Ce vendredi 1er décembre se tient la Journée Mondiale de Lutte contre le Sida (JMLS), qui depuis 1988 permet notamment aux acteurs associatifs de sensibiliser grand public et décideurs aux enjeux de la lutte pour la fin de l’épidémie.
Si la Fédération LGBT et ses associations membres se mobilisent toute l’année, par l’information et la prévention, contre le VIH, les hépatites et les infections sexuellement transmissibles (IST), cette grande journée thématique nous permet de délivrer un message fort à l’ensemble des acteurs (grand public, associations, institutions) dans l’objectif d’enrayer l’épidémie de VIH-SIDA, d’accompagner au mieux les personnes séropositives et de lutter contre la sérophobie.
Depuis un peu plus de deux ans, le paradigme de la prévention a radicalement changé dans notre paysage associatif. L’ère du “tout-capote”, comportement le plus pertinent en son temps, est désormais révolue en raison de l’apparition progressive de nouveaux outils qui viennent compléter une gamme accessible à chacun·e. Il est désormais crucial, pour lutter efficacement contre l’épidémie, de faire la promotion de la prévention combinée : six grandes catégories d’outils s’articulent aujourd’hui pour que chaque individu, au gré de sa vie sexuelle et affective en constante évolution, au gré de son statut sérologique et de ses pratiques, puisse se prémunir et protéger ses partenaires.
Préservatifs, dépistages multiformes (en laboratoire, tests rapides ou auto-tests), outils de réduction des risques (mesures d’hygiène, matériel d’injection à usage unique, etc.), traitements antirétroviraux comme prévention (TasP, pour les personnes séropositives), traitements d’urgence post-exposition (TPE), prise prophylactique d’antirétroviraux (PrEP) : le rôle de notre Fédération est de faire œuvre de pédagogie et d’information. Parfois perçus comme concurrents, ces outils sont en réalité extrêmement complémentaires, et correspondent chacun à des populations très diverses dont l’ancien paradigme de prévention, trop manichéen, ne tenait pas compte.
Le dernier outil en date, la PrEP, qui consiste en une prise d’antirétroviraux avant une prise de risque, est le plus décrié : il dé-responsabiliserait les usager·e·s, coûterait cher à la collectivité, et provoquerait une augmentation des autres IST. Notre réponse est sans ambiguïté : la PrEP a démontré sa très grande efficacité contre le VIH, les usager·e·s suivi·e·s sont dépisté·e·s et traité·e·s plus souvent et plus tôt contre les autres IST, et la PrEP représente un investissement sur le long terme pour porter un sérieux coup à la progression de l’épidémie, qui a encore contaminé 6000 nouvelles personnes en 2016 en France.
De nombreux experts scientifiques et associatifs s’accordent sur un enrayement possible de l’épidémie dans notre pays, sur le modèle de la ville de San Francisco, à la condition d’atteindre le triple seuil des 95 % : 95 % des personnes séropositives dépistées, 95 % de celles-là sous traitement, 95 % de ces dernières en charge virale indétectable.
Notre rôle associatif en tant que Fédération LGBT est d’appeler chacun·e à se saisir des outils de prévention les plus adaptés à sa situation, tout en rappelant aux pouvoirs publics leur immense responsabilité.
Sans des investissements financiers considérables en matière de prévention, sans des campagnes de grande ampleur qui ne craindraient pas l’hostilité des plus puritain·e·s, sans une lutte contre les discriminations volontaire, la fin du VIH-SIDA en France est inatteignable à moyen ou long terme. En parallèle, l’État francais doit impérativement cesser la répression permanente menée à l’encontre des usager·e·s de drogue, des migrant·e·s et des travailleurs·euses du sexe, dont la traque provoque des résultats désastreux en matière de prolifération du VIH et des autres IST.