L’année 2015 est en demi-teinte pour le VIH dans notre communauté et particulièrement chez les jeunes gays. Une découverte de 6220(1)  nouvelles infections tous publics confondus montre enfin une relative stabilité française, y compris chez les HSH(2) pris dans leur globalité. En revanche, (2650) sur le total des nouvelles contaminations, celle des HSH est de 43%, ce qui est énorme par rapport au nombre de gays et de bi parmi la population ; et la tranche des 15-25 ans représente 14 % (proportion en augmentation de +8% depuis 2003). Cette tendance générale traduit donc une diminution globale du recours aux divers moyens de protection, et même sûrement plus que l’image première donnée par les chiffres, puisqu’il faut prendre en considération l’augmentation du recours au dépistage, notamment à travers les TROD(3).
 
Pour ce qui est des moyens, l’arrivée de l’outil PreP(4), la preuve scientifique française d’efficacité, au-delà des espérances, avec l’essai ANRS Ipergay, son ATU(5), et l’annonce de son remboursement par l’Assurance Maladie dès début 2016 sont de nature à permettre une lutte plus efficace, et engendrer une baisse des contaminations intra-communautaires. L’arrivée et l’autorisation des autotests est un autre outil complémentaire, également à saluer.
 
Mais le travail d’éducation reste à faire et il est immense. La Fédération LGBT souhaite à cette occasion appeler au rassemblement, et lancer un appel à ce que tous, associatifs spécialisés VIH et hépatites, associatifs LGBTI, institutionnels et responsables médicaux, se réunissent pour redéfinir le paradigme de la prévention. à partir de la base de prévention que constitue le dépistage sous toutes ses formes disponibles. Nous devons pouvoir parler un langage commun, et être capable de recommander une palette diversifiée de moyens de prévention, adaptés à chacun. Et ce, sans opposer aucun élément à un autre, car ils sont tous complémentaires. Chaque personne a un parcours spécifique dans sa vie sexuelle et affective, et doit pouvoir être accompagné en ce sens. Le préservatif n’est plus le seul moyen de se protéger, même s’il reste indispensable, il y en a toute un palette adaptée à toutes les situations et qui s’enracinent dans le dépistage.
 
La Fédération LGBT fait depuis plusieurs années campagne le 1er décembre à partir de cet outil : « l’excès » de dépistage – et maintenant DES dépistages – est bon pour la santé. Nous reprenons une nouvelle fois, en 2015, ce message dans le cadre de cet appel.
 
Mais nous voudrions également insister sur un autre élément d’inquiétude, encore restreint sur le nombre de personnes concernée, mais préoccupant en terme d’augmentation spectaculaire, d’utilisation de nouvelles drogues de synthèse(6), particulièrement de sa mise en œuvre sous forme d’injection dite « SLAM »(7) chez les gays, qui présente un risque de transmission très élevé à la fois du VIH et de l’hépatite C dû à la présence de sang et souvent associé à une baisse de vigilance et donc de protection. Nous assumons par avance toutes les critiques qui pourraient nous être faites (notamment autour du soi-disant « risque prosélyte » de consommation en nommant les choses), car nous préférons, en matière de santé publique, croire à l’éducation par la connaissance, l’éducation par l’information(8).
 
Nous en avons déjà parlé plusieurs fois, mais l’évènement est suffisamment important et de portée médicale mondiale, puisqu’un article du promoteur de l’essai ANRS ipergay, le Professeur Jean-Michel Molina, est paru dans « The New England Journal of Medicine »(9), c’est si besoin était la confirmation de la reconnaissance mondiale scientifique de la valeur de ce procédé de prévention que constitue la Prep dite « à la demande », rappelons encore une fois en complément et s’adressant à un public spécifique.
 
Pour clore ce communiqué, nous n’oublierons pas une mention spéciale « Parlementaires français discriminants » : dans leur séance publique du vendredi 27 novembre 2015, ils sont revenus sur la levée de l’interdiction d’apporter des soins conservatoires aux personnes décédées séropositives contenue dans le texte de Loi de Santé Publique 2015 présentée par Mme Marisol Tourraine. Comme le disent conjointement les présidents de Aides et Elus Locaux Contre le Sida(10), c’est « d’aveuglement et archaïsme dont font preuve ces parlementaires » !
 
En résumé : 
  • inquiétude sur l’augmentation des nouvelles contaminations VIH chez les HSH, mais au regard de cela, opportunité et appel très large à redéfinir le paradigme de la prévention à l’aide de nouveaux outils dont nous saluons l’arrivée ;
  • tristesse et indignation face aux parlementaires discriminants ; 
  • nouvelles possibilités offertes pour réussir une vraie baisse des contaminations VIH, vers l’éradication désormais envisageable. 
Dominique GANAYE, porte-parole & référent santé
+33 6 70 70 93 17 – contact@federation-lgbt.org
 
1 : Tous les chiffres proviennent du BEH et concernent l’année 2013 la plus récente analysée en termes de statistiques (Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire) n° 40-41 du 1er décembre 2015.
2 : Hommes ayants des relations sexuelles avec d’autres hommes
3 : Test Rapide d’Orientation Diagnostic
4 : Prophylaxie préexposition ou utilisation d’un médicament en usage préventif
5 : Autorisation Temporaire d’Utilisation : outil permettant une prescription différente de celle déjà en cours pour les séropositifs et donc curative
6 : Dites NPS : Nouveaux Produits de Synthèse
7 : De l’anglais « to slam » : littéralement « claquer » en raison de l’effet flash intense et immédiat obtenu
8 : De l’anglais « to slam » : littéralement « claquer » en raison de l’effet flash intense et immédiat obtenu
9 : Le plus important et le plus au monde Journal scientifique médical. Article original ici
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