L’homophobie décomplexée frappe de nouveau et fait trois blessés.
 
Le mercredi 17 avril, vers 22h, quatre hommes au crâne rasé ont agressé des homosexuels fréquentant le Vice & Versa, à Lille.
 
Les clients et patrons de ce bar gay ont essuyé des insultes homophobes : « Ta gueule sale PD. Regarde-moi dans les yeux si tu as des couilles », et ont été victimes de blessures suite à la tentative de saccage de ce bar commise par les quatre individus, arrêtés et placés en garde à vue à l’issue de leurs délits.
 
Ce nouvel épisode de violences homophobes est directement le fruit de la montée de la haine, de l’intolérance, et de l’homophobie en France, conséquences d’un climat général cultivé par les opposants prétendant lutter contre l’ouverture du mariage et de l’adoption, alors qu’ils ne renvoient les personnes et les couples homosexuels qu’à une sous-citoyenneté, aux droits inférieurs.
 
Ces nouvelles violences inacceptables interviennent dans un climat de harcèlement, de manifestations de la part des opposants qui ont décomplexé l’expression d’une homophobie désormais revendiquée, au moment où l’Assemblé nationale examine en deuxième lecture le projet de loi ouvrant le mariage et l’adoption aux couples de même sexe.
 
L’homophobie qui est un délit pénal, est aussi devenue la volonté de maintenir des citoyennes et des citoyens LGBT dans une situation de discrimination légale.
 
Cette nouvelle affaire d’agression homophobe à Lille intervient après celles à Paris, le 7 avril dernier, où deux couples homosexuels ont été passés à tabac, ainsi qu’après les témoignages de l’homophobie au quotidien, reçus d’homosexuel(le)s dans les régions.
 
La FÉDÉRATION LGBT exprime sa solidarité aux blessés, aux clients et patrons du Vice & Versa, à Lille, sous le choc.
 
La FÉDÉRATION LGBT condamne fermement cette agression au bar lillois le Vice & Versa dont se sont rendus coupables les quatre prévenus, et enjoint le parquet de Lille à retenir la circonstance aggravante de la commission des faits à raison de l’orientation sexuelle des victimes, tant pour les injures que pour les agressions et destructions. Cette circonstance aggravante est, dans les faits et symboliquement, bien supérieure à la commission des faits en réunion, puisque ces hommes venaient volontairement agresser des homosexuels.
 
Une avancée considérable qui nécessite pourtant l’adoption d’autres lois pour une totale Égalité des droits des personnes LGBT.
 
Mercredi 10 avril, l’Uruguay votait définitivement le mariage pour les homosexuel(le)s, devenant le 12e pays au monde qui accorde l’Egalité aux personnes Lesbiennes, Gays, Bi, Transgenres.
 
Pendant ce temps, en France, pays des droits humains si prompt à donner des leçons en la matière, l’opposition proposait au Sénat un contrat d’union civil pour les personnes LGBT et s’opposait à l’adoption plénière par nos couples.
 
Pourtant, ce vendredi 12 avril à 11:26, après 6 jours et quelques nuits de débat, le Sénat a approuvé le projet de loi ouvrant le mariage et l’adoption aux couples de même sexe, lors d’un vote à main levée.
 
Au cours des débats, les sénatrices et sénateurs ont repoussé quatre motions, dont celle tendant à le soumettre au référendum, à celle d’exception d’irrecevabilité, à celle de question préalable, et enfin celle tendant au renvoi du projet de loi en commission. Les amendements proposant la création d’un contrat d’union civile à la place du contrat de mariage ont été rejetés.
 
L’article 1er qui prévoit notamment que le mariage pourra désormais être « contracté par deux personnes de sexe différent ou de même sexe » a été approuvé dans les mêmes termes que l’Assemblée nationale, ce qui induit qu’il ne sera pas rediscuté lors du nouvel examen du texte devant l’Assemblé nationale prochainement.
 
Les articles 2 et 3 de ce projet de loi, relatifs à l’ouverture de l’adoption plénière et de l’adoption simple aux couples mariés de personnes de même sexe ont été adoptés.
Le Sénat a pourtant apporté une modification au texte voté à l’Assemblée nationale sur le point de la dévolution du nom de famille, prévoyant qu’à l’article 311-21 du code civil, en son premier alinéa, qu’en « cas de désaccord entre les parents, signalé par l’un d’eux à l’officier de l’état civil, au plus tard au jour de la déclaration de naissance ou après la naissance, lors de l’établissement simultané de la filiation, l’enfant prend leurs deux noms, dans la limite du premier nom de famille pour chacun d’eux, accolés selon l’ordre alphabétique. »
 
Ce vote historique de la Haute Chambre ouvre la voie à plus d’Égalité des droits pour les personnes de même sexe. Le mariage et l’adoption ne sont qu’une première étape vers un processus sociétal d’Egalité complète que nous revendiquons. Ce premier pas doit très rapidement être suivi d’autres votes tout aussi importants. Sinon les personnes LGBT ne pourraient être égales en droit qu’en ayant l’obligation de se marier, alors que les personnes hétérosexuelles n’ont pas cette obligation.
 
Ce vote historique intervient pourtant dans un climat de haine et d’homophobie sans précédent en France. Homophobie délictuelle qui se traduit par des propos et actes d’une violence inouïe à l’encontre des homosexuel(le)s. Homophobie sociale qui se traduit par l’acharnement maladif des opposants à maintenir les homosexuel(le)s dans une discrimination légale.
 
La FÉDÉRATION LGBT appelle donc le gouvernement à aboutir, sans tarder désormais, à l’ouverture de la PMA à toutes les femmes, à l’Égalité pour les concubins et pacsés LGBT, non encore acquises, ainsi qu’au changement d’état civil, libre et gratuit, en faveur des personnes transgenres.
 
Le Sénat a adopté vendredi matin le projet de loi controversé sur le mariage homosexuel. Le texte, qui avait été adopté en première lecture par l’Assemblée le 12 février, devrait revenir rapidement dans l’émicycle.
 
A l’extérieur du Sénat, des opposants hostiles au projet de loi s’étaient rassemblés sous la banière de la Manif pour tous dont l’égérie est Frigide Barjot et d’autres, à 200 mètres de là, sous celle de l’Institut Civitas, proche des catholiques intégristes. Non loin, face à l’église Saint-Sulpice manifestaient aussi des partisans du mariage homosexuel.
 
La GPA et la PMA rejetées par le gouvernement
 
Sous la houlette de leur président Jean-Pierre Bel (PS), les sénateurs ont achevé l’examen de l’ensemble des articles notamment par des amendements additionnels sur la procréation médicalement assistée (PMA) ou la gestation pour autrui (GPA). Ils ont tous été rejetés par le gouvernement et par le rapporteur Jean-Pierre Michel (PS) jugeant qu’ils n’entrent pas dans le périmètre du projet de loi.
 
Il restait aux sénateurs, ce vendredi matin, à présenter leurs explications de vote, avant de se prononcer sur l’ensemble du texte. Le Sénat avait fait un grand pas mercredi vers le mariage et l’adoption par des couples homosexuels avec le vote des deux premiers articles du projet de loi du gouvernement. Jeudi matin, il a voté les dispositions relatives au nom de famille.
 
Un livret de famille unique pour tous
 
La ministre de la Justice Christiane Taubira a pu à cette occasion annoncer aux sénateurs qu’il n’y aurait toujours qu’un seul livret de famille. «Avec l’Association des maires de France, nous sommes convenus de maintenir un livret unique», a-t-elle dit, alors que «plusieurs options s’ouvraient à nous: prévoir trois livrets ou un livret unique». «Quand on en arrivera à l’enfant, on écrira «l’enfant est né de…» et les rubriques seront complétées différemment selon les familles», a-t-elle précisé.
 
Le sénateur UMP Bruno Retailleau a de son côté provoqué un incident en s’en prenant à «la couleur» de la sénatrice écologiste Esther Benbassa. «Nous n’avons pas la même couleur politique. D’ailleurs d’autres couleurs non plus», a lancé le sénateur de Vendée, ancien villiériste, à la sénatrice. Le président PS de la commission des Lois, Jean-Pierre Sueur, s’est aussitôt indigné de ces propos «graves», tandis que le président du groupe écologiste Jean-Vincent Placé, dans un rappel au règlement, réclamait des excuses.
 
Après une suspension de séance, M. Retailleau a fait une mise au point pour clore l’incident: «Je voudrais dire solennellement, en m’adressant à ma collègue qui n’arrêtait pas de m’interrompre, que j’ai visé la différence de couleur politique et vestimentaire». Mme Benbassa portait une veste jaune franc, tandis que le sénateur de Vendée est toujours de sombre vêtu.
 
L’examen du projet de loi s’est déroulé dans un climat généralement tendu, la droite, fortement mobilisée, ralentissant les débats en multipliant les prises de paroles face à une gauche qui avait choisi le silence pour ne pas rallonger la discussion.
 
Jean-Pierre Michel, qui avait décrit la porte-parole de la «Manif pour tous» comme «la pire des homophobes», se dit prêt à répondre de ses propos.
Les sénateurs socialistes ont apporté mardi leur soutien «plein et entier» à leur collègue Jean-Pierre Michel, rapporteur au Sénat du projet de loi sur le mariage homosexuel, poursuivi pour diffamation par Frigide Barjot qui lui reproche de l’avoir décrite comme «la pire des homophobes».
 
Motion de soutien
«Par cette motion de soutien, les sénateurs socialistes ne veulent en aucun cas interférer dans la décision de justice», indique dans un communiqué leur président, François Rebsamen. Il s’agit pour eux «simplement de signifier leur estime et leur considération pour leur collègue et saluer la qualité du travail qu’il a mené pour préparer l’examen de ce texte, comme en témoignent les 50 auditions qu’il a menées dans un esprit d’écoute et de concertation», ajoute le sénateur-maire de Dijon.
 
Frigide Barjot et l’association opposée au mariage homosexuel «La manif pour tous», dont elle est porte-parole, ont assigné en diffamation M. Michel, avait annoncé la semaine dernière leur avocat, Me Alexandre Varaut.
 
«Je soutiens mes propos»
«Non seulement je maintiens mes propos, mais je les soutiens. C’est ce que je pense. Je ne vais pas aujourd’hui en tenir d’autres», avait déclaré ensuite le sénateur de la Haute-Saône dans un entretien publié sur le site internet de la chaîne Public Sénat.
 
«Je crois en la justice, qui n’est pas un support publicitaire pour un collectif malsain», a encore dit à l’AFP M. Michel, en annonçant qu’il serait présent le 4 avril – le jour de l’ouverture du débat au Sénat – pour son assignation à comparaître.
Elle est la première femme pasteure à avoir conclu un partenariat civil avec une personne de même sexe en Norvège. Aujourd’hui, Hilde Raastad souhaite renoncer à son pastorat afin de protester contre les discriminations dont les homos sont toujours victimes au sein de l’Eglise luthérienne norvégienne.
 
«C’est devenu intenable pour moi de représenter une Eglise dont une partie pratique encore autant l’exclusion», déclare aujourd’hui Hilde Raastad (photo ci-dessus) dans les colonnes du journal Aftenposten. En 1997, elle était devenue la première femme pasteure en Norvège à nouer une alliance civile avec une autre femme. Elle vient d’annoncer qu’elle souhaite renoncer à son pastorat pour protester contre la discrimination dont les lesbiennes et gays sont toujours victimes au sein de l’Eglise luthérienne norvégienne.
 
Officialisant une pratique déjà en cours, l’Eglise protestante luthérienne avait autorisé l’ordination d’homos tout en laissant aux évêques et aux instances cléricales chargées du recrutement la possibilité de refuser un ministère aux personnes vivant en partenariat avec une personne de même sexe.
 
«Pour eux, mon amour est un problème théologique»
Disant s’être vu refuser plusieurs postes alors qu’elle était parfois la seule candidate, Hilde Raastad a indiqué avoir envoyé une lettre à l’évêque d’Oslo, le conservateur Ole Christian Kvarme, pour lui demander d’annuler son ordination. «Je considère l’homophobie comme un péché», a-t-elle expliqué à Aftenposten. «Une église locale ne peut pas sélectionner les personnes en fonction de la couleur de leur peau ou de leur ethnicité. De la même façon, elle ne peut exclure ou juger des personnes sur la base de leur orientation sexuelle». «Cela a été un poids de ressentir la réprobation de ma hiérarchie, de voir qu’ils considèrent mon amour comme un problème théologique et que je vis une vie qui débouche sur le péché et la perdition», a-t-elle ajouté.
 
Interrogé par le journal, l’évêque Kvarme, connu pour son opposition à l’emploi d’homosexuels dans des fonctions ecclésiastiques, a refusé de commenter le contenu de la lettre, qu’il a dit ne pas avoir encore lue. Il a précisé qu’il rencontrerait probablement la pasteure Raastad pour entendre ses griefs.
Le festival Massimadi est né de l’envie de quelques personnes de parler de l’homosexualité en Afrique et dans les diasporas africaines (Caraïbes, Etats-Unis, Europe) par le biais de fictions et de documentaires.
 
Objectif ? Permettre de découvrir les manières dont se vivent les orientations sexuelles dans les communautés africaines d’ici et d’ailleurs. Les questions des identités, des origines, du genre et de la classe seront donc au coeur du festival Massimadi.
 
Pendant 3 jours, les 9, 10 et 11 mai prochains, Bruxelles se parera – encore plus – de couleurs pour découvrir des films, faire de délicieuses rencontres et savourer des musiques inattendues ! Pour cette première édition, cousine du festival montréalais du même nom, nous vous proposerons une programmation éclectique et qui ravira vos esprits curieux : du Sénégal, aux Antilles en passant par l’Afrique du Sud, la Grande-Bretagne, le festival Massimadi sera une balade entre fictions et documentaires. Autant de perles et de pépites qui ont toutes comme point commun d’ouvrir une grande
fenêtre sur les vécus des lesbiennes, gays, bi, et trans en Afrique et dans ses diasporas.
 
Nous travaillons encore d’arrache-pied pour que ce lancement soit une vraie réussite et ces trois jours de festival une rencontre. A l’aube de l’annonce de la programmation, des soirées, etc. nousavons encore besoin de toutes les aides. Et la vôtre peut faire toute la différence !
 
 
 
Communiqué de presse de la FÉDÉRATION LGBT
Angers, mercredi 13 février 2013
 
MARIAGE   ADOPTION  FILIATION  PMA  FEDERATION LGBT
 
 
Mariage, adoption, pour les couples de même sexe
L’adoption de la loi par l’Assemblée nationale est historique mais seulement un premier pas.
Nous ne voulons pas de mariage communautariste.
Filiation, PMA, changement d’état civil des transgenres, le combat pour l’Égalité des droits continue.
 
 
Mardi 12 février, l’Assemblée nationale a adopté en première lecture l’ouverture du mariage et de l’adoption aux couples de même sexe par 329 voix pour, 229 voix contre et 10 abstentions
 
Ce vote historique ouvre maintenant la voie à l’examen de cette loi par le Sénat à partir du 2 avril, dont le vote déterminera le délai qui nous sépare de l’effectivité des premières unions de même sexe.
 
Après 120 heures d’auditions, 2 jours de travaux en commission, 10 nuits et 11 jours de débat, la FÉDÉRATION LGBT exprime sa satisfaction pour cette première étape réussie et salue la pugnacité des ministres, Dominique Bertinoti, Christiane Taubira, Alain Vidalies, des rapporteur(e)s, Erwann Binet, Marie-Françoise Clergeau, du président de la Commission des lois, Jean-Jacques Urvoas, et la volonté des députés de la majorité de gauche qui ont défendu ce texte, ainsi que la résistance des deux députés de l’UMP, Franck Riester et Benoist Apparu, qui l’ont voté.
 
Non à l’homophobie sociale qu’est la discrimination légale
Pour autant, l’issue du vote de l’Assemblé nationale ne retirera jamais les propos et argumentations homophobes de nombre de députés de l’opposition, favorables à la discrimination légale, pas plus que la nouvelle reculade du gouvernement quant à la PMA.
 
Les députés PS qui s’étaient mobilisés en faveur de la PMA, qui ont accepté de retirer leur amendement contre la promesse d’un nouveau texte initialement annoncé pour mars, ont été trompés, comme nous l’avons été, par l’annonce d’un nouveau report sine die par Jean-Marc Ayrault, humiliant publiquement Dominique Bertinoti, ministre déléguée à la Famille.
 
Pas de mariage communautariste
La FÉDÉRATION LGBT note que le mariage qui vient d’être adopté est certes une avancée considérable mais qu’il demeure communautariste (1). Sans la filiation, ni la PMA, il n’ouvre pas les mêmes droits aux homosexuels qu’aux hétérosexuels. Ayant rejeté le communautarisme de l’union civile de Nicolas Sarkozy, nous n’accepterons pas plus un quelconque communautarisme de la part de la Gauche.
 
Nous demandons, au gouvernement et à la majorité parlementaire, une véritable volonté politique en faveur de l’ouverture de la PMA, comme s’y était engagé François Hollande lors du meeting Egalité LGBT 2012, du 31 mars, par la voix de Najat Vallaud-Belkacem.
 
L’Égalité des droits n’est pas négociable, ni hiérarchisable
Cette volonté politique est d’autant plus indispensable que la FÉDÉRATION LGBT note qu’en l’état actuel les homosexuel(le)s auront pour obligation de se marier s’ils veulent bénéficier d’une égalité des droits, bien qu’encore incomplète. En tant que citoyen(ne)s nous voulons l’égalité en ayant aussi la possibilité de ne pas nous marier.
 
C’est pourquoi la FÉDÉRATION LGBT appelle le gouvernement et la majorité parlementaire à prévoir, sans attendre, une loi famille intégrant la filiation hors mariage pour les concubins et pacsés de même sexe, la PMA pour toutes les femmes, le statut du tiers, la délégation d’autorité parentale améliorée, et une véritable réflexion sur le sens du don en lien avec la filiation.
 
Et les personnes transgenres ?
Pour la FÉDÉRATION LGBT l’Égalité des droits c’est aussi le changement d’état civil libre et gratuit, à la mairie, pour les personnes transgenres.
La FÉDÉRATION LGBT a bien noté le travail parlementaire mené par deux sénatrices PS en faveur des personnes transgenres, mais nous demandons maintenant au gouvernement de nous indiquer l’échéancier de présentation et de discussion du texte qu’il compte présenter en vue d’un débat sur le genre.
 
Pour la FÉDÉRATION LGBT le combat pour l’Égalité des droits continue.
 
Stéphane Corbin,
porte-parole – 06 22 09 09 66
 
 
(1) Le communautarisme, que nous rejetons, consiste à donner des droits spécifiques à une catégorie minoritaire de citoyens, sans leur ouvrir l’intégralité des droits acquis pour la majorité d’entre eux.
Appliqué au mariage adopté mardi 12 février 2013, cela consiste à ouvrir le mariage et l’adoption aux couples de même sexe sans leur permettre d’accéder à la filiation et à la PMA.
Cette situation inégalitaire consisterait, si nous devions l’appliquer juridiquement aux couples hétérosexuels, à ce qu’ils n’aient plus accès à la PMA et que les maris des femmes ayant accouché soient dans l’obligation d’adopter leur propre enfant, sans application de la présomption de paternité. Présomption de paternité qui dans le code civil actuel fait juridiquement et automatiquement du mari de la femme qui vient d’accoucher le père de l’enfant né, que le mari en question en soit le géniteur ou non.
 
«LES PREMIÈRES CONCESSIONS À L’ORDRE SYMBOLIQUE DE LA DIFFÉRENCE DES SEXES», PAR DANIEL BORRILLO
 
Avant même le début de la discussion parlementaire du projet de loi, la commission des lois de l’Assemblée nationale a voté un amendement permettant de maintenir (à l’exception du titre VII) les termes «père» et «mère» dans la loi. Dans la version originale, les mots «père» et «mère» étaient remplacés par le mot «parents». Cela constituait, pour moi, une véritable avancée car la loi signifiait non pas la nature sexuée du parent mais simplement sa fonction parentale. Si les hommes et les femmes ont les mêmes droits et ses fonctions sont interchangeables, pourquoi donc maintenir la distinction terminologique?
 
Il s’agit d’une question à la fois symbolique et pratique. Symboliquement, le maintien de ces termes permet de sauvegarder le schéma universel de la génération bisexuée, cela permet de dire, au fond, que l’hétéro(parenté) est à l’origine de toute filiation. Il s’agit d’une concession faite aux teneurs de la vision conservatrice de la filiation.
 
Au-delà de l’aspect symbolique, se profile une entreprise de restructuration du droit de la filiation, notamment par la mise en question de l’adoption plénière (qualifiée par la CNCDH de «mensonge institutionnalisé» qui effacerait «l’identité narrative de l’enfant»), le droit à l’accès aux origines biologiques (et la libéralisation de test génétiques que cela entraînera), la fin de l’anonymat des donneurs de gamètes, la fin de l’accouchement sous X et l’instauration du monopole de l’adoption simple (c’est-à-dire, l’adoption qui ajoute un lien nouveau sans détruire le lien biologique). Autrement dit, un individu seul ne pourra plus adopter, un couple de lesbiennes se verra imposer la figure du géniteur et l’accès à la gestation pour autrui sera à jamais interdit.
 
Pour maintenir la hiérarchie de la parenté hétéro/homo, on n’hésite pas à bouleverser le droit de la filiation pour le fonder principalement sur la vérité biologique.
 
Cette entreprise d’hétérosexualisation du droit de la famille ne fait que commencer… Le projet de loi sur la famille et la filiation (annoncé par le Premier ministre pour le mois de mars) constituera, à n’en pas douter, la prochaine étape.
 
Daniel Borrillo