Jeudi 21 mai, le président du groupe des député·e·s LREM, Gilles Le Gendre, a annoncé le report de l’ouverture de la PMA pour toutes, bien après l’été 2020, prétendument en raison de la crise du coronavirus. Le nouveau ministre de la Santé, Olivier Véran, a confirmé cet énième report.
L’argument de la crise sanitaire est un prétexte commode mais il n’est pas le premier faux prétexte qui nous est opposé : l’ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de femmes et aux femmes célibataires était un engagement de campagne du président Macron, élu en mai 2017. À part des ronds de jambes aux homophobes de tous poils rien n’a obligé l’écrasante majorité LREM à attendre 3 ans pour porter la PMA à l’agenda parlementaire. Gilles Le Gendre ajoute à l’indigne en précisant : « J’espère que nous pourrons adopter la PMA d’ici la fin du quinquennat. », soit dans 2 ans. Nous n’avons donc aucune garantie !
Le coronavirus est un prétexte illégitime auquel nul ne peut décemment croire, alors que ce gouvernement a été capable de faire passer des réformes “plus urgentes” par la voix de l’article 49-3, de faire adopter “en urgence” des lois l’habilitant à adopter des mesures par ordonnances, de faire adopter une loi Avia bien plus controversée et d’organiser au plus tôt des élections municipales en pleine crise sanitaire. Le gouvernement peut accélérer et clore ce débat : il en a le pouvoir. S’il ne le veut pas, c’est pour une unique raison : l’égalité des droits ne fait pas partie de ses préoccupations. Nous n’en serons pas dupes.
La Fédération LGBTI+ affirme sa solidarité avec les personnes concernées par cette réforme et celles qui l’attendent pour fonder une famille hors de toute clandestinité et/ou insécurité juridique. Nous exigeons que cette loi bioéthique soit adoptée au plus tard à la rentrée, dans sa version adoptée en première lecture par l’Assemblée nationale. C’est la moindre des choses que nous sommes en droit d’attendre au sujet d’un texte qui exclut d’emblée les personnes transgenres et intersexes. Il n’est pas acceptable de reporter aux calendes grecques, dans un flou total, une ouverture de la PMA qui n’en finit plus d’être promise puis enterrée depuis mai 2012 !
À l’heure des comptes, le bilan d’Emmanuel Macron pourrait s’avérer insignifiant sur les questions LGBTI+. Ce dernier recul gouvernemental s’inscrit dans le contexte d’une France où la situation des personnes LGBTI empire à toute vitesse. Ce n’est pas pour rien si la France est dégradée dans le classement des pays publié par l’ILGA-Europe (le 15 mai dernier), en dehors du top 10 et en net recul par rapport à ses voisins européens. Pour un gouvernement et une majorité s’affichant comme “progressistes”, la supercherie déjà largement suspectée est désormais sans équivoque.