Militaire transgenre, Delphine Ravisé-Giard, a été déboutée de sa demande de changement d’état civil, le 10 août dernier, par le Tribunal de grande instance de Nancy.

  
Les attendus du jugement justifient ce refus par le fait que la requérante, invoquant le respect de sa vie privée, n’a pas donné la preuve d’une modification irréversible, c’est-à-dire qu’elle n’a pas prouvé qu’elle ne possédait plus ses organes génitaux reproducteurs. Delphine a évidemment demandé à son avocat nancéien, Laurent Cyfferman, de faire appel du jugement de 1ère instance.
  
Le 28 février 2008, l’adjudante Delphine Ravisé-Giard a réintégré son unité de l’Armée de l’Air. Face à l’évidence de la situation, et à sa demande, l’administration locale puis l’administration centrale ont modifié l’ensemble de ses documents militaires –fiches de paie, numéro de sécurité sociale, carte d’identité militaire, uniforme– lui permettant d’assurer pleinement ses fonctions.
Or, son bulletin de paie d’octobre lui notifie le complet revirement du ministère de la Défense, qui lui impose son identité masculine antérieure. Tous ses papiers sont délibérément remis au masculin. 
 
Cette décision politique est évidemment impossible à vivre au quotidien pour Delphine, et même pour l’institution militaire… On voudrait la placardiser, et la détruire socialement, qu’on ne s’y prendrait pas autrement.
 
Totalement contraire au comportement antérieur de l’Armée de l’Air –qui a encore reconnu, fin août, par la voie de son chargé de communication, que Delphine était une militaire appréciée, parfaitement intégrée sur sa base– la volte-face du ministère de la Défense est incompréhensible. 
 
La Fédération LGBT, dont Trans Aide est l’une des associations adhérentes, demande à Hervé Morin, ministre de la Défense, pour l’honneur de Delphine, militaire transgenre irréprochable, de garantir que sa vie privée et son identité seront respectées par l’institution militaire, comme auparavant, et qu’il maintiendra l’intégralité de ses documents militaires sous son identité féminine.
  
 
Stéphane Corbin,
président de la Fédération LGBT,