En cette journée internationale de visibilité intersexe, la Fédération LGBTI+ exprime sa solidarité aux personnes et aux associations intersexes, ainsi qu’aux associations alliées de cette lutte. Nous les savons engagées dans un contexte défavorable à toute évolution législative et réglementaire concrète. La réforme est pourtant urgente, au regard des enjeux d’intégrité physique et de dignité humaine qu’elles soulèvent. Mais l’urgence se heurte hélas à l’indifférence coupable des pouvoirs publics que seule une mobilisation collective peut briser.

Lors de la publication du plan pour l’égalité (2023-2026), le gouvernement s’était engagé à “publier une circulaire d’application de la loi bioéthique rappelant l’objectif du législateur de mettre fin aux mutilations des personnes intersexes”. Il s’agissait de renverser la vapeur d’une loi bioéthique dont le Collectif Intersexe Activiste avait pointé les profondes insuffisances sur la question des personnes intersexes. Cette circulaire a été publiée en septembre dernier : mais elle ne change rien à un état du droit qui ne respecte toujours pas les droits fondamentaux des personnes intersexes.

Les ressorts institutionnels – médicaux et judiciaires – de l’intersexophobie d’État sont toujours debout : le refus de l’autodétermination des personnes et le maquillage juridique de mutilations en “soins médicaux”, notamment. En l’état actuel, le droit français ne garantit nullement l’intégrité physique et l’autodétermination des personnes intersexes. Il cautionne des actes qui, dans un tout autre contexte institutionnel, devraient être considérés comme relevant de la barbarie.

La Fédération LGBTI+ entend rappeler, en écho aux associations de personnes concernées et en réponse aux insuffisances du dernier plan, qu’une circulaire ne saurait mieux exprimer la volonté du législateur que le législateur lui-même. Nous formons le vœu d’une mobilisation du Parlement, groupes majoritaires et d’opposition, pour que la France applique les droits humains aux personnes intersexes.

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Vignette communiqué de presse football

Dans un entretien à l’hebdomadaire le Point, le 4 octobre dernier, Yohann Lemaire (président de l’association Foot ensemble) préconise de « faire la pédagogie » et pointe le caractère « contre-productif » des sanctions destinées à punir l’homophobie dans les stades de football. Il réitère ainsi des propos tenus sur France Info le 2 octobre dernier. Ce positionnement ne correspond ni à celui majoritaire du mouvement LGBTI+ de France, ni à celui de la Fédération LGBTI+. Au contraire, la Fédération LGBTI+ se reconnaît davantage dans celui de Rouge Directhttps://rougedirect.org/ : elle l’a fermement condamné comme irresponsable, aux côtés de l’association Bleus et Fiers.

Sanction et prévention… dans cet ordre !

Il faut cesser d’opposer prévention et sanctions. Quel que soit le contexte, les sanctions pénales ou disciplinaires ont toujours une vertu pédagogique imparable… Mais encore faut-il qu’elles soient appliquées. Or, comme l’ont rappelé les associations précitées : dans le football, elles ne le sont pas assez… voire pas du tout !

Si les sanctions ne suffisent pas à elles seules à résorber la gangrène de l’homophobie dans les stades, il existe aujourd’hui un consensus parmi les associations LGBTI+ de France : quel que soit le contexte, il faut sévir, clairement et sans état d’âme. Quand les joueurs, les groupes de supporters et les dirigeants des associations sportives auront compris les enjeux et les risques réels, alors – peut-être – se décideront-ils enfin à engager sérieusement le travail de prévention auprès de la communauté du football.

C’est d’ailleurs précisément ce qu’a exprimé, jeudi 24 septembre dernier, la ministre des Sports, Amélie Oudéra-Castéra. À la suite des saillies homophobes lors du match PSG-OM du dimanche précédent, la ministre a ainsi déclaré qu’il faudrait revoir « le protocole d’arrêt des matchs en cas de chants homophobes, en cas d’incitation à la haine ». Nous lui donnons le point !

L’homophobie ne souffre aucune justification !

Cependant, il faut également rappeler que l’homophobie n’est pas une opinion, qu’aucun prétendu « folklore » ne la justifie, et que ce n’est pas seulement une infraction aux règles du football. C’est avant tout un délit… Un arrêt de match est donc bien peu de choses au regard de ce qu’encourent, ou plutôt de ce que devraient encourir, les auteurs de chants sexistes et homophobes bien trop fréquents dans le soi-disant « monde du football ».

Nous constatons, pour notre part, que le « monde du football » n’est ni un monde à part, ni une zone de non-droit – pas davantage que les écoles ou les salles de cinéma. Hors du stade ou après un match, tout supporter homophobe redevient collègue de travail, camarade de lycée ou membre de sa propre famille : un homophobe avec le sentiment d’impunité en plus.

Les lois et les règlements doivent donc s’appliquer à tous les homophobes, avec ou sans maillot, dans les gradins, sur les terrains de jeu comme partout ailleurs sur le territoire !