Le Nobel accordé au quartet tunisien récompense la victoire de la société civile pour initier un processus démocratique en Tunisie.
 
Aussi, les associations LGBTI (Lesbien, gay, Bi, Trans, Intersexe) présentes à Avignon à l’occasion des Etats Généraux LGBTI d’Avignon, saluent les efforts conjoints de l’UGTT (syndicat des travailleurs), de l’Utica (patronat), de la Ligue des droits de l’homme et de l’Ordre des avocats pour une sortie de crise après les assassinats politiques de 2013 et les tentatives d’imposer une constitution jugée particulièrement rétrograde par la plupart des observateurs nationaux et internationaux.
 
C’est dans ce contexte favorable que l’association SHAMS, association de défense des minorités sexuelles en Tunisie, a été reconnue légalement et officiellement depuis le 18 mai 2015 par l’Etat tunisien.
 
Dans la continuité de la longue amitié franco-tunisien qui lie nos deux nations, les associations engagées dans la démarche des Etats Généraux LGBT souhaitent exprimer publiquement leur total soutien aux justes combats de l’ensemble de la société civile tunisienne, et des associations de minorités sexuelles dont SHAMS, seule association homosexuelle officielle du monde arabe.
 
Cependant, les Etats Généraux LGBTI souhaitent exprimer publiquement auprès du gouvernement tunisien et de toutes les forces civiles et démocratiques tunisiennes, nos fortes préoccupations quant aux appels publics au meurtre d’homosexuels en Tunisie, en particulier de la part de factions religieuses.
 
Cette situation est contraire aux intérêts politiques et économiques de la Tunisie, et ne s’inscrit nullement dans le processus du Nobel obtenu.
 
  • Aussi, l’ensemble des associations homosexuelles françaises demande au gouvernement tunisien :
 
-d’assurer la sécurité sur l’ensemble de son territoire de toutes les personnes LGBTI tunisiennes, ou étrangères séjournant en Tunisie,
– d’assurer la sécurité des militant-es, adhérent-es, sympathisant-es des associations de minorités sexuelles, dont l’association SHAMS, l’organisation terroriste DAESH ayant publiquement appelé au meurtre de leurs dirigeants en Tunisie.
– de libérer les personnes LGBTI aujourd’hui emprisonnées ou sous le coup de poursuites judiciaires,
– d’ouvrir le processus politique et / ou judiciaire de dépénalisation de l’homosexualité en Tunisie, et des LGBTI, héritage du protectorat français, cette pénalisation étant contraire à la nouvelle Constitution tunisienne quant au respect à la vie privé de chaque citoyen tunisien, et contraire aux traités internationaux, seul processus conforme et cohérent avec l’octroi du Nobel accordé au quartet tunisien récompensant la victoire de la société civile pour le respect des droits de l’Homme en Tunisie,
– de mettre fin immédiatement aux appels publics au meurtre des minorités sexuelles, et de poursuivre leurs auteurs,
– de veiller à assurer l’accès aux soins de santé des minorités sexuelles en Tunisie, en collaboration avec les organismes internationaux de santé et les ONG, notamment concernant la lutte contre le Sida, les maladies sexuellement transmissibles et la lutte contre la sur-suicidalité des personnes LGBTI tunisiennes en raison de l’homophobie subie au quotidien.
 
  • Au gouvernement français, l’ensemble des associations homosexuelles françaises demande :
 
– De veiller positivement à l’accès au droit d’asile des minorités sexuelles tunisiennes, notamment celles présentées avec le soutien de SHAMS ou d’autres associations homosexuelles tunisiennes,
– De veiller positivement à l’accès via l’ambassade de France aux financements d’actions associatives issues des minorités sexuelles tunisiennes,
– De contribuer activement au processus de dépénalisation de l’homosexualité en Tunisie, pour lequel la France mesure pleinement sa responsabilité historique de la pénalisation, en ayant été à l’initiative de celle-ci à l’époque du protectorat français,
– De veiller systématiquement à ce que toutes les personnes appelant publiquement au meurtre des minorités sexuelles, fassent l’objet d’un signalement et soient l’objet d’une interdiction administrative du territoire français et en Europe, en considérant que leur présence constituerait une menace grave pour l’ordre public, la sécurité intérieure ou les relations internationales.
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