Selon une étude publiée en juin 2023, 9 % de la population française s’identifie comme LGBT+. Une large majorité de la population se considère comme alliée, soutenant nos revendications principales : l’égalité dans le mariage, l’adoption, la parentalité et l’auto-détermination des personnes transgenres, y compris pour les mineurs.

Une mise en lumière utile et peu surprenante

Cette publication réfute deux perceptions opposées mais tout aussi erronées. D’une part, la vision pessimiste et erronée d’une communauté LGBT+ qui serait largement contestée et qui recevrait peu de soutien dans la société. D’autre part, la vision d’extrême droite, complotiste et réactionnaire qui dépeint le mouvement LGBT+ comme un « lobby » agissant dans l’ombre pour ses intérêts spécifiques. Les deux sont incorrectes : les revendications LGBTI+ bénéficient d’un soutien majoritaire et le travail des associations, effectué en toute transparence, correspond aux aspirations de la majorité de la population.

Ce résultat n’est guère surprenant et devrait nous réjouir. Cependant, même si les LGBTIphobies sont minoritaires, elles sont encore loin d’être marginales. Bien que l’opinion soit majoritairement du côté de l’égalité des droits, les pouvoirs publics ont beaucoup de retard sur la société.

Il nous reste encore beaucoup à faire !

Cependant, il reste beaucoup à accomplir : de nombreux préjugés persistent et diverses formes de haine anti-LGBT+ sont encore exprimées. C’est ce que révèle notamment le documentaire de Mediapart, Guet-Apens : les crimes invisibles (lien). C’est également ce que démontrent les nombreuses attaques contre les Centres LGBTI+, des structures essentielles qui œuvrent pour le bien-être et la visibilité des personnes LGBTI+ sur les territoires, et contre les Marches des Fiertés LGBTI+.

En conclusion, nous appelons les élu·e·s à prendre en compte cette enquête et à répondre aux attentes de la majorité de la population : renforcer la protection juridique des individus et des associations LGBT+, instaurer le changement d’état civil libre et gratuit pour les personnes transgenres, amplifier le travail d’éducation sexuelle dans les écoles, les collèges et les lycées et, enfin, pérenniser les moyens des Centres LGBTI+ en leur accordant un véritable statut. Il est temps pour les autorités de tourner la page de La Manif Pour Tous et de progresser pour s’aligner avec les attentes réelles et non pas fantasmées de la société civile.

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6 juin 2023

Depuis des années, la Fédération LGBTI+ tire la sonnette d’alarme auprès des pouvoirs publics concernant le sous-financement persistant des Centres LGBTI+. L’obtention d’une subvention exceptionnelle à la suite de l’affaire Cayeux a marqué un premier pas positif. [NDLR : l’ancienne ministre déléguée aux Collectivités locales avait manifesté son mépris à l’égard des personnes LGBTI+]. Néanmoins, la Fédération rappelle que la réussite du plan gouvernemental de lutte contre les LGBTIphobies dépend de la pérennisation de ce financement. Le plan devrait être présenté au début de l’été. Sans cela, outre la rupture de confiance, c’est toute la politique de lutte contre l’homophobie et la transphobie qui sera compromise et pour longtemps.

Des Centres LGBTI+ : une reconnaissance et des besoins croissants, mais des moyens constants

Reconnus pour leurs compétences, les 35 Centres LGBTI+ en France métropolitaine et dans les DOM-TOM interviennent en milieu scolaire, accompagnent les réfugiés LGBTI+, jouent un rôle majeur dans la santé communautaire et constituent souvent les seules structures capables de soutenir les victimes dans les départements (comme en atteste la dernière victoire de Quazar Angers contre un agresseur transphobe). Très peu soutenus par l’État, ces centres dépendent essentiellement de l’engagement des bénévoles, avec des difficultés en termes de disponibilités et de capacité à agir efficacement. Compte tenu du volume de leurs activités, des sollicitations croissantes des secteurs public et privé, et de l’expertise requise, leur professionnalisation est devenue une nécessité.

La Fédération LGBTI+ estime que l’efficacité du plan de lutte contre les LGBTIphobies est indissociable du financement durable du fonctionnement des Centres LGBTI+ (qu’ils soient ou non membres de la Fédération). À terme, elle revendique un véritable statut pour ces structures d’intérêt général, renforçant ainsi la capacité de la France à combattre activement les LGBTIphobies. C’est également la condition pour enfin reconnaître, auprès des pouvoirs publics, que la lutte contre les haines anti-LGBT+ se joue bien sur l’ensemble du territoire national.

Il convient de souligner que plusieurs pays européens ont fait le choix politique d’investir durablement dans leurs structures d’accueil LGBTI+, notamment la Wallonie avec ses Maisons Arc-en-Ciel, . Actuellement, la Fédération évalue les besoins des Centres à 3,150 millions d’euros. C’est peu ! A titre de comparaison, l’État a financé la Fédération Nationale des Chasseurs à hauteur de 11,46 millions d’euros en 2021, soit presque 4 fois plus ! Si nous n’avons rien contre la chasse – les personnes LGBT+ peuvent la pratiquer – cela montre que quand l’État veut trouver des financements, il sait le faire.

SOS Centres LGBTI+ en danger

Les Centres LGBTI+ en campagne !

En réponse à cette situation, la Fédération LGBTI+ a lancé la campagne « SOS Centres LGBTI en danger« . Elle a interpellé tous les groupes parlementaires et le groupe d’étude LGBT de l’Assemblée Nationale, a adressé des courriers ainsi qu’une note synthétique à plusieurs acteurs (lire la note) et diffusé un tract national. À ce jour, La Fédération LGBTI+ et la plupart des Centres LGBTI+ attendent toujours des réponses claires. Plusieurs députés de la majorité présidentielle et de la NUPES ont cependant manifesté leur soutien aux Centres.

Mais malgré nos alertes, nos préconisations sont suspendues aux arbitrages ministériels. D’un côté, certaines voix nous ont indiqué que la lutte contre les haines anti-LGBTI+ figure parmi les “Politiques Prioritaires du Gouvernement”. De l’autre, il y a Bercy : financer le fonctionnement des Centres LGBTI+ est un engagement financier. Entre ces deux options, nous attendons une décision politique. Soit le Gouvernement d’Elisabeth Borne et Emmanuel Macron soutiennent réellement le tissu associatif LGBTI, soit ils se contentent d’une coordination des services à moyens constants. Et l’on sait – pour l’avoir expérimenté depuis 2016 – qu’elle ne donne pas des résultats satisfaisants.

Sans financement du fonctionnement des centres LGBTI+, l’annonce du futur plan 2024-2027 serait un exercice de communication oubliant la réalité des territoires et abandonnant les bénévoles dans la lutte au quotidien contre les LGBTIphobies. Alors que les Centres LGBTI+ font l’objet d’attaques de plus en plus violentes (lire le communiqué), le plan annoncé à la fin du mois fait figure de test politique pour le Gouvernement : nous mesurerons son engagement concret à l’aune du soutien qu’il apportera ou non aux structures de terrain.

Liens

Face à l’escalade des dégradations et des violences, la Fédération LGBTI+ sollicite auprès des pouvoirs publics une protection renforcée pour les Centres LGBTI+ et les Marches des Fiertés LGBTI+ à travers le territoire national. Les réseaux d’extrême droite semblent constituer une menace croissante pour ces espaces d’affirmation et de solidarité.

Depuis plusieurs mois, la Fédération LGBTI+ constate une recrudescence d’incidents visant les Centres LGBTI+. Les attaques vont de la dégradation à l’incendie criminel :

  • Le 21 février 2023, le Centre LGBTI+ de la Réunion a subi une visite intrusive suivie d’un incendie criminel. Des insultes homophobes maculaient les lieux, conduisant à la condamnation à un an de prison d’un jeune majeur.
  • Le Centre LGBTI+ de Nantes, géré par l’association NOSIG, a été la cible de dégradations homophobes le 18 mai 2023, au lendemain de la Journée mondiale de lutte contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie. Les graffitis anti-LGBTI+ ont nécessité un nettoyage dans la semaine suivante. En 2022, ce centre a subi cinq dégradations.
  • Le Centre LGBTI+ de Lorraine-Sud à Nancy, dirigé par l’association Équinoxe, a été victime d’une tentative de déboulonnage de sa plaque et d’ajout d’autocollants par un groupe maurrassien.
  • Le Centre LGBTI+ 66 de Perpignan a connu une série de vandalisme : boîte aux lettres régulièrement vandalisée, vitrophanie arrachée, et même un graffiti insultant sur une des façades.
  • Le Centre LGBTI+ de Touraine a subi une attaque à l’aide d’un engin explosif le 22 mai, marquant la sixième attaque en deux mois et demi.

En outre, nous avons appris récemment que la Ville de Lyon a dû retirer une exposition LGBTI+ suite à deux dégradations. La Marche des Fiertés LGBTI+ de Saint-Brieuc a également été marquée par la présence de tags homophobes.

Ces attaques surviennent dans un contexte de propagande anti-LGBTI+ contestant les interventions de prévention contre les discriminations conduites par les associations LGBTI+ dans les collèges et les lycées.

Le point culminant de cette escalade de la haine s’est manifesté lors de l’attaque du Centre LGBTI+ de Touraine le 22 mai avec un engin explosif, alors que des bénévoles étaient présents. Dans une lettre adressée au Ministre de l’Intérieur, la Fédération LGBTI+ sonne l’alarme : il y a une intention de nuire, voire désormais de tuer. La Fédération évoque des méthodes rappelant celles des attentats terroristes.

Depuis le conflit politique autour de l’ouverture du mariage aux couples de même sexe (2012-2014), le niveau de violences anti-LGBTI+ n’a cessé de croître pour atteindre un niveau inégalé. Sans une protection renforcée, la Fédération LGBTI+ et les associations françaises craignent désormais pour la sécurité des militant·es LGBTI+.

Il apparaît clairement que bon nombre de ces dégradations ont des liens directs avec des groupuscules nationalistes et autoritaires.

La Fédération LGBTI+ demande des mesures de protection renforcées pour les Centres LGBTI+ et les Marches des Fiertés LGBTI+. Elle rappelle que ces espaces sont essentiels pour le bien-être, la sécurité et l’autonomie des personnes LGBTI+ à travers le pays. Pour faire face à ces risques, la Fédération devra travailler aux bonnes pratiques de sécurité et invite toutes les associations LGBTI+ à communiquer toute situation – même mineure – aux services de police.

En conclusion, la Fédération LGBTI+ sollicite l’attention et l’action des pouvoirs publics, pour que les enquêtes de police et les décisions de justice permettent de démanteler les réseaux homophobes et d’extrême droite. Seul un engagement ferme de l’Etat peut assurer la protection et la sécurité de la communauté LGBTI+ et de ses lieux d’expression. La haine et l’intolérance n’ont pas leur place dans notre société, et nous ne cessons de le réaffirmer. Notre lutte continue.