Visuel du communiqué de presse pour le second tour de l'élection présidentielle 2022

Après le premier tour de l’élection présidentielle, les associations et Centres LGBTI+ ont pris connaissance des deux candidat·es qualifié⋅es pour le second tour.

Une fois de plus, Marine le Pen est aux portes du pouvoir. Mais contrairement à ce qui s’est produit en 2017, l’hypothèse d’une victoire de l’extrême-droite au second tour est plausible. C’est le produit de cinq années d’une politique inégalitaire et régressive qui a contribué à dessiner le paysage qui se présente à l’issue du premier tour. 

Cette situation est empreinte de grands dangers pour les minorités racisées, sexuelles et de genre.

Comment ne pas s’inquiéter quand Marine Le Pen annonce vouloir contourner le Parlement, le Conseil constitutionnel en recourant massivement au référendum, et cela sur tous les sujets, y compris sociétaux comme la peine de mort ? Et demain pourquoi pas sur l’IVG ou les droits des personnes LGBTI+ ? Ce que nous prépare le Rassemblement National, c’est un régime similaire à ceux de la Hongrie ou de la Pologne avec les chasses aux sorcières tous azimuts, les programmes d’éducation « assainis », les zones anti-LGBTI,  etc

La présidence peut dissoudre l’Assemblée Nationale à tout moment, imposer sa politique à une majorité de député·es par le biais de l’article 49-3, prendre les pleins pouvoirs en déclenchant l’article 16 de la Constitution, recourir au plébiscite par référendum pour museler ses opposant·es. Un gouvernement sous les ordres de Marine le Pen peut dissoudre les associations, partis et syndicats qui lui sont opposés et engager des procédures judiciaires contre leurs militant·es. Aujourd’hui envisageable, la victoire de Marine le Pen serait la pire des situations et les minorités sexuelles et de genre particulièrement menacées.

Certes, les positions décevantes d’Emmanuel Macron sur nos revendications sont timorées, voire conservatrices. Il a récemment refusé de reconnaître la responsabilité éducative de l’école primaire en matière de lutte contre les discriminations, tout en exprimant son scepticisme pour le collège. Voilà un exemple parmi d’autres : il manifeste les positions d’Emmanuel Macron, rétives à l’égalité des droits et confortant  bien des préjugés LGBTIphobes.

Dans ce contexte, on peut choisir de voter pour Emmanuel Macron par conviction ou par défaut, D’autres s’abstiendront ou voteront blanc, par écœurement ou pour protester. En tout état de cause, nous appelons au minimum à ce qu’aucune voix LGBTI+ n’aille à Marine le Pen

visuel-election-2022

Alors que la campagne de l’élection présidentielle se termine, la Fédération LGBTI+ propose une synthèse du positionnement des différent·es candidat·es à l’élection présidentielle.

Ô déception : de tous les états-majors de campagne, seuls ceux de Nathalie Arthaud et de Jean-Luc Mélenchon ont répondu à nos questions, sans langue de bois, de surcroît ! Les dix autres candidat.e.s ont brillé par leur silence et il a fallu reprendre la lecture – fastidieuse mais éclairante – des programmes et des textes que nous avons pu trouver.

Nous nous accordons sur plusieurs points. D’abord, le paysage politique est devenu affolant pour les LGBTI+. La majorité des candidat.e.s n’a produit aucun travail politique significatif, ni porté aucune revendication sur nos sujets de préoccupation, certains affichant même des convictions franchement hostiles à l’égalité des droits LGBTI. 

Ainsi, la haine anti-LGBTI+ n’a jamais été aussi clairement représentée avec des candidats outranciers comme Eric Zemmour, Nicolas Dupont-Aignan et Marine le Pen, au discours volontairement ambigu. Le silence des programmes de Jean Lassalle et de Valérie Pécresse (deux opposants au mariage pour tou·tes) est assez significatif d’un positionnement homophobe pas assumé.

Par ailleurs, trois candidat·es se présentent avec des programmes assez éloignés des positions des associations et des personnes LGBTI+ et qui apparaissent relativement conservateurs au regard de l’évolution de la société: Emmanuel Macron, Nathalie Arthaud et – dans une moindre mesure – Anne Hidalgo qui fait bien  mention dans sa profession de foi des personnes LGBTI+ 

Finalement, seules quatre candidatures émergent comme des candidatures de réels progrès pour les personnes LGBTI+ : celles de Jean-Luc Mélenchon, Philippe Poutou et de Yannick Jadot dont les positions sont respectivement très avancées et les plus proches des nôtres, et celle de Fabien Roussel qui fait des propositions intéressantes sur des sujets considérés comme centraux pour les associations, tout en “retardant” sur d’autres thématiques.

Mais même pour ces candidats, il reste du travail pour construire des propositions concrètes sur les questions de santé communautaire et sur le volet LGBTI+ des programmes éducatifs.

Si ce communiqué constitue un appel à voter, et nous insistons sur l’importance et la symbolique  de cet acte, la Fédération LGBTI en revanche ne donne jamais de consigne de vote mais laisse chacun·e, en pleine connaissance des positions des douze candidat.e.s en lice, le choix du bulletin à glisser dans l’urne dimanche prochain.

Sources :