dès lors, nous nous inquiétons du report « aux calendes grecques » de la mise en œuvre d’une promesse du président Macron lorsqu’il était candidat. Nous n’accepterons pas que le débat public soit à nouveau détourné de son objet par l’intrusion permanente d’éléments sectaires et radicalisés, souvent d’origine religieuse, qui étalent au grand jour leurs préjugés homophobes et sexistes dans des réunions publiques.
Dans ce contexte de libération de la parole des victimes de violences sexistes mais aussi de celle des courants réactionnaires, et face aux enjeux législatifs actuels, la Fédération LGBTI+ réaffirme à l’occasion de ce 8 mars 2018 : nos associations demeurent engagées dans les luttes contre le sexisme et pour l’égalité des droits car ces enjeux nous concernent tou·te·s.