Partout en France, les associations membres de la Fédération LGBTI+ accompagnent des réfugié⋅e⋅s LGBTI qui demandent asile à la France. Ces personnes fuient les persécutions dans leur pays en raison de leur orientation sexuelle, leur identité de genre ou leur expression de genre. Victimes de persécutions dans leur pays d’origine (ostracisation, brimades, viols, meurtre de leur conjoint·e), elles fuient la mort qui les guettait à chaque instant.
Certaines d’entre elles ont obtenu un visa pour entrer en France, et celle-ci doit étudier leur demande. D’autres sont arrivées jusqu’à nous au péril de leur vie, par les pays européens frontaliers. La France s’appuie alors sur le règlement européen Dublin III pour refuser d’étudier leurs demandes et les renvoyer dans ces pays.
Par plusieurs circulaires, dont la dernière le 12 décembre, le ministère de l’Intérieur a ordonné aux Préfet⋅e⋅s d’appliquer une politique du chiffre quant aux expulsions vers les pays d’entrée. Plus grave pour les droits humains, le 15 février dernier, l’Assemblée nationale a validé une loi qui autorise le placement en rétention des personnes demandeuses d’asile en procédure Dublin afin de s’assurer qu’elles n’y échappent pas.
L’expulsion des réfugié·e·s vers le pays d’entrée en Europe est une aberration. Les personnes qui fuient leur pays et qui choisissent la France le font car elles parlent français ou parce qu’elles connaissent d’autres personnes originaires de leur pays qui pourront les aider. Les contraindre à effectuer leur demande d’asile dans un pays d’Europe dans lequel elles n’ont aucune attache les fragilise davantage, quand quitter son pays est déjà une terrible déchirure. Cette politique traduit une gestion bureaucratique par le chiffre de ce qui relève pourtant d’une politique humanitaire, conformément à la Convention de Genève de 1951.
Dans les associations de la Fédération LGBTI+, nous constatons chaque jour la fragilité supplémentaire des réfugié·e·s LGBTI, qui se sentent parfois également en danger parmi les personnes de leur communauté d’origine vivant en France, et qui craignent alors un outing, ou de nouvelles brimades. L’aide que nous apportons dans nos associations est primordiale. Nous permettons à ces personnes de rencontrer d’autres exilé·e·s LGBTI, nous les accompagnons dans leurs démarches administratives et, surtout, nous leur offrons un espace dans lequel se reconstruire sereinement.
Rappelons que l’Union européenne n’est pas homogène quant à la législation vis-à-vis des droits des personnes LGBTI, ni quant à leur acceptation dans la société. Expulser les réfugié·e·s LGBTI vers le pays de leur entrée sur le sol européen revient à les priver du soutien communautaire qui leur est indispensable et à les exposer au risque de nouvelles violences.
Outre que nous nous opposons à la rétention des migrant·e·s de manière générale, le droit d’asile n’est pas compatible avec une politique du chiffre. Les réfugié⋅e⋅s doivent pouvoir défendre leur demande d’asile librement, et celle-ci doit être étudiée sans logique de quota. Les réfugié⋅e⋅s doivent pouvoir accéder aux associations LGBTI+ pour y trouver du soutien et poser les bases d’une nouvelle vie.
Le texte présenté en Conseil des Ministres ce 21 février nous révolte.
L’exil n’est pas un délit. Nous, associations de la Fédération LGBTI+, demandons à la France de respecter son devoir moral et réglementaire d’accueil des réfugié·e·s, des réfugié·e·s LGBTI en particulier, en les traitant non pas comme des chiffres à réduire mais comme des personnes.