Les deux pays refusent de modifier leur législation pour respecter les droits des homosexuels même si la Grande-Bretagne menace de couper son aide

 
 Après ceux d’Ouganda, c’est au tour des dirigeants de la Tanzanie et du Ghana de fulminer. Ils ne digèrent pas la menace du Premier ministre britannique David Cameron de couper l’aide aux pays ne respectant pas les droits des homosexuels(lire article).
«Accepter cette condition est quasiment impossible. Nous ne choisirons jamais cette option. Ils peuvent arrêter l’aide s’ils veulent», a lancé le 3 novembre, concernant le mariage des homos, le Dr Ali Mohammed Shein (photo), président de Zanzibar, l’archipel semi-autonome de la Tanzanie ayant voté en 2004 une loi criminalisant l’homosexualité.
 
 
 
«Valeurs morales»
«Notre position sur le sujet est très claire, a renchéri Bernard Membe, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale de la Tanzanie, pays d’Afrique de l’Est. Nos valeurs morales et notre culture prendront toujours le dessus même si nous restons pauvres. Nous comprenons le problème du parti conservateur de la Grande-Bretagne mais nous ne cèderont pas aux pressions.»
 
Le chef de la diplomatie a ajouté que l’attitude de la Grande-Bretagne risquait de diviser le Commonwealth, qui regroupe en majorité ses ex-colonies et où 41 des 54 membres disposent d’une législation homophobe. Il a en outre précisé que, cette année, il avait refusé l’accréditation d’un diplomate gay qu’un pays occidental souhaitait détacher.
 
 
Nations souveraines
«Moi, en tant que président, je n’initierai ou ne supporterai jamais une tentative de légaliser l’homosexualité au Ghana», a pour sa part déclaré le 2 novembre le président John Atta-Mills, soulignant que David Cameron n’avait pas à «dicter aux autres nations souveraines ce qu’elles devraient faire».
 
 
Dans un communiqué, huit associations ghanéennes appellent Londres à jouer la carte diplomatique et à soutenir les militants LGBT africains. Leur crainte: qu’un retrait de l’aide «augmente le niveau de stigmatisation, de violence et de discrimination envers les LGBT d’Afrique» et que les structures de santé gay-friendly révisent leur politique. Certaines de ces associations font partie de la cinquantaine d’organisations africaines qui ont récemment lancé un appel contre les menaces britanniques, qui créent «un risque réel de réaction violente contre les LGBTI» (lire article).