L’Inter-LGBT vient de dévoiler le mot d’ordre de la prochaine Marche des Fiertés de Paris qui aura lieu le samedi 2 juillet. Cette marche est la plus importante en France en termes de fréquentation et elle obtient donc, de fait, une visibilité nationale. C’est un moment incontournable pour porter les revendications LGBTI, d’autant plus que cette marche 2016 sera la dernière avant les élections présidentielles.

Lors des États Généraux du militantisme LGBTI à Avignon en novembre dernier, les associations présentes et la Fédération LGBT avaient exprimé le souhait fort qu’une coordination nationale se mette en place afin de décider d’un mot d’ordre national commun. La Fédération LGBT regrette que cette démarche n’ait pas été menée à bien, l’Inter-LGBT ayant au final décidé seule du mot d’ordre de la Marche de Paris : « Les droits des personnes trans sont une urgence : stérilisations forcées, agressions, précarité : STOP ».

Alors que, face aux mouvements conservateurs, le Gouvernement s’oppose aux droits humains des personnes LGBTI, nous ne pouvons nous satisfaire de formules floues, trop complaisantes avec le parti politique au pouvoir. Comme l’Inter-LGBT dans son communiqué, la Fédération LGBT considère urgent que la PMA soit ouverte à toute personne apte à porter un enfant. Concernant les personnes transgenres, nous saluons l’accent mis sur elles par le mot d’ordre mais nous regrettons en revanche que ne soit pas portée la revendication défendue par la quasi-totalité des associations LGBT : le changement de la mention de sexe et du prénom à l’état civil doit se faire en mairie, librement et gratuitement.

Dans les villes où est présente la Fédération LGBT (Angers, Angoulême, Bordeaux, Dijon, Marseille, Nancy, Nantes, Nice, Orléans, Rennes…), les Marches des Fiertés porteront ces deux revendications avec clarté et combativité, et pointeront la responsabilité du gouvernement dans l’immobilisme actuel. Il n’est pas envisageable que la Marche des Fiertés de Paris y fasse exception. La Fédération LGBT va donc contacter l’Inter-LGBT afin d’organiser sa participation et ainsi d’y porter haut et fort la voix des centres et associations LGBT de France.

L’égalité des droits ne se mendie pas, elle se conquiert.

L’annonce par le Ministère de la Santé de la fin de l’interdiction aux hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes a été accueillie avec circonspection par l’opinion publique. La communication sur ce sujet complexe par les médias et les acteurs associatifs s’est souvent faite avec maladresse et en ne présentant qu’une partie des éléments du dossier.
 
Depuis, certaines associations et structures publiques ont travaillé autour du Directeur Général de la Santé dans la discrétion, mais avec ardeur et sérieux. Compte tenu des intérêts non convergents des participant·e·s, la Fédération LGBT salue le climat de respect, l’écoute et la volonté de réussir qui animèrent le groupe de travail.
 
Madame la Ministre a signé le décret d’application portant révision des critères de sélection des donneurs de sang en date du 05/04/2016. C’est l’occasion, notamment pour la Fédération LGBT, de rappeler clairement les étapes de la mise en œuvre de cette réforme qui va plus loin et est plus large que ce qu’il n’y paraît.
 
Avant tout propos, il est capital de réaffirmer la volonté absolue du groupe de travail de conserver un très haut niveau de sécurité pour les receveur·se·s.
 
La compréhension de ce dossier ne peut se faire qu’en expliquant la totalité du processus qui sera mis en œuvre.
 
  • Étape 1 : installation dès le 26 mai 2015 du groupe de travail réunissant la Direction Générale de la Santé, l’Établissement Français du Sang, l’Institut National de Veille Sanitaire, le service du don du sang des armées, les associations (associations de receveur·se·s, de donneur·se·s, de lutte contre le sida et les hépatites, associations communautaires et notamment représentant la communauté visée par la réforme).
  • Étape 2 : signature du décret par la Ministre de la Santé le 5 avril 2016
  • Étape 3 : dès la fin du printemps 2016 (après la révision des questionnaires et des documents d’information) les Hommes ayant des relations Sexuelles avec d’autres Hommes (HSH) peuvent à nouveau donner leur sang dans un cadre d’une sécurité maintenue, voire accrue, pour les receveur·se·s
  • Étape 3 bis : en même temps que l’étape 3, formation de tous les personnels salariés et bénévoles, médicaux et administratifs, aux nouveaux critères et en particulier aux éléments communautaires et de pratiques du public principal de nouveau concerné : les HSH. 
Il est extrêmement important de rappeler que nous entrons donc dans une phase transitoire.
 
L’objectif est de collecter des données concernant la concordance entre les informations déclaratives des donneurs HSH (questionnaire pré-don et entretien) et la réalité, vérifiée par les tests sur les échantillons de sang. Ces données de « la vraie vie » seront confrontées aux modèles mathématiques et statistiques qui ont servi à définir le processus de levée de l’interdiction définitive au plus près d’une sécurité maintenue.
 
Elles doivent permettre de démontrer :
– une augmentation de la compliance ;
– une sécurité conservée voire accrue ;
– une augmentation des donneurs.
 
Pendant cette phase transitoire, les HSH ne seront effectivement autorisés à donner leur sang (total) qu’avec une période de stabilité de 12 mois dans leur relation. Ce critère est ressenti par beaucoup comme discriminatoire car différent de ceux appliqués aux hommes hétérosexuels. Rappelons cependant que la probabilité de croiser le virus du VIH est 200 fois supérieure dans une relation HSH qu’hétérosexuelle et qu’une ouverture du don de sang sans données objectives n’était pas envisageable. Pour accompagner cette mesure, le groupe de travail a prévu une possibilité de pouvoir participer citoyennement, pour cette catégorie de personnes, en donnant son plasma en respectant un délai cette fois de 4 mois seulement.
 
Ainsi un premier palier d’égalité est acquis puisque les hommes hétérosexuels multipartenaires suivent le même délai.
  • Étape 4 : Les données obtenues (et là le nombre de nouveaux donneurs HSH peut entrer en ligne de compte pour réduire le délai nécessaire à la compilation des chiffres) permettront de sortir plus ou moins rapidement de cette phase transitoire, en un an selon nos espoirs. Le passage ensuite à un délai d’attente de 4 mois pour tous en cas de multi-partenariat pourra ensuite devenir la règle commune. Le don du sang sera ainsi réellement ouvert aux HSH aux mêmes conditions que les autres donneur·se·s.
L’objectif de lever le caractère définitif de donner leur sang aux HSH est bel et bien déjà atteint. La Fédération LGBT regrette cependant le choix d’un délai d’abstinence de 12 mois soit demandé quand un délai de 6 mois aurait été à priori suffisant pour cette première étape.
Au niveau du don de plasma, les donneurs HSH se retrouvent dès à présent assujettis aux mêmes critères que les donneurs hétérosexuels. C’est une avancée non négligeable.
 
Le décret prévoit dans son annexe VIII que le groupe de travail autour du Directeur Général de la Santé qui a permis d’arriver à ce texte consensuel, est installé en Comité de Suivi permanent et les membres sont cités dans le texte officiel publié. Ce comité représente toutes les parties intéressées : les donneur·se·s, les receveur·se·s, les pouvoirs publics, les établissements mettant en œuvre les prélèvements de sang et de plasma, les associations communautaires LGBT (et c’est là un fait nouveau et notable), les associations de personnes séropositives au VIH et aux hépatites. La Fédération LGBT y est donc inscrite et veillera au bon suivi de ce dossier.
 
Notons encore que ce travail a permis la réintégration d’autres catégories de personnes également exclues tels que celles guéries d’un cancer ou d’une hépatite C. Il s’agit donc d’un travail, où la volonté d’un groupe concerné par une problématique, bénéficie d’une façon plus large à la sociét
é, et donc d’un vrai travail citoyen.
 
La Fédération LGBT remercie tous les acteurs qui ont contribué, par leur sérieux et leur respect mutuel, à la construction et l’aboutissement de ce travail collectif, long et difficile, en particulier l’Association Française des Hémophiles pour ses avancées envers la communauté gay. Nous remercions aussi Homodonneur pour son idée novatrice sur le don de plasma, qui a contribué ainsi à atténuer les ressentis discriminatoires ; sa posture agressive vis-à-vis du travail collectif obtenu ne peut donc masquer une attitude bien plus constructive dans les faits, au final quasi identique à la nôtre. Elle remercie la Direction Générale de la Santé, et son directeur le Professeur Benoit Vallet, pour avoir mené ce travail avec une large volonté d’ouverture ; elle tient enfin à remercier Madame la Ministre de la santé : sans sa volonté politique, rien n’aurait été possible. 
 
La Fédération LGBT appelle donc les HSH qui correspondent, en vérité et en conscience, aux nouveaux critères (évolutifs) de sélection des donneurs de sang à prendre ou reprendre le chemin du don de sang, geste symbolique et citoyen, pour un mieux vivre ensemble dans une compréhension mutuelle et une vraie fraternité républicaine.
 
Contact presse :
Dominique Ganaye
Vice-président en charge de la santé & de la prévention
+33 6 70 70 93 17
contact@federation-lgbt.org
Un jugement du Conseil de Prud’hommes de Paris vient d’être rendu public. Il sidère et indigne, bien au-delà des personnes concernées et de leurs associations.
 
Rappelons les faits. Un salarié d’un salon de coiffure est congédié pendant sa période d’essai. Estimant que son licenciement est motivé par l’homophobie de son employeuse, la victime saisit le Défenseur des Droits, qui lui apporte son soutien. En effet, la veille de la rupture de son contrat, il avait reçu par erreur un SMS sans équivoque de son employeuse : "Je ne le sens pas, je ne le garde pas, c’est un sale PD, ils ne font que des tours de pute".
 
Si le salon de coiffure a bien été condamné par les Prud’hommes pour licenciement abusif à 5000€ de dommages et intérêts, le caractère discriminatoire n’a pas été retenu. Le jugement indique en effet que, pour le Conseil des Prud’hommes de Paris, le terme "PD" ne constitue pas une injure dans le cadre d’un salon de coiffure car « il est reconnu que les salons de coiffure emploient régulièrement des personnes homosexuelles, notamment dans les salons de coiffure féminins, sans que cela ne pose de problèmes » !
 
La Fédération LGBT rappelle que le caractère homophobe de l’utilisation du mot "pédé" par un·e employeur·se n’est évidemment pas dépendant du domaine d’activité ! Le Code Pénal dans son article 132-77 précise que le caractère homophobe est une circonstance aggravante, et le délai de prescription a été aligné sur les propos racistes par la Loi n°2004-575 modifiant l’article 23 de la Loi du 29 juillet 1881. Il n’ y a donc aucune équivoque possible et les juges prud’homaux ont parfaitement méconnus la Loi.
 
Nous constatons également l’absence de gêne du Conseil prud’homal à faire étalage des stéréotypes homophobes qui l’habitent. Sur quelle étude s’appuient-ils pour qualifier l’orientation sexuelle des employé·e·s de salons de coiffure, et plus précisément les salons féminins ?
 
La Fédération LGBT constate donc une nouvelle fois le manque criant de formation sur les discriminations dans certaines juridictions françaises. Nous déplorons qu’en 2016 un tel argumentaire puisse encore être déroulé sans honte.
 
Nous adressons tout notre soutien à la victime, discriminée une première fois par son employeur et recevant par la suite le mépris d’une juridiction ayant pour mission de la défendre. Nous saluons l’annonce de la victime, par le biais de son avocate, qu’elle va faire appel de cette décision.
 
Contacts presse :
– Stéphanie Nicot, présidente, +33 6 14 69 63 51
– Antonin Le Mée, porte-parole, +33 6 88 76 82 01
– contact@federation-lgbt.org

Un jugement du Conseil de Prud’hommes de Paris vient d’être rendu public. Il sidère et indigne, bien au-delà des personnes concernées et de leurs associations.

Rappelons les faits. Un salarié d’un salon de coiffure est congédié pendant sa période d’essai. Estimant que son licenciement est motivé par l’homophobie de son employeuse, la victime saisit le Défenseur des Droits, qui lui apporte son soutien. En effet, la veille de la rupture de son contrat, il avait reçu par erreur un SMS sans équivoque de son employeuse : « Je ne le sens pas, je ne le garde pas, c’est un sale PD, ils ne font que des tours de pute ».

Si le salon de coiffure a bien été condamné par les Prud’hommes pour licenciement abusif à 5000€ de dommages et intérêts, le caractère discriminatoire n’a pas été retenu. Le jugement indique en effet que, pour le Conseil des Prud’hommes de Paris, le terme « PD » ne constitue pas une injure dans le cadre d’un salon de coiffure car « il est reconnu que les salons de coiffure emploient régulièrement des personnes homosexuelles, notamment dans les salons de coiffure féminins, sans que cela ne pose de problèmes » !

La Fédération LGBT rappelle que le caractère homophobe de l’utilisation du mot « pédé » par un·e employeur·se n’est évidemment pas dépendant du domaine d’activité ! Le Code Pénal dans son article 132-77 précise que le caractère homophobe est une circonstance aggravante, et le délai de prescription a été aligné sur les propos racistes par la Loi n°2004-575 modifiant l’article 23 de la Loi du 29 juillet 1881. Il n’ y a donc aucune équivoque possible et les juges prud’homaux ont parfaitement méconnus la Loi.

Nous constatons également l’absence de gêne du Conseil prud’homal à faire étalage des stéréotypes homophobes qui l’habitent. Sur quelle étude s’appuient-ils pour qualifier l’orientation sexuelle des employé·e·s de salons de coiffure, et plus précisément les salons féminins ?

La Fédération LGBT constate donc une nouvelle fois le manque criant de formation sur les discriminations dans certaines juridictions françaises. Nous déplorons qu’en 2016 un tel argumentaire puisse encore être déroulé sans honte.

Nous adressons tout notre soutien à la victime, discriminée une première fois par son employeur et recevant par la suite le mépris d’une juridiction ayant pour mission de la défendre. Nous saluons l’annonce de la victime, par le biais de son avocate, qu’elle va faire appel de cette décision.