Communiqué de presse commun du Collectif Contre l’Homophobie, de la Fédération LGBT, 
 
En signant un accord avec le groupe Sexion d’Assaut, au cœur d’une polémique pour ses propos et chansons homophobes, le Comité IDAHO et le CRAN n’ont pas tenu compte des associations LGBT de terrain qui sont en première ligne sur ce dossier depuis une dizaine de jours.
La Fédération LGBT et le Collectif Contre l’Homophobie souhaitaient associer à la concertation les autres associations nationales et régionales mobilisées. 
 
L’accord Sexion d’Assaut-IDAHO et CRAN, signé hier, sert les intérêts de Sexion d’Assaut, qui veut coûte que coûte sauver sa tournée. Cet accord ne règle pas le problème de fond qui est l’engagement du retrait effectif du marché et du net de toutes les chansons homophobes par le groupe lui-même et par Sony Music, pour les titres que la major aurait produits et/ou distribués pour le groupe.
 
 
La Fédération LGBT et le Collectif Contre l’Homophobie ne transigeront pas sur ce point, c’est pourquoi les annonces faites hier sont bien secondaires en comparaison d’un engagement fort de Sexion d’Assaut sur son propre répertoire.
 
 
La vingtaine d’associations implantées sur le territoire national, et principalement en régions, pourront donc ne pas se sentir liées par cet accord conclu dans la précipitation.
 
Par ailleurs, le groupe Sexion d’Assaut a été retiré par MTV France de la compétition des MTV Europe Music Awards dont la cérémonie est prévue à Madrid, le 7 novembre prochain.
Il devait concourir dans la catégorie Meilleur artiste français mais Thierry Cammas, responsable de MTV Networks France, a expliqué : « Nous avons pris cette décision car nous ne pouvons pas récompenser un groupe dont les récents propos encouragent ouvertement l’intolérance. »
Cela prouve bien que les tergiversations, les excuses alambiquées et les effets d’annonce de Sexion d’Assaut n’ont dupé personne.
 
 
Ce dossier illustre les insuffisances des lois contre l’homophobie et la hiérarchisation des discriminations.
Lors du vote de la loi du 30 décembre 2004 qui a créé les infractions d’injures liées à l’orientation sexuelle et au sexe, nos associations avaient pointé le délai de prescription* particulièrement court (3 mois) comparativement à celui en vigueur pour les injures liées à l’origine ethnique, la couleur ou la religion (1 an).
 
Dans l’affaire Sexion d’Assaut, les poursuites judiciaires sur le plan pénal sont impossibles car les propos, dans International Hip Hop, et les chansons homophobes du groupe sont prescrits * puisqu’ils datent de plus de trois mois.
 
Les parlementaires de l’actuelle majorité avaient refusé d’aligner les délais de prescription en matière d’homophobie et de sexisme sur ceux concernant le racisme et l’antisémitisme.
L’affaire Sexion d’Assaut témoigne de l’urgence de mettre un terme à cette discrimination législative entre l’homophobie et le sexisme d’une part, et le racisme et l’antisémitisme d’autre part.
 
 
Hussein Bourgi,
président du CCH
collectifcontrelhomophobie(at)hotmail.com
 
Stéphane Corbin,
porte-parole de la Fédération LGBT
contact(at)federation-lgbt.org
  
 
* Durée au delà de laquelle une action en justice, civile ou pénale, n’est plus recevable.