Aujourd’hui, la Fédération LGBTI se joint à l’hommage rendu par le pays à Daniel Cordier, né à Bordeaux en 1920, héros de la Résistance intérieure, resté debout dès 1940 face à l’occupant nazi et ses collaborateurs vichystes.

Quand nous pensons à Daniel Cordier, nous pensons à la personne qu’il fut dans son intégralité. À l’ardent résistant, au secrétaire de Jean Moulin. Mais aussi à l’homosexuel assumé, témoin d’une autre libération, arrachée de haute lutte et pour laquelle rien n’est jamais acquis : l’égale dignité des personnes LGBTI.

C’est en 2009 que Daniel Cordier a révélé son homosexualité au public, après l’avoir passée sous silence le plus clair de sa vie. Cette existence au placard, il l’expliquait par l’ampleur de la haine que suscitait l’homosexualité en France au XXe siècle.
Enfin, il aborda son homosexualité avec sincérité et humanité, sans tabou, en faisant la promotion de l’égalité des droits.

Ainsi, en 2013, fidèle à ses principes, il prit parti – publiquement et sans réserves – pour l’ouverture du mariage aux couples de même sexe. Parmi nos communautés, cette révélation publique fut loin d’être anodine.

La mort de Daniel Cordier renforce notre sentiment. Cette existence rappelle que la France compte bien, parmi les héros qui l’ont faite, des personnes LGBTI aux vertus remarquables.

Photo : Têtu

La Journée mondiale du souvenir transgenre, TDoR (Transgender Day of Remembrance) en anglais, a lieu le 20 novembre, à l’initiative de militant·e·s transgenres du monde entier pour commémorer les victimes de la transphobie de l’année passée.

Comme chaque 20 novembre, les personnes transgenres de nos associations, soutenues par leurs allié·e·s, prennent le temps de compter leurs mort·e·s : ceux et celles qui ont été visé·e·s par la transphobie jusqu’à ce que mort s’en suive. Celles qui ont été assassinées, celles qui ont été poussées au suicide. Celles qui ont été violées et torturées, celles qui ont été exécutées par arme à feu. Uni·e·s face à la transphobie, nous prenons le temps de les honorer et de les pleurer pour qu’aucune d’elles ne soit oubliée.

Durant les 12 derniers mois, les associations ont signalé la mort par transphobie de 350 personnes transgenres et non binaires dans le monde. Ce chiffre est sans doute bien en-deçà de la réalité. Cette année encore, les personnes exilées et les travailleur·se·s du sexe constituent la majorité des victimes qui ont été signalées (respectivement 50 et 62%). Quasiment toutes les victimes comptées étaient des femmes ou des personnes transféminines.

En France, un seul meurtre à signaler. Celui de Jessyca Sarmiento, travailleuse du Bois de Boulogne morte écrasée volontairement par un conducteur en début d’année. Cependant, la violence transphobe ne se limite pas aux homicides : injures, menaces, exclusion familiale, rejet, licenciements… C’est tout un continuum de violences qui repousse les personnes transgenres à la marge du système social.

La transphobie n’est pas le fait de quelques individus isolés. Elle repose sur des discriminations systémiques. Ces discriminations sont directement alimentées par la législation française qui continue de judiciariser le changement de la mention de sexe à l’état civil dans des tribunaux marqués par des positions psychiatrisantes. Récemment, la transphobie étatique s’est illustrée impunément au cours des débats sur l’élargissement de la PMA lors desquels des ministres ont pu se permettre d’assumer des propos transphobes et de refuser un amendement qui aurait pu garantir un accès égal à la procréation pour les personnes transmasculines, sans enlever de droit à quiconque.

Dans leurs activités quotidiennes, nos associations constatent des administrations engluées dans leurs pratiques transphobes, une Éducation Nationale qui rechigne à évoluer le manque de formation criant des forces de l’ordre. De timides initiatives ça et là promettent des améliorations mais le compte n’y est pas. L’État qui devrait protéger chacun·e, en particulier les plus vulnérables d’entre nous, exclue et fragilise.

Les médias n’ont jamais autant parlé de transidentité, l’opinion publique évolue doucement mais la crise sanitaire accentue douloureusement les discriminations et les violences touchant les personnes transgenres : époque paradoxale.
Depuis mars, nos associations et centres LGBTI+ constatent une explosion des appels à l’aide, en particulier chez les mineur·e·s et les personnes isolées (seniors, populations rurales, personnes étrangères…). Les facteurs de fragilité étaient certes déjà là, mais la vivacité de la détresse est frappante.

En ce 20 novembre, face à la réalité de la violence quotidienne, nos associations appellent à la solidarité de chacun·e avec les personnes transgenres. Nous restons, aujourd’hui et demain comme hier, mobilisé·e·s pour faire évoluer la société, les lois et les pouvoirs publics.